MAGAZINE. Lizianne Fortier est à la tête d’une ferme florale spécialisée dans la culture de pivoines au Centre-du-Québec. Depuis près de dix ans, elle a pour mission de semer du bonheur. Bienvenue dans l’univers d’une entrepreneure lumineuse et inspirante.

Lizianne Fortier a un parcours bien à elle. Elle a fait ses premiers pas dans le monde du travail à Montréal, œuvrant dans le domaine du marketing et des communications. «J’ai toujours travaillé dans les postes de direction assez jeune. J’ai toujours aimé vendre et connecter avec les gens», indique celle qui a aussi œuvré dans le domaine sportif.

La Pivoinerie Lili est située à Saint-Albert.(Photo : Ghyslain Bergeron)

Après une quinzaine d’années, Lizianne Fortier a été freinée dans son élan professionnel, alors qu’elle a dû composer avec plusieurs obstacles, comme un épuisement professionnel et la perte d’un enfant. Ce temps d’arrêt a été l’occasion pour elle de prendre du recul.

Dans son for intérieur, que souhaitait-elle réellement faire? La réponse était claire. «J’avais envie de voir du monde heureux. J’avais envie de créer un lieu où les gens vont pouvoir reconnecter entre eux. Je constate que tout le monde parle à son téléphone. On est tous dans nos têtes. C’est important de voir de vrais humains, se reconnecter et vivre des expériences transformatrices et significatives.»

En parallèle, de nouvelles rencontres et de nouvelles opportunités se sont présentées à elle. Par le fait même, Lizianne Fortier a sauté à pieds joints dans le monde agricole. «J’ai travaillé à la direction marketing à l’Union des producteurs agricoles. Mon conjoint est producteur laitier de grande culture.»

Elle s’est donc établie à Saint-Albert, afin de concrétiser son rêve : fonder la Pivoinerie Lili. La femme d’affaires a décidé de mettre à profit son amour pour les fleurs, ce qui l’habite depuis qu’elle est toute petite.

«J’ai toujours voulu m’appeler Marguerite, dit-elle, en riant. Ma mère est une grande amoureuse des fleurs. J’ai toujours baigné là-dedans. Ça fait partie de moi d’aller marcher et de me faire un bouquet. Pour moi, c’est d’amener la nature à l’intérieur.»

La reine des fleurs

Selon Lizianne Fortier, la pivoine est la reine des fleurs. «C’est une vivace. Elle peut survivre sans jardinier jusqu’à 100 ans. C’est une fleur qui est généreuse. Elle se multiplie et grandit année après année. On peut la diviser, la partager.»

La pivoine est considérée comme la reine des fleurs. (Photo: gracieuseté)

«C’est une fleur significative aussi. C’est une vieille variété. C’est souvent porteur de souvenirs par rapport à nos grands-mamans, à nos mères, à des tantes. Ce sont dans les fleurs les plus odorantes qui arrivent au début de l’été. Ça vient avec une célébration de la joie, de la période estivale», ajoute la floricultrice.

Il faut faire preuve de patience pour la cultiver. «Il n’y a pas beaucoup de monde qui le fait parce que ça prend beaucoup d’années avant de pouvoir être florissant comme projet. Ça prend au moins cinq ans avant de pouvoir en avoir en abondance. Pendant cinq ans, tu cultives des feuilles. Tu ne vois même pas les fleurs fleurir. Ça immobilise ton bien le plus précieux qui est de la terre et ton temps.»

Lizianne Fortier a toujours cru en son projet. «Je savais qu’à long terme, ça deviendrait quelque chose de grandiose», affirme-t-elle.

Pendant cette période de latence et de résilience, l’entrepreneure n’est pas restée les bras croisés. Elle a décidé d’aider d’autres agriculteurs dans leur propre projet de commercialisation.

«Ça fait huit ans que je suis aussi propriétaire d’une autre entreprise qui s’appelle l’Académie agricole. J’aide d’autres producteurs agricoles ou d’autres personnes en agrotourisme en transformation alimentaire, autant en privé qu’en groupe. Je fais aussi des conférences pour inspirer les gens à bâtir des entreprises qui leur ressemblent en arrêtant de faire un copier-coller sur le compétiteur. Je les encourage à proposer quelque chose d’unique sur le marché», explique-t-elle.

Des fleurs par millier

Au fil du temps, la Pivoinerie Lili a pris de l’expansion. Chaque année, Lizianne Fortier plantait des milliers de fleurs. À l’heure actuelle, il y a 8000 plants de pivoines et plus de 100 variétés. «Je me suis fait prendre au jeu en commandant toutes sortes de fleurs. J’avais le goût de voir les gens sur une plus grande période. On est ouvert au niveau des fleurs du mois de mai jusqu’en octobre », souligne-t-elle, en précisant que la boutique en libre-service est quant à elle ouverte à l’année.

La Pivoinerie Lili propose une vaste gamme de produits. (Photo: Ghyslain Bergeron)

C’est que l’entreprise offre également une vaste gamme de produits, incluant des cosmétiques. «C’est une façon de transformer les fleurs en utilisant les racines, les graines, les pétales des pivoines. J’utilise 100 % de la fleur pour les transformer. On développe nos produits cosmétiques avec différents laboratoires au Québec. On a une soixantaine de points de vente au Québec et au Nouveau-Brunswick qui tiennent nos produits.»

Avec les cosmétiques, la femme d’affaires exploite sa créativité au maximum. «C’est un milieu très complexe avec beaucoup de réglementation, beaucoup de défis, beaucoup d’apprentissages. C’est une partie que j’adore faire. C’est vraiment stimulant. J’ai toujours de nouvelles idées et de nouveaux projets.»

Au rythme de la nature

Étant propriétaire d’une ferme florale, Lizianne Fortier en profite pour éduquer la clientèle. «C’est normal qu’un bouquet de fleurs ne dure pas trois semaines. Si c’est le cas, c’est parce qu’il y a des produits chimiques dedans. Ce n’est pas normal que la nature coupée qu’on essaie de conserver dure éternellement. L’objectif d’une fleur est d’en profiter au moment où elle est là. C’est normal qu’elle meure. C’est normal qu’elle devienne autre chose en compost, qu’elle retourne à la terre, et qu’elle revienne à un autre moment», soutient celle qui respecte le rythme de la nature.

Les pivoines devraient se sortir le bout du nez au cours du mois de juin. La Pivoinerie Lili propose une programmation d’activités estivales, dont la populaire autocueillette de fleurs.

Dans les prochaines années, la femme de 38 ans souhaite célébrer davantage les connexions humaines et la spiritualité à travers son entreprise. «Les clientes et moi avons besoin d’un espace pour nous ressourcer. Je veux créer des occasions différentes de collectivité, de se connecter à soi, à son cœur, à la terre», termine-t-elle.

Plusieurs événements sont prévus dans les champs. (Photo: gracieuseté)