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FIGAROVOX/TRIBUNE - Les coupes budgétaires imposées à l’aide publique au développement menacent les ONG françaises, s’inquiète l’écrivain et ancien reporter de guerre. Or l’affaiblissement de ces dernières fragilise à la fois le rayonnement de notre pays et la stabilité mondiale, alerte-t-il.
Écrivain, Olivier Weber est ancien ambassadeur de France itinérant et président de Douleurs Sans Frontières.
L’aide publique au développement est, depuis deux ans, remise en question au travers de choix budgétaires particulièrement brutaux. Elle est accompagnée par une musique de fond assez malvenue qui ne fait honneur ni à la France ni, peut-être paradoxalement, à ses intérêts. Qu’il me soit permis de donner ici mon point de vue. Je suis, j’ai été, à la fois écrivain, grand reporter, diplomate, ambassadeur de France itinérant et président d’une ONG médicale.
J’arpente la planète depuis quatre décennies pour raconter le grand fracas du monde. Raconter et m’engager. Ma route croise toujours celle des ONG françaises. Inlassablement depuis des années, elles soignent, nourrissent, éduquent, réconfortent. Aujourd’hui, le devenir de ces associations que la planète nous envie pour leur dévouement et leur efficacité est plus qu’incertain. Le silence pour ne pas dire l’adhésion à cet effacement programmé est navrant.
Je sais bien que les bons sentiments ne font pas une politique, loin de là. Les rapports de force, les assimilations hâtives, l’autoritarisme règnent désormais en maîtres, ne laissant plus tant de place à notre aspiration à la justice, à la démocratie, au respect des droits de l’homme ou au rayonnement de notre pays. Je n’ignore non plus les difficultés que le pays traverse. Les efforts sont certes nécessaires pour redresser les comptes de la nation, mais avec équité et discernement.
Un chiffre : l’Aide publique au développement aura été divisée par deux, en trois ans, si le projet de loi de finances actuel venait à être confirmé. Bien évidemment, l’administration du Quai d’Orsay dans cette dégringolade prend soin, on ne peut lui en vouloir, de sanctuariser les dépenses de son fonctionnement. Une grande part de la saignée se reporte donc sur les crédits alloués aux ONG, devenant par là même la variable d’ajustement de la variable d’ajustement. En 2026, ils devraient baisser de 57 %, après avoir déjà diminué de 21 % l’année dernière.
Dans l’immédiat les contraintes budgétaires nous obligent bien évidemment à la mesure. Mais les structures de coordination des ONG ne demandent pas l’impossible.
Il s’agit là d’une économie quasi miraculeuse sur le plan politique : elle ne concerne aucun citoyen français, comprendre électeur. Nous nous mettons dans les pas des États-Unis qui, eux, ont réduit, le budget de USAID de 80 %. Cette baisse « historique » a déjà eu des effets immédiats : l’interruption de milliers de programmes, la mise en danger parfois mortelle de populations en détresse, la déstabilisation des ONG, etc. Faut-il emboîter le pas à notre voisin outre-Atlantique ? Tout ceci pourrait rester sous nos radars franco-français quelques mois, quelques années… Mais guère plus, si l’on réfléchit aux conséquences à moyen terme.
Car le retrait de l’Occident des pays en grande difficulté aura un effet mécanique sur l’immigration sauvage. Lorsque tout espoir de survie disparaît, l’unique option devient la fuite, quels que soient les risques. Car alors que la France est bien souvent poussée vers la sortie, nous laisserions la bride sur le cou aux pays autocratiques – pour ne pas dire voyous –, aux mercenaires – type Wagner, en précipitant la déstabilisation des régimes les plus fragiles et en favorisant une propagation galopante de la corruption. Gardons en mémoire la débandade de l’Occident à Kaboul il y a quatre ans.
Conséquence immédiate, un régime taliban quasi inexpugnable avec à la clé vingt millions de femmes martyrisées. Car l’analyse glaçante de David Bentz dans Military Strategy Magazine selon laquelle le continent européen, France et Royaume-Uni en tête, pourrait connaître des guerres civiles dans un proche avenir peut se décliner aisément à l’échelle mondiale. Lorsque les mécanismes de solidarité disparaissent, la société ne peut que se fracturer.
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Il convient de rester profondément attaché aux valeurs de fraternité, le plus beau mot de notre devise qui, aux dernières nouvelles, figure toujours sur notre drapeau. Une France audacieuse devrait prendre le contrepied de ce retrait de l’Occident et ainsi préparer un avenir où notre pays occuperait une place prépondérante pour plusieurs générations. Nos ONG, qui ne sont pas mastodontes internationaux, y contribuent nettement.
Dans l’immédiat les contraintes budgétaires nous obligent bien évidemment à la mesure. Mais les structures de coordination des ONG ne demandent pas l’impossible. Une réallocation très marginale de crédits affectés à de grandes structures internationales pourrait assurer leur survie, de laquelle le rayonnement de la France à l’international est aussi tributaire, partant du principe que les ONG sont les acteurs de terrain que l’État sollicitera pour mener à bien sa politique de développement. Une mesure de sauvegarde indispensable. À chaque fois que je retourne dans mon pays, la même réflexion me vient : « La France fait encore rêver ». Pour combien de temps ?


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