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Par M.K. Bhadrakumar – Le 20 juin 2025 – Indian Punchline
Le président américain Donald Trump, qui avait sollicité il y a deux semaines l’aide active du président Vladimir Poutine pour servir de médiateur dans les négociations sur la question nucléaire iranienne, a brusquement changé d’avis. Rétrospectivement, Poutine a probablement fait preuve d’un enthousiasme excessif quand Trump lui a demandé son aide, allant même jusqu’à envisager un voyage en Iran dans les plus brefs délais pour rencontrer le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avant de se rendre compte, quelques jours plus tard, que Trump avait changé d’avis après la réunion de Camp David avec ses collaborateurs et conseillers et s’était depuis laissé aller à des pensées étranges, notamment à des idées tragiques telles que la décapitation du dirigeant iranien. (ici et ici).
Les remarques laconiques de Poutine à un groupe de journalistes étrangers de haut rang à Saint-Pétersbourg mercredi ont été faites dans une ambiance sombre. Poutine n’a pas répondu à une question directe de Reuters sur ce qu’il pensait de la suggestion choquante faite par Trump la veille dans un message sur Truth Social, selon laquelle il pourrait ordonner l’assassinat de Khamenei.
Peut-être était-ce une folie de la part de Poutine de se précipiter pour jouer les seconds rôles derrière Trump dans le problème hautement complexe du nucléaire iranien, ignorant allègrement qu’il s’agit là aussi d’un problème géopolitique par excellence, où les intérêts des États-Unis et de la Russie ne convergent pas nécessairement.
En réalité, les relations russo-iraniennes ne sont pas moins complexes que le tango américano-russe. Les deux pays ont une histoire commune profondément troublée. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces soviétiques ont même occupé Téhéran de concert avec la Grande-Bretagne ; auparavant, la Russie impériale avait découpé de vastes territoires de l’Empire perse et les avait annexés. Comment les Iraniens pourraient-ils oublier tout cela ?
Dans un article publié en janvier, lorsque Poutine et le président iranien Masoud Pezeshkian ont signé un traité de partenariat stratégique, j’avais écrit que l’événement à Moscou signifiait au mieux une percée dans les relations, mais que le chemin à parcourir serait long et sinueux. J’avais estimé que le traité était « une tentative de mettre en place des garde-fous afin de permettre une nouvelle trajectoire dans les relations, dans l’intérêt mutuel ». (Voir « Le traité entre la Russie et l’Iran marque une « avancée » dans leurs relations », Indian Punchline, 24 janvier 2025)
Curieusement, l’article 3 du traité énumère minutieusement les activités malveillantes que les deux parties doivent éviter et engage les deux parties à ne pas aider l’adversaire de l’autre dans une situation de conflit ! Quel type de partenariat stratégique peut créer un traité comportant de telles réserves et de telles suspicions mutuelles ?
Lors de la conférence de presse qui s’est tenue mercredi à Saint-Pétersbourg, Poutine a révélé que c’était l’Iran qui ne voulait pas qu’une clause de défense mutuelle soit incluse dans le traité (comme la Russie l’a fait avec la Corée du Nord) et, en outre, que dans les circonstances actuelles, alors qu’il lutte contre la puissance écrasante des États-Unis et d’Israël, Téhéran n’a jusqu’à présent sollicité aucune aide de Moscou !
Il y a là une leçon humiliante pour Trump également. L’Iran est un pays farouchement indépendant qui, sans aucun doute, souhaite entretenir des relations fructueuses avec les États-Unis, mais la question, du point de vue américain, est de savoir comment s’y prendre. Il est certain que cela ne peut se faire à la manière de John Wayne.
C’est également sur ce point que les États-Unis ont échoué à plusieurs reprises : leur incapacité ou leur refus de rechercher une relation d’égalité avec l’Iran fondée sur le respect mutuel. Si Trump procède à la décapitation du dirigeant iranien, il peut oublier toute normalisation des relations entre les États-Unis et l’Iran pour les décennies à venir. Et la conséquence débilitante sera que même l’influence résiduelle des États-Unis dans la région du Moyen-Orient s’évanouira pendant la présidence de Trump. En fait, un acte aussi incroyablement stupide pourrait même conduire à l’émergence d’un État ultra-nationaliste doté de l’arme nucléaire.
La question iranienne doit être traitée avec subtilité et sophistication. Un homme d’affaires aussi brillant que Trump devrait avoir le sens du réalisme (et du pragmatisme) nécessaire pour connaître l’art du possible.
Poutine a déclaré mercredi : « Nous constatons aujourd’hui en Iran, avec toute la complexité des processus politiques internes qui s’y déroulent – nous en sommes conscients, et je pense qu’il est inutile d’entrer dans les détails –, qu’il y a néanmoins une consolidation de la société autour du leadership politique du pays. Cela se produit presque toujours et partout, et l’Iran ne fait pas exception. » En bref, Poutine a fait remarquer qu’un changement de régime en Iran à la satisfaction de Washington restera un rêve chimérique.
Deuxièmement, Poutine a déclaré, en référence aux installations d’enrichissement d’uranium et à l’industrie de défense de fabrication de missiles de l’Iran : « Je ne ferai que répéter ce que nous savons et entendons de toutes parts, ces usines souterraines existent, rien ne leur est arrivé – et à cet égard, il me semble qu’il serait juste que nous cherchions tous ensemble des moyens de mettre fin aux hostilités… C’est une question délicate, et il faut bien sûr être très prudent à cet égard. Mais, à mon avis, une telle solution peut être trouvée dans l’ensemble. »
C’est le meilleur conseil que Trump puisse espérer obtenir aujourd’hui, que ce soit de son entourage ou de l’étranger. Le niveau de confiance et de coopération dans le domaine nucléaire entre la Russie et l’Iran est très élevé et Trump ne devrait avoir aucune difficulté à en tirer parti.
Poutine a révélé que Moscou avait envoyé « certains signaux à nos amis iraniens. Et d’une manière générale, il est possible de garantir les intérêts de l’Iran dans le domaine de l’énergie nucléaire pacifique tout en apaisant les inquiétudes d’Israël concernant sa sécurité.
À mon avis, de telles options existent. Nous les avons exposées, je le répète, à tous nos partenaires : les États-Unis, Israël et même l’Iran. Nous n’imposons rien à personne, nous discutons simplement de la manière dont nous voyons une issue possible à la situation. Mais la solution repose bien sûr sur le leadership politique de tous ces pays, en particulier l’Iran et Israël. »
Franchement, l’Iran n’est pas un pays avec lequel il est facile de négocier. Il peut se montrer têtu comme une mule lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts nationaux et de préserver son autonomie stratégique. Il faut tenir compte de la conscience collective d’un État civilisation dont les origines remontent à environ 700 avant J.-C. Poutine a souligné que la Russie avait autrefois proposé de développer conjointement un système de défense aérienne intégré pour l’Iran, mais « les partenaires [iraniens] n’ont pas montré beaucoup d’intérêt, et c’est tout ». Quelle ironie aujourd’hui !
Poutine sent probablement qu’une intervention américaine en Iran est imminente. Bien sûr, il est inquiet. Le conseil de Poutine à Netanyahu et Trump est d’une simplicité trompeuse : « Vous devez toujours vous demander si l’objectif est réalisable ou non avant de vous lancer dans quelque chose. »
M.K. Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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