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Mais où est passé Ahmadinejad, le plus anti-Israël des présidents iraniens?

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Lorsque Mahmoud Ahmadinejad a pris la parole devant l'Assemblée générale des Nations unies pour la deuxième fois en tant que président de l'Iran, le 19 septembre 2006, il incarnait à la perfection le tribun incendiaire. «Les prétextes invoqués pour justifier la création du régime occupant Al-Quds Al-Sharîf (c’est-à-dire Jérusalem, dans les discours iraniens, ndlr.) sont si faibles que ses partisans veulent faire taire toute voix qui tente simplement d'en parler, car ils craignent que la mise en lumière des faits ne sape la raison d'être de ce régime, comme cela a été le cas», a-t-il déclaré.

Un an plus tôt, en octobre 2005, il avait parrainé à Téhéran la conférence qu’il avait été baptisée «Un monde sans sionisme». Même le secrétaire général de l'ONU de l'époque, Kofi Annan, avait critiqué la tenue d’un tel événement, malgré ses efforts pour tenter de conclure un accord nucléaire avec l'Iran. «Beaucoup de ceux qui sont déçus par la lutte entre le monde islamique et les infidèles ont tenté de rejeter la responsabilité sur d'autres, a lancé Ahmadinejad à la tribune. Ils affirment qu'il n'est pas possible d'avoir un monde sans les Etats-Unis et le sionisme. Mais vous savez que c'est un objectif et un slogan possibles.»

La Russie, que l’Iran et Ahmadinejad lui-même ont toujours considérée comme un allié fiable, était outrée. Le lendemain de l'événement, le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur iranien à Moscou pour le mettre en garde contre la «rhétorique propagandiste» de Téhéran, qui, selon lui, ne contribuait pas à résoudre la «situation tendue autour du programme nucléaire iranien».

Un étrange silence

Autrefois figure la plus combative de la République islamique sur la scène internationale, Ahmadinejad s’est construit une image fondée sur une rhétorique virulente, qui avait aliéné ses alliés et aggravé l'isolement de l'Iran. Pourtant, depuis la première guerre directe de son pays avec Israël, en juin 2025, dite la «guerre des Douze jours», l'ancien président a gardé un silence inhabituel, ne refaisant surface que pour des apparitions cryptiques dans son pays et des voyages à l'étranger opaques, notamment une visite discrète en Hongrie, pays farouchement pro-israélien. Cette discrétion a suscité bien des spéculations parmi les Iraniens et les observateurs, pour savoir si l'ancien agitateur s'était adouci, s’il avait recalibré ses loyautés ou s'il était engagé dans des manœuvres politiques loin des regards du public.

Ce politicien intransigeant, dont les propos désobligeants à l'égard d'Israël ont souvent viré à l'antisémitisme, est désormais silencieux. Sa dernière activité, après une longue absence de la scène publique, a été une réunion avec les membres des comités provinciaux du «Mouvement Vers le printemps» à Téhéran le 10 juillet 2025. Mouvement sociopolitique autoproclamé issu de la base, «Vers le printemps» fait référence au 12e imam des chiites, Mahdi (qui a disparu en 874 après J.-C. à l’âge de 5 ans et dont le retour signera la fin des temps afin d'établir la justice sur Terre, ndlr.), auquel Ahmadinejad s'est souvent associé et qu'il décrit comme le «printemps de l'humanité».

Au cours de cet événement de cinq heures, comme l'ont rapporté les chaînes Telegram proches de son cercle restreint, Ahmadinejad a écouté pendant près de quatre heures les interventions d'«experts» et d'«élites politiques», avant de prononcer quelques brèves remarques conclusives. Il semble qu'aucune mention n'ait été faite de la guerre avec Israël, pourtant très récente.

Vivant mais muet

Au plus fort du conflit, des rumeurs ont circulé selon lesquelles Ahmadinejad aurait été tué lors d'une frappe aérienne. Son service de presse a immédiatement démenti ces informations. Mais le fait qu'il ait décidé de faire profil bas pendant une guerre qui évoquait inévitablement son nom n'est pas passé inaperçu. Les utilisateurs des réseaux sociaux ont débattu les raisons pour lesquelles l'homme considéré comme ayant entraîné l'Iran dans un isolement prolongé, en partie à cause de ses discours incendiaires, avait ignoré la première expérience de guerre active de son pays depuis 1988.

La seule réaction d'Ahmadinejad à cet épisode guerrier a été un message laconique et dénué d'émotion, publié le 13 juin, après le début des opérations israéliennes visant les hauts responsables de la République islamique. Peu de civils avaient encore été tués et les frappes aériennes n'avaient pas encore touché les villes du pays. Il a présenté ses condoléances aux familles des commandants et des scientifiques nucléaires, puis s'est tu, laissant de nombreux Iraniens se demander pourquoi il était soudainement devenu si indulgent envers son ennemi juré.

Jamaran, un site d'information proche de la famille du défunt Ayatollah Khomeini, a qualifié l'entourage d'Ahmadinejad de «secte», remettant en question la sincérité de son message au début de la guerre. Il a reproché à l'ancien président de refuser d'utiliser des mots tels que «agression» ou «violation» pour décrire la campagne israélienne, déplorant qu'il ait opté pour le terme neutre d’«attaques». Il a également rappelé à ses lecteurs «la succession de troubles internationaux» que l'Iran a endurés en raison de ses discours anti-israéliens lorsqu'il était au pouvoir.

Les hypothèses abondent

Les fervents admirateurs d'Ahmadinejad n’ont pour leur part pas semblé gênés par le fait qu'il détournait le regard lorsque les bombardements israéliens sur les villes iraniennes se multipliaient. Au contraire, ils ont rejeté la responsabilité sur l'ancien président Hassan Rouhani et son ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, pour avoir négocié l'accord nucléaire de 2015, qui, selon eux, donnait une image de vulnérabilité de l'Iran.

D'autres fidèles d'Ahmadinejad ont eu recours à des figures de style sur les réseaux sociaux pour justifier son mutisme, notamment un utilisateur de X qui a suggéré qu'il avait «cherché refuge dans le silence», parce que personne n'écoutait ses «paroles de vérité». Les sceptiques ont rappelé les remarques de l'ancien patron du Mossad, Meïr Dagan, devant la Knesset en 2009. Un second mandat d’Ahmadinejad serait bénéfique pour Israël, avait déclaré l’espion en chef, alors que l’Iran vivait au rythme des manifestations monstres du «Mouvement vert» contre le résultat truqué de la présidentielle. Parce que le candidat réformiste Mir-Hossein Mousavi (qui avait très probablement remporté le scrutin, ndlr) n’était pas un adversaire que l’on pouvait facilement brandir comme tel face au monde.

S'il est vrai que qu’Ahmadinejad n'a pas prononcé de discours, donné d'interviews ou publié de messages sur les réseaux sociaux en réaction à la guerre, il est peu probable que son silence soit le signe d’une prise de conscience du coût de son propre bellicisme. De fait, la rupture entre le guide suprême, l'ayatollah Khamenei, et son président préféré, est l'un des mystères de l'histoire récente de l'Iran. Khamenei s'est opposé aux politiciens les plus chevronnés de la République islamique, y compris ses proches, pour défendre Ahmadinejad, principalement parce que ce franc-tireur était impétueux dans ses attaques verbales contre Israël et que le leader théocratique appréciait cette imprudence. Finalement, cependant, ils ont eu une violente dispute.

L’art de la surenchère

En décembre 2006, deux mois après la tempête qu'il avait déclenchée à l'ONU, Ahmadinejad a ouvert à Téhéran une conférence internationale pour soi-disant «réviser la vision globale de l'Holocauste». Parmi les invités figuraient David Duke, ancien grand sorcier du Ku Klux Klan, Robert Faurisson, l’universitaire français condamné à cinq reprises pour négationnisme, et l'ancienne mannequin australo-britannique Michèle Renouf. Tous étaient ravis d'être à Téhéran et ont couvert Ahmadinejad d'éloges.

«Sa déclaration initiale selon laquelle Israël devait être rayé de la carte, même si elle a été traduite de manière maladroite ou incorrecte du persan, a été une surprise et un choc», estime Hooman Majd, écrivain et journaliste à qui la délégation d'Ahmadinejad avait demandé de l'aider à rédiger en anglais ses discours à l'ONU en 2006 et 2007.

«Je dirais qu'il est très inhabituel pour quiconque occupe ou a occupé un poste de dirigeant dans la République islamique de rester quasi silencieux lorsqu'un pays attaque la patrie, surtout Israël, et surtout pour le fougueux Ahmadinejad», poursuit Hooman Majd, dont le nouveau livre Minister Without Portfolio: Memoir of a Reluctant Exile est paru en septembre aux Etats-Unis.

Lorsque Mahmoud Ahmadinejad s'est rendu en Genève en avril 2009 pour le sommet des Nations unies sur le racisme, intitulé Conférence d'examen de Durban, il était le seul chef d'Etat à y participer. Ses invectives contre Israël provoquent un esclandre et le départ massif des délégués de 40 pays de la salle du Palais des Nations. Avant l'événement, il avait rencontré le président de la Confédération de l’époque, Hans-Rudolph Merz, provoquant une des rares crises entre la Suisse et Israël, qui avait rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv.

Ahmadinejad vit dans le quartier populaire de Narmak, à l’est de Téhéran, où il dispose d'un bureau, organise des réunions et reçoit la visite de ses fervents partisans. Pour des personnes en recherche d’un emploi, il envoie des lettres de recommandation à ses alliés au sein des instances gouvernementales, ou soutient des demandes de crédit. De temps à autre, il reçoit aussi des journalistes. Il est donc étonnant qu’un de ses récents voyages à l’étranger n’ait pas soulevé davantage l’attention.

L’étrange voyage en Hongrie

Le 3 juin 2025, l’ancien président s’est rendu pour la deuxième fois en douze mois à Budapest pour visiter Ludovika, l’Université nationale de l'administration publique hongroise. Cette institution est un bastion idéologique de Viktor Orbán. Son conseil consultatif est présidé par Balázs Orbán, le directeur politique du Premier ministre. Les réseaux sociaux des fans d'Ahmadinejad indiquaient qu'il devait prendre la parole lors d'un événement intitulé «La durabilité dans un monde en mutation», mais aucune mention d'une conférence le mettant en vedette n'apparaissait sur le site de l'université. Aucun étudiant n'a vu de flyers à ce sujet.

La visite d'un président actuel ou ancien sur un campus universitaire attire généralement l'attention de toute une communauté et fait souvent l'objet d'une certaine couverture médiatique. Ahmadinejad est venu et reparti sans que personne ne s'en aperçoive, et même son équipe de communication, généralement très active, n'a pas inondé Internet d'images et d'informations sur ce rare voyage.

En tant que chef du gouvernement, Ahmadinejad ne s'était rendu que dans trois pays européens: le Danemark, l’Italie et la Suisse (ainsi qu’au Belarus). Aucune de ces visites n'était officielle ou d'Etat. Les dirigeants danois et italiens ont refusé de le rencontrer dans leurs capitales, il est resté littéralement persona non grata dans toute l'Union européenne.

En avril, deux mois avant le voyage d'Ahmadinejad, l’Université Ludovika a accueilli le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, lui décernant un doctorat honoris causa. Nétanyahou a prononcé un discours sur l'importance de l'éducation dans le leadership, et le recteur de l'université, Gergely Deli, l'a salué comme une «figure éminente de la politique mondiale» faisant preuve d'un «leadership remarquable».

Le jour de l'arrivée de Nétanyahou à Budapest, Vikor Orbán a annoncé le retrait de son pays du Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour pénale internationale. Bien que cette décision enfreigne les engagements pris par la Hongrie en vertu de son adhésion à l'UE, elle a donné une apparence légale à la visite de Nétanyahou, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour, tout en exemptant la Hongrie de l'obligation de l’arrêter.

En pourparlers avec Israël?

Lili Takács, journaliste pour le site d'information 444.hu, a expliqué que les sentiments pro-israéliens qui animent le parti au pouvoir, le Fidesz, sont si intenses que le régime Orbán a bloqué certaines déclarations communes de l'UE sur Gaza parce qu'elles soulignaient l'importance d'un cessez-le-feu.

«Le ministère des Affaires étrangères [hongrois] a décidé que tous les documents relatifs à la visite d'Ahmadinejad resteraient secrets pendant des décennies, de sorte qu'aucune information officielle ne pourra être obtenue dans un avenir prévisible», m’a-t-elle déclaré. Néanmoins, «certaines vidéos montrent qu'il a bénéficié d'un accueil officiel avec un certain niveau de protection à son arrivée à l'aéroport.»

Kinga Göncz, ancienne ministre hongroise des Affaires étrangères entre 2006 et 2009, m'a confié que la visite d'Ahmadinejad allait bien au-delà d'une simple présentation sur le campus: «Le prétexte de sa visite était une conférence à l'université. Il n'a rencontré aucun homme politique hongrois à Budapest, mais a eu une réunion jusqu'au petit matin avec quelqu'un.»

Qui? «D'après nos suppositions, Budapest a simplement fourni un lieu pour une réunion secrète sur la question israélo-iranienne, avec l'accord du gouvernement israélien, bien que l'ambassade d'Israël ait officiellement désapprouvé son invitation», poursuit Mme Göncz, qui a également été membre du Parlement européen avant de démissionner en 2014.

L'avion de retour d'Ahmadinejad s’est posé à Téhéran le 7 juin. Six jours plus tard, Israël déclarait la guerre à l'Iran. Bien sûr, aucun lien définitif ne peut être établi entre ces événements, mais il serait simpliste de ne pas se demander s'il s'agit de simples coïncidences, d'autant plus que les rumeurs concernant des liens secrets entre le cercle restreint d'Ahmadinejad et Israël continuent d'alimenter les débats sur ses activités.

Un entourage sur la sellette

Depuis qu'il a quitté la présidence, les scandales impliquant des membres de la clique d'Ahmadinejad, ou liés à son administration, arrêtés pour avoir vendu des secrets nationaux à Israël, se multiplient. Dans un cas, Mohammad Hossein Rostami et Reza Golpour ont été arrêtés en 2017, accusés d’avoir espionné pour le compte d'Israël.

Membre de la milice des Bassidj, la force paramilitaire volontaire qui fait partie du Corps des Gardiens de la révolution (IRGC), Hossein Rostami avait lancé un site web d'information politique et religieuse appelé Ammaryoun, qui présentait Ahmadinejad comme le sauveur divin de la République islamique. Il avait auparavant travaillé pour sa campagne présidentielle. Il s'est ensuite rendu en Syrie en tant que combattant affilié aux Gardiens, dont le but était de sauver le régime de Bachar el-Assad. C'est là qu'il aurait commencé à travailler avec les services de renseignement israéliens.

Son ami Reza Golpour, écrivain et ancien collaborateur du journal ultraconservateur Kayhan, dont le directeur général est un intime du guide suprême, a également été arrêté en 2017 pour des accusations similaires. Il était un fervent défenseur d'Ahmadinejad et avait des liens familiaux avec certains de ses adjoints et plusieurs commandants des Gardiens. Rostami et Golpour ont tous deux purgé une peine de prison avant d’être libérés.

Des coïncidences en pagaille

La Hongrie n'était pas la seule destination improbable d'Ahmadinejad. En 2023, il avait effectué un voyage tout aussi discret au Guatemala pour prendre la parole lors d'un sommet sur l'environnement et la conservation du fleuve Motagua. Là encore, le sujet n'avait aucun rapport avec son travail, et les médias hispanophones n'y ont prêté aucune attention, malgré le caractère contre-intuitif de la visite d'un détracteur acharné d'Israël dans l'un des États les plus pro-israéliens d'Amérique centrale. Le Guatemala a été le deuxième pays à transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem après les Etats-Unis en 2017, sous la première administration Trump.

Le ministre guatémaltèque de l'Environnement de l'époque, Gerson Barrios Garrido, avait invité Ahmadinejad dans une lettre qui s'adressait à lui en tant qu'«ancien président de la République d'Iran». Avant son départ, les autorités de l'aéroport international Imam Khomeini de Téhéran ont confisqué son passeport et lui ont refusé l'embarquement, ainsi qu'à son entourage, invoquant des raisons de sécurité. Il a persisté et organisé un sit-in. Les passagers ont apprécié le spectacle, certains se sont arrêtés pour prendre des selfies avec l'ancien président.

Il a fallu près de sept heures pour qu’il obtienne l’autorisation de partir. Il était ainsi dans l'avion le matin du 7 octobre, lors de l’attaque terroriste des militants du Hamas contre Israël. Six mois plus tard, le 6 mai 2024, jour où Israël a lancé l'offensive sur Rafah, était aussi la date de sa première visite en Hongrie, à l'université Ludovika, pour un discours non annoncé sur «les valeurs communes dans un environnement mondial partagé». Neuf jours après son retour, le président iranien Ebrahim Raisi mourait dans un accident d'hélicoptère. On ne sait pas exactement pourquoi Ahmadinejad a entrepris ces voyages, et les coïncidences étranges entre les dates de ses voyages et les grandes offensives israéliennes ne prouvent rien. Mais cela soulève des questions sur la manière dont le principal adversaire d'Israël en Iran s'est comporté à la suite d'un conflit ouvert avec son ennemi juré.

Pas sans Orban

Le voyage d'Ahmadinejad à Budapest en juin a suscité un certain intérêt au niveau national. Mais son bureau a orchestré la publicité de manière à ce que rien ne fuite, à l'exception de quelques photos et vidéos enregistrées avec un téléphone portable de sa rencontre avec Gergely Deli et ses collègues, dont le professeur László Csicsmann, directeur du Centre Corvinus d’études sur l’Asie contemporaine, qui s'était rendu à Téhéran en mai pour inviter Ahmadinejad et un des acteurs du déploiement diplomatique hongrois en Afrique comme en témoigne son site, Herosofsahel.com.

«Il est certain qu'Orbán était au courant et qu'il a donné son feu vert à cette visite», estime Márton Tompos, membre de l'Assemblée nationale hongroise. Pour lui, toute personne familière avec la politique hongroise comprend qu'il serait impossible d'organiser une telle rencontre sans l'accord du Premier ministre. Et toujours selon ce député, plusieurs facteurs rendent cette visite inhabituelle, notamment la position fortement pro-israélienne du gouvernement Orbán, ce qui signifie que le voyage a probablement été discuté au préalable avec Nétanyahou. «Ahmadinejad aussi a utilisé le salon gouvernemental de l'aéroport de Budapest, poursuit Márton Tompos, et le lieu où il était censé donner une conférence était sous la protection des services secrets militaires.»

La métamorphose de Mahmoud Ahmadinejad – d'un fanatique qui affirmait que l'existence d'Israël était «une insulte à toutes les nations» et que son élimination ouvrirait la voie à un nouveau Moyen-Orient «dans lequel, avec la grâce de Dieu et l'aide des nations, il ne resterait aucune trace de l'Amérique et des sionistes» à un critique supposément lucide du statu quo – est pour ainsi dire énigmatique.

Lorsqu'il était au pouvoir, le temps qu'Ahmadinejad consacrait à critiquer Israël dans ses discours et ses interviews poussait tout le monde à se demander s'il avait également des choses à dire sur son propre pays, sa culture, sa vision et ses idéaux. Les attaques meurtrières d'Israël contre l’Iran en juin de cette année, qui ont fait plus de 1000 victimes, auraient pu lui donner l'occasion de se déchaîner dans les médias pour clouer Israël au pilori et faire à nouveau la une des journaux. Il n'a pas choisi cette voie. Pourquoi?

Outre les théories hasardeuses sur d’éventuels liens avec l’Etat hébreu, il y a l’hypothèse de Kasra Naji, correspondant senior de la BBC en persan et auteur du livre Ahmadinejad, The Secret History of Iran's Radical Leader (I.B. Tauris, 2007): «Au cours des dernières années, il s'est présenté comme un opposant au régime, il pourrait donc vouloir critiquer le guide suprême pour avoir mis le pays sur une voie de collision désastreuse avec Israël et les États-Unis.»

Cet article a d’abord été publié par New Lines, et traduit par Heidi.news avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Kourosh Ziabari

Kourosh Ziabari Journaliste (New York)

Kourosh Ziabari est un journaliste et chercheur d'origine iranienne, basé à New York. Collaborateur des magazines Foreign Policy et New Lines, il est titulaire d'une maîtrise en journalisme politique de la Columbia University Graduate School of Journalism. En 2022, il a reçu le prix d'excellence professionnelle de l'Association des correspondants de presse étrangers. Il est ancien élève du Senior Journalists Seminar Fellowship de l'East-West Center et boursier en 2022 du World Press Institute à l'université de St. Thomas, dans le Minnesota.

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