Imaginez la scène. Des scientifiques en blouse blanche massant délicatement les museaux de souris endormies, à l'aide de cotons-tiges. Ça vous paraît absurde ? C'est pourtant une expérimentation très sérieuse menée par des chercheurs de Corée du Sud dans le cadre de travaux sur les maladies neurodégénératives. Leur objectif : savoir si ces massages pourraient stimuler le réseau de fins canaux lymphatiques qui drainent et détoxifient le « liquide céphalorachidien » (LCR).

Un liquide essentiel au bon fonctionnement du cerveau

Appelé aussi liquideliquide cérébrospinal, le LCR est le liquide baignant le cerveau et la moelle épinière. Il a pour fonction de protéger l'encéphale contre les chocs (amortissement), d'assurer le maintien des conditions physiquesphysiques et chimiques optimales et d'assurer l'immunité du cerveau. D'un volumevolume de 60 à 150 millilitres, il est sécrété et résorbé en permanence et subi plusieurs fois par jour un renouvellement complet.

On pensait jusqu'à présent que les vaisseaux drainant le LCR étaient difficiles d'accès, enfouis dans la zone profonde du cou. Mais les scientifiques coréens, en utilisant des marqueurs fluorescents, en ont identifié dans la zone du museau et du cou des souris, à 5 millimètres sous la peau. En les massant, les chercheurs pensent qu'il serait possible de favoriser le drainagedrainage du liquide céphalorachidien et ainsi l'évacuation des déchetsdéchets.

Massez, éliminez !

Des études chez les souris ont en effet montré que le liquide céphalorachidien était chargé des déchets produits par les neuronesneurones, notamment des « bêta-amyloïdesbêta-amyloïdes », des protéinesprotéines que l'on retrouve dans les cellules nerveuses des personnes souffrant de la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer. Les auteurs de cette nouvelle étude ont voulu savoir dans quelle mesure ces massages pourraient diminuer le taux de bêta-amyloïdes dans le cerveau et ainsi améliorer la santé du cerveau.

En effectuant ces massages durant une minute, ils sont parvenus à accélérer la circulation du liquide. « Un massage doux du visage et du haut du cou peut pousser le liquide vers le bas, améliorant ainsi la circulation du LCR, explique Gou Young Koh, l'un des auteurs, chercheur à l'Institut supérieur de science et technologie de Corée. Après la stimulationstimulation, le flux de liquide céphalorachidien des souris plus âgées était similaire à celui des souris plus jeunes [qui n'avaient pas encore été massées] », explique M. Koh.

Des résultats à confirmer chez l’Homme

Cela signifie-t-il que des massages du visage et du cou pourraient prévenir les maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer chez les humains ? Si rien ne permet de l'affirmer pour le moment, ce n'est pas impossible !

Lors de précédents travaux, l'équipe de Gou Young Koh a en effet identifié la présence de canaux lymphatiques similaires à ceux de la souris chez les signes et obtenu les mêmes résultats en effectuant des massages. Ils ont également noté, en analysant des macchabées, que ces vaisseaux existaient chez l'Homme. Même si ces derniers n'ont pas tout à fait la même architecture anatomique que ceux de la souris et du singe, des massages pourraient stimuler le flux de liquide céphalorachidien.

Un long chemin sera nécessaire pour le démontrer. Mais la prochaine étape pour les chercheurs coréens sera d'abord de reproduire leur expérimentation sur des souris élevées pour présenter des caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. S'ils parviennent à prouver que l'amélioration de la circulation du liquide céphalorachidien peut réellement ralentir le vieillissement du cerveau et que ceci peut aussi être obtenu chez l'humain, alors la porteporte vers de nouveaux traitements préventifs « naturels » pourrait bien s'ouvrir.