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Modèle pour le Moyen-Orient et bien au-delà : « Hommage au Rojava », témoignages de combattants internationalistes de la Commune 1/2

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Hommage au Rojava

Compilation de quelques extraits du livre “Hommage au Rojava, les combattants internationalistes témoignent”, éditions Libertalia, 2020

Résistance 71

Juin 2025

1ère partie
2ème partie

Nous parlons sur Résistance 71 du Rojava depuis 2011 et le début de la guerre par procuration en Syrie et avons traduit en très grande partie et publié le “Manifeste du Confédéralisme Démocratique” d’Abdullah Öcalan (2011, voir sous l’article pour le PDF). La Commune Internationaliste autonome du Rojava existe originellement dans le nord de la Syrie depuis 2011, dans une zone allant à l’Ouest de la ville d’Afrin, à l’Est à la frontière irakienne et la ville de Derik ; au sud le Rojava s’étendant grosso modo jusqu’à Baghouz en passant par Deir Ez-Zor. Depuis 2016, la Commune Internationaliste du Rojava, initialement fonctionnant depuis 2011 sur le modèle du Confédéralisme Démocratique établi embryonnairement depuis la fin des années 1990 par le leader kurde du PKK (ex- parti politique et groupe de résistance marxiste-léniniste devenu anarcho-communaliste) Abdullah Öcalan, a du faire des compromis politiques avec les forces d’occupation américaines en Syrie déployées soi-disant pour lutter contre Daesh (qu’elles équipent et contrôlent avec la Turquie sous financement du Golfe, essentiellement le Qatar et donc Exxon-Mobil), mais surtout pour contrôler les zones pétrolières de la Syrie qui se situent dans le nord du pays. Depuis 2017, le Rojava, toujours “zone autonome” est régit par un double système, celui du du Confédéralisme Démocratique originel couplé à un type de proto-état sous “contrat social” édicté par les Yankees.

De fait, la Syrie et le Moyen-Orient au sens plus large, possèdent actuellement en leur sein, la solution au marasme systémique étatico-marchand, en la figure du modèle politique de la Commune Internationaliste du Rojava, dans sa mouture confédéraliste démocratique de 2011 bien entendu.

La (r)évolution sociale se produit au Rojava depuis 2011 et a attiré un bon nombre de militants internationaux désirant participer aux efforts révolutionnaires de cette région, certes kurde, mais où co-existent des populations arabes, assyriennes (chrétiennes) et yézidies.

En 2019 en Italie fut publié un recueil de témoignages de militants / combattants internationaux s’étant rendus au Rojava pour aider la révolution comme tant d’internationalistes se rendirent en Espagne en 1936 pour faire de même. Ce recueil de témoignages fut publié en français en 2020 et cinq membres français du Collectif des Combattant(e)s Francophones du Rojava (CCFR) ont participé à la rédaction du livre, dont le but est de promouvoir la révolution du Rojava, d’honorer la mémoire de tous celles et ceux qui sont tombés pour qu’elle survive et de constituer un réseau d’entraide.

Le livre compte 341 pages et est véritablement passionnant à lire, nous encourageons vivement sa lecture complète. Vous pouvez vous le procurer (10 euros), directement chez l’éditeur : http://www.editionslibertalia.com le profit des ventes allant au Rojava.

En ce qui nous concerne, nous avons choisi des extraits de témoignages illustrant plus l’aspect politique et social de la Commune du Rojava que l’aspect guerrier. Ceci est un choix éditorial qui n’enlève rien aux témoignages des camarades se focalisant plus sur le côté militaire. Il y a des pages remarquables et poignantes narrant les combats entre les YPG / YPJ et Daesh. Les témoignages proviennent d’Internationalistes hommes et femmes, français (basque et breton), italiens, albanais, américains, irlandais, catalans, espagnols et sont tous plus passionnants les uns que les autres. Toutes et tous ont bien conscience de mener et de participer à une (r)évolution au sein d’un pays impliqué dans une guerre par procuration et une invasion étrangère impérialiste ; une situation bien compliquée s’il en est… Lecture d’autant plus d’actualité au regard de ce qui s’est passé en Syrie depuis la fin novembre 2024 et la conquête du pouvoir par Al Qaïda.. pardon… Al CIAda, mettant un régime impérialiste et sioniste, pseudo-musulman, aux commandes de cet état devenu marionnette de l’empire anglo-americano-sioniste, un de plus… A lire et diffuser sans aucune modération. Merci.

Bonne lecture ! Vive la Commune !

A bas l’État ! A bas la marchandise ! A bas l’argent ! A bas le salariat !

Résistance 71

Note de R1, juillet 2025 : Depuis notre compilation, le Rojava tente de survivre depuis la prise de pouvoir d’Al CIAda en Syrie et surtout depuis la trahison d’Abdullah Öcalan depuis sa prison turque et sa déclaration d’il y a quelques mois de déposer les armes et sa décision de dissoudre le PKK et son héritage post-marxiste. Ceci n’enlève rien à l’héroïsme des (r)évolutionnaires du Rojava depuis le début des évènements en Syrie en 2011. Puissent ceux et celles tombés en martyrs ne pas être morts pour rien.

Les racines de la lutte

[…]

L’empire ottoman, allié de l’Allemagne pendant la première guerre mondiale, est démantelé selon les termes du traité de Sèvres, ratifié en 1920. En vertu du droit à l’autodétermination, les Arméniens, les Arabes et les Grecs se voient libérés du carcan de la “Sublime Porte”. La troisième partie du traité prévoit également la création d’un “état kurde indépendant” dont les frontières sont déjà délimitées. La réaction des nationalistes turcs dirigés par Mustafa Kemal ne se fait pas attendre. Ils envahissent l’Arménie en 1920 et remportent une victoire éclair leur permettant ensuite d’utiliser l’intégralité de leurs forces pour combattre la Grèce contre laquelle ils sont en guerre depuis plus d’un an. En 1921, sentant que la victoire change de camp et redoutant la menace que fait peser l’expansionnisme kémaliste sur les territoires qu’ils occupent au Moyen-Orient, es Britanniques et les Français décident de soutenir les Turcs contre les Grecs. Ce renversement d’alliance condamne les dispositions du traité de Sèvres et les rêves d’indépendance kurde. En 1923, la traité de Lausanne définit les frontières de la Turquie en croyant enterrer définitivement l’idée d’un Kurdistan libre.

Les Kurdes prennent alors les armes pour conquérir cette liberté promise puis sacrifiée sur l’autel des revirements d’alliances impérialistes. De 1921 à 1938, plusieurs grandes révoltes agitent le Bakûr (Le Kurdistan du Nord, en Turquie). Elles sont systématiquement noyées dans le sang. Comme tous les autres, l’état-nation turc se construit par la persécution des minorités ne rentrant pas dans le moule de son identité nationale. La situation des Kurdes s’aggravent à partir du coup d’état militaire de 1960, le premier d’une longue série. Les années 1970 sont marquees par l’émergence de mouvements communistes turcs, violemment réprimés par l’état et par la naissance d’un embryon d’organisation kurde qui deviendra un peu plus tard le Parti des Travailleurs du Kurdistan ou PKK en 1978. Le PKK est alors une organisation marxiste-léniniste, dont le but est de mener une guerre de libération nationale du Kurdistan considérée comme une colonie turque. Dans les années 1990, suivant l’impulsion de son dirigeant Abdullah Öcalan, la parti connait une renaissance idéologique qui aboutit à l’adoption d’une nouvelle doctrine : le Confédéralisme Démocratique. Influencé par le municipalise libertaire de Murray Bookchin, le mouvement opte pour une conception plus démocratique de la révolution et abandonne l’ambition de créer un État-nation kurde. Le parti condamne le concept même d’état-nation, les Kurdes ayant été les premières victimes de la construction de l’état turc. L’objectif devient donc l’autonomie et non plus l’indépendance du Kurdistan, sans pour autant abandonner l’ambition révolutionnaire d’un avenir débarrassé du capitalisme et du fascisme.

[…]

Le Confédéralisme Démocratique se veut donc être le moyen de libérer les Kurdes mais aussi l’ensemble des autres populations vivant au Kurdistan, quelles que soient leurs origines. Cette doctrine est également conçue comme un antidote aux conflits intercommunautaires au Moyen-Orient et plus largement comme une réponse à la décadence de la modernité capitaliste. Ce combat a ainsi une portée bien plus large que la libération de 45 millions de personnes. Il dépasse le cas du seul peuple kurde par une ambition révolutionnaire universelle. Suivant cette logique, le PKK crée des liens avec d’autres organisations socialistes.

[…]

Dès les années 1990, quelques Européens font le choix de rejoindre la branche militaire du PKK. Contraints à la clandestinité et donc mal connus, ces révolutionnaires ayant choisi d’épouser la lutte kurde créent un précédent qu se reproduira des années plus tard, à une échelle bien plus significative, avec le volontariat international au sein du YPG (Unités de Protection du Peuple), les forces armées du Rojava.

Dès 2011 au commencement de la guerre en Syrie, le Rojava conquiert son autonomie par la rue et par les armes, face à Bachar al-Assad.

[…]

Le Confédéralisme Démocratique né au Bakûr gagne le Rojava, notamment par le biais des cadres du PKK qui viennent participer à la défense et à la construction politique de ce territoire nouvellement autonome. Les habitants reçoivent des armes, s’organisent en communes, gèrent la répartition des terres, créent des coopératives. L’égalité entre groupes ethniques et confessionnels est proclamée, la peine de mort est abolie, les libertés fondamentales sont instaurées. […] S’ensuit en 2013, la création des YPJ (Unités de Protection des Femmes).

[…]

La guerre d’autodéfense du Rojava, née contre la répression du régime d’Assad, se poursuit contre les combattants d’Al Qaïda. Au fil des mois, la menace djihadiste s’intensifie. Un ennemi en chassant un autre, les combattants kurdes se retrouvent désormais confrontés à la puissante organisation de l’État Islamique / Daesh, qui gagne du terrain en Syrie et en Irak. Durant l’été 2014, les djihadistes commettent un génocide contre les populations des Yézidis, monorité religieuse vivant dans les monts Sinjar en Irak. Le HPG (Forces de Protection du Peuple, branche armée du PKK) et le YPG du Rojava mettent fin au massacre en protégeant et évacuant les civils assiégés dans les montagnes. Quelques mois plus tard, la ville de Kobané est attaquée par une horde de combattants de Daesh. Fanatisés, aguerris, grisés par leurs comnquietes, 10 000 djihadistes équipés d’armes lourdes et de chars d’assaut, déferlent sur e cœur du Rojava. Quelques centaines de combattants kurdes et arabes du YPG le d´´fendent, seulement armés de Kalachnikovs. Alors que tous les experts prédisent leur défaire les résistants tiennent bon et se battent maison par maison, au prix d’innombrable morts. L’intervention de l’aviation américaine leur permet ensuite de chasser les djihadistes hors de Kobané, après quatre mois de combats. Daesh peut être vaincu, les combattants du Rojava viennent de le prouver. Leur résistance héroïque, digne de la bataille de Stalingrad, suscite l’admiration et donne une exposition médiatique considérable au YPG.

[…]

Avant même que Daesh ne commette des attentas en Europe, les Kurdes expliquent en quoi ces obscurantistes génocidaires sont une menace pour l’humanité et pourquoi il est nécessaire que, face à l’internationale de la terreur, se dresse, rangée sous la bannière du YPG, une internationale révolutionnaire, démocratique, socialiste et féministe.

[…]

Internationalistes (André Hébert, Firat, France)

En tant qu’Internationalistes, nous n’avions pas vocation de rester au Kurdistan et à devenir des membres permanents de l’organisation. Il nous fallait évidemment préserver “l’une des seules alternatives révolutionnaires conséquentes de cette génération” (Siyah), le monde ne foisonnant malheureusement pas de modèles révolutionnaires fondés sur la commune, le socialisme, la laïcité, l’écologie, l’égalité entre les femmes et les hommes, ainsi qu’entre groupes ethniques et religieux. Notre intérêt et notre devoir étaient donc de soutenir et de participer à a construction du Rojava, bien que ce ne soit pas l’unique objectif de notre démarche. Notre but était aussi d’apprendre politiquement et militairement, pour pouvoir ensuite transmettre les fruits de cet apprentissage. Demain, beaucoup d’entre nous espèrent avoir l’opportunité d’utiliser cette expérience au service d’autres causes, par les armes ou par des mouyens différents, suivant le contexte. 

[…]

Le 9 octobre 2019, l’armée turque et ses supplétifs djihadistes attaquèrent la région de Serêkaniyê au cœur du Rojava. Les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) participaient alors à des pourparlers de paix arbitrés par les Américains. Dans le cadre de ces négociations, les Kurdes acceptèrent de détruire les fortifications de la ville frontalière de Tall Abyad en gage de bonne volonté et d’attachement à la paix. Deux semaines plus tard, la Turquie passait à l’attaque, avec l’accord des Russes et la complicité passive de la coalition menée par les Etats-Unis. Comme lors de l’invasion d’Afrin l’année précédente, la “communauté internationale” a protesté mollement devant ce massacre annoncé.

A Afrin, la “sharia” fut imposée, on réduisit les femmes en esclavage et on viola, tortura et exécuta toutes celles qui résistaient. Face à ces crimes, quelques voix indignées s’élevèrent, mais seulement des voix.” (Siyah).

Le scenario se répéta à l’identique à Serêkaniyiê. La coalition, qui avait promis un soutien durable aux FDS en échange de l’éradication de Daesh, utilisa le Rojava comme une monnaie d’échange dans ses tractations impérialistes avec la Turquie. Après l’abandon du traité de Sèvres et le silence d’Afrin, pour la troisième fois en un siècle, l’occident trahit le Kurdistan en le livrant à ses bourreaux. Les combattants kurdes ont âprement défendu Serêkaniyê. Viyan décrit cette résistance qui, “bien que courte, fut historique”. Au milieu d’un tsunami de bombes, ses camarades et elle ont tenu bon, repoussant leurs ennemis vague après vague, tout en soignant les blessés. “Après douze jours de combats acharnés”, ils ont été contraint d’abandonner la ville pour protéger les civils survivants face à la menace d’Erdogan d’anéantir par les airs “chaque immeuble encore debout”. (Siyah)

[…]

La nécessité d’aider le Rojava est toujours d’actualité. Il existe pour cela différents moyens, comme soutenir des associations comme Soleil Rouge (Roja Sur) au profit de laquelle ce livre est vendu.

[…]

D’une seule voix nous nous associons à notre camarade Tekoser qui, dans sa lettre posthume écrivait : “Souvenez-vous : chaque orage commence par une seule goutte de pluie. Essayez d’être cette goutte !

Témoignages de quelques internationalistes (extraits) :

“La révolution pourrait survivre à une défaite militaire mais elle ne pourrait pas survivre à une contamination par le compromis.” 

(Rezan, USA)

“Pour les hommes et les femmes kurdes, la liberté de parler et d’écrire leur langue, de l’enseigner à leurs enfants dans les écoles ; ces libertés sont l’expression du processus politique révolutionnaire qui est en train de se développer au Rojava ou, officiellement, dans la Fédération Démocratique de Syrie du Nord, qui a acquis de fait une autonomie par rapport au régime de Bachar al-Assad.

En tant que communiste libertaire, c’est cette transformation active d’une société originellement féodale qui a capte mon attention. Et c’est ce qui m’a poussé à aller voir de mes propres yeux cette société organisée de façon si différente, et à soutenir, à défendre les personnes qui la composent.

Le droit à l’autodéfense, de défendre son quartier, sa ville et le pays entier face à n’importe quel agresseur réactionnaire est un autre aspect important. La création de milices armées est née du refus d’une armée nationale institutionnalisée fondée sur la hiérarchie et dont le but est de défendre les intérieurs du gouvernement et non ceux d’une large tranche de la population, de lancer des guerres et de les poursuivre pour accroître l’hégémonie d’une nation. Le militarisme est vu comme une politique et une idéologie propre au patriarcat et à la société capitaliste. Nous ne faisons dont pas partie d’une armée mais d’une milice (NdR71 : le peuple en arme), d’une force alternative, de formations partisanes, parce que l’intérêt est de défendre la population face aux forces réactionnaires et fascistes et de garantir la réussite de la révolution. C’est cela les YPG et les YPJ.

L’internationalisme en est la preuve, la volonté et la nécessité d’une solidarité des autres peuples avec le Kurdistan et la Syrie sont très claires et l’objectif est de réussir la révolution et de la diffuser hors du Kurdistan et du Moyen-Orient.

J’ai connu de nombreux volontaires dans cette partie du monde et ceux qui y sont venus avant moi sont encore plus nombreux.

[…]

Après mon départ, j’ai su que de nouveaux volontaires étaient prêts à se rendre en Syrie du Nord, même un camarade et une camarade avec lesquels j’avais travaillé sur des projets politiques, et aussi d’autres vétérans.

La solidarité révolutionnaire est plus importante que jamais et elle est le signe que les damnés de la Terre ne vont pas se rendre sans combattre.”

(Azad, Albanie)

“Je suis allé plusieurs fois au Kurdistan à partir de novembre 2014. La dernière fois, je m’y suis arrêté un an (octobre 2016-octobre 2017) pour rejoindre les YPG en tant que volontaire. Les YPG aux côtés des guérillas des YPJ, les unités de protection des femmes, constituent l’épine dorsale des FDS, l’armée qui a écrasé Daesh dans sa propre ‘capitale syrienne’ de Raqqa, le 20 octobre 2018.

Les guérilleros des YPG/YPJ sont, dans le domaine militaire, l’expression directe de la révolution du Confédéralisme Démocratique dont un des fondements est la coexistence de religions et d’ethnies différentes sur un même territoire. Le confédéralisme prévoit de vider l’État de l’intérieur et il est l’ultime incarnation de la pensée révolutionnaire qui, depuis 1978, est le fil conducteur des recherches de la liberté pour e peuple kurde. Ce peuples de 45 Mullins de personnes dont toutes les revendications,  compris territoriales, sont rejetées, a été réparti dans quatre états différents (La Turquie, l’Irak, la Syrie et l’Iran) qui, tout en se faisant souvent la guerre, se sont toujours mis d’accord pour réprimer férocement les Kurdes. Les FDS sont une coalition ethnique (Arabes, Kurdes, Yézidis, Arméniens, Turkmènes, Assyriens..) et interreligieuse (musulmans sunnites, chiites et alaouites, chrétiens). Même si diverses ethnies sont présentes, il est indéniable que la majeure partie des unités des YPG/YPJ est composée de Kurdes venant de tout le Kurdistan.

[…]

Les YPG et YPJ ne sont pas payés pour aller à la guerre, ils ne possèdent ni ne gèrent d’argent, sauf des sommes dérisoires pour le compte du tabûr (NdR71 : la compagnie de milice d’assignation), en général pour acheter quelques bissons, rigoureusement sans alcool. Leur seul luxe sont des radios sur lesquelles ils écoutent de la musique kurde, traditionnelle ou pas.”

(Çekdar, Italie)

“Je suis heval (la camarade) Çiya et je veux vous parler de ce que j’ai appris auprès de mes camarades femmes au Rojava. Toutes, sans aucune exception, aimaient et aiment la montagne. Sur moi, rien à dire de plus. Je veux seulement parler de mes camarades, là-bas, de celles qui sont restées, de leurs montagnes et de leur lutte révolutionnaire.

[…]

Cette révolution qui dure depuis plus de sept ans en résistant et en se développant, avec plus de quarante ans de dur apprentissage derrière elle, possède deux concepts clefs. Plus que des concepts, ce sont des réalités : un certain type d’anarchisme mis en pratique et le peuple kurde lui-même. Qu’est-ce que l’anarchie ? La plus haute expression de l’ordre ? Les camarades disent qu’il n’y a pas d’anarchie ni socialisme, ni rien qui soit possible sas ordre et discipline. Il s’agit en premier lieu d’être des personnes exemplaires. L’anarchie, le Confédéralisme Démocratique, tels que je les ai vécus qu Rojava, tels que me les ont transmis mes camarades, là-haut, est un “certain type d’anarchie”. Il y a de nombreuses sorts de pratiques libertaires sur le plan des personnes, des peuples, des collectifs ou des communautés. Il y a sa propre pratique, celle des autres, celles qui n’existaient pas jusqu’ici. Les camarades entendent simplement l’anarchie come la tendance humaine à la bonté, la tentative d’être de bonnes personnes et c’est bien ainsi. Il n’y a pas beaucoup plus. Espérer et croire que les gens sont bons par nature, parce que si nous cessons de croire en la bonté humaine, il reste peu d’espoir. Sans cette idée, et pratique essentielle, aucun projet révolutionnaire n’aurait de sens. Le second concept ou réalité est : l’être kurde. Qui sont-ils, qui sont-elles, ces autres femmes ces autres hommes ? Jusqu’à présent, l’archétype de la lutte kurde était un mouvement nationaliste, une idée en provenance des années 1980 et des premiers pas du PKK. Le présent et l’évolution silencieuse vécue dans les montagnes du Bakûr pendant les dernières décennies ont fait que cette idée déphasée a été abandonnée.

Le peuple kurde compte lus de 40 millions de personnes et les quatre points cardinaux de sa géographie (Bakûr, Basûr, Rojava, Rojhelat) sont mal gouvernés et opprimés par des états autoritaires (NdR71 : pléonasme…l’état ne peut être rien d’autre qu’autoritaire) la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran, qui ont nié son existence et ses droits. C’est un peuple sans unité politique, sans organisation commune, pas même culturelle. Il existe quatre dialectes principaux (kurmanji, guarani, zazaki et soprani) et une multitude de croyances (zoroastriens, alévis, judéo-arabes, chrétiens, orthodoxes, musulmans…)

Sans unité structurée, “l’anarchisme” kurde peut sembler inconsistant. C’est pourtant une réalité tangible que l’on resent dans les mythes fondateurs, presque néolithiques, de ce peuple hétérogène. Souvenons-nous que la rébellion contre la tyrannie et l’oligarchie est dans les racines du peuple kurde. Un peuple au caractère ingouvernable, qui ne se laisse pas enfermer dans le concept caduc et éculé de l’état-nation mais qui fonde ses formes de vie sur le commun et le tribal, incompatibles avec l’État. C’est la raison pour laquelle toutes les tentatives de créer un état-nation kurde ont échoué et échoueront. Les camarades des montagnes se sont rendus compte de cette réalité et, en cherchant dans leurs racines communes, ont développé un projet simplement libertaire. Une de ces racines communes est assurément l’origine de ce peuple : c’est le peuple des montagnes, celles du nord de la Mésopotamie, Zagros, Matos, Marinoz, Herakol, Botan, Cûdi.

[…]

Cela fait quarante ans que les camarades, femmes et hommes, se sont retirés dans les montagne pour commencer une vie nouvelle. Dans les montagnes, nous sommes incontrôlables, nous échappons au contrôle et à la répression d’État, à la consommation Tout à coup un petit collectif de personnes commence sa vie là et se retrouve face au défi de s’organiser et de créer, de se recréer. Cette recherche et cette rencontre de la liberté est ce qui définit la forme de vie révolutionnaire qui résiste et avance aujourd’hui au Rojava.

Qu’avons-nous appris des montagnes ? Les camarades appellent cela xwebun e xweparastin : “s’autogérer et se défendre”. Ils apprennent à être autonomes et à vivre dans les montagnes, à se défendre et à défendre ceux qui les entourent.

[…]

Le jeu du système, du capitalisme, consiste à nous rabaisser et à nous isoler socialement et émotionnellement les uns des autres, à nous piétiner en définitive. Notre lutte consiste à récupérer ce pouvoir fondé sur notre confiance et notre bonté et sur celles des gens qui nous entourent. Ceux qui ont appris à survivre ici ont développé une idée pratique de la liberté, presque métaphysique, immatérielle.

On réclame depuis ces montagnes, une liberté collective, c’est la seule inspiration valable : la liberté est à tous ou elle n’est pas.

[…]

Toutes les expériences qui naissent et sont partagées au front ou dans les montagnes produisent chez des personnes qui aspirent à la liberté collective un niveau d’union incroyable. La société n’est as aveugle au comportement des camarades. Les YPG, le PKK, les FDS, le HPG, n’ont pas cherché à imposer leurs idées à la société, au contraire, la société a vu en eux des personnes exemplaires, qui agissaient et vivaient selon une ´´éthique et elle a vérifié que le mythe des camarades femmes était bien réel, les camarades existent et sont là, prêtes à tout donner pour cette société civile plurielle, sans laquelle elles ne seraient rien. Les camarades savent clairement que le progrès et la défense vont avec le peuple, qu’elles dépendent de son combat, de ses besoins, désirs et espérances et elles doivent les lire et être pleinement en empathie avec la société civile qu’elles défendent.

[…]

Nous devons avoir conscience que même au niveau ethnique, une coexistence ancestrale existait entre Kurdes, Chaldéens, Arméniens, Turkmènes, Assyriens, Alévis, Yézidis… Cette coexistence communautaire entre des personnes qui, bien qu’analphabètes, parlent en majorité trois langues (arabe, turc, kurde) a été brisée par les dynamiques du colonialisme étatique au début du XX_eme siècle. Le modèle de la tradition ancestrale de coexistence au Nord de la Mésopotamie a été repris par les cantons du Rojava dans le préambule de la charte de 2014. Celle-ci articule sa fédération autour des principes du confédéralisme démocratique. Tous ces types de personnes se sont rencontrés dans les montagnes du Kurdistan et du Rojava.

[…]

La vieille tradition de guérilla développée par les milices du Rif au cours du premier tiers du XXème siècle dans leur lutte contre le fascisme espagnol, puis revisitée et adaptée au Vietnam et en Chine, a été l’un des éléments clef des tabûr ou regroupements des guérilleros du Kurdistan.. Lorsque a journée se termine ou après des évènements exceptionnels, y compris sur le front, on partage lorsque c’est possible les critiques et les autocritiques de façon honnête, sincère, brève et concise et sans aucun désir de revanche. On critique en cherchant des solutions et non des coupables, en partant du principe que la personne critiquée a fait du mieux qu’elle pouvait et savait faire. On cherche a améliorer l’individu et le groupe en essayant d’éviter la répétition d’erreurs et de problèmes. On fait table rase en s’occupant du problème et on fait confiance à chacun pour qu’il apporte sa part à l’amélioration. Il faut reconnaître que les occidentaux, les bayant ou occidentaux, ont du mal à comprendre cette pratique révolutionnaire qui est la base de mode de vie de la guérilla. Ils s’obligent à une sorte de règlement ou à la compétition infantile du “tu me critiques alors je te critique”. Cette différence de mentalité ou d’état d’esprit, cela dit en général et en leur pardonnant, par rapport aux camarades d’origine orientale (Rojava, Bakiur, Turquie, Iran, Sengal) est stupéfiante.

Il s’agit d’un outil vital pour résoudre de graves conflits entre des personnes armées dans des contextes dramatiques. Chaque sujet est critiquable et peut exiger la critique ou l’autocritique, il n’y a pas de hiérarchie. C’est un des moyens de construire une société saine qui ont été transmis à la société civile pour faciliter les dynamiques d’intervention communautaire et résoudre les conflits à tous les niveaux. On part du respect et du soutien mutuels e pendant à la bonté. La société commence à se regarder elle-même et à regarder ses capacités à résoudre ses conflits en évitant l’autoritarisme ou la doctrine répressive et pénale. La critique et l’autocritique développent une forme d’apprentissage dans lequel nous sommes tous en même temps les maîtres et les élèves. L’apprentissage, comme la révolution, ne se termine jamais, il est permanent. Nous devons constamment nous former pour nous améliorer en tant que personnes et en tant que société et cette amélioration se répercute sur la planète qui nous a donné la vie. Et cette vie doit être digne, comme ils disent : dans peur et pleine d’espoir.”

(Çiya, Pays Basque)

A suivre…

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Lectures complémentaires :

“Manifeste pour le Confédéralisme Démocratique”, Abdullah Öcalan, 2011, PDF

Entretiens avec Tekosina Anarsist (Lutte Anarchiste) du Rojava :

1 & 2

La Commune du Rojava (livre PDF) :

la-commune-du-rojava

This entry was posted on 3 juillet 2025 at 3:33 and is filed under actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , . You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

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