Le 31 mai dernier, Hichem Miraoui, homme d’origine tunisienne de 45 ans, a été tué par son voisin. Près d’un mois après l’assassinat d’Aboubakar Cissé dans une mosquée, c’est un nouvel homicide raciste et islamophobe qui secoue le pays et toute une petite ville du Var.

Son assassin était un admirateur de Marine Le Pen et Jordan Bardella, comme l’attestent les vidéos publiées sur ses réseaux sociaux. Adeptes de l’exonération du RN, les médias taisent bien volontiers ces révélations. Les deux marches en hommage au coiffeur de Puget-sur-Argens ont rassemblé environ 2 000 personnes. Notre brève.

Une extrême droite qui passe de la haine au meurtre

Le meurtrier avait publié, avant et après son attentat, plusieurs vidéos à caractère raciste sur Facebook. Incarcéré, l’auteur conteste l’aspect raciste, bien qu’il soit mis en examen depuis jeudi pour « assassinat terroriste en raison de l’origine de la victime ». Et malgré ses vidéos publiées sur ses réseaux sociaux, où l’intéressé vomit son racisme et sa haine de qui n’est pas blanc.

Les vidéos publiées par Christophe B. sont sans équivoque quant à l’idéologie qui l’a poussé à tuer : « Ce soir on dit stop, stop aux islamiques (sic) de mes deux. Putain de Français de mes deux, réveillez-vous, sortez vos couilles, allez les chercher là où ils sont ». Citant explicitement le Rassemblement national dans ses vidéos, Christophe B. exhorte à deux reprises : « Votez bien la prochaine fois. »

Sur sa page Facebook, se mêlent messages où il revendique « sortire (sic) les fusils et de tirer dans le tas » et reposte des publications de Marine Le Pen, du maire RN de Fréjus David Rachline ou de l’ex-député Gilbert Collard. Il clame par ailleurs son impatience de voir « Marine et Jordan » prendre le pouvoir : une déclaration d’amour embarrassante pour le RN.

À noter que ce soir-là, le meurtrier aurait également tiré sur un autre voisin de nationalité turque pour qui, heureusement, le pronostic vital n’est pas engagé, mais qui témoigne encore une fois du racisme du tireur.

Pour aller plus loin : Assassinat raciste d’Hichem Miraoui – L’assassin partageait des publications de Marine Le Pen

Deux marches blanches en hommage à Hichem ce dimanche

À Marseille, environ 450 personnes ont pris part ce dimanche matin 8 juin à la marche blanche organisée par les proches d’Hichem Miraoui.

La foule était habillée en blanc et certains d’entre eux ont arboré un t-shirt floqué « Justice pour Hichem ». La foule s’est rangée derrière la famille qui tenait une banderole elle-même blanche où l’on pouvait lire « Le racisme a de nouveau tué ». L’ambiance était au recueillement. Ce fut une marche silencieuse où aucun slogan n’aura été scandé jusqu’à l’arrivée du cortège sous l’ombrière du Vieux Port. Une fois la marche à destination, les manifestants et la famille se sont mis à chanter « Pas de justice, pas de paix » et « justice pour Hichem ».

Sefen Guez Guez, l’avocat de la famille, a qualifié cette marche « d’appel à un sursaut républicain » et n’a pas manqué de fustiger la responsabilité du « plus haut sommet de l’État » dans le « racisme d’atmosphère » qui a visé Hichem et a nourri son meurtrier. Selon lui, « le meurtrier s’est nécessairement nourri des discours des politiques : lorsqu’on dit “à bas le voile”, on dit “abattre”. Lorsqu’on parle de submersion migratoire, on désigne l’étranger comme un ennemi. Lorsqu’on parle d’ensauvagement, on place l’étranger comme n’étant pas l’égal du Français ».

Marche blanche à laquelle ont participé plusieurs élus de la France Insoumise. Outre les deux députés marseillais Sébastien Delogu et Manuel Bompard, Farida Amrani (député de l’Essonne) et Raphaël Arnault (député du Vaucluse) ont fait le déplacement en soutien de la famille endeuillée. Ce dernier a tenu à rappeler sur Twitter que le meurtrier d’Hichem est un « sympathisant du RN ».

Pour aller plus loin : Meurtre raciste d’Hichem Miraoui dans le Var : la députée Farida Amrani attaque le Gouvernement Bayrou-Retailleau

À Puget-sur-Argens, petite ville du Var en périphérie de Fréjus, ce sont 1 600 personnes qui se sont rassemblées en hommage à Hichem Miraoui, à laquelle les députés Insoumis ont également participé.

La marche, qui s’est élancée vers 15 heures, est partie du salon de coiffure où travaillait Hichem Miraoui. Sur la devanture, on y voit des dizaines de messages rendant hommage à une personne « avenante », « souriante » et « adoptée par le village » au-dessus d’un parterre de fleurs blanches.

Une marche qui se voulait apolitique : contrairement à la marche marseillaise du matin, les élus étaient invités à ranger leurs écharpes tricolores, ainsi que tout signe d’appartenance pour les militants présents. Cela s’explique par la volonté de la famille d’Hichem d’éviter la récupération politique dans une ville où l’extrême droite est à la fois la première opposition au conseil municipal et dans une circonscription où la députée est une élue du Rassemblement national.

Des journalistes de BFM TV ont été conspués par des manifestants les accusant de diffuser des discours islamophobes qui mettent en danger les personnes perçues comme musulmanes dans notre pays. Un rappel que les discours racistes ne sont pas produits que par des partis comme le RN, mais aussi par un environnement médiatique nauséabond, qui normalise ces idées et actes racistes.

Par Yanis BOUTOUBAT