NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
Par M.K. Bhadrakumar – Le 23 juin 2025 – Indian Punchline
L’ancien président et vice-président du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev, l’une des voix les plus influentes du Kremlin, a publié le 23 juin sur la chaîne Telegram une critique de la crise au Moyen-Orient à la suite de l’attaque américaine contre trois sites nucléaires clés iraniens à Fordow, Natanz et Ispahan.
Medvedev a énuméré dix points qui, pris dans leur ensemble, indiquent que la position de la Russie sur l’évolution de la situation autour de l’Iran a nettement évolué vers une attitude proactive marquée par un profond scepticisme et une vive inquiétude quant aux intentions du président Donald Trump.
Pas plus tard que le 4 juin, Trump avait sollicité l’aide de Poutine pour faire avancer les négociations entre les États-Unis et l’Iran sur la question nucléaire, et Poutine, de bonne foi, avait accepté de l’aider. En effet, le porte-parole du gouvernement iranien avait révélé le 12 juin que les préparatifs étaient en cours pour une visite de Poutine à Téhéran.
Mais le 22 juin, Trump a ordonné la frappe aérienne sur trois sites nucléaires iraniens sans en informer Poutine. Un tel comportement sournois n’est peut-être pas nouveau pour Washington dans les relations interétatiques, mais il a embarrassé le Kremlin. Les commentaires de Medvedev le montrent lorsqu’il ridiculise le triomphalisme de Trump à propos de la frappe aérienne.
Medvedev a énuméré dix points sous le titre « Qu’ont accompli les Américains avec leur frappe nocturne sur trois sites en Iran ? ». Ils soulignent que la position de la Russie sur l’évolution de la situation autour de l’Iran a changé pour se distancier sans équivoque de l’approche américaine. Les 10 points sont les suivants :
Citation.
- Les infrastructures critiques du cycle nucléaire n’ont apparemment pas été endommagées ou ne l’ont été que légèrement.
- L’enrichissement des matières nucléaires, et nous pouvons désormais le dire ouvertement, ainsi que la production future d’armes nucléaires, se poursuivront.
- Un certain nombre de pays sont prêts à fournir directement des armes nucléaires à l’Iran.
- Israël est attaqué, des explosions retentissent, la population est en proie à la panique.
- Les États-Unis sont entraînés dans un nouveau conflit avec la perspective d’une opération terrestre.
- Le régime politique iranien est préservé et, selon toute vraisemblance, il s’est renforcé.
- Le peuple se rallie autour du leadership spirituel, même ceux qui ne lui étaient pas favorables.
- Trump, qui s’était présenté comme un président pacificateur, a déclenché une nouvelle guerre pour les États-Unis.
- La majorité absolue des pays du monde s’oppose aux actions d’Israël et des États-Unis.
- Avec un tel succès, Trump ne verra jamais le prix Nobel de la paix, malgré toute la vénalité de cette nomination. Bon début, félicitations, Monsieur le Président !
Fin de citation.
Dans l’ensemble, l’évaluation de Medvedev correspond à l’opinion générale des observateurs neutres, y compris des analystes occidentaux, sur la situation actuelle. Cependant, les points 2 et 3 se distinguent comme particulièrement remarquables dans leur pronostic selon lequel l’Iran a désormais été inexorablement poussé sur la voie de la fabrication de la bombe nucléaire et, plus important encore, Téhéran peut s’attendre à recevoir de l’aide dans ce sens de la part « d’un certain nombre de pays (qui) sont prêts à fournir directement à l’Iran leurs armes nucléaires ».
C’est la première fois que la Russie évoque explicitement la probable « nucléarisation » de l’Iran. Cela constitue en soi un changement de paradigme. Medvedev a présenté cette idée avec approbation, s’écartant ainsi nettement des déclarations passées de la Russie selon lesquelles le programme nucléaire iranien était destiné à des fins pacifiques. La Russie a toujours été un pilier du régime de non-prolifération nucléaire.
Trois choses ont changé. Premièrement, les États-Unis eux-mêmes sont devenus un proliférateur. En Europe, les alliés des États-Unis font voler librement leurs avions équipés de bombes nucléaires lors d’exercices. Les pilotes allemands se sont familiarisés avec ces avions. Dans la région Asie-Pacifique, l’alliance AUKUS implique en fait le transfert de technologie nucléaire vers l’Australie, qui est techniquement membre du TNP.
Deuxièmement, en ce qui concerne l’Iran, un allié clé de la Russie, l’agression américaine a franchi la « grande ligne rouge » de l’Iran — pour reprendre les termes du ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi —, ce qui ne laisse à Téhéran d’autre choix que d’agir en légitime défense. En outre, dans « l’ordre fondé sur des règles » imposé par les États-Unis à l’Iran, leur propre allié Israël, un pays non membre du TNP, dispose d’un programme d’armes nucléaires clandestin pleinement développé et aurait un stock d’environ 200 missiles nucléaires, mais Trump ignore tout cela avec désinvolture.
Troisièmement, la situation est aujourd’hui telle que les petits pays doivent se nucléariser le plus rapidement possible, car c’est leur seule garantie absolue de préserver leur souveraineté et leur intégrité territoriale face aux attaques américaines dans le contexte international chaotique actuel. Si la Corée du Nord a réussi à repousser la pression américaine, c’est grâce à sa capacité de dissuasion nucléaire. Ce qui est absolument révoltant, c’est que Trump n’a même pas pris la peine de demander un mandat au Conseil de sécurité de l’ONU et est entré en guerre contre l’Iran sans obtenir l’approbation du Congrès.
De toute évidence, le commentaire de Medvedev ridiculise les pieux espoirs de Washington et de Tel-Aviv de forcer un « changement de régime » en Iran. Medvedev affirme avec assurance que non seulement le système politique iranien s’est renforcé, mais que « le peuple se rallie autour du leadership spirituel », y compris des éléments qui « ne sympathisaient pas avec lui » auparavant.
La Russie partage l’opinion dominante au sein de la communauté internationale selon laquelle, en s’engageant dans une confrontation militaire avec l’Iran, Trump a accentué l’isolement croissant des États-Unis au sein de la communauté internationale.
Il est intéressant de noter que, selon les prévisions de Medvedev, les États-Unis sont entraînés dans un nouveau conflit à l’étranger « avec la perspective d’une opération terrestre ». Il n’a pas expliqué comment cela pourrait se produire. L’Iran, qui a presque la taille de l’Europe, est un grand pays et compte environ 610 000 militaires en service actif, auxquels s’ajoutent 350 000 réservistes et personnels entraînés qui peuvent être mobilisés en cas de besoin. Il y a ensuite le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), qui compte environ 125 000 membres et une milice volontaire, le Basj, qui compte environ 90 000 membres actifs supplémentaires.
Même une opération commando américaine limitée comporterait des risques élevés. L’opération Eagle Crew, menée en avril 1980 pour tenter de sauver les otages américains, s’est soldée par un échec tragique. Sur les huit hélicoptères envoyés en Iran, deux ont été mis hors service et un troisième a été projeté contre un avion-cargo C-130 lors d’une violente tempête de sable dans le désert, tuant huit militaires américains dont les corps, laissés sur place, ont ensuite été exhibés devant les caméras de la télévision iranienne. L’administration Carter, humiliée par l’échec de la mission et la perte de vies humaines, a déployé beaucoup d’énergie pour faire rapatrier les corps aux États-Unis. Trump est peu susceptible de prendre de tels risques.
Sur le plan géopolitique, le changement radical dans la pensée du Kremlin pourrait changer la donne pour l’Iran, qui doit regretter d’avoir décliné l’offre russe d’inclure une clause d’assistance mutuelle en matière de sécurité en temps de guerre dans le traité de partenariat stratégique récemment conclu entre les deux pays, similaire à celui que la Russie a conclu avec la RPDC. De plus, Poutine a révélé la semaine dernière que la Russie avait proposé de développer conjointement avec l’Iran un système intégré de défense aérienne (qui pourrait accéder aux données satellitaires russes), mais que l’Iran n’avait manifesté aucun intérêt. Curieusement, il a révélé que Téhéran n’avait encore demandé aucune aide !
C’était le 19 juin. Mais le 22 juin, Trump a frappé et une terrible réalité est née. Il semble que Khamenei ait ordonné à Araghchi, qui était occupé à négocier avec les Européens, de se rendre en Orient pour rencontrer Poutine.
Quoi qu’il en soit, lors d’une réunion avec Araghchi au Kremlin aujourd’hui, Poutine a utilisé des mots exceptionnellement forts pour condamner l’attaque américaine contre l’Iran, qu’il a qualifiée d’« acte d’agression totalement non provoqué contre l’Iran… sans fondement ni justification ».
Poutine a ajouté : « La Russie entretient des relations de longue date, solides et dignes de confiance avec l’Iran, et nous nous engageons à soutenir le peuple iranien par nos efforts continus… Votre visite nous offre une occasion importante de discuter en profondeur de ces questions sensibles et d’explorer les moyens de travailler ensemble pour naviguer dans la situation actuelle. » (Le communiqué du Kremlin est disponible ici.)
L’entrée en scène de la Russie dissuadera-t-elle Trump de poursuivre sa guerre ? C’est la question à un million de dollars qui se posera dans les prochains jours. Si Trump persiste dans cette attitude belliqueuse, de mèche avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, une guerre d’usure prolongée s’ensuivra, qui impliquera très certainement à un moment donné la Chine, avec laquelle l’Iran entretient des relations militaires solides.
M.K. Bhadrakumar
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
891