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« Le Liban doit recouvrer sa souveraineté et sa pleine intégrité territoriale » – Entretien avec le député LFI Arnaud Le Gall, de retour du Liban

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Arnaud Le Gall, député LFI, président du Groupe d’amitié France-Liban, s’est rendu à Beyrouth la semaine dernière avec une délégation de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Il a rencontré d’éminents responsables politiques libanais, notamment le président de la République Joseph Aoun et le premier ministre Nawaf Salam, ainsi que des acteurs […]

Arnaud Le Gall, député LFI, président du Groupe d’amitié France-Liban, s’est rendu à Beyrouth la semaine dernière avec une délégation de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Il a rencontré d’éminents responsables politiques libanais, notamment le président de la République Joseph Aoun et le premier ministre Nawaf Salam, ainsi que des acteurs associatifs de la société civile. Son déplacement s’inscrit dans la continuité de la visite de Jean-Luc Mélenchon à Beyrouth en janvier 2024 ; il l’avait effectuée afin d’apporter une solidarité des Français de toutes convictions avec les Libanais.

Dans une interview accordée au journal libanais Al-Akhbar, il a déclaré que le génocide mené par Israël à Gaza et son agression continue contre le Liban ont entraîné des changements majeurs dans les positions des forces politiques françaises influentes, à l’exception de l’extrême droite. Il estime qu’il est aujourd’hui nécessaire de prendre des mesures concrètes pour contraindre Israël à mettre fin au génocide à Gaza. « Malgré les désaccords qui peuvent exister au sein des forces libanaises, tous s’accordent sur un point : le Liban doit recouvrer sa souveraineté et sa pleine intégrité territoriale », a-t-il constaté. L’insoumission retranscrit dans ses colonnes l’interview du député insoumis, traduite en français.

Vous êtes au Liban avec une délégation de la Commission des Affaires étrangères du Parlement français, représentant l’ensemble du spectre politique de votre pays. Vous présidez également le groupe d’amitié franco-libanais. Que peut faire la France aujourd’hui pour contraindre Israël à respecter la résolution 1701 de l’ONU, à cesser son agression contre le Liban et à se retirer des positions qu’il occupe sur le territoire libanais ?

Vous avez mentionné que je suis ici avec une délégation de la commission des Affaires étrangères, qui représente l’ensemble du spectre politique de l’Assemblée nationale française, ce qui signifie que nous ne sommes pas forcément d’accord sur tout. Bien au contraire.

C’est pourquoi je vais exprimer mon opinion en tant que chef du Groupe d’amitié et représentant de la France insoumise. Nous avons rencontré le Président de la République, le Premier ministre et tous les blocs parlementaires, et il est apparu clairement que, malgré les désaccords qui peuvent exister au sein des forces libanaises, tous s’accordent sur un point : le Liban doit recouvrer sa souveraineté et sa pleine intégrité territoriale.

Nous, du mouvement « France Insoumise », avons déclaré dès le début de la guerre, et surtout lors de son escalade en octobre et novembre, qu’il ne s’agissait pas d’une guerre contre le Hezbollah, mais contre tout le Liban. Je ne suis pas ici principalement pour défendre qui que ce soit, mais le droit international et le respect de la souveraineté d’un pays et d’un peuple.

L’ampleur et l’intensité des frappes israéliennes, le nombre de morts en un laps de temps très court et les menaces proférées par le Premier ministre israélien d’extrême droite lorsqu’il a déclaré : « Nous allons transformer le Liban en un nouveau Gaza », ont démontré que nous n’étions pas en guerre contre le Hezbollah, mais contre le Liban. Ce constat est reconnu par l’ensemble de la classe politique libanaise, ainsi que par les organisations internationales.

La partie libanaise a respecté le cessez-le-feu depuis son entrée en vigueur, contrairement à la partie israélienne. Nous savons également que plus de 200 Libanais ont été tués suite aux bombardements israéliens quotidiens incessants depuis le cessez-le-feu.

Entre-temps, le Liban a retrouvé un président, un gouvernement et un Premier ministre, qui s’emploient à résoudre toute une série de réformes internes. Contrairement à de nombreux responsables politiques étrangers, je ne discuterai pas des réformes économiques. J’ai ma propre opinion sur la question.

Je n’oublie pas qu’avant l’explosion du port de Beyrouth et avant la guerre, il existait au Liban un puissant mouvement social, regroupant des personnes de toutes confessions et de tous horizons politiques. C’est très intéressant, car nous avons vu un peuple entrer dans l’arène politique et exprimer la volonté de la nation libanaise. Même les manifestants ne portaient pas le drapeau d’un parti particulier ; ils arboraient des drapeaux libanais. Je constate que cet élan a également été brisé par les tragédies causées par la guerre. Mais je n’approfondirai pas la situation intérieure pour deux raisons.

Pour aller plus loin : « Solidarité avec le peuple libanais ! » – Le député LFI Arnaud Le Gall en visite cette semaine au Liban

La première est qu’il n’est pas de notre devoir de dire aux Libanais ce qu’ils doivent faire. La seconde, et peut-être plus fondamentale, est que lorsque nous commençons à nous concentrer sur les questions d’ordre interne, les réformes économiques et bancaires, etc. au niveau international, nous oublions parfois l’urgence de faire respecter le cessez-le-feu et la souveraineté du Liban. Si nous ne dissocions pas ces questions, la souveraineté du Liban ne sera jamais respectée.

De ce point de vue, même si nous avons des désaccords sur d’autres points, nous y reviendrons. Nous soutenons la position française, qui souligne la nécessité de séparer désarmement et reconstruction.

De quel droit empêche-t-on des dizaines de milliers de personnes de rentrer chez elles, ou pire, continue-t-on de démolir des villages et de tirer sur des civils ? Nous ne pouvions pas aller vers le sud, mais tous les observateurs affirment que l’armée israélienne tire sur les civils à leur retour.

Il existe une zone tampon entière, longue de plusieurs kilomètres, le long de la frontière, où l’armée israélienne a répandu des herbicides, empêchant tout retour. Les agriculteurs qui y vivent ne peuvent pas cultiver leurs terres.

De quel droit devrions-nous tolérer cela, alors que la partie libanaise respecte le cessez-le-feu et se conforme à l’accord concernant le transfert des armes du Hezbollah à l’armée libanaise dans la zone au sud du fleuve Litani ?

La question du monopole de l’État et de l’armée nationale sur les armes et de leur devoir de défendre la patrie est fondamentale. Or, certains proposent aujourd’hui le désarmement du Sud-Liban sans aucune garantie. Autrement dit, l’armée libanaise est réduite à une simple force de police locale, dépourvue de capacité de défense du pays, faute de puissance aérienne et de systèmes d’armement avancés.

Je n’en dirai pas plus, mais quoi qu’il en soit, je soutiens le fait que la France sépare désarmement et reconstruction, car chacun sait que sinon, rien ne se passera. Quand j’entends les Américains dire : « On vous promet des merveilles. Vous n’aurez même pas besoin de l’argent du FMI. On vous donnera des milliards de dollars, mais seulement si vous signez une reddition. » Eh bien, où voulons-nous aller ?

Par ailleurs, une autre échéance clé approche à la fin de l’année, sur laquelle nous soutenons les positions diplomatiques françaises : le renouvellement du mandat de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban). Chacun sait que si la FINUL se retirait, ou si sa fonction était vidée de sa substance, comme le souhaite la partie israélienne avec le soutien des États-Unis, ce serait un signal désastreux et politiquement dévastateur. La FINUL a une force de dissuasion, mais elle a aussi un rôle politique très important.

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Vous avez rencontré le Président de la République et le Premier ministre, qui ont évoqué avec vous le rôle de la France dans la mise en œuvre de la résolution de cessez-le-feu. Pensez-vous que la France ou la diplomatie française jouent un rôle important dans cette situation ?

Je crois que la France peut s’exprimer avec force si elle est non-alignée. Historiquement, cela a été l’un des éléments les plus importants de la diplomatie française, du général de Gaulle à Jacques Chirac, en passant par Mitterrand.

Avoir une diplomatie non alignée et indépendante, comme on dit, et ce terme est récemment revenu à la mode. Même M. Macron parle désormais de non-alignement, mais pas nécessairement dans le même contexte que nous.

L’armée libanaise est censée
être une simple force de police locale
qui n’a aucune capacité à défendre
le pays car elle ne dispose ni d’une force aérienne
ni de systèmes d’armes avancés.

Le non-alignement ne signifie pas isolement, mais plutôt dialoguer avec tous, y compris ceux qui ne sont pas nos amis. En diplomatie en général, si l’on ne parle qu’à ses amis, ce n’est plus de la diplomatie. C’est un club d’amis, ou une soirée.

Je crois que la France peut jouer un rôle majeur si elle adhère à une diplomatie indépendante. Par le passé, certains ont qualifié cette approche de « politique de grandeur », signifiant que la France mène une politique étrangère dont l’influence dépasse largement sa puissance matérielle réelle.

Bien sûr, des acteurs disposant d’un pouvoir matériel et financier, comme les Américains et les Saoudiens, peuvent compliquer la situation, ce qui explique par exemple le retard de la conférence d’aide au Liban. Cependant, je suis convaincu que la France peut jouer un rôle significatif en adhérant aux principes du droit international et aux résolutions internationales.

Nous avons constaté une évolution récente des positions françaises et européennes. Comment cela peut-il se traduire politiquement et concrètement, que ce soit à Gaza ou au Liban ?

Nous, comme disent les Français, revenons de loin. Nous avons été confrontés à un soutien occidental quasi unanime à la guerre israélienne, à l’exception de quelques pays et forces politiques, dont la « France Insoumise ». La grande majorité des gouvernements occidentaux, à quelques exceptions près, et malheureusement la majorité des forces politiques, étaient totalement d’accord avec l’idée que la guerre à Gaza était une guerre du bien contre le mal.

Quant à nous, dès le premier instant, nous savions que le gouvernement israélien d’extrême droite lancerait la guerre du bien contre le mal, et qu’il bénéficierait d’une couverture politique complète, car il n’y a pas de négociation avec le mal.

Dès le départ, nous avons placé des notions telles que le droit international, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité au cœur du débat public. C’est pourquoi, en janvier 2024, M. Mélenchon et moi-même nous sommes rendus à La Haye pour l’audience de la Cour pénale internationale, portée par l’Afrique du Sud et qui aurait peut-être dû l’être par d’autres pays. L’Afrique du Sud était l’honneur de l’humanité face à la menace de génocide.

Nous connaissons les textes, et vous savez ce qu’a dit la Cour internationale. Cela fait maintenant un an et demi. Je pense que tout le monde s’accorde à dire que ce qui se passe à Gaza est un génocide. Et en France, comme vous l’avez constaté, ceux qui ont initialement affiché un soutien inconditionnel à Israël, sans mesurer les conséquences de leurs propos, dans une vision conservatrice totalement nouvelle, celle d’une guerre des civilisations, reviennent maintenant sur leurs positions.

En signant la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, nous sommes tenus de la respecter, et la Cour internationale de Justice a déclaré qu’il fallait arrêter Israël. Il est temps, en effet, trop tard. Mais nous ne dirons pas : « Ah, c’est inutile. » Le massacre continue de se dérouler sous nos yeux. Alors, même s’il est trop tard, nous devons agir.

Nous faisons pression depuis longtemps pour suspendre ces accords, car ils constituent l’une des conditions pour que le gouvernement israélien cesse sa guerre, car cela porterait un coup dur à l’économie israélienne.

Nous savons qu’une suspension requiert un consensus, mais nous devons prendre l’initiative et trouver le moyen de le faire respecter. L’humanité compte sur nous. Nous ne renoncerons pas à prendre une décision en raison de la complexité des procédures européennes. C’est impossible. L’application du droit international est ce qui façonne notre humanité commune. Sinon, les pays deviendront de simples gangs qui règlent leurs problèmes entre eux par la guerre.

Une autre façon d’accroître la pression sur le gouvernement israélien consiste à annoncer officiellement son intention d’exécuter les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre certains de ses responsables. Ces mandats s’appliquent même aux chefs de gouvernement en exercice.

Nous devons affirmer très clairement que nous appliquerons ces décisions judiciaires. En bref, le gouvernement israélien ne se verra imposer que des limites. Pour notre part, nous ne sommes pas au gouvernement. Ce que nous pouvons faire, c’est continuer à proposer des concepts qui devraient être abordés dans le débat public et le guider. Il y a un an, lorsque nous parlions de génocide, et que ces termes étaient ceux de la « Cour pénale internationale », on nous accusait de minimiser l’importance de l’Holocauste, etc. Aujourd’hui, ce mot est répété presque partout, et je constate que notre président est allé assez loin dans certains de ses propos récents, même si ce n’est pas suffisant pour nous.

Nous pensons qu’il aurait dû reconnaître l’État de Palestine depuis longtemps, mais le simple fait de dire qu’il le ferait le fait passer pour un « antisémite ». Les dernières forces à soutenir les accusations étrangères portées contre lui, notamment celles du gouvernement israélien, sont l’extrême droite en France. Il ne reste plus grand monde qui soutient le gouvernement israélien extrémiste, hormis la droite extrême, des Républicains (LR) et l’extrême droite du Rassemblement national (RN) et ses alliés.

Des informations circulant au Liban indiquent que le gouvernement israélien pourrait lancer une seconde phase de guerre contre le Liban, et qu’il en est capable en l’absence de pression internationale sérieuse. Avez-vous des informations à ce sujet ?

Je ne dispose d’aucune donnée, mais je suis certain que le gouvernement israélien n’a d’autres limites que celles qui lui sont imposées. Et dans la logique actuelle, il n’y a aucune raison pour qu’il s’arrête.

Il ne respecte pas le cessez-le-feu. Nous sommes donc déjà dans une situation où la première phase n’a jamais cessé. Son intensité a diminué, mais elle continue. Je rappelle d’ailleurs que le Premier ministre israélien s’appuie sur son alliance avec les éléments les plus extrémistes et, d’un autre côté, il a un intérêt personnel à poursuivre la guerre, car il devra rendre des comptes dans son propre pays le jour où il retournera à la vie civile.

Tout cela est donc malsain et dangereux. La guerre a causé des dizaines de milliers de morts. Ce sont les images que le monde entier voit lorsqu’elle les touche.

Personnellement, je ne supporte plus ce qui se passe à Gaza. Quand je vois des enfants sans leurs parents qui tentent de joindre les deux bouts, ou des parents qui fuient partout où ils peuvent pour sauver leur famille, je vois mes propres enfants dans une situation similaire… Ce sont des scènes que le monde entier ne peut supporter, sauf les racistes, car le deux poids deux mesures, c’est du racisme, rien d’autre. 

Comment la région peut-elle parvenir à la stabilité avec une telle brutalité ? Quelle est la responsabilité de l’Europe ?

Le soutien à Israël en Occident reposait sur une vieille vision des relations internationales, remodelée par les néoconservateurs américains, divisant le monde en religions, communautés et clans, avec les Juifs et les Chrétiens contre les autres.

Cela ne résiste à aucun examen sérieux de la réalité des relations internationales depuis l’Antiquité. Si les religions expliquent tout, j’aimerais qu’on m’explique pourquoi, par exemple, dans la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, l’Iran tend à soutenir l’Arménie alors qu’Israël est un allié stratégique de l’Azerbaïdjan. On pourrait citer des millions d’exemples, remontant même à Charlemagne, qui s’allia aux Abbassides à Bagdad contre les Omeyyades en Espagne, qui s’allièrent à leur tour à de petits rois espagnols terrifiés par Charlemagne. Cette vision fondée sur un choc des civilisations est inopérante.

La seule issue possible, à moins d’abandonner l’idée d’humanité commune, est de sauver et de relancer l’architecture de sécurité collective construite après la Seconde Guerre mondiale, en renforçant le droit international, les Nations Unies, etc. C’est très imparfait, mais j’aimerais que quelqu’un m’explique comment nous pouvons faire autrement.

Traduction : Vincent Umarell 

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