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Lutter de l’intérieur contre la cooptation et l’enfumage sémantique : de libertaire à « libertarien » ou l’imposture de l’oxymore « anarcho-capitaliste » (Plateforma Anarquista Madrid)

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Libertaires contre “libertariens” ou le capitalisme déguisé en liberté

Don Diego de la Vega, Liza

Plateforma Anarquista de Madrid

Mai 2025

Url de l’article original :

https://www.regeneracionlibertaria.org/2025/05/13/libertarios-contra-libertarianos/

~ Traduction Résistance 71 ~

 3 juin 2025

Dans le monde d’aujourd’hui, peu de mots ont été autant politiquement déformés que le concept de “libertaire”. Originellement, au XIXème siècle, ce mot se référait à ceux qui, au sein du socialisme révolutionnaire, luttaient pour une société sans État et sans classe. Mais ce mot a depuis été coopté, galvaudé par une école de pensée qui glorifie le marché, la propriété privée et l’inégalité en tant qu’expressions supposées de la liberté. Cette appropriation, promue dans le monde anglo-saxon vers le milieu du XXème siècle sous l’étiquette de “libertarianisme”, a mené à toute une série d’aberrations conceptuelles, la plus choquante étant ce soi-disant “anarcho-capitalisme”.

Cet oxymores qui combine deux concepts historiquement et philosophiquement antagonistes, n’est pas juste une imposture théorique : c’est une opération idéologique volontaire servant un agenda réactionnaire. Ce texte cherche à démanteler cette imposture d’une perspective anarchiste, sauvant les racines socialiste et collectiviste de l’anarchisme et exposant le “libertarianisme” comme étant un allié de facto de l’autoritarisme néolibéral et de l’extrême droite. En tant qu’anarchistes, nous reprenons le terme “libertaire” dans son sens original et affirmons le besoin de nommer précisément ceux qui, sous le couvert d’un radicalisme anti-étatique, défendent de fait la perpétuation du capitalisme : nous les appelons, avec une clarté conceptuelle, des “libertarianistes” (NdT : ou “libertariens”)

La généalogie du terme “libertaire”

Le terme de “libertaire” fut utilisé pour la première fois par Joseph Déjacque dans son article de 1857 “De l’être humain, de l’homme et de la femme” en opposition à ceux qui s’appelaient eux-mêmes libéraux, héritiers des révolutions française et américaine, mais qui étaient contre la véritable souveraineté individuelle et sociale. “Libertaire” est né comme synonyme d’anarchisme : un rejet simultané de l’État et de capital, une affirmation de l’organisation sociale fondée sur la coopération volontaire, l’entraide et une égalité radicale. Cette tradition, qui commença avec Proudhon, suivi de Bakounine, Kropotkine et Malatesta, s’est manifestée au travers bien des formes organisationnelles jusqu’au XXème siècle : de fédérations agricoles collectivisées aux communes urbaines autogérées, des écoles rationalistes aux brigades anti-fascistes.

L’anarchisme n’a jamais été une doctrine de l’individu abstrait séparé de la communauté. Son engagement a toujours été envers la liberté concrète, personnalisée dans les relations sociales libérées du commandement, de l’exploitation et de l’aliénation. Ainsi, il est un courant politique profondément anti-capitaliste. Pour les anarchistes, le capital et l’état sont les deux faces de la même pièce, celle des structures hiérarchiques qui nient l’autonomie populaire.

De Ludwig von Mises à Murray Rothbard

En contraste avec cette tradition émancipatrice, le “libertarianisme” qui a émergé aux Etats-Unis (NdT : d’où aurait-il pu émerger d’autre ?) vers la mi-XXème siècle s’est approprié la rhétorique de la liberté pour légitimer un système basé sur l’accumulation de capital. Des auteurs comme Ludwig von Mises, Hans Herman Hoppe et surtout Murray Rothbard, développèrent une vision du monde où la liberté est égale à une propriété privée illimitée et où le marché [économique] est élevé au rang suprême de mécanisme de l’organisation sociale.

Il est bien de faire une pause ici sur une déclaration révélatrice de Rothbard lui-même, figure centrale de cet “anarcho-capitalisme”, qui écrivit dans son texte de 1954 “Les libertariens sont-ils anarchistes ?”

“Nous devons donc nous tourner vers l’histoire pour clarifier : nous y trouvons qu’aucun des groupes affirmés anarchistes ne correspond à la position libertarienne, que même les meilleurs d’entre eux ont dans leurs doctrines des éléments socialistes irréalistes. De plus, nous trouvons que tous les anarchistes actuels sont des collectivistes irrationnels et donc sur un pôle opposé de notre position. Nous devons donc conclure que nous ne sommes pas anarchistes et que ceux qui nous appellent anarchistes n’ont pas les bases étymologiques et sont complètement ahistoriques.”

Ceci n’est pas une confusion innocente, mais une manœuvre tout à fait délibérée de réappropriation terminologique (sémantique). Rothbard non seulement prend ses distances envers l’anarchisme historique, qu’il dénigre et nie être une référence légitime à son idéologie, qui ne tient en rien de Bakounine ou Kropotkine, mais qui repose sur le plus radicalisé capitalisme de Manchester.

L’oxymore anarcho-capitalisme

Le soi-disant anarcho-capitalisme représente la plus extrême tentative de cette appropriation sémantique. Il cherche à fusionner anarchisme et capitalisme, deux notions absolument incompatibles. L’anarchisme vise à abolir toutes formes d’autorité hiérarchique, tandis que le capitalisme est, par définition, un système basé sur l’autorité du propriétaire sur ceux qui ne possèdent pas les moyens de production.

Pour ;es “anarcho-capitalistes” ou plus précisément les “libertarianistes”, la liberté est réduite à la capacité de signer des contrats privés entre individus. Mais cette notion de volontarisme contractuel est une illusion dans la mesure où tous les individus ne sont pas égaux et n’ont pas le même pouvoir de négociation des conditions. Comme le note la théorie anarchiste, les relations économiques sous le capitalisme sont soumises à la coercition structurelle de la nécessité, à savoir : travaille ou meurs !

L’anarcho-capitalisme n’élimine en rien la domination, il la privatise ! Il remplace l’autorité de l’État par l’autorité capitaliste. Au lieu de police publique, il propose des armées privées, au lieu de justice publique, un arbitrage entre propriétaires. Il n’y a ici aucune émancipation, seulement un féodalisme de marché !

La réaction et le marché marchent la main dans la main…

Le libertarianisme contemporain se focalise sur la défense de la propriété et l’individualisme radical, il devient une plateforme idéale pour la montée des projets réactionnaires. Ce n’est pas une coïncidence si bon nombre de libertariens ont rejoint le “trumpisme” aux Etats-Unis, le bolsonarisme au Brésil, le Mileiisme en Argentine. Javier Milei, un économiste ultra-libéral devenu président., s’identifie à la fois comme libertarianiste admirateur de Rothbard, de Mises et de l’école économique autrichienne. Dans son discours, l’adoration du marché coexiste avec le mépris ouvert pour les syndicats, les mouvements sociaux, le féminisme et la justice sociale.

Au nom de “la liberté économique”, toutes formes d’organisation populaire sont attaquées, les mouvements sociaux criminalisés et l’oppression structurelle niée. Toute lutte qui remet en cause le marché et sa suprématie est répudiée. En pratique, “l’anarcho-capitalisme” est une idéologie de guerre contre les pauvres.

L’organisation libertaire comme construction collective

Contre cette caricature perverse de la liberté, l’anarchisme assume une organisation depuis la base, la construction du pouvoir populaire et de la démocratie directe. Ce n’est pas au sujet de l’atomisation des individus mais de l’affirmation de structures horizontales collectives construite depuis la base populaire. Des coopératives de logement aux réseaux de solidarité de voisinage en passant par les unions autonomes des espaces éducatifs autogérés, l’anarchisme révèle et met en place une pratique sociale matérielle de vie concrète.

Comme l’avait dit Bakounine : “Le liberté de l’individu ne peut être réalisé que par la liberté de tous”. La liberté d’un individu n’est pas limitée par une autre, mais les liberté individuelles sont proprement complétées sous la liberté commune à toute une société. Il n’y a pas de liberté sans égalité, et il n’y a pas d’égalité sans la remise en question de la propriété privée des moyens de production. C’est pourquoi l’anarchisme propose une économie socialisé autogérée où le travail est totalement libéré, émancipé du joug du capital.

La liberté sans socialisme est privilège et injustice ; le socialisme sans liberté est esclavage et brutalité

Il n’est pas seulement urgent mais essentiel de clairement distinguer l’anarchisme de sa récupération déformée libérale-capitaliste. Contre la réification de la vie, l’anarchisme affirme la dignité des communs. Contre l’autoritarisme national et entrepreneurial : l’organisation de la lutte des classes. Contre l’égoïsme progressiste : la solidarité et l’entraide révolutionnaires.

Être libertaire ne veut pas seulement dire être anti-état, cela veut aussi dire être anti-capitaliste, anti-patriarcat et anti-colonial. Cela implique la construction du pouvoir (non coercitif) depuis la base, de l’horizontalité et de l’autogestion et non pas du mythe de l’individu propriétaire qui “choisit” sous coercition structurelle.

À nos camarades libertaires argentins qui aujourd’hui font face aux politiques anti-sociales du libertarianiste Javier Milei, force à vous, toute notre solidarité militante et notre engagement internationaliste vous accompagnent. Votre lutte est la notre.

Parce qu’il n’y a pas d’anarchisme sans révolution sociale et pas de révolution sociale sans se départir du capital.

—Don Diego de la Vega, militant de Liza

= = =

Lectures complémentaires :

Nos pages Proudhon, Bakounine, Kropotkine, Malatesta

Ne jamais oublier qu’…

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

5 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

Société des sociétés organique avec Gustav Landauer

This entry was posted on 4 juin 2025 at 3:21 and is filed under actualité, altermondialisme, autogestion, gilets jaunes, média et propagande, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, philosophie, politique et social, résistance politique, société des sociétés, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , . You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

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