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Le Bateau ivre, un ancien remorqueur américain qui a participé au débarquement de Normandie en 1944, a été mis en vente pour 25 000 $ la semaine dernière sur le site de transactions Facebook Marketplace. L’envoi à la ferraille est l’un des scénarios envisagés pour ce navire, dont la coque rouge est devenue l’un des symboles de L’Isle-aux-Grues.
Le remorqueur « d’occasion » est dans un état « correct », indique l’annonce publiée dans le cadre d’une saisie de justice. En plus du bateau, les huissiers de l’Étude Coulombe Dubé ont mis en vente des roulottes, des VTT et une petite tondeuse à gazon faisant partie du même lot. « Le prix affiché est négociable », lit-on en grosses lettres sur la fiche.
Le navire encastré dans les rochers de l’île située à une cinquantaine de kilomètres en aval de Québec est vendu sans garantie légale, « aux risques et périls de l’acheteur ». Les personnes intéressées doivent en outre repartir avec leur acquisition imposante de 50 mètres de long, dont le nom évoque un poème d’Arthur Rimbaud.
« C’est une vente pour le métal, explique Frédéric Chauvette, de l’Étude Coulombe Dubé. L’acheteur devra conclure des ententes pour le faire découper en morceaux. » Le prix affiché pourrait être revu à la baisse. « Ça se peut très bien qu’il n’y ait pas assez de métal sur le navire pour que ça vaille la peine, reconnaît M. Chauvette. Surtout que le prix du métal est descendu dans les dernières années. »
Le propriétaire du bateau, Nicolas Marcoux, dit avoir fait lever la saisie en cours. « Si ce n’est pas le cas, ce sera fait d’ici la fin de la semaine ; j’ai autorisé les ententes », a-t-il assuré mardi. Le Devoir s’est entretenu avec lui sur le traversier reliant Montmagny à L’Isle-aux-Grues. En fin d’après-midi, le bateau apparaissait toujours sur le site Marketplace.
La nature juridique du Bateau ivre, situé entre terre et mer, fait l’objet de débats. Frédéric Chauvette estime ainsi qu’un éventuel acheteur ne pourrait laisser le navire dans les rochers. « Il n’y a pas de saisie de terrain, donc c’est la même chose que si vous achetiez le véhicule de votre voisin, par exemple. Vous n’auriez pas le droit de le laisser sur les lieux. » Le propriétaire, Nicolas Marcoux, n’est pas de cet avis. « Il est échoué sur une portion de mon terrain. Il y a une valeur immobilière rattachée à ce bateau-là. »
Normandie
Lancé par la US Navy à la fin de 1943, le navire iconique de L’Isle-aux-Grues est le dernier des 89 remorqueurs de sa catégorie construits au plus fort de la Seconde Guerre mondiale pour combattre les forces de l’Axe. À l’origine, il portait le nom de USS ATR-4, en référence à son rang de mise à l’eau.
En juin 1944, le bâtiment armé de trois canons participe au débarquement de Normandie à titre de navire de « dispersion des débris ». Sa coque en bois à l’ancienne lui permet de se frayer un chemin à travers les champs de mines magnétiques immergées par l’Allemagne nazie.
Retiré du service en 1946, l’ATR-4 navigue dans les eaux de l’Extrême-Orient avant d’être vendu au gouvernement cubain deux ans plus tard. Puis il devient le Louise Simard en 1952, à la suite de son acquisition par le chantier naval Marine Industries Limited (MIL) de Sorel.
Le bâtiment fait office de navire de pension pour les équipages de MIL en 1967 lorsqu’il est cédé au propriétaire de l’auberge de L’Isle-aux-Grues de l’époque, Gabriel Vézina. C’est ce dernier qui l’amarre devant son gîte la même année, après avoir fait remplir sa cale de béton et de grosses pierres.
L’opération est rendue possible par l’aménagement à coups de dynamite d’un chenal de cinq mètres de profondeur. Le pont du navire est alors doté d’un bâtiment de deux étages pour accueillir les insulaires et les touristes. Le peintre Jean Paul Riopelle sera l’un des habitués du restaurant du Bateau ivre jouxtant un bar et une salle de danse.
Municipalité
L’acquisition éventuelle du Bateau ivre n’est pas dans les plans du maire de Saint-Antoine-de-l’Isle-aux-Grues, Frédéric Poulin. « Je ne suis pas sûr qu’une petite municipalité comme la nôtre a les moyens de gérer ça, de le reprendre et de le remettre aux normes environnementales. »
Le maire fait preuve de prudence dans ce dossier en raison d’une procédure d’expropriation visant Nicolas Marcoux en lien avec un chemin situé à l’ombre du Bateau ivre. « C’est une continuité de la route municipale, souligne M. Poulin. On essaie de ne pas trop mélanger les dossiers. »
L’attention du maire de la municipalité, qui compte moins d’une centaine d’habitants permanents, est plutôt tournée vers un projet de reconversion de l’église de l’île, qui vient tout juste d’être désacralisée. « On ne peut pas se garrocher partout, ce n’est pas notre mission. »
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