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Masafer Yatta, là où des Palestiniens luttent pour exister

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Depuis le 7 octobre, les restrictions de l’armée israélienne et la violence des colons se sont multipliées au sud d’Hébron, dans la région de Masafer Yatta, en Cisjordanie. Les Palestiniens luttent pour préserver leur droit à rester sur leurs terres.

« Il n’y a plus de route pour entrer dans le village. » Nasser Nawajaa roule sur des collines accidentées, où sa voiture percute contre la roche et se balance dans tous les sens. « Le 20 octobre, deux semaines après le début de la guerre, l’armée israélienne a fermé l’accès à mon village, Susya, avec d’énormes blocs de pierre. Maintenant, nous devons rouler sur le bas-côté pour y entrer. C’est devenu inaccessible pour ceux qui ont une petite voiture. »

Nasser s’arrête à l’entrée de son préfabriqué. À Susya, un village de la région de Masafer Yatta, 300 Palestiniens vivent dans des installations de fortune : « Un salon avec cuisine, une chambre, et une salle de bain. C’est précaire, nous ne pouvons pas construire de vraies maisons, elles seraient immédiatement détruites par l’armée israélienne. »

Menaces d’expulsion

Bien que la présence palestinienne à Susya soit établie depuis le début du XIXe siècle, la bourgade n’est pas reconnue par l’État d’Israël. « Depuis les années 1980, notre village a été détruit sept fois, se désole l’homme de 50 ans. La dernière démolition date de 2014. Trois maisons ont été rasées. Chaque fois, les habitants reconstruisent, on ne veut pas partir. Ce sont nos terres. »

En 2012, le village s’est pour la première fois porté candidat pour entrer dans le plan directeur administré par Israël, qui permet aux localités de Cisjordanie d’être reconnues pour éviter la démolition et être connectées aux réseaux d’eau et d’électricité. Après deux refus, Susya s’est lancé dans une troisième demande.

Sur les toits des maisons, les habitants ont installé des bâches. « C’est pour nous cacher des drones israéliens, explique Nasser Nawajaa. Comme Susya n’est pas reconnu par Israël, nous n’avons pas le droit de bâtir de nouvelles installations. Mais les années passent, les familles s’agrandissent et nous avons besoin de construire. Si les Israéliens l’apprennent, tout le village sera détruit. »

Chaque jour, les jeunes colons débarquent avec leurs moutons pour s’installer sur les terres des Palestiniens. Les animaux dévorent les plantes, ils détruisent les champs palestiniens, puis ils repartent.

— Jacob

Depuis les accords d’Oslo, la Cisjordanie est divisée en trois zones : la zone A, théoriquement sous contrôle total de l’Autorité palestinienne, la zone B, sous contrôle administratif palestinien et sécuritaire israélien, et la zone C, totalement contrôlée par les autorités israéliennes, qui correspond à 60 % du territoire occupé et où se trouvent les colonies illégales en droit international. Le village de Susya est en zone C, très affectée par l’occupation et la colonisation. Non loin de la bourgade, l’armée israélienne s’est emparée de 3000 hectares de terre pour en faire une « zone militaire restreinte », appelée « zone de tir 918 », où les déplacements des Palestiniens sont limités. Et surtout, le village jouxte une colonie, également baptisée Susya, implantée depuis 1983 par des colons à l’idéologie radicale.

« Les colons arrivent ! » Trois activistes américains venus en Cisjordanie avec l’organisation Jewish Voice for Peace sont postés sur les terres de Nasser Nawajaa, caméras en main, pour documenter les allées et venues des colons. « Chaque jour, les jeunes colons débarquent avec leurs moutons pour s’installer sur les terres des Palestiniens, dit Jacob, un activiste propalestinien originaire des États-Unis qui préfère que son nom de famille ne soit pas mentionné. Les animaux dévorent les plantes, ils détruisent les champs palestiniens, puis ils repartent. »

Violence des colons

Situé au sud d’Hébron, Masafer Yatta est un ensemble de 19 hameaux palestiniens, dont fait partie Susya. Les habitants de la région sont menacés d’expulsion par les autorités israéliennes et soumis aux violences des colons radicaux. Sur ce territoire, la politique israélienne « menace l’existence » de villages palestiniens qui « abritent quelque 4000 habitants », selon l’organisation israélienne de défense des droits de la personne B’Tselem. « Cette politique se traduit par une interdiction quasi totale de construire, des démolitions répétées de maisons, de routes et de citernes d’eau, la violence des forces de sécurité et l’absence de répression de la violence des colons. »

À quelques kilomètres de Susya, le village palestinien d’At-Tuwani a beau être reconnu par l’État d’Israël, les habitants souffrent eux aussi de l’occupation et des violences coloniales. La bourgade est accolée à la colonie Ma’on, fondée en 1986 par le groupe israélien paramilitaire Nahal, dont les occupants sont connus pour leur brutalité à l’égard des Palestiniens.

Des provocations quotidiennes. C’est ce que vit la famille Raba’i, qui habite dans la dernière maison du village avant la colonie. Un habitant de Ma’on aux airs de cow-boy débarque, arme automatique à la main, en lançant des coups d’oeil menaçants à la famille. « C’est comme ça presque tous les jours depuis le 7 octobre », déplore Wissam Raba’i, 20 ans.

« Depuis le début de la guerre, les colons nous ont attaqués une vingtaine de fois. Ils viennent armés et ils nous insultent. Ils sont soutenus par l’armée israélienne, qui a étendu les terres interdites aux Palestiniens derrière notre maison. Nous ne pouvons pas nous déplacer à plus de quelques dizaines de mètres, sinon ils nous tirent dessus », affirme le jeune Palestinien. « Tout le monde a peur des colons, mais aussi de l’armée qui les protège, surtout depuis l’agression contre Zakaria. »

Le rythme des attaques est incessant. Certaines familles ont quitté le village sous la pression. Nous n’avions jamais vu cela, même pendant la seconde intifada [2000-2005].

— Salim

Zakaria Adra est un habitant d’At-Tuwani connu de tous. Aux prémices de la guerre, le 13 octobre, un colon pénètre dans une maison palestinienne du village, arme à la main. Zakaria lui demande de partir. Le colon armé le frappe puis lui tire une balle dans le ventre, sous les yeux d’un soldat israélien qui ne réagit pas. Une vidéo de la scène a été publiée sur le site de B’Tselem. « C’est la première fois qu’un colon tirait à balle réelle sur un habitant d’At-Tuwani, indique Mahmoud, beau-frère de Zakaria. Nous avons voulu l’emmener à l’hôpital d’Hébron, il se vidait de son sang. Mais sur la route, des soldats nous ont dit de faire demi-tour. Nous avons perdu beaucoup de temps. Finalement, il a été soigné à Yatta. Il a eu de la chance, il aurait pu mourir. » Le présumé coupable, qui a pris la fuite, n’a jamais été inquiété par les autorités israéliennes. « L’impunité règne en maître pour les colons. C’est ça, le quotidien, à Masafer Yatta. »

En Cisjordanie, la violence des colons et les violations liées aux colonies ont atteint des niveaux choquants et pourraient constituer un « crime de guerre », selon un rapport des Nations unies publié début mars. « L’expansion continue des colonies israéliennes illégales s’accompagne du déplacement de Palestiniens en raison de la violence des colons israéliens et de l’État », indique le rapport, qui pointe le risque « d’éliminer toute possibilité pratique d’établir un État palestinien viable ».

« Je dois tout replanter »

À At-Tuwani, où une majorité d’habitants vivent de l’agriculture, la colonisation affecte aussi l’économie locale. Hafez Huraini en a fait les frais. Lundi, l’agriculteur a découvert l’ensemble de ses plantations de raisins arrachées par des colons de Ma’on. « Ils ont coupé 47 arbres », déplore l’homme de 67 ans, la voix tremblante, pioche à la main pour bêcher la terre. « Je dois tout replanter. Cela coûte cher, 45 à 60 shekels [soit 16 à 22 dollars] par arbre pour qu’ils soient assez grands afin de donner des fruits cet automne, dit-il en enfonçant une vigne dans le sol. Le pire, c’est que j’ignore s’ils ne vont pas revenir pour les couper de nouveau. » Hafez a porté plainte auprès de la police israélienne, qui administre la zone C du territoire palestinien, « mais j’ai peu d’espoir. On ne voit jamais une enquête aboutir quand les Palestiniens sont les victimes ».

Le crépuscule tombe sur At-Tuwani. Salim Adra s’installe sur une colline qui surplombe le village. Depuis ces hauteurs, il peut scruter les environs. « J’observe les mouvements qui viennent de Ma’on. Avec les attaques des colons qui s’intensifient, il y a quelqu’un tous les soirs ici, nous faisons des roulements. Si une personne mal intentionnée pénètre dans le village, on peut tout de suite le savoir. »

Salim Adra se sent « isolé ». Au début de la guerre, la route d’At-Tuwani qui menait à la ville de Yatta, principale localité de la région, a été fermée par les colons et l’armée avec des blocs de pierres. « Les habitants doivent faire des détours importants et dangereux, sur des routes empruntées par les colons israéliens qui attaquent nos voitures, dit-il. Le village vit dans la peur. »

Thé à la main, Salim observe les environs pendant deux heures. Face à la récurrence des violences israéliennes, la population s’entraide. Les agressions de l’armée ou des colons sont documentées et envoyées à des associations de défense des droits de la personne, comme B’Tselem. « Le rythme des attaques est incessant. Certaines familles ont quitté le village sous la pression. Nous n’avions jamais vu cela, même pendant la seconde intifada [2000-2005] », déplore Salim, en lâchant un soupir de fatigue. « Les colons et l’armée veulent qu’on parte, mais moi, jamais je ne quitterai ces terres. »

Ce reportage a été financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat-Le Devoir.

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