Avoir un orgasme à chaque rapport sexuel avec un homme n'est malheureusement pas un privilège partagé par beaucoup de femmes. En revanche, les hommes atteignent le septième ciel plus fréquemment que leurs partenaires féminines, mettant souvent fin aux ébats et laissant mesdames sur leur faim... C'est ce qu'on appelle l'« orgasm gapgap » en anglais, un sujet qui a été beaucoup étudié et qui fait le constat d'une différence dans la fréquence des orgasmes entre les hommes et les femmes. Une tendance qui n'a toutefois pas été observée dans les relations sexuelles entre femmes ou quand les femmes se masturbent. Ce qui laisse à penser que le problème ne viendrait pas du corps des femmes ou de sa réponse aux stimuli sexuels, mais plutôt d'une dynamique au sein des relations hétérosexuelles. 

90 % des hommes jouissent à chaque rapport contre 54 % des femmes

Carly Wolfer, chercheuse en psychologie sociale, a mené une étude en ligne, pendant 21 jours. Elle s'est intéressée à 127 couples hétérosexuels, engagés dans une relation monogame. Les participants, âgés entre 18 et 40 ans, ont déclaré être en couple avec leur partenaire depuis au moins trois mois pour les couples les plus récents, et moins de cinq ans pour les couples les plus anciens. Ils ont été invités à répondre à un questionnaire en ligne, tous les soirs, pendant 21 jours. Les questions portaient sur leurs expériences romantiques et intimes durant les dernières 24 heures. Si les couples avaient eu des relations sexuelles pendant ce laps de temps, ils étaient interrogés sur différents aspects de leur intimité à deux, notamment s'ils avaient joui et si leurs ébats avaient été satisfaisants. 

Carly Wolfer et son équipe ont également développé un outil permettant de mesurer la « quête de l'orgasme » chez chacun des partenaires. Autrement dit, comment chacun essaie d'atteindre l'orgasme et comment chacun essaie de faire jouir l'autre durant le rapport. 

Après avoir analysé les réponses des participants, les chercheurs ont constaté que 90 % des hommes avaient déclaré avoir un orgasme à chaque rapport, alors que les femmes n'étaient que 54 % à jouir systématiquement avec leur partenaire. Les réponses des participants ont aussi montré que les hommes étaient bien plus satisfaits par leurs ébats et leurs orgasmes que les femmes.

L’orgasme masculin au cœur des ébats hétérosexuels

Cette étude, publiée dans Journal of Social and Personal Relationships, révèle par ailleurs que les hommes sont plus concentrés à atteindre leur propre orgasme qu'à faire jouir leur partenaire. Plus surprenant encore, ils disent ressentir un soutien important de la part de leur partenaire dans cette quête, rendant leur jouissance encore plus satisfaisante. Un constat qui se confirme dans les réponses des femmes interrogées puisqu'elles sont nombreuses à déclarer se concentrer sur les façons de faire jouir leur homme pendant leurs ébats, un comportement moins fréquent chez les hommes. En d'autres termes, l'homme et la femme se concentrent sur l'orgasme masculin. « Typiquement, quand un homme et une femme couchent ensemble, l'orgasme de l'homme est le but ultime et celui de la femme passe en second plan. Ce qui explique que la pénétration (le chemin le plus simple pour atteindre l'orgasme masculin) soit considérée comme la partie "la plus importante" d'un rapport sexuel hétérosexuel, contrairement à la stimulation du clitoris (le meilleur moyen d'atteindre l'orgasme féminin) », commente Carly Wolfer.

Être plus à l’écoute de l’autre pour réduire cet écart homme-femme

Cet écart important entre hommes et femmes dans l'atteinte de l'orgasme n'est donc pas une fatalité. Les couples hétérosexuels peuvent y remédier en étant plus à l'écoute de l'autre. Plutôt que de se concentrer l'un et l'autre sur l'orgasme de l'homme, les deux partenaires devraient essayer de répondre à leurs besoins sexuels mutuels pour augmenter leurs chances de jouir, tous les deux, à chaque rapport. « Cela passe par exemple par l'exploration de nouvelles positions et techniques qui permettent de stimuler le clitorisclitoris, mais aussi par le fait de communiquer avec l'autre pour savoir ce qu'il/elle aime ou s'il/elle souhaite avoir un orgasme », suggère la chercheuse.