Six malades dont deux morts en Haute-Saône. 400 kilomètres au sud, un mort en Savoie, et 45 personnes malades dans ce département, selon les préfectures de Bourgogne-Franche-Comté et de Savoie.

L’enquête se poursuit pour comprendre les origines mystérieuses de la contamination à la légionellose, cette infection pulmonaire, non contagieuse, qui peut s’avérer mortelle dans 10% des cas, et qui contamine chaque année entre 70 et 150 personnes en Bourgogne-Franche-Comté, et entre 200 et 300 cas en Auvergne-Rhône-Alpes.

Passer la publicité

Une infection pulmonaire

La légionellose est une maladie qui touche le poumon, provoquée par une bactérie, la légionelle. Cette dernière fait partie de la flore aquatique et se développe dans des sources d’eau douce chaude, entre 25°C et 45°C. Concrètement, les douches, les jacuzzis, les tours réfrigérantes, les fontaines décoratives, les brumisateurs, les tuyaux d’arrosages ou même les humidificateurs peuvent être concernés par la contamination, qui se fait par l’inhalation de microgouttelettes d’eau contaminées par la bactérie. «L’émergence récente de cette maladie s’explique par son affinité pour les systèmes modernes d’alimentation en eau», précise à cet effet l’Institut Pasteur sur son site Internet. Les bactéries pénètrent dans l’organisme via les alvéoles pulmonaires. Elles s’en prennent ensuite aux cellules du système immunitaire.

Boire de l’eau n’est cependant pas à risque et la légionellose n’est pas contagieuse. «S’il n’existe pas de vaccin contre la maladie, elle peut néanmoins être prévenue, et certains antibiotiques sont efficaces s’ils sont pris assez tôt», indique encore l’institut. La maladie, qui affecte essentiellement les adultes, peut être grave chez les personnes immunodéprimées, porteuses de maladies, de pathologies respiratoires chroniques, les diabétiques, ou encore les fumeurs. Elle touche plus particulièrement les nouveau-nés lors de l’accouchement dans l’eau, ou les patients à l’hôpital.

État grippal et confusion

Lorsque la légionelle n’infecte pas les poumons, la maladie se manifeste sous la forme d’un état grippal (toux, fièvre), et guérit en quelques jours : on parle alors de fièvre de Pontiac. En revanche, la forme pulmonaire de la maladie, la légionellose, est bien plus grave. Les premiers symptômes apparaissent entre 2 et 10 jours après la première exposition, se traduisant d’abord par des symptômes grippaux, puis des douleurs abdominales, des troubles neurologiques (confusion, voire coma) et douleurs musculaires. «En absence de traitement, la maladie s’aggrave généralement au cours de la première semaine. Elle peut évoluer en une insuffisance respiratoire irréversible et provoquer une insuffisance rénale aiguë, alors souvent fatales», indique encore l’institut Pasteur.

Pour s’en prémunir, il s’agit alors d’entretenir régulièrement son système d’eau chaude, de nettoyer ou de détartrer fréquemment ses robinets et ses tuyaux, et de limiter les stagnations d’eau. Si certaines installations n’ont pas été utilisées depuis un certain temps, il est conseillé de faire couler l’eau froide et l’eau chaude avant de les remettre en service. Au total, entre 1600 et 2000 nouveaux cas sont déclarés chaque année en France, mais ces chiffres sont probablement sous-estimés car la maladie est difficile à diagnostiquer. Selon l’OMS, 75 à 80% des cas notifiés ont plus de 50 ans, et 60 à 70% sont des hommes.

Les investigations sont en cours

Tous les cas détectés en Haute-Saône ont été diagnostiqués chez des personnes résidant ou ayant fréquenté un même quartier de Port-sur-Saône, commune de 3000 habitants à une quinzaine de kilomètres de Vesoul. Des enquêtes auprès des personnes concernées ont été réalisées et des prélèvements d’eau effectués à leur domicile, dont les résultats seront connus «dans une dizaine de jours», ont indiqué les autorités. Des «sites sensibles» ont été repérés et font l’objet d’investigations complémentaires «actuellement toujours en cours».

Passer la publicité

En Savoie, 28 nouveaux cas ont été confirmés mercredi, après les 17 recensés hier, portant le total à 45. «D’autres cas suspects identifiés depuis le 16 septembre sont en cours d’analyse», ajoutent les services de l’État. Tous les patients «résidaient ou fréquentaient la commune d’Albertville», a expliqué lors d’une conférence de presse Anne-Sophie Ronnaux-Baron, responsable du pôle de veille sanitaire pour l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes.

Parmi les personnes les plus sévèrement touchées, «certaines sont toujours hospitalisées», a-t-elle indiqué, sans plus de détail ni sur leur nombre, ni sur le profil de ces patients. «Les investigations sont en cours» pour trouver l’origine de la contamination, selon la responsable, qui espère «davantage d’informations dans les jours à venir».