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La véritable histoire de la seconde guerre mondiale

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Par Ron Unz − Le 2 juin 2025 − Source Unz Review

La seconde guerre mondiale fut sans aucun doute le conflit militaire le plus colossal de l’histoire humaine, et a constitué l’événement fondateur du monde moderne : ses conséquences et son influence restent extrêmement importants presque quatre-vingts ans après que les armes se soient tues.

Les guerres importantes sont naturellement accompagnées d’une dose importante de propagande médiatique gouvernementale, et la seconde guerre mondiale n’a certainement pas échappé à la règle.

Au fil du temps, on a laissé cette propagande se congeler pour constituer un narratif historique erroné, qui est désormais omniprésent dans nos écoles, nos médias d’information, et dans les divertissements populaires, au point que la quasi-totalité de la population étasunienne [et occidentale, NdT] la considère généralement comme exacte, plus de trois générations après les événements en question, non sans conséquences politiques parfois très graves. Ce narratif synthétique puissant de « la Bonne Guerre » continue d’influencer les politiques intérieures et étrangères des États-Unis jusqu’à ce jour. S’employer à reconstruire la réalité de ce qui s’est véritablement produit bien avant la naissance de chacun d’entre nous constitue donc un projet utile et important.

Pour essayer de percer les nombreuses couches épaisses de distorsions soutenues par le gouvernement au sujet de la seconde guerre mondiale, je pense qu’il est utile de commencer par un sujet récent et analogue, un sujet nettement mieux compris par de vastes portions du public étasunien le plus réfléchi.

Comme feu le professeur Stephen Cohen l’a indiqué il y a plusieurs années, Vladimir Poutine, le président russe, est sans doute la personnalité politique la plus importante de notre jeune XXIème siècle. Pourtant, au cours de la dernière décennie, aucun dirigeant national depuis Adolf Hitler ne s’est autant vu diabolisé par les médias occidentaux, et cette campagne de diabolisation quasiment sans précédent a connu une nouvelle accélération avec l’éclatement de la guerre en Ukraine, au mois de février 2022.

Après la traversée de la frontière ukrainienne par les soldats russes, la réponse des États-Unis et du reste de l’Occident a davantage relevé d’une déclaration de guerre pure et simple envers la Russie que d’un simple retour aux décennies de politiques de Guerre Froide directement dirigée contre l’Union soviétique.

On a gelé des actifs financiers russes d’une valeur de quelque 300 milliards de dollars dans les banques occidentales, les institutions russes ont été déconnectées de systèmes internationaux supposément neutres comme SWIFT, les avions civils russes se sont vus interdire le survol des territoires occidentaux, et même les compositions musicales russes ont été supprimées des représentations jouées par des symphonies occidentales. Une énorme vague de sanctions économiques occidentales très dures a été imposée à la Russie, sur fond de saisie des propriétés de citoyens russes privés en Occident.

L’objectif évident de toutes ces mesures coordonnées a été d’infliger d’importants dégâts économiques et psychologiques à la société russe ordinaire ainsi qu’à ses élites au pouvoir, afin de déstabiliser le gouvernement de ce pays, et peut-être de déclencher son effondrement ou son renversement. De fait, diverses personnalités politiques et médiatiques étasuniennes ont explicitement appelé à l’assassinat du président Poutine, des déclarations publiques qui seraient restées absolument impensables durant la longue Guerre Froide qui opposa les États-Unis au régime hostile de l’Union soviétique.

Dans le cadre de ce processus, la quasi-totalité de nos médias dominants s’est mis à promouvoir fortement un narratif extrêmement faux et malhonnête du démarrage de ce conflit. L’attaque russe contre l’Ukraine a été décrite universellement comme une « invasion non provoquée », au point que l’emploi de cette locution de quelques mots a quasiment semblé avoir été déclenché par une unique action, comme appuyer sur un bouton.

Mais comme la plupart d’entre nous le savent, les faits véritables furent totalement différents. En réalité, le conflit militaire qui a commencé début 2022 peut être considéré comme l’une des guerres majeures les plus « provoquées » de l’histoire moderne, et les provocations militaires et politiques lancées par l’Occident et son client ukrainien se sont d’abord étalées sur au moins huit années, pour parvenir à leur ébullition juste avant l’attaque lancée par les Russes.

En 2014, le professeur John Mearsheimer, de l’Université de Chicago, l’un des politiques étasuniens les plus distingués, a prononcé une longue conférence expliquant comment le récent coup d’État soutenu par l’Occident, qui avait renversé le gouvernement ukrainien démocratiquement élu, et orienté vers la Russie, présentait le potentiel d’une guerre contre la Russie, surtout au vu de l’intensité des propositions consistant à faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN. Après le déclenchement de la guerre, en 2022, la présentation relevant de la pré-science qu’il avait produite est devenue virale sur YouTube, et a rapidement attiré des vues par millions depuis le monde entier, et son total de vues, actuellement établi à 30 millions, la classe sans doute comme l’une des conférences universitaires les plus regardées de toute l’histoire de l’Internet.


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Les médias occidentaux dominants ont presque totalement boycotté et ignoré son analyse, mais Mearsheimer n’était pas du tout seul à décrire ainsi les causes la guerre en Ukraine, un conflit sanglant qui a sans doute coûté à ce jour plus d’un million de vies européennes. De nombreux universitaires et anciens dirigeants gouvernementaux très réputés ont rapidement expliqué les racines du conflit selon des termes semblables. On trouve parmi eux le professeur Jeffrey Sachs, de l’Université de Columbia, et l’ancien ambassadeur Chas Freeman, ainsi que Ray McGovern, ancien chef de la branche de la CIA dédiée aux politiques soviétiques, qui eut pour longtemps pour attribution de briefer directement le président sur les sujets des renseignements.

Ces experts solides, et de nombreux autres entretenant des opinions semblables, ont régulièrement été invités dans les interviews hebdomadaires de la chaîne YouTube du juge Andrew Napolitano, de la chaîne Dialogue Works, et sur divers autres canaux. Cela leur a permis de remettre en question le narratif médiatique officiel en présentant leurs analyses totalement contraires sur tous ces sujets controversés. Certains d’entre eux ont également publié des articles réguliers pour décrire leurs perspectives par écrit, ainsi que de nombreux bloggeurs et sites internet entretenant des opinions semblables.

Durant des années, Tucker Carlson fut également le présentateur de télévision le plus populaire. Et lorsqu’il a été viré de FoxNews l’an dernier, il a rapidement créé sa propre émission d’interviews, que l’on trouve facilement sur Twitter, YouTube et d’autres plateformes, et celle-ci a rapidement gagné une énorme popularité, attirant parfois des vues en plus grand nombre que des contenus sur le même sujet diffusés sur les médias traditionnels. L’an dernier, il a fait le déplacement à Moscou pour interviewer le président Poutine durant 90 minutes, et l’émission présentant cette interview a attiré des dizaines de millions de vues sur les diverses plateformes qu’il utilise, de quoi laisser ses anciens collègues de la télévision verts de jalousie.


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Aussi, malgré l’obstination manifestée par les médias dominants à promouvoir une version très déformée des faits, quiconque essayant de comprendre l’autre facette du récit sur la guerre en Ukraine, exposée par des personnes très respectées, peut facilement le faire.

Mais imaginons que ces plateformes vidéos n’existent pas, pas plus que leurs canaux de distributions sur les réseaux sociaux, pas plus que les divers éléments que nous connaissons aujourd’hui sur Internet.

Sous de telles conditions, Mearsheimer, Sachs, McGovern et tous les autres experts très bien notés pourraient continuer d’entretenir ces opinions contradictoires au narratif officiel sur le conflit contre la Russie, mais qui diable en aurait entendu parler ? La première conférence de Mearsheimer de 2014 n’aurait été vue que par son auditoire de l’époque, constitué de quelques centaines de personnes, et lorsque la guerre a éclaté huit années plus tard, peut-être que quelques uns d’entre eux se seraient remémoré ses arguments de manière lointaine, loin des trente millions de personnes qui ont alors découvert sa présentation et l’ont regardée en 2022. Après le licenciement de Carlson par FoxNews, le présentateur télé aurait disparu quasiment sans laisser de trace, et n’aurait jamais attiré les nombreux millions de spectateurs qui ont continué de le regarder sur l’Internet.

En outre, supposons que le conflit de l’Occident contre la Russie ait fini par une victoire du camp occidental, avec des revers militaires et une dévastation économique débouchant en fin de compte sur un effondrement du gouvernement russe. Si Poutine et l’ensemble de son cercle politique avaient été renversés, puis tués ou envoyés en exil, alors que la Russie était réduite au silence et placée dans l’orbite des États-Unis, est-ce que quiconque aurait posé des questions sur les circonstances exactes du début de cette guerre ?

Je pense que ces idées sont à garder solidement à l’esprit lorsque nous commençons à explorer l’histoire de la seconde guerre mondiale, un conflit dont chacun de nous a absorbé le narratif historique standard durant toute notre vie, en provenance de toutes les sources médiatiques dominantes.

Il existe d’innombrables points de départ possibles pour qui veut essayer de découvrir la véritable histoire de la seconde guerre mondiale. Mais je pense que l’un des meilleurs se présente sous forme d’un ouvrage relativement court, publié en 1961 par A.J.P. Taylor, un historien d’Oxford renommé.

Lorsque j’étais en première année à Harvard, j’ai assisté à un cours d’introduction à l’histoire, et l’un des premiers textes d’étude sur la seconde guerre mondiale était Les Origines de la Seconde Guerre Mondiale, écrit par Taylor. Dans ce livre, il soutient une thèse crédible, selon laquelle le conflit a démarré d’une manière radicalement différente de celle que l’on m’avait toujours présentée dans tous les récits médiatiques. Cette différence frappante était vraie à l’époque, et elle l’est restée durant les décennies écoulées depuis lors.

Comme la plupart d’entre nous l’ont appris dans les livres d’histoire standards, le déclencheur du conflit fut la demande de l’Allemagne de récupérer Dantzig. Mais cette ville frontière sous contrôle polonais hébergeait une population allemande à 95 %, qui désirait de manière écrasante être réunifiée avec son pays d’appartenance traditionnel après les vingt années de séparation forcée qui avaient suivi la fin de la première guerre mondiale. Selon Taylor, ce fut une terrible bévue diplomatique des Britanniques qui amena les Polonais à refuser cette requête raisonnable, ce qui provoqua la guerre. L’affirmation répandue ultérieurement selon laquelle Hitler voulait conquérir le monde entier était totalement absurde, et le dirigeant allemand mena de fait tous les efforts qu’il put afin d’éviter la guerre contre la Grande-Bretagne ou la France.

Le 80ème anniversaire du déclenchement de la seconde guerre mondiale a naturellement amené à de nombreuses discussions historiques dans les médias, qui m’ont poussé à déterrer mon vieil exemplaire du court ouvrage de Taylor, que j’ai relu pour la première fois en presque quarante ans.

Je l’ai trouvé tout aussi magistral et convainquant qu’à l’époque de mes études universitaires, et les éloges éclatants de la quatrième de couverture évoquent certaines des acclamations immédiates que l’ouvrage reçut à l’époque. Le Washington Post avait qualifié l’auteur d’« historien britannique vivant le plus éminent », World Politics le désignait comme « Puissamment présenté, brillamment écrit, et toujours convainquant, » The New Statesman, le principal magazine de gauche britannique, le décrivait comme « Un chef-d’œuvre : lucide, compatissant, bien écrit, » et l’auguste Times Literary Supplement l’estimait « simple, dévastateur, superlativement lisible, et profondément dérangeant. » L’ouvrage, devenu un best-seller international, constitue sans aucun doute l’ouvrage le plus célèbre de Taylor, et je comprends aisément pourquoi il restait sur ma liste de lectures obligatoires à l’université, presque deux décennies après sa première publication.

Mais en revisitant l’histoire révolutionnaire exposée par Taylor, j’ai fait une découverte surprenante. Malgré toutes les ventes internationales et les éloges des critiques, les découvertes apportées par cet ouvrage ont rapidement soulevé une énorme hostilité dans certains cercles. Les conférences données par Taylor à Oxford avaient connu une énorme popularité durant un quart de siècle, mais en résultat direct de la controverse, « l’historien britannique vivant le plus éminent » se vit sommairement purgé de la faculté peu de temps après. Au début de son premier chapitre, Taylor indique le sentiment étrange qu’il a ressenti lorsque, plus de vingt années après le début de la guerre la plus cataclysmique du monde, aucune histoire sérieuse n’avait été produite pour en analyser méticuleusement le point de départ. Peut-être que les représailles qu’il a eu à subir l’ont amené à mieux comprendre une partie de ce puzzle.

Malgré l’intense hostilité des milieux dominants à tout récit sincère et honnête des origines de la guerre mondiale, d’autres auteurs ont parfois entrepris le même projet, et ont réussi, parfois avec des difficultés considérables, à faire publier leurs ouvrages.

Des décennies après l’ouvrage fondateur de Taylor, une analyse historique remarquable a été publiée en allemand par Gerd Schultze-Rhonhof, qui a passé sa carrière dans l’armée, et a atteint le grade de major-général dans l’armée allemande avant de prendre sa retraite ; cet ouvrage parvient à des conclusions très similaires. Il y a quelques années, j’ai fini par lire la traduction en anglais de 1939 – The War That Had Many Fathers, paru en 2011, soit exactement un demi-siècle après l’ouvrage fondateur de Taylor.

L’auteur étend considérablement l’analyse de Taylor, et ses 700 pages décrivent avec moult détails les efforts considérables déployés par Hitler pour éviter la guerre et régler ce différend frontalier, allant jusqu’à passer de nombreux mois en négociations stériles, sur fond de propositions extrêmement raisonnables. De fait, le dictateur allemand avait consenti de nombreuses concessions à la Pologne, qu’aucun de ses prédécesseurs démocratiques de Weimar n’avait jamais été prêt à envisager. Mais ces propositions furent toutes rejetées, sur fond d’escalade des provocations polonaises, y compris au travers d’attaques violentes envers l’importante minorité allemande de la population du pays, jusqu’à ce que la guerre devînt la seule option possible.

Le récit historique présenté dans ces deux ouvrages majeurs suggère des échos lugubres aux facteurs sous-jacents à l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. À l’époque, comme aujourd’hui, des éléments politiquement influents en Occident semblaient très enclins à provoquer la guerre, en utilisant Dantzig comme étincelle pour mettre le feu au conflit, d’une manière très semblable à celle dont le massacre latent dans le Donbass a été utilisé pour forcer la main de Poutine.

Taylor avait passé vingt-cinq ans au firmament académique d’Oxford, mais après avoir publié son ouvrage controversé mais important, démontrant que la diplomatie britannique s’était rendue responsable de l’éclatement de la guerre contre l’Allemagne, il se vit purgé de son université.

Plusieurs décennies plus tard, un autre grand historien britannique a subi un destin pire encore pour des raisons à peu près semblables ; il a vu sa carrière détruite, s’est fait réduire à la faillite personnelle, et est passé à deux doigts de passer le restant de ses jours dans une prison étrangère.

Avec de nombreux ouvrages édités, y compris une suite de best-sellers traduits dans de nombreuses langues, David Irving se classe comme l’un des historiens britanniques les plus marqués par le succès du dernier siècle. Le remarquable travail d’archives d’Irving lui a permis de publier de nombreux livres révolutionnaires, dont les découvertes à la source ont totalement renversé notre compréhension de la seconde guerre mondiale. À mon avis, le vaste corps de ses écrits constituera pour les générations d’historiens futurs un pilier central sur lequel s’appuyer pour comprendre ce conflit, après que les autres historiens récents auront sombré dans l’oubli.

Au vu de l’énorme et peu commune intégrité universitaire manifestée par Irving, il n’est guère surprenant que sa carrière finît par être détruite par des personnages médiocres ayant consacré leur vie à maintenir de précieux mythes historiques, et qu’il se soit trouvé impliqué dans un procès haineux contre Deborah Lipstadt, elle-même professeur de Théologie et d’Études sur l’Holocauste. Cette affaire a culminé avec un procès pour diffamation, en 2000, que perdit Irving.

Ce procès constitua une affaire à la David contre Goliath, voyant de riches producteurs de films et dirigeants d’entreprises juifs soutenir Lipstadt au travers d’un trésor de guerre colossal de 13 millions de dollars, ce qui lui permit d’embaucher une véritable armée de 40 chercheurs et experts légaux, dirigés par l’un des avocats juifs en divorce les plus en vue du Royaume-Uni. En contraste, Irving, en historien sans le sou, a été contraint de se défendre sans jouir de conseil juridique.

Contrairement aux récits des fables, dans la vraie vie, les Goliath de ce monde remportent presque à chaque fois la victoire, et cette affaire n’y a pas fait exception : Irving s’est retrouvé en situation de faillite personnelle, et a ainsi perdu sa belle maison dans le centre de Londres. Mais si l’on considère les choses sur la perspective longue de l’histoire, je pense que la victoire de ses tourmenteurs aura constitué une remarquable victoire à la Pyrrhus.

Bien que la cible de leur haine débridée fût le supposé « déni de l’Holocauste » d’Irving, pour autant que je puisse en juger, ce sujet particulier est resté quasiment totalement absent des dizaines de livres publiés par Irving, et c’est précisément ce silence qui provoqua leurs indignations postillonantes. Aussi, faute d’une cible claire, il semble que leur corpus de chercheurs et de fact-checkers grassement financés passa une année, voire plus, à examiner ligne par ligne, note par note, tout ce qu’Irving avait jamais publié, dans le but de dénicher chaque erreur historique qui aurait pu projeter sur son professionnalisme une lumière défavorable. Dotés d’argent et de collaborateurs quasiment sans limite, ils ont même utilisé leur procédure de communication des preuves dans le cadre du procès et lire les milliers de pages de ses journaux et correspondances personnels, dans l’espoir de trouver quelque preuve de ses « pensées malsaines ». Denial, un film de Hollywood sorti en 2016 co-écrit par Lipstadt, peut apporter un résumé raisonnable de la séquence d’événements selon son point de vue.

Pourtant, en dépit de ces ressources financières et humaines colossales, il s’est apparemment avéré qu’ils n’ont rien trouvé, du moins si le livre triomphal publié en 2005 par Lipstadt History on Trial peut faire foi à ce sujet. Sur quatre décennies de recherches et d’écriture d’Irving, ayant produit une multitude d’affirmations historiques controversés de nature stupéfiante, ils n’ont réussi à trouver qu’une bonne vingtaine d’erreurs supposées, mineures, concernant les faits ou leur interprétation, dont la plupart sont ambiguës ou réfutées. Et le pire qu’ils ont découvert après avoir lu chaque page des kilomètres d’écriture des journaux personnels d’Irving fut qu’il avait une fois composé une comptine « racialement indélicate » pour sa toute jeune fille, un élément sans importance qu’ils annoncèrent à grand bruit comme preuve qu’il était « raciste ». Ainsi, ils semblent avoir reconnu que l’énorme corpus d’écrits historiques produits par Irving était juste à quelque chose comme 99.9%.

Je pense que ce silence du « chien qui n’aboie pas » résonne de manière assourdissante. Je ne connais aucun universitaire, dans toute l’histoire du monde, ayant vu ses décennies de travail scrutées à un examen aussi approfondi et minutieux. Et comme Irving semble avoir passé ce test haut la main, je pense que l’on peut considérer toutes les affirmations stupéfiantes, sur l’ensemble de son œuvre — comme cela a été récapitulé dans ses conférences publiques passionnantes — comme absolument exactes.

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Cette conclusion présente des conséquences importantes au vu de la nature saisissante des découvertes historiques d’Irving. Alors que Taylor et d’autres ont démontré que les décisions prises par le gouvernement britannique avaient provoqué la seconde guerre mondiale, le travail d’archives remarquable mené par Irving a dévoilé certaines raisons sordides pour lesquelles les Britanniques agirent tel qu’ils le firent.

Winston Churchill n’est devenu membre du cabinet britannique que le jour où la guerre fut déclarée contre l’Allemagne, mais durant de nombreuses années avant cet événement, lui et ses nombreux alliés au parlement britannique avaient lourdement fait pression de l’extérieur pour que fût appliquée une politique résolument anti-allemande, et ces pressions avaient eu une influence puissante sur les politiques menées par le gouvernement.

En 1987, Irving a publié le premier volume de Churchill’s War, et son travail de recherches étendues a produit d’importantes révélations concernant la personnalité de ce personnage historique, et démontré la vaste étendue de la vénalité et la corruption de ce dernier. Churchill était un gros dépensier, qui vivait somptueusement et souvent bien au-dessus de ses moyens, employait une armée composée de dizaines de domestiques dans sa vaste propriété à la campagne en dépit de l’absence de sources de revenus réguliers et assurés pour en assurer le maintien. Ce fonctionnement le mit naturellement à la merci de personnages prêts à soutenir son mode de vie somptuaire en échange d’ingérences dans ses activités politiques. Et des moyens pécuniaires à peu près semblables furent également utilisés pour s’assurer du soutien de tout un réseau d’autres représentants élus membres de tous les partis politiques britanniques, qui devinrent les proches alliés de Churchill dans le cadre de ce projet.

Pour dire les choses de manière simple, durant les années qui ont précédé la seconde guerre mondiale, Churchill comme de nombreux autres membres du parlement britannique recevaient régulièrement des rétributions financières confortables — des pots de vin — de la part de sources juives et tchèques, en échange de leur soutien à une politique d’hostilité extrême envers le gouvernement allemand, et de soutien de fait à la guerre. Les sommes impliquées furent tout à fait considérables, et le gouvernement tchèque à lui seul assurant probablement des paiements équivalents à des dizaines de millions de dollars actuels à des dirigeants élus britanniques, à des éditeurs, et à des journalistes œuvrant à contourner la politique de paix officielle mise en œuvre par le gouvernement en poste. Une instance particulièrement notable se produisit début 1938, lorsque Churchill perdit subitement l’ensemble de ses économies à l’issue d’un pari stupide sur le marché boursier étasunien, et fut rapidement contraint de mettre en vente sa propriété à la campagne, à laquelle il tenait tant, pour éviter la faillite personnelle ; il ne fut remis en fonds que par l’intervention d’un Juif millionnaire étranger qui tenait à promouvoir une guerre contre l’Allemagne. De fait, les premières phases de la sordide implication de Churchill dans cette activité sont racontées dans un chapitre intitulé par Irving « Le Personnel Employé » [The Hired Help, NdT].

Chose ironique, les renseignements allemands découvrirent cette corruption massive pratiquée sur les parlementaires britanniques, et firent transmettre cette information au premier ministre Neville Chamberlain, qui fut horrifié de découvrir les motivations corrompues de ses ardents opposants politiques, mais resta apparemment trop gentleman pour les faire arrêter et poursuivre. Je ne suis pas expert dans le domaine des lois britanniques de l’époque, mais voir des dirigeants élus s’offrir au plus offrant étranger sur des sujets de guerre et de paix en échange d’importants versements secrets m’apparaît comme l’exemple parfait de la trahison, et je pense que si Churchill avait été exécuté au moment opportun, des dizaines de millions de vies auraient certainement pu être épargnées.

Mon impression est que les personnages de peu de caractère sont ceux qui sont le plus prompts à vendre les intérêts de leur propre pays en échange d’importantes sommes d’argent étranger, et qu’en tant que tels ils constituent le plus souvent les cibles d’espions étrangers et d’autres comploteurs malveillants. Churchill semble absolument avoir relevé de cette catégorie, et des rumeurs au sujet de son importante corruption personnelle le poursuivirent dès le début de sa longue carrière politique. Par la suite, il compléta ses revenus en s’engageant dans la contrefaçon d’œuvres d’art, un fait que Roosevelt finit par découvrir et qu’il utilisa probablement comme moyen de pression contre lui. Et Churchill connaissait également un état d’ébriété constant, et son ivresse était tellement étendue qu’elle constituait un alcoolisme clinique. De fait, Irving a noté que Franklin D. Roosevelt, au cours de ses conversations privées, désignait Churchill comme un « poivrot ».

À la fin des années 1930, Churchill et sa clique d’alliés politiques tout aussi vendus que lui avaient attaqué et dénoncé sans relâche le gouvernement de Chamberlain pour sa politique de paix, et il lançait régulièrement les accusations les plus infondées qui fussent, affirmant que les Allemands avaient entrepris un énorme réarmement dirigé contre la Grande-Bretagne. Ces accusations troublantes étaient souvent largement reprises dans un média lourdement influencé par les intérêts juifs, ce qui contribua pour beaucoup à l’empoisonnement des relations germano-britanniques.

En fin de compte, ces pressions accumulées contraignirent Chamberlain à l’action extrêmement malavisée consistant à accorder une garantie inconditionnelle de soutien à la dictature irresponsable à la tête de la Pologne. Il s’ensuivit que les Polonais refusèrent avec arrogance toute négociation concernant leurs frontières avec l’Allemagne, ce qui alluma la mèche qui finit par produire six mois plus tard l’invasion allemande et la déclaration de guerre britannique [puis française, NdT] qui y fit suite. Les médias britanniques avaient largement promu Churchill comme personnalité politique pro-guerre la plus connue, et après que Chamberlain fut contraint de créer un gouvernement d’unité nationale pour la guerre, son principal critique y fut intégré et reçut le portefeuille des affaires maritimes.

Le livre produit en 1987 par Irving sur Churchill met à nu le mode de vie extrêmement dispendieux de son sujet, ainsi que son absence de tout revenu solide, et les terribles conséquences politiques de cette dangereuse combinaison de facteurs. Cette image historique choquante a été pleinement confirmée en 2015 par un expert financier réputé, dont le propre livre est totalement centré sur les finances enchevêtrées de Churchill, et ce grâce à un accès totalement ouvert qu’il eut aux archives de la famille de son sujet. Le récit produit par David Lough dans No More Champagne est de fait beaucoup plus extrême que celui décrit par Irving trois décennies plus tôt, et l’auteur va jusqu’à suggérer que les prises de risques financières de Churchill étaient quasiment sans précédent dans toute la vie privée ou publique britannique.

Par exemple, au tout début de son livre, Lough explique que Churchill est devenu premier ministre le 10 mai 1940, le jour même du début de l’invasion des Pays-Bas et de la France par l’armée allemande. Mais outre ces énormes défis militaires et politiques, le nouveau dirigeant de la Grande-Bretagne en guerre était également confronté à une crise totalement différente. Il se trouvait dans l’incapacité d’honorer ses charges personnelles, les intérêts de ses dettes et de s’acquitter de ses impôts, qui étaient tous à verser à la fin du mois, ce qui le contraignit au désespoir d’obtenir un énorme paiement secret de la part du même homme d’affaire juif autrichien qui l’avait déjà secouru financièrement. Des histoires comme celle-ci peuvent révéler la face cachée de vastes développements géopolitiques, et qui n’est parfois révélée au grand jour que des décennies après les événements.

Bien que Churchill et ses alliés politiques aient exercé des pressions sans relâche sur le gouvernement britannique pour qu’il optât pour des mesures diplomatiques sans compromis, qui finirent par déboucher sur la guerre, tous ces personnages n’étaient en réalité que des députés de base, et des pressions beaucoup plus importantes dans des directions très similaires provinrent d’une direction totalement différente.

Le nom de John T. Flynn est sans doute inconnu de nos jours de 99 Étasuniens sur 100, au mieux. Mais il fut l’un des journalistes progressistes les plus influents des États-Unis durant les années 1930, sur des sujets politiques et économiques. Durant cette décennie, son éditorial hebdomadaire dans The New Republic lui permit de figurer au firmament des élites libérales étasuniennes, cependant que ses apparitions régulières dans Colliers, un hebdomadaire illustré largement distribué, atteignaient des millions d’Étasuniens, ce qui lui apporta une plateforme comparable à celle d’une personnalité télévisée majeure à l’âge d’or ultérieur qui fut celui de la télévision.

Au départ sympathique envers les objectifs de Franklin Roosevelt, il est rapidement devenu sceptique quant à l’efficacité des méthodes employées par le président, et nota l’expansion poussive des projets de travaux publics en se demandant si la National Recovery Administration tant vantée n’était pas davantage bénéfique pour les grosses entreprises que pour les travailleurs ordinaires. Au fil des années, ses critiques de l’Administration Roosevelt se firent de plus en plus fortes sur les sujets économiques, puis les sujets de politique étrangère, et il eut à subir une énorme hostilité de la part de celle-ci en retour. Le professeur Ralph Raico a par la suite décrit la manière suivant laquelle Roosevelt finit par se mettre à envoyer des lettres personnelles aux principaux éditeurs pour exiger que Flynn se vît refusé l’accès à tout journal ou magazine étasunien d’importance ; c’est peut-être par conséquence de cela que ce dernier perdit juste après la réélection de Franklin D. Roosevelt en 1940 son éditorial, qu’il avait tenu de longue date, dans New Republic, et vit son nom disparaître de tous les périodiques d’influence. Mais jusqu’en 1948, il conserva une part assez importante de sa réputation nationale jadis colossale pour qu’un petit éditeur irlando-étasunien publiât son livre Le Mythe Roosevelt, qui devint bientôt l’un des meilleurs best-sellers nationaux.

Dans cet ouvrage, Flynn note qu’au milieu des années 1930, les divers desseins gouvernementaux de FDR avaient échoué à raviver l’économie étasunienne, alors qu’en 1937, un nouvel effondrement économique avait fait remonter en flèche le chômage aux niveaux que le pays avait connus lorsque le président avait pris ses fonctions pour la première fois, ce qui confirmait un verdict d’échec complet. Ainsi, Flynn soutint qu’à la fin 1937, Roosevelt s’était tourné vers une politique étrangère agressive, visant à impliquer le pays dans une guerre étrangère majeure, principalement parce qu’il estimait que cela pouvait constituer la seule voie de sortie économique et politiques pour lui, un stratagème qui n’est pas si rare parmi les dirigeants nationaux de l’histoire. De fait, dans son éditorial du 5 janvier 1938 pour le New Republic, Flynn avait déjà alerté ses lecteurs incrédules de la perspective peu amène d’un vaste réarmement militaire naval et d’une guerre à l’horizon après qu’un haut conseiller de Roosevelt s’était vanté en privé auprès de lui qu’une bonne période de « keynésiasnisme militaire » ainsi qu’une guerre étrangère allaient soigner les problèmes économiques apparemment insurmontables du pays. À l’époque, la guerre contre le Japon, peut-être pour des intérêts en Amérique latine, semblait constituer l’objectif escompté, mais les événements en développement en Europe persuadèrent bientôt Franklin D. Roosevelt que l’orchestration d’une guerre générale contre l’Allemagne constituait la meilleure option. Flynn a exposé de nombreux détails additionnels dans son ouvrage ultérieur de 1948.

La remarquable prédiction, posée par Flynn en 1938, de la planification par Roosevelt de fomenter une guerre majeure pour des raisons de politique intérieure semble pleinement confirmée par les découvertes diplomatiques, des mémoires et autres documents historiques obtenus par des chercheurs ayant par la suite révélé que FDR avait ordonné à ses diplomates d’exercer d’énormes pressions aussi bien sur les gouvernements britannique que polonais, pour éviter tout règlement négocié avec l’Allemagne, ce qui amena à l’éclatement de la seconde guerre mondiale en 1939.

Ce dernier point est important, car les opinions confidentielles des personnes les plus proches des événements historiques importants devraient se voir accorder un poids considérable par les éléments de preuves. Dans un article paru en 2019, John Wear a rassemblé les nombreuses déclarations contemporaines impliquant Franklin D. Roosevelt comme personnalité centrale ayant orchestré la guerre mondiale, par ses pressions constantes exercées contre les dirigeants politiques britanniques, une politique dont il a même reconnu en privé qu’elle pourrait provoquer sa destitution si elle était révélée au public. Parmi d’autres témoignages, nous disposons des déclarations des ambassadeurs polonais et britannique à Washington, ainsi que celui de l’ambassadeur des États-Unis à Londres, qui ont également transmis l’opinion en ce sens du premier ministre Neville Chamberlain en personne. De fait, la capture et l’identification par les Allemands de documents diplomatiques polonais secrets en 1939 avaient déjà révélé une grande partie de ces informations, et le journaliste William Henry Chamberlin a confirmé leur authenticité dans son ouvrage de 1950. Mais comme les médias dominants n’ont jamais relayé le moindre de ces faits, ils sont restés peu connus, y compris de nos jours.

Flynn ne fut pas du tout la seule personnalité publique étasunienne à se voir purgé des médias vers 1940 pour sa forte opposition publique à la politique étrangère belliqueuse de Roosevelt et de l’implication croissante des États-Unis dans la vaste guerre européenne dont le président avait réussi à contribuer au déclenchement. De nombreuses personnes lui ressemblant perdirent leur stature pourtant établie de longue date dans les médias durant les années proches de la seconde guerre mondiale, et disparurent de manière permanente de la sphère publique.

Un exemple de premier plan, relativement analogue à celui de Taylor, fut celui de Harry Elmer Barnes, une personnalité universitaire de grande influence dont le nom ne signifie aujourd’hui plus rien pour la vaste majorité des Étasuniens ayant fait de longues études. Barnes fut de fait l’un des premiers contributeurs les plus assidus à Foreign Affairs, tenant lieu de principal critique littéraire pour cette publication vénérable dès sa fondation en 1922, cependant que sa réputation, qui le classait comme l’un des premiers universitaires étasuniens, était révélée par ses nombres d’apparition dans The Nation et dans The New Republic durant cette décennie. De fait, on lui attribuait largement le rôle central dans la « révision » de l’histoire de la première guerre mondiale, qui avait supprimé l’image d’Épinal de la méchanceté allemande, maintenue après la guerre par une propagande de guerre malhonnête produite par les gouvernements britannique et étasunien. Et sa stature professionnelle a été démontrée par ses plus de trente-cinq livres, parmi lesquels de nombreux volumes académiques influents, ainsi que par ses nombreux articles parus dans The American Historical Review, Political Science Quaterly, et d’autres journaux de premier plan.

À la fin des années 1930, Barnes était devenu l’un des principaux critiques de l’implication des États-Unis dans la seconde guerre mondiale, et il s’ensuivit qu’il fut « disparu », rayé de tous les organes médiatiques dominants, cependant qu’un journal national majeur subissait au mois de mai 1940 de fortes pressions pour que fût mis fin à son éditorial de longue date, repris par d’autres journaux.

Plus de dix ans après sa disparition de nos médias nationaux, Barnes a réussi à publier en 1953 La Guerre Perpétuelle pour une Paix Perpétuelle, une longue collection d’essais écrits par des universitaires et autres experts sur les circonstances ayant entouré l’entrée des États-Unis dans la seconde guerre mondiale. L’ouvrage fut produit et distribué par une petite maison d’édition de l’Idaho, et sa propre contribution en fut un essai de 30 000 mots sous le titre « Révisionnisme et Censure Historique », discutant les obstacles colossaux auxquels se trouvaient confrontés les dissidents qui cultivaient des pensées sur cette époque.

L’ouvrage est dédié à la mémoire de son ami, l’historien Charles A. Beard. On considérait depuis le début du XXème siècle Beard comme l’une des personnalités centrales de l’université étasunienne, qui avait co-fondé The New School à New York et avait occupé le poste de président aussi bien de l’American Historical Association et de l’American Political Science Association. Mais lorsqu’il voulut publier un livre critiquant l’entrée des États-Unis dans la seconde guerre mondiale, les éditeurs lui fermèrent leur porte et seule son amitié avec le dirigeant de la Yale University Press fit que son ouvrage critique de 1948 President Roosevelt and the Coming of War, 1941 pût paraître.

Parmi les autres contributeurs majeurs à l’ouvrage de Barnes, on trouve William Henry Chamberlin, qui s’était classé durant des décennies parmi les journalistes étasuniens de premier plan en matière de politique étrangère, avec plus de 15 ouvrages à son crédit, dont la plupart avaient fait l’objet de critiques favorables et largement distribuées. Mais America’s Second Crusade, son analyse critique de 1950 sur l’entrée des États-Unis dans la seconde guerre mondiale, fut refusé par tous les éditeurs d’importance, et lorsqu’il parut, les critiques l’ignorèrent largement. Après la parution de ce livre, l’auteur disparut des magazines nationaux d’influence qui avaient régulièrement publié des articles sous sa plume, et à partir de ce moment, son travail reste quasiment entièrement confiné à des lettres d’information et à des périodiques de plus faible circulation, s’adressant aux étroits lectorats conservateurs et libertariens.

On peut également citer l’importante histoire du Père Charles Coughlin, un prêtre animateur radio anti-communiste dont l’audience nationale colossale, comptant quelque chose comme 30 millions d’Étasuniens, fit de lui la personnalité médiatique la plus influente du pays, et très possiblement du monde entier. Coughlin était un fervent opposant aux tentatives menées par Roosevelt d’impliquer les États-Unis dans la guerre en Europe, si bien que fin 1939, et en 1940, d’énormes pressions furent exercées par le gouvernement pour le bannir des ondes, et au mois de septembre 1940, il fut finalement contraint de mettre fin à toute émission radio.

L’année 1940 semble marquer le point auquel certaines des voix dissidentes les plus significatives se faisant entendre dans les médias nationaux furent soit supprimées, soit intimidées pour les faire se taire. Une fois cette étape réalisée, le paysage stratégique changea évidemment, et facilita des manœuvres politiques qui auraient été beaucoup plus difficiles dans un climat robuste d’observation minutieuse par la presse.

Les sondages d’opinion montraient que quelque 80 % du public étasunien était fermement opposé à l’implication du pays dans la guerre en Europe. Aussi, les perspectives de Roosevelt pour un troisième mandat sans précédent auraient pu apparaître comme très difficiles, car il aurait été contraint ou bien de s’engager fermement à ne pas intervenir, ou bien à risquer une défaite face à son opposant républicain, issu d’un parti qui restait de tout cœur opposé à l’intervention des États-Unis dans la guerre. Mais un coup de force les plus improbables de toute l’histoire politique des États-Unis fit que la convention républicaine de juin 1940 désigna comme candidat l’obscur Wendell Willkie, un personnage très favorable à l’intervention, qui n’avait jamais occupé le moindre mandat, et qui quelques mois auparavant était encore un Démocrate de longue date et engagé.

Il y a une vingtaine d’années, l’historien Thomas E. Mahl a minutieusement documenté le fait que des agents des renseignements britanniques avaient joué un rôle central dans cette tournure extrêmement inattendue des événements, très possiblement en faisant usage de moyens létaux. L’élection Roosevelt-Willkie qui suivit n’aura ainsi laissé en pratique à l’électeur aucun choix sur les sujets de politique étrangère, et Franklin D. Roosevelt fut réélu, créant la surprise, et les mains largement déliées pour poursuivre une politique étrangère nettement plus agressive.

Malgré les plans soigneusement établis par Roosevelt, assisté par les politiques mercenaires suivies par Churchill et de nombreux autres acteurs, les premiers mois de l’année 1940 virent la guerre prendre une tournure qui aurait facilement pu assurer la défaite des Alliés et empêcher l’intervention des États-Unis dans le conflit. Durant quatre-vingt-cinq ans, l’un des moments charnière les plus importants de la seconde guerre mondiale resta ignoré par presque tous les récits historiques occidentaux écrits au sujet de ce conflit, et il s’en est suivi que presque aucun Étasunien ayant fait des études n’en a même conscience.

Le fait est documenté et indéniable que quelques mois après le début de la guerre, les Alliés occidentaux — Grande-Bretagne et France — décidèrent d’attaquer l’Union soviétique neutre, considérée par elles comme faible militairement, et comme un fournisseur central des ressources naturelles nourrissant la machine de guerre de Hitler. Sur la base de leur expérience acquise durant la première guerre mondiale, les dirigeants alliés pensaient qu’il n’existait guère de chance d’assister à une percée sur le front occidental, et estimaient donc que leur meilleure chance de l’emporter sur l’Allemagne était de vaincre le quasi-allié soviétique de l’Allemagne.

Mais la réalité était toute autre. L’URSS était beaucoup plus forte que ce qu’ils pensaient à l’époque, et sur la fin de la guerre, elle se rendit responsable de la destruction de 80 % des formations militaires allemandes, les États-Unis et autres Alliés n’ayant réalisé que les 20 % restants. Aussi, une attaque alliée précoce menée en 1940 contre les Soviétiques auraient provoqué l’entrée en guerre directe de ces derniers dans le camp de Hitler, et la combinaison de la puissance industrielle allemande et des ressources naturelles russes se serait révélée invincible, ce qui aurait presque certainement renversé l’issue de la guerre.

En outre, certaines des conséquences les plus importantes d’une attaque alliée contre l’Union soviétique serait restée totalement inconnue des dirigeants britanniques et français qui la planifiaient à l’époque. Bien qu’ils fussent certainement au courant des puissants mouvements communistes présents dans leur propre pays, tous étroitement alignés sur l’URSS, ce n’est que de nombreuses années plus tard qu’il fut établi clairement que la direction de l’Administration Roosevelt avait été infiltrée par de nombreux agents présentant une loyauté sans faille à Staline, et la preuve finale en fut donnée par les Venona Decrypts, durant les années 1990. Ainsi, si les forces alliées étaient subitement entrées en guerre contre les Soviétiques, l’opposition féroce de ces individus influents aurait fortement réduit toute perspective d’une assistance militaire étasunienne substantielle, sans parler d’une intervention dans le conflit en Europe.

Dès les premiers jours de la Révolution bolchevique, les Alliés s’étaient montré fortement hostiles envers l’Union soviétique, et cette hostilité continua de croître après l’attaque par Staline de la Finlande neutre, à la fin 1939. Cette Guerre d’Hiver tourna mal, les Finlandais très dépassés en nombre résistant très efficacement aux forces d’invasion soviétiques, et amenant à un plan allié visant à envoyer plusieurs divisions se battre aux côtés de l’armée finlandaise. Selon l’ouvrage édifiant publié en 2021 par Sean McMeekin, Stalin’s War, le dictateur soviétique prit conscience de cette dangereuse menace, et ses préoccupations au sujet d’une imminente intervention militaire alliée le persuadèrent de régler rapidement la guerre contre la Finlande, à des conditions relativement généreuses.

Malgré cela, les plans d’attaque alliés contre l’URSS se poursuivirent, et se muèrent en Opération Pike, l’idée d’utiliser leurs escadrilles de bombardier stationnées en Syrie et en Irak pour détruire les champs pétrolifères de Bakou, dans le Caucase soviétique, tout en essayant de faire participer la Turquie et l’Iran à l’offensive prévue contre Staline. À cette période, l’agriculture soviétique s’était fortement mécanisée, et dépendait du pétrole, et les stratèges alliés estimaient que réussir à détruire les champs de pétrole soviétique pourrait éliminer une grande partie des approvisionnements en carburant du pays, ce qui pouvait produire une famine propre à faire tomber le régime communiste honni, tout en coupant l’Allemagne de cette ressource vitale.

Mais presque toutes les hypothèses posées par les Alliés étaient totalement erronées. Seule une petite fraction du pétrole allemand provenait des Soviétiques, et son élimination n’aurait guère présenté d’importance pour l’effort de guerre allemand, et comme les événements ultérieurs l’ont prouvé, l’URSS était très forte militairement, et non pas faible. Les Alliés pensaient également à tort que quelques semaines à peine d’attaques aériennes par leurs bombardiers suffiraient à détruire totalement les champs pétrolifères, mais plus tard dans la guerre, des campagnes aériennes nettement plus importantes lancées en d’autres lieux n’auront présenté qu’un impact limité sur la production de pétrole.

Couronnée de succès ou non, l’attaque planifiée par les Alliés contre l’URSS aurait représenté l’offensive de bombardement stratégique la plus important de l’histoire du monde à l’époque ; celle-ci avait été planifiée et re-planifiée pour les premiers mois de l’année 1940, et fut finalement abandonnée après la traversée de la frontière française par les armées allemandes, qui encerclèrent et vainquirent les forces terrestres alliés et provoquèrent la sortie forcée de la France du conflit.

Les Allemands victorieux eurent la chance de s’emparer de tous les documents secrets relatifs à l’Opération Pike, et réussirent un coup de propagande majeure en publiant ces documents dans des reproductions et des traductions, si bien que toutes les personnes qui s’informaient surent bientôt que les Alliés avaient été au bord d’attaquer les Soviétiques. Ce fait central, ignoré par la quasi-totalité de tous les récits historiques occidentaux qui ont suivi, contribue à expliquer pourquoi Staline resta tellement méfiant l’année suivante vis-à-vis des efforts diplomatiques menés par Churchill, jusqu’à l’invasion Barbarossa lancée par Hitler.

La première couverture détaillée de ce moment charnière central a été réalisée en 2000, dans l’ouvrage Operation Pike, écrit par l’historien Patrick Osborn, une monographie universitaire se basant sur des archives déclassifiées du gouvernement. Mais malgré la respectabilité élevée de l’auteur et de sa maison d’édition, ce livre n’a reçu que fort peu d’attention au cours du quart de siècle qui a suivi son apparition, hormis quelques très rares exceptions comme un bref article de 2017 paru dans The National Interest et le livre récent de McMeekin.

Dès lors que l’on comprend que durant quatre-vingt-cinq ans, la quasi-totalité de nos livres d’histoire traitant de la seconde guerre mondiale ont totalement exclu le récit absolument documenté d’une importance aussi colossale que l’attaque planifiée par les Alliés en 1940 contre l’URSS, on comprend également que l’on ne peut guère leur faire confiance sur la couverture d’autres sujets importants.

En outre, la seule exception majeure à cet embargo historiographique étalé sur des générations face aux faits concernant l’Opération Pike a été produite par McMeekin, un historien très respecté et relevant absolument du mouvement dominant, spécialisé dans l’histoire russe et soviétique de la première moitié du XXème siècle. Ce point présente une importance particulière, car son ouvrage de 800 pages sur la face soviétique de la seconde guerre mondiale confirme la réalité d’un autre aspect très important du conflit, resté quasi-totalement ignoré durant des décennies par presque tous les historiens anglophones apparentés au mouvement dominant.

Chacun sait que le Front Est de la seconde guerre mondiale a constitué le théâtre décisif des opérations, et que le moment charnière central du conflit mondial s’est produit avec l’offensive lancée par Hitler en juin 1941 contre l’Union soviétique au travers de l’Opération Barbarossa, l’invasion militaire la plus colossale de l’histoire humaine. Mais presque un demi-siècle après le début de cette campagne, un ouvrage remarquable a fait son apparition, visant à renverser totalement notre compréhension de longue date des circonstances de cette attaque colossale. En 1990, le Times de Londres, qui faisait encore autorité à l’époque, a consacré presque l’ensemble de sa section littéraire à une discussion très favorable sur Icebreaker, un livre qui venait de paraître dont l’importance potentiellement fondatrice fut pleinement reconnue et soulignée par le critique :

[Suvorov] vient contredire chaque livre, chaque article, chaque film, chaque directive de l’OTAN, chaque hypothèse posée par Downing Street, chaque employé du Pentagone, chaque universitaire, chaque Communiste et chaque anti-communiste, chaque intellectuel néoconservateur, chaque chanson, poème, roman ou pièce de musique soviétiques jamais écoutés, écrits, composés, chantés, publiés, produits ou nés au cours des 50 dernières années. Pour cette raison, Icebreaker constitue l’ouvrage historique le plus original que j’aie jamais eu le privilège de lire.

L’auteur, utilisant le nom de plume de Viktor Suvorov, était un officier vétéran des renseignements militaires soviétiques, passé à l’Ouest en 1978, et qui a, après cela, publié divers volumes respectés sur les services militaires et de renseignements soviétiques. Mais dans son nouvel ouvrage, il fait état d’une thèse nettement plus radicale.

Son « hypothèse Suvorov » affirme qu’au cours de l’été 1941, Staline était très proche de lancer une invasion et une conquête massives de l’Europe lorsque l’attaque subite lancée par Hitler le 22 juin de cette année anticipa ce coup imminent.

Depuis 1990, les ouvrages de Suvorov ont été traduits en au moins 18 langues, et un orage international de controverses universitaire s’est déchaîné autour de l’hypothèse Suvorov en Russie, en Allemagne, en Israël et ailleurs. De nombreux autres auteurs ont publié des ouvrages, en soutien ou plus souvent en forte opposition avec sa thèse, et des conférences universitaires internationales ont été tenues pour débattre de cette théorie. Mais durant des décennies, les médias utilisant la langue anglaise ont presque totalement gardé sur liste noire et ignoré ce débat international majeur en cours, et ont dissimulé les faits avec une telle application que le nom de l’historien militaire le plus lu ayant jamais vécu m’est longtemps resté totalement inconnu.

En fin de compte, en 2008, la prestigieuse Naval Academy Press of Annapolis a décidé de briser cet embargo intellectuel de dix-huit années, et a publié une édition anglaise à jour de l’ouvrage de Suvorov. Mais cette fois encore, nos organes médiatiques ont absolument détourné les yeux, et une seule critique fit l’objet d’une parution dans une publication idéologique obscure, où j’ai eu la chance d’en prendre connaissance. Ce point démontre de manière convaincante que durant la plus grande partie du XXème siècle, un front uni d’éditeurs et d’organes médiatiques anglophones a pu facilement maintenir un boycott sur tout sujet important, s’assurant que nul, aux États-Unis ou dans le reste de l’Anglosphère, n’en entendrait jamais parler. Seule l’ascension récente de l’Internet a permis des changements dans cette situation démoralisante.

Le Front Est constitua le théâtre décisif de la seconde guerre mondiale, qui impliqua des forces militaires beaucoup plus vastes que celles déployés à l’Ouest ou dans le Pacifique, et le narratif standard a toujours souligné l’inaptitude et la faiblesse des Soviétiques. Le 22 juin 1941, Hitler lança l’Opération Barbarossa, une attaque surprise subite et massive, contre l’URSS, qui prit l’Armée Rouge totalement de cours. On a largement tourné Staline en ridicule pour son manque de préparation, et Hitler a souvent été décrit comme le seul homme à qui le dictateur paranoïaque ait jamais fait vraiment confiance. Bien que les forces soviétiques défensives fussent de taille immense, elles étaient mal dirigées, et leur corps d’officier ne s’était toujours pas remis des purges terribles de la fin des années 1930, cependant que l’obsolescence de leurs équipements et la pauvreté de leurs tactiques n’avaient rien à voir avec les divisions de panzers modernes de la Wehrmacht allemande jusqu’alors invaincue. Les Russes subirent au départ des pertes gigantesques, et seule l’arrivée de l’hiver et les vastes espaces de leur territoire les sauvèrent d’une défaite rapide. Après cela, la guerre oscilla dans un sens et dans l’autre durant quatre années, jusqu’à ce que des nombres supérieurs et des tactiques améliorées finirent par amener les Soviétiques dans les rues dévastées de Berlin, en 1945.

Telle est la compréhension traditionnelle de la titanesque lutte russo-allemande que chaque journal, chaque livre, chaque documentaire télévisé et chaque film auxquels nous sommes exposés nous raconte.

Mais selon les remarquables recherches menées par Suvorov, la réalité fut toute autre.

Pour commencer, bien que l’on croie largement en la supériorité de la technologie militaire allemande, y compris en matière de chars et d’avions, ce point fut presque totalement mythologique. Dans les faits, les chars soviétiques étaient nettement supérieurs en armement principal, en blindage et en manœuvrabilité que leurs homologues allemands, au point que l’écrasante majorité des panzers de 1941 étaient en comparaison quasiment obsolètes. Et la supériorité soviétique était encore plus extrême en matière de nombres, Staline ayant déployé des chars en nombres multiples du total combiné de ceux détenus par l’Allemagne et de toute autre nation du monde, soit environ 27 000 chars soviétiques contre à peine 4000 pour les forces de Hitler. Même en temps de paix, l’usine soviétique de Kharkov produisait à elle seule en six mois davantage de chars que l’ensemble du Troisième Reich avant 1940. Les Soviétiques détenaient une supériorité similaire, mais certes un peu moins extrême, en matière de bombardiers d’attaque terrestre. La nature totalement fermée de l’URSS signifiait que ces forces militaires restèrent totalement dissimulées aux observateurs extérieurs.

On ne dispose non plus de guère d’éléments établissant que la qualité des officiers soviétiques ou de leur doctrine militaire fit défaut. De fait, on oublie souvent que le premier exemple historique de réussite d’une « blitzkrieg » dans la guerre moderne fut la défaite cinglante qu’infligea Staline à la 6ème armée japonaise, en Mongolie Extérieure, au mois d’août 1939, en s’appuyant sur une attaque surprise massive et coordonnée impliquant chars, bombardiers et infanterie mobile.

Sans aucun doute, de nombreux aspects de la machine militaire soviétique étaient primitifs, mais il en allait exactement de même de leurs opposants nazis. Le détail qui est peut-être le plus surprenant concernant la technologie de la Wehrmacht offensive de 1941 était que son système de transports était resté totalement pré-moderne, faisant usage de chariots de différentes tailles tirés par 750 000 chevaux pour maintenir l’afflux vital de munitions et de pièces de rechange aux armées en progression.

Durant le printemps 1941, les Soviétiques avaient assemblé une gigantesque force armée à la frontière de l’Allemagne, une armée comportant des nombres énormes de chars spécialisés dont les caractéristiques inhabituelles démontraient clairement les objectifs strictement offensifs de Staline. Par exemple, la machine soviétique comprenait 6500 chars blindés rapides, quasiment inutilisables sur le territoire soviétique, mais des plus adaptés à un déploiement sur le réseau autoroutier allemand, ainsi que 4000 chars amphibies, capables de traverser la Manche et d’envahir la Grande-Bretagne.

Les Soviétiques alignaient également des chars lourds par milliers, visant à se confronter et à vaincre les blindages ennemis, chose dont les Allemands ne disposaient pas du tout. En combat direct, un KV-1 ou KV-2 soviétique pouvait facilement détruire quatre ou cinq des meilleurs chars allemands, tout en restant invulnérable aux projectiles ennemis. Suvorov relate l’exemple d’un seul KV qui fit l’objet de 43 impacts directs avant d’être enfin neutralisé, entouré par les carcasses des dix chars allemands qu’il avait réussi à détruire avant cela.

La reconstruction réalisée par Suvorov des semaines ayant immédiatement précédé le déclenchement des combats en 1941 est fascinante : elle souligne les actions symétriques réalisées par les deux armées soviétique et allemande. Chaque camp déplaçait ses meilleures unités de frappe, ses aérodromes, et ses dépôts de munitions à proximité de la frontière, en posture idéale pour attaquer, mais très vulnérable en cas d’attaque ennemie. Chaque camp désactivait soigneusement tous les champs de mines restants et retirait tout obstacle barbelé, afin de ne pas ralentir l’attaque qu’il allait lancer. Chaque camp faisait tout son possible pour camoufler ces préparations, parlant beaucoup de paix tout en se préparant à une guerre imminente. Le déploiement soviétique avait commencé beaucoup plus tôt, mais comme les forces soviétiques étaient beaucoup plus nombreuses et avaient des distances beaucoup plus grandes à franchie, elles n’étaient pas encore prêtes à attaquer lorsque les Allemands frappèrent, et provoquèrent ainsi l’effondrement de la conquête de l’Europe planifiée par Staline.

Tous les exemples cités ci-avant concernant les systèmes d’armement et de décisions stratégiques soviétiques semblent très difficiles à expliquer si l’on s’en tient au narratif défensif conventionnel, mais prennent un sens lumineux si l’on adopte l’idée que orientation de Staline à partir de 1939 fut toujours offensive, et s’il décidait que l’été 1941 serait le bon moment pour frapper et élargir l’Union soviétique pour y intégrer tous les États européens, exactement comme prévu au départ par Lénine. Et Suvorov fournit des dizaines d’exemples supplémentaires, qui viennent étayer très solidement sa théorie.

Après les longues années de guerre de tranchées qui caractérisèrent le front Ouest de la première guerre mondiale, presque tous les observateurs extérieurs s’attendaient à ce que le nouveau conflit suivît un schéma statique très semblable, épuisant peu à peu toutes les parties, et le monde fut choqué lorsque les tactiques innovantes déployées par l’Allemagne permirent en 1940 à ce pays de vaincre avec la rapidité de l’éclair les armées alliées déployées en France. À ce stade, Hitler considérait que la guerre était pratiquement terminée, et il avait confiance en l’idée que les conditions de paix très généreuses qu’il proposa aux Britanniques allaient rapidement permettre un règlement. Il fit donc revenir l’Allemagne à une économie de paix, et choisit le beurre plutôt que les armes pour conserver sa popularité intérieure élevée.

Mais Staline n’avait pas à subir de telles contraintes politiques, et dès le moment où il signa son accord de non-agression avec Hitler en 1939 et divisa la Pologne, il fit encore monter son économie totalement orientée vers la guerre d’un cran. Embarqué dans un réarmement militaire sans précédent, il concentra presque entièrement sa production sur des systèmes d’armement strictement offensifs, tout en arrêtant la production d’armements mieux adaptés à la défense, et démantela les lignes de fortifications établies précédemment. En 1941, son cycle de production était complet, et il établit ses plans en conséquence.

Ainsi, de manière semblable au narratif traditionnel que nous connaissons, nous constatons qu’au cours des mois et semaines qui précédèrent Barbarossa, la force militaire offensive la plus puissante de l’histoire du monde fut massée en secret et sans bruit aux abords de la frontière germano-russe, en préparation de l’ordre qui allait déclencher son attaque surprise. Les forces aériennes non préparées de l’ennemi devaient être détruites au sol dès les premiers jours de la bataille, et d’énormes colonnes de chars allaient commencer à pénétrer le territoire adverse, entourant et prenant au piège les forces opposées, pour parvenir à une victoire classique à la blitzkrieg, et pour assurer l’occupation rapide de vastes territoires. Mais les forces qui préparaient cette guerre de conquête sans précédent étaient celles de Staline, et son énorme édifice militaire aurait probablement pris toute l’Europe, avant de s’emparer sans doute du reste des masses de territoires eurasiatiques.

Mais presque au dernier moment, Hitler lança subitement sa propre attaque, ordonnant à son armée très inférieure en nombre et en armes de lancer sa propre attaque surprise sur les Soviétiques qui étaient en train de s’assembler, ce qui les frappa par chance au moment même où leurs dernières préparations en vue d’une attaque subite les avaient laissés les plus vulnérables, et ce qui lui permit de remporter une victoire initiale majeure, directement tirée des crocs d’une défaite certaine. D’énormes provisions de munitions et d’armements soviétiques avaient été entassés près de la frontière pour approvisionner l’armée d’invasion qui devait entrer en Allemagne, et ces stocks tombèrent rapidement entre les mains allemandes, ce qui leur apporta des supplétifs importants, leurs propres ressources étant pathétiquement inappropriées.

Je recommande vivement la lecture des contenus très détaillés livrées par les ouvrages de Suvorov, mais pour qui préfèrent absorber l’information selon un autre format, sa conférence publique d’octobre 2009 devant l’U.S. Naval Academy est disponible sur YouTube :

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Au fil des années, on a assisté à des efforts supposés réfuter l’hypothèse Suvorov, notablement dans les livres écrits par les historiens militaires David M. Glantz et Gabriel Gorodetsky, et j’ai lu ces livres. Mais je ne les trouve pas du tout convaincants, car ils ne répondent directement à quasiment aucun des éléments de preuves de Suvorov et se contentent au lieu de cela de répéter le narratif traditionnel.

Cependant, on trouve avec Stalin’s War of Extermination un ouvrage nettement supérieur, qui dans l’ensemble soutient le cadre posé par Suvorov ; ce livre a été écrit par Joachim Hoffmann, un historien militaire allemand primé, commissionné au départ par les forces armées allemandes, et publié en 1995, avec une édition en langue anglaise parue en 2001. La couverture porte une note indiquant que le texte a été approuvé par la censure du gouvernement allemand, et l’introduction proposée par l’auteur relate les menaces répétées de poursuites judiciaires auxquelles il a été confronté de la part de dirigeants élus et d’autres obstacles légaux auxquels il a été confronté, tout en s’adressant dans le reste du livre aux autorités gouvernementales invisibles dont il savait qu’elles lisaient par-dessus son épaule.

Lorsqu’un livre dépasse trop les limites de l’histoire communément acceptée, et présente un risque sérieux de voir l’ensemble du tirage jeté au feu et de voir l’auteur jeté en prison, le lecteur se doit toujours de faire preuve de prudence pour évaluer un travail dont d’importantes sections ont pu être déformées ou tronquées dans l’intérêt de l’auto-préservation. Les débats universitaires sur des sujets historiques se font difficiles lorsque l’une des parties est confrontée à la prison du fait que les arguments qu’elle avance sont trop audacieux.

Plus récemment, l’éclatant ouvrage Stalin’s War publié en 2021 par Sean McMeekin a produit une mine de preuves supplémentaires, soutenant fortement la théorie selon laquelle le dictateur soviétique aurait massé ses énormes forces offensives à la frontière allemande, et préparait sans doute l’invasion et la conquête de l’Europe, lorsque Hitler frappa le premier. Cet ouvrage constitue la première affirmation de la part des milieux dominants d’éléments issus de l’hypothèse Suvorov, qui sort donc plus de trente années après leur première parution.

Alors même que Hitler et Staline massaient tous deux leurs forces d’invasion respectives à leur frontière commune en 1941 et se préparaient à frapper, une autre forme de bataille se déroulait aux États-Unis sur la question de l’implication militaire du pays dans la guerre qui faisait rage en Europe.

Peu de temps après que Willkie, un démocrate interventionniste, fut mystérieusement propulsé à la candidature du parti républicain, dont l’écrasante majorité des membres était hostile à toute intervention, un groupe d’étudiants en droit de Yale s’alarma à l’idée que les États-Unis pussent se trouver impliqués dans une nouvelle guerre mondiale sans que les électeurs n’aient eu le moindre avis à donner à cet égard. Cela les amena à instituer une organisation politique anti-interventionniste, qu’ils dénommèrent « The America First Comittee« , et celle-ci amassa rapidement 800 000 membres, et devint la plus grande organisation politique aux racines populaires de l’histoire des États-Unis. De nombreuses personnalités de premier plan rallièrent ou soutirent l’organisation, qui eut comme président Roebuck, le dirigeant de Sears, et qui compta parmi ses jeunes membres les futurs présidents John F. Kennedy et Gerald Ford ainsi que d’autres notables comme Gore Vidal, Potter Stewart et Sargent Schriver. Flynn fut désigné président du chapitre de New York, et le principal porte-parole de l’organisation fut le célèbre aviateur Charles Lindbergh, qui avait sans doute depuis des décennies été le plus grand héros national des États-Unis.

Durant l’année 1941, dans tout le pays, d’énormes foules s’amassèrent dans les rassemblements d’opposition à la guerre, dirigés par Lindbergh et d’autres dirigeants, et des millions d’autres écoutèrent les retransmissions radiophoniques de ces événements. Mahl a montré que des agents britanniques, avec leurs soutiens étasuniens, poursuivirent leurs opérations clandestines afin de contrer ces tentatives, en organisant divers groupes politiques de façade soutenant l’implication militaire des États-Unis, tout en faisant usage de moyens légitimes ou non pour neutraliser leurs opposants politiques. Des personnes et des organisations juives semblent avoir joué un rôle très disproportionné dans ces opérations.

Dans le même temps, l’Administration Roosevelt fit monter sa guerre non-déclarée contre les sous-marins et autres forces maritimes allemandes dans l’Océan Atlantique, s’employant sans succès à provoquer un incident propre à provoquer une réaction de panique du pays vers la guerre.

Franklin D. Roosevelt promulgua les inventions de propagande les plus bizarres et ridicules dans le but de terrifier des Étasuniens naïfs. Au cours d’un exemple resté célèbre, il annonça au cours d’une allocution radiophonique diffusée dans tout le pays disposer des preuves que les Allemands – qui ne disposaient d’aucune marine de surface d’importance et restaient totalement cantonnés par la Mer de la Manche – avaient formulé des projets concrets consistant à se faufiler à travers les 3500 km de l’Océan Atlantique et de s’emparer de l’Amérique latine. Des agents britanniques apportèrent certains des faux documents grossiers qu’il exposa comme preuves.

Ces faits, qui sont désormais tout à fait établis par des décennies d’études universitaires, apportent le contexte nécessaire au célèbre discours controversé prononcé par Lindbergh au cours d’un rassemblement d’America First au mois de septembre 1941. Lors de cet événement, il accusa trois groupes en particulier d’exercer « des pressions sur ce pays [les États-Unis] vers la guerre [:] les Britanniques, les Juifs et l’Administration Roosevelt, » et déclencha ce faisant un énorme déluge d’attaques et de dénonciations médiatiques, y compris des accusations très répandues d’antisémitisme et de sympathies nazies.

Au vu des réalités caractérisant la situation politique, la déclaration de Lindbergh constitua une illustration parfaite du célèbre sarcasme de Michael Kinsley selon lequel « on parle de gaffe lorsqu’un homme politique dit la vérité — une vérité évidente qu’il n’est pas supposé prononcer. » Mais la conséquence en fut que la réputation jadis héroïque de Lindbergh subit des dégâts considérables et permanents, avec une campagne de diabolisation qui résonna pendant les trente années de vie qui lui restèrent, et bien au delà. Bien qu’il ne se vît pas totalement purgé de la vie publique, sa stature publique ne fut jamais plus la même, loin s’en faut.

Dans le même temps, Roosevelt utilisa également d’autres méthodes pour faire entrer les États-Unis en guerre malgré le sentiment public très fort qui s’y opposait.
Au fil des années, les historiens de la diplomatie ont démontré que confrontée à une opposition intérieure obstinée à toute intervention militaire directe en Europe, l’Administration Roosevelt adopta une vaste gamme d’actions très hostiles à l’encontre du Japon, visant directement à provoquer une attaque et donc à parvenir à ouvrir une « porte dérobée vers la guerre« , selon le titre choisi en 1952 par Charles C. Tansill pour son important ouvrage concernant cette histoire. Ces mesures comprenaient un gel total des actifs japonais, un embargo sur le pétrole absolument vital à l’armée japonaise, et le rejet sommaire du plaidoyer prononcé en personne par le premier ministre japonais pour que fussent tenues des négociations de haut niveau entre gouvernements pour maintenir la paix. Dès mai 1940, Roosevelt avait ordonné que la flotte du Pacifique fût déplacée de son port d’attache de San Diego à Pearl Harbor, à Hawaï, une décision à laquelle s’opposa l’amiral James Richardson, commandant de cette flotte, qui qualifia ce déplacement d’inutilement dangereux et provocateur, ce qui provoqua sa révocation.

Ainsi l’attaque japonaise du 7 décembre 1941 marqua en réalité la réussite en point d’orgue de la stratégie diplomatique de Roosevelt, faisant entrer les États-Unis en guerre. De fait, certains universitaires ont même désigné les preuves considérables indiquant que les plus hauts niveaux du gouvernement étasunien étaient parfaitement au cours de l’imminence d’une attaque contre la flotte stationnée à Pearl Harbor, et la laissèrent se dérouler. Cette décision visait à s’assurer que des pertes de vies étasuniennes en grand nombre produiraient une unité nationale vengeresse favorable à la guerre, et balayeraient ainsi tout obstacle populaire à l’engagement total du pays dans le conflit militaire mondial.

En 1941, les États-Unis avaient percé les codes de chiffrement utilisés par les diplomates japonais, et pouvaient lire l’ensemble de leurs communications secrètes, ce qui a soulevé des questions évidentes sur les raisons pour lesquelles les commandants locaux de Hawaï ne furent pas avertis du projet d’attaque contre leur flotte. Tansill et un ancien chercheur responsable du comité d’enquête du Congrès ont établi cette thèse au travers de l’ouvrage publié en 1953 par Barnes, et l’année suivante, un ancien amiral publia The Final Secret of Pearl Harbor, apportant des arguments semblables avec des détails considérables. Ce livre comprend également une introduction écrite par l’un des commandants maritimes les plus hauts gradés des États-Unis durant la seconde guerre mondiale, qui soutient absolument cette théorie controversée.

En 2000, le journaliste Robert M. Stinnett a publié une mine de preuves supplémentaires à cet égard, sur la base de huit années de recherches menées sur des archives. Un point révélateur établi par Stinnett est que si Washington avait prévenu les commandants en poste à Pearl Harbor, les préparations défensives qu’ils auraient pu mener auraient été remarquées par les espions japonais sur place et que les forces en approche en auraient été avisées ; et que faute de disposer de l’élément de surprise, il est probable que l’attaque aurait été annulée, ce qui aurait contrarié les projets établis de longue date par Roosevelt de faire entrer les États-Unis en guerre.

Se produisit également un très étrange incident intérieur juste après l’attaque contre Pearl Harbor, un incident qui n’attira malheureusement presque pas du tout l’attention. À l’époque, les films constituaient le média populaire le plus puissant, et quoique la population des États-Unis fût constituée à 97% de non-Juifs, ceux-ci ne contrôlaient qu’un seul studio de cinéma majeur ; de manière fortuite ou non, Walt Disney était également la seule personnalité en vue de Hollywood à avoir fermement pris position contre l’entrée en guerre de son pays. Et au lendemain de l’attaque surprise japonaise, des centaines de soldats étasuniens investirent les studios Disney et en prirent le contrôle, soi-disant pour aider à défendre la Californie de l’armée japonaise située à des milliers de kilomètres, et l’occupation militaire de ces studios fut maintenue durant les huit mois qui suivirent. Imaginez ce que les esprits soupçonneux auraient pensé si, le 12 septembre 2001, le président Bush avait immédiatement ordonné à l’armée de prendre le contrôle du réseau télévisé CBS, en affirmant que cela était nécessaire pour contribuer à la protection de New York face à de nouveaux attentats islamistes.

C’est un dimanche que Pearl Harbor fut bombardée, et à moins que Roosevelt et ses principaux conseillers fussent tout à fait au courant de l’attaque japonaise en approche, ils auraient clairement dû concentrer totalement leur attention sur les conséquences de ce désastre. Il semble très improbable que l’armée étasunienne fût prête à prendre le contrôle des studios Disney dès les premières heures de chaque lundi matin suivant une véritable attaque « surprise ».

Le 7 décembre 1941, l’attaque japonaise contre Pearl Harbor provoqua l’entrée en guerre des États-Unis, réussissant à accomplir ce que toutes les tentatives précédentes menées par Roosevelt avaient échoué à réaliser, et l’America First Comittee fut immédiatement dissous.

Mais cette énorme organisation opposée à l’interventionnisme avait déjà vacillé après la réaction très hostile du public au discours très controversé prononcé par Lindbergh en septembre, faisant mention du fait que des groupes juifs figuraient parmi les principaux acteurs jouant un rôle d’importance pour pousser les États-Unis en guerre contre l’Allemagne nazie. De fait, certains des dirigeants d’America First avaient même envisagé de dissoudre l’organisation au lendemain de l’importante crise médiatique que ce discours avait provoquée.

Durant toute cette période, et même longtemps après celle-ci, toute personne impliquée en profondeur dans les événements ayant mené à l’éclatement initial de la guerre ou dans les batailles politiques au sujet de l’entrée en guerre des États-Unis avait sans doute une parfaite connaissance de l’énorme rôle joué par les Juifs en cette instance, mais presque personne n’osait en faire mention. L’explosion provoquée par les remarques courtes mais directes prononcées par Lindbergh a démontré ce point, et les journaux intimes du célèbre aviateur font état de sa stupéfaction quand il apprit la réaction extrêmement négative qui fut celle de Flynn, l’un de ses principaux collègues au sein du mouvement America First :

Flynn affirme ne pas remettre en question la véracité des propos que j’ai tenus à Des Moines, mais estime qu’il n’était pas souhaitable de faire mention du problème juif. Il m’est difficile de comprendre l’attitude de Flynn. Il partage parfaitement mon opinion selon laquelle les Juifs figurent parmi les influences majeures sous-jacentes à la poussée de notre pays dans la guerre. Il l’a souvent affirmé, et il continue de le dire. Il est tout à fait prêt à en parler à un petit groupe de gens, en privé. Mais apparemment, il préférerait nous voir entrer en guerre plutôt que faire mention en public des actions menées par les Juifs, nonobstant le degré de tolérance et de modération avec lesquelles cela serait dit.

Les recherches fondatrices menées par Irving avaient déterré le fait que Churchill et nombre des personnalités politiques britanniques clé ayant fait pression pour la guerre contre l’Allemagne avaient reçu des versements financiers énormes et secrets de la part de sources juives, et la carrière étoilée d’Irving fut après ces révélations détruite par des groupes et des activistes juifs.

À la fin 1937, les problèmes économiques irrésolus des États-Unis avaient amené Roosevelt à chercher une guerre à l’étranger, mais ce fut sans doute l’écrasante hostilité des Juifs envers l’Allemagne nazie qui l’amena dans cette direction particulière. Dans un article publié il y a quelques années, John Wear a cité un passage tiré du rapport confidentiel envoyé par l’ambassadeur de Pologne aux États-Unis, faisant état de sa description frappante de la situation politique des États-Unis début 1939 :

Il existe un sentiment qui est désormais largement répandu aux États-Unis, marqué par une haine croissante du Fascisme, et par-dessus tout du chancelier Hitler et de tout ce qui a trait au national-socialisme. La propagande est surtout entre les mains des Juifs qui contrôlent presque 100 % de la radio, du cinéma, de la presse quotidienne et périodique. Bien que cette propagande soit extrêmement grossière et présente l’Allemagne aussi noire que possible, surtout en ce qui concerne les persécutions religieuses et l’exploitation des camps de concentration, cette propagande est néanmoins extrêmement efficace, car l’opinion publique ici est totalement ignorante et ne connaît rien de la situation en Europe.

À l’heure actuelle, la plupart des Américains considèrent le chancelier Hitler et le national-socialisme comme le plus grand mal et le plus grand péril qui menace le monde. La situation ici offre une excellente tribune pour les orateurs publics de toutes sortes, pour les émigrants d’Allemagne et de Tchécoslovaquie qui, avec beaucoup de mots et des calomnies très diverses, incitent le public à s’exprimer. Ils font l’éloge de la liberté américaine qu’ils opposent aux États totalitaires.

Il est intéressant de noter que dans cette campagne extrêmement bien planifiée, menée avant tout contre le national-socialisme, la Russie soviétique est presque complètement ignorée. S’il est fait mention de la Russie soviétique, c’est d’une manière amicale et les choses sont présentées de telle façon qu’il semblerait que l’Union soviétique coopère avec le bloc des États démocratiques. Grâce à la propagande intelligente, les sympathies du public américain sont complètement du côté de l’Espagne rouge.

Les personnes bien informées comprenaient certainement le rôle central des groupes juifs organisés dans la provocation de la guerre mondiale. De fait, les Forrestal Diaries font état de cette affirmation édifiante produite par l’ambassadeur des États-Unis à Londres, qui indiqua l’opinion du premier ministre britannique, dont le gouvernement avait déclaré la guerre contre l’Allemagne :

Chamberlain, affirme-t-il, a déclaré que les États-Unis et les Juifs avaient contraint l’Angleterre à la guerre.

La lutte entre Hitler et la communauté juive international faisait déjà l’objet d’une attention publique considérable depuis de nombreuses années. Durant son ascension politique, Hitler n’avait guère dissimulé son intention de déloger la minuscule population juive de la place forte qu’elle avait acquise dans les systèmes médiatique et financier allemands, et avait promis de diriger son pays selon les intérêts des 99% constitués par la majorité allemande, une proposition qui avait provoqué l’hostilité des Juifs du monde entier. De fait, en 1933, juste après son accession au pouvoir, un journal londonien de premier plan annonça en gros titre que les Juifs du monde avaient déclaré une guerre économique à l’Allemagne, et organisaient un boycott international pour contraindre par la famine les Allemands à se soumettre.

Malgré tous ces éléments de preuve puissants et documentés, durant des décennies, l’énorme rôle des Juifs dans l’orchestration de la seconde guerre mondiale contre l’Allemagne nazie a soigneusement été balayé de presque tous les narratifs historiques postérieurs aux événements, même ceux qui présentent des éléments aigus remettant en cause le récit officiel.

L’index de l’ouvrage iconoclaste produit en 1961 par Taylor ne fait strictement aucune mention des Juifs, et il en va de même du livre précédemment écrit par Chamberlin. En 1953, Harry Elmer Barnes, doyen des révisionnistes historiques, a publié son ouvrage majeur visant à démolir les fausses vérités concernant la seconde guerre mondiale, et une fois de plus, toute discussion du rôle tenu par les Juifs en resta quasiment totalement absente, à l’exception d’une seule proposition d’une seule phrase, et cette affirmation en suspens est noyée milieu d’un texte comportant plus de 200 000 mots. Barnes comme nombre de ses contributeurs s’étaient déjà vus purgés et leur livre fut publié par un tout petit éditeur de l’Idaho, mais ils n’en continuèrent pas moins d’éviter d’aborder certains sujets dangereusement interdits.

Au cours des années qui ont précédé la seconde guerre mondiale, et longtemps après celle-ci, seule une toute petite fractions des auteurs acceptèrent de briser ce tabou impressionnant au sujet du rôle central tenu par les Juifs dans la montée du conflit, et l’un d’entre eux présente une importance particulière.

Il y a quelques années, je suis tombé sur un ouvrage totalement obscur de 1951, paru sous le titre Rideau de Fer sur l’Amérique sous la plume de John Beaty, un professeur d’université à l’impeccable réputation. Beaty avait passé ses années de guerre au sein des Renseignements Militaires, avec pour mission de préparer les briefings quotidiens distribués aux hauts dirigeants étasuniens pour résumer les renseignements acquis au cours des 24 heures précédentes, ce qui constituait d’évidence un poste de très haute responsabilité.

Anti-communiste zélé, il considérait une grande partie de la population juive des États-Unis comme profondément impliquée dans des activités subversives, et donc comme constituant une grave menace envers les libertés traditionnelles des États-Unis. En particulier, l’emprise croissante des Juifs sur les sphères de la publication et des médias rendait de plus en plus difficile l’expression d’opinions discordantes et leur transmission au peuple étasunien, et ce régime de censure constitue le « Rideau de Fer » décrit par le titre de son ouvrage. Il accusait les intérêts juifs d’être la cause de la guerre totalement injustifiée contre l’Allemagne de Hitler, un pays qui avait longtemps essayé d’entretenir de bonnes relations avec les États-Unis, mais qui avait en retour subi la destruction totale en raison de sa ferme opposition à la menace communiste soutenue par les Juifs contre l’Europe.

À l’époque, tout comme de nos jours, un livre adoptant des positions aussi controversées ne disposait guère de chances de se voir publié par un éditeur ayant pignon sur rue à New York, mais le livre fut publié par une petite maison de Dallas, et fut l’objet d’un énorme succès, avec quelque dix-sept rééditions au cours des années qui suivirent. Selon Scott McConnell, éditeur fondateur de The American Conservative, le livre de Beaty devint le second texte conservateur le plus populaire des années 1950, dépassé uniquement par le classique iconique publié par Russell Kirk, The Conservative Mind.

Les livres écrits par des auteurs inconnus et publiés par de petits éditeurs ne se vendent en général qu’à peu d’exemplaires, mais l’ouvrage fut porté à l’attention de George E. Stratemeyer, un général en retraite qui avait été l’un des commandants de Douglas MacArthur, et il a écrit une lettre de recommandation à Beaty. Beaty s’est mis à intégrer cette lettre dans ses éléments de promotion, provoquant la colère de l’American Defamation League, dont le président national prit contact avec Stratemeyer, et exigea qu’il retirât son soutien au livre, décrit comme « manuel d’introduction aux groupes marginaux lunatiques » dans tous les États-Unis. Au lieu de cela, Stratemeyer produisit une réponse cinglante à destination de l’ADL, dénonçant ses « menaces voilées » contre « la liberté d’expression et d’opinion » et ses tentatives d’établir une répression à la soviétique aux États-Unis. Il déclara que chaque « citoyen local » devait lire le Rideau de Fer sur l’Amérique, dont les pages révélaient enfin la vérité au sujet du dilemme subi par les États-Unis, et il se mit à promouvoir activement le livre dans tout le pays en attaquant les tentatives juives de le réduire au silence. De nombreux autres hauts généraux et amiraux étasuniens rallièrent Stratemeyer dans son soutien pour ce livre, ainsi que plusieurs sénateurs étasuniens influents, ce qui amena l’ouvrage à réaliser d’énormes ventes nationales.

En contraste avec presque tous les autres narratifs de la seconde guerre mondiale discutés ci-avant, qu’ils soient orthodoxes ou révisionnistes, l’index de l’ouvrage de Beaty contient une masse écrasante de références aux Juifs et aux activités juives, avec des dizaines d’entrées séparées, et le sujet mentionné sur une fraction substantielle de toutes les pages au sein de son livre plutôt bref. Je soupçonne donc que tout lecteur moderne s’essayant à la lecture du récit produit par Beaty soit stupéfait et dérouté par des éléments aussi omniprésents, et ne soit enclin à rejeter l’auteur comme délirant et « obsédé par les Juifs » ; mais je pense que le récit apporté par Beaty est sans doute de loin le plus honnête et le plus réaliste. Comme je l’ai noté il y a quelques années sur un sujet proche :

…après que l’ensemble des informations connues et documentées auront été suffisamment blanchies ou réécrites, toute trace résiduelle de la réalité originelle ayant survécu est souvent perçue comme un délire bizarre ou dénoncée comme « théorie du complot. »

Le rôle de Beaty pendant la guerre comme centre névralgique absolu des Renseignements Militaires étasuniens lui aura sans aucun doute apporté une vision très nette de ce schéma d’événements, et le soutien éclatant apporté à son récit par nombre de commandants militaires de hauts rangs est venu étayer cette conclusion. Plus récemment, le professeur Joseph Bendersky, un éminent historien du courant dominant, a publié un livre épais fondé sur une décennie de recherches en archives, et a révélé dans son ouvrage que les opinions de Beaty étaient partagées à titre privé par la plupart des autres professionnels des Renseignements Militaires étasuniens et par de nombreux hauts généraux de l’époque ; elles étaient très répandues dans ces cercles.

Durant la guerre, le professeur de lettres classiques Revilo Oliver a dirigé un grand groupe, composé de 175 personnes, dédié à briser des codes de chiffrement, pour le compte du département de la guerre. Il a été décoré pour les services importants rendus au cours de ce conflit. Oliver est par la suite devenu l’un des premiers contributeurs clés à National Review, lancé par William F. Bucklet Jr., et co-fondateur de la John Birch Society. Personnalité importante de l’extrême-droite antisémite, ses mémoires publiés en 1981 correspondent parfaitement aux affirmations avancées par Beaty, son ancien collègue.

Le livre publié en 1951 par Beaty contient également un petit élément marginal, qui est resté totalement ignoré à l’époque, mais peut finalement prendre une très grande importance.

Dans plusieurs paragraphes, Beaty rejette avec nonchalance ce que nous appelons de nos jours l’Holocauste, et le désigne comme une propagande sur les atrocités de guerre discréditée de longue date, en laquelle nul ne croit plus. Et chose étrange, bien que l’American Defamation League, d’autres activistes juifs et les universitaires libéraux aient tous dénoncé de nombreux traits de son ouvrage, aucun d’entre eux ne semble avoir remis en cause ni même remarqué sa déclaration très explicite de « déni de l’Holocauste. » Beaty se montre également cinglant vis-à-vis des tribunaux de Nuremberg, dénoncés par lui comme des poursuites judiciaires malhonnêtes ayant « marqué de manière importante et indélébile » les États-Unis, et constituant « un travestissement de la justice, » une farce n’ayant servi qu’à enseigner aux Allemands que « notre gouvernement n’a aucun sens de la justice. »

Lorsqu’Oliver a publié ses mémoires, trente ans plus tard, il a adopté exactement la même position que Beaty sur ces sujets, mais avec nettement plus de détails, et a condamné Nuremberg et tourné l’Holocauste en ridicule, comme la forme la plus absurde de propagande frauduleuse.

L’épais ouvrage universitaire de Bendersky, fondé sur ses dix années de recherches en archives, apporte un éclairage plus poussé sur ces sujets. L’auteur est un universitaire spécialisé sur les Études de l’Holocauste, et il n’est donc guère surprenant que son plus long chapitre soit consacré à ce sujet particulier, ainsi qu’un autre chapitre assez proche.

En écrivant son texte, Bendersky avait examiné dans le détail les documents et correspondances personnels de quelque cent officiers de Renseignements et généraux relevant du haut commandement, mais une lecture attentive de ces deux chapitres révèle qu’il a été dans l’incapacité de trouver une seule personne parmi eux ayant exprimé croire en la réalité de l’Holocauste, ce qui suggère qu’il partageaient sans doute les opinions que leurs anciens collègues, Beaty et Oliver, avait explicitement énoncées dans les livres par eux publiés.

Robert Faurisson, un universitaire français qui est devenu l’un des principaux négationnistes de l’Holocauste dans les années 1970, a jadis produit une observation extrêmement intéressante au sujet des mémoires d’Eisenhower, de Churchill et de De Gaulle :

Crusade in Europe, écrit par Eisenhower, est un livre de 559 pages ; les six volumes de Second World War parus sous la plume de Churchill totalisent 4448 pages ; et les Mémoires de guerre de De Gaulle comptent 2054 pages. Dans cette masse d’écrits totalisant dans leur ensemble 7061 pages (sans compter les parties introductives), publiés entre 1948 et 1959, on ne trouve aucune mention, ni de « chambres à gaz » nazies, ni de « génocide » des Juifs, ni des « six millions » de Juifs victimes de la guerre.

De même, ni les épais journaux intimes du secrétaire de la défense James Forrestal et du général George Patton, ni les journaux de guerre de Charles Lindbergh ne contiennent le moindre indice évoquant l’événement monumental que nous appelons de nos jours l’Holocauste.

Par ailleurs, le journal intime d’une autre éminente personnalité apporte une perspective très surprenante concernant cette époque. Il y a quelques années, le journal intime de 1945 du jeune John F. Kennedy, voyageant dans l’Europe de l’après-guerre, a été vendu aux enchères, et son contenu a révélé une fascination plutôt favorable pour Hitler. Le jeune JFK prédisait que « Hitler émergera de la haine qui l’a environné comme l’une des personnalités les plus éminentes à avoir jamais vécu », et déclarait qu’« il est de l’étoffe avec laquelle les légendes sont fabriquées. » Il est à noter que ces sentiments ont été exprimés juste après la fin d’une guerre brutale contre l’Allemagne, et en dépit de la quantité de propagande hostile colossale qui l’a accompagnée.

Dix ans plus tard, lorsque Kennedy entra au Sénat des États-Unis, il a remporté le prix Pulitzer pour son best-seller Profiles in Courage, consacrant l’un de ses chapitres à faire des éloges du sénateur Robert Taft pour sa condamnation publique des poursuites juridiques de Nuremberg. Cela suggère que les opinions de Kennedy sur nombre de ces sujets peuvent ne pas être si différentes de celles de Beaty ou d’Oliver.

La vaste majorité des Juifs et des organisations juives du monde étaient férocement hostiles envers l’Allemagne nazie, et comme l’affirme Beaty, ces personnes et organisations ont joué un rôle central dans l’entrée des États-Unis et de la Grande-Bretagne en guerre contre ce pays. Mais il a existé une exception très notable et très surprenante à ce schéma.

Durant les années 1930, le mouvement sioniste ne représentait qu’une fraction relativement faible des Juifs de la plupart des pays, dont une écrasante majorité de la communauté étaient non-sionistes, voire anti-sionistes. Et cette même décennie a vu l’établissement d’un important partenariat nazi-sioniste qui joua un rôle énorme dans la croissance du projet de colonisation de la Palestine qui finit par culminer avec la création de l’État d’Israël. Cette histoire méticuleusement documentée, mais disparue depuis longtemps, n’a été portée à l’attention du public qu’avec la publication en 1983 du livre Le Sionisme à l’Âge des Dictateurs, écrit par Lenni Brenner, un Juif anti-sioniste d’obédience trotskyste.

À de nombreux égards, il existait une convergence naturelle d’intérêts entre Nazis et Sionistes. Après tout, Hitler considérait la population juive constituant 1% du peuplement de l’Allemagne comme un élément perturbateur et potentiellement dangereux, dont il voulait le départ, et le Moyen-Orient apparaissait une destination aussi bonne qu’une autre où les envoyer. Dans le même temps, les Sionistes entretenaient des objectifs très similaires, et la création de leur patrie nationale en Palestine exigeait évidemment des immigrants juifs et des investissements financiers juifs.

Après que Hitler devint chancelier en 1933, les Juifs outragés du monde entier avaient rapidement lancé un boycott économique, dans l’espoir de mettre l’Allemagne à genoux, et le Daily Express de Londres fit paraître en gros titre « LES JUIFS DÉCLARENT LA GUERRE À L’ALLEMAGNE. » À l’époque comme de nos jours, l’influence politique et économique juive était tout à fait considérable, et dans les tréfonds de la Grande Dépression, l’Allemagne appauvrie devait exporter ou mourir, si bien qu’un vaste boycott des principaux marchés allemands constituait une menace potentiellement grave. Mais cette situation exacte apporte aux groupes sionistes une excellente opportunité de proposer aux Allemands un moyen de briser l’embargo commercial, et ils demandèrent des conditions favorables à l’exportation de biens manufacturés allemands de haute qualité vers la Palestine, accompagnés de Juifs allemands. Lorsque la Convention Sioniste de 1933 prit connaissance de cet important Ha’avara, ou « Accord de Transfert », de nombreux Juifs et Sionistes s’indignèrent, et s’ensuivirent diverses scissions et controverses politiques. Mais l’accord économique était trop bon pour qu’on y résiste. Il fut maintenu et connut une croissance rapide.

Il serait difficile d’exagérer l’importance du pacte nazi-sioniste pour l’instauration d’Israël. Selon une analyse parue en 1974 dans Jewish Frontier, et citée par Brenner, entre 1933 et 1939, plus de 60 % de l’ensemble des investissements en Palestine juive provinrent de l’Allemagne nazie. L’appauvrissement mondial de la Grande Dépression avait drastiquement réduit le soutien financier juif en provenance des autres sources, et Brenner suggère de manière raisonnable que sans le soutien financier de Hitler, la colonie juive naissante, minuscule et fragile, aurait facilement pu se flétrir et mourir durant cette période difficile.

Après que Hitler consolida son pouvoir en Allemagne, il déclara hors-la-loi toutes les autres organisations politiques au sein du peuple allemand, et seuls les symboles politiques des Nazis et du parti nazi restèrent autorisés selon la loi. Mais une exception spéciale fut prononcée pour les Juifs allemands, et le parti sioniste local reçut un statut juridique complet, et les défilés sionistes, les uniformes sionistes et les drapeaux sionistes furent absolument autorisés. Sous Hitler existait une stricte censure sur toutes les publications allemandes, mais le journal hebdomadaire sioniste était en vente libre dans tous les kiosques et aux coins de rues. La notion qui apparaissait comme limpide était que le parti allemand national-socialiste constituait le domicile politique approprié à la majorité des 99% des habitants du pays, cependant que le national-socialisme sioniste jouerait le même rôle pour la petite minorité juive.

En 1934, les dirigeants sionistes invitèrent un important dirigeant SS à passer six mois en visite à la colonie juive implantée en Palestine, et à son retour, ses impressions très favorables de l’entreprise sioniste en croissance furent publiées dans Der Angriff, l’organe médiatique amiral du parti nazi animé par Joseph Goebbels pour Berlin, et cette importante suite constituée de 12 articles parut sous le titre descriptif : « Un Nazi se rend en Palestine. » Le journal nazi fit même frapper une médaille commémorative en honneur du partenariat, arborant une Étoile de David à l’avers et une Swastika au revers.

Dans sa critique très véhémente des activités juives bolcheviques, Churchill avait affirmé que le sionisme était verrouillé dans une lutte effrénée contre le Bolchevisme pour l’âme de la communauté juive européenne, et que seul le vainqueur de cette lutte pourrait assurer des relations amiables à l’avenir entre Juifs et non-Juifs. Sur le fondement des éléments disponibles, Hitler et nombre des autres dirigeants nazis semblent être parvenus à une conclusion relativement semblable au milieu des années 1930.

La vérité très inconfortable est que les descriptions très dures de la communauté de la diaspora juive trouvées dans les pages de Mein Kampf ne sont pas si différentes de celles énoncées par les pères fondateurs du sionisme et les dirigeants ultérieurs de ce mouvement, si bien que la coopération entre les deux mouvements idéologiques ne fut en réalité pas tellement surprenante.

Très ironique fut également le rôle joué par Adolf Eichmann, qui figure aujourd’hui sans doute parmi les cinq ou six Nazis les plus célèbres de l’histoire en raison de son kidnapping en 1960 par des agents israéliens, suivi par son procès-spectacle et son exécution publics comme criminel de guerre. Il s’avère qu’Eichmann fut l’une des personnalités nazies centrales pour l’alliance sioniste, et qu’il alla jusqu’à étudier l’hébreu et à semble-t-il devenir philo-sémite durant ses années d’étroite collaboration avec les hauts dirigeants sionistes.

Après l’éclatement de la guerre en 1939, les relations commerciales entre l’Allemagne nazie et la Palestine sous administration britannique furent immédiatement rompues, si bien que le partenariat économique entre l’Allemagne de Hitler et le principal mouvement sioniste prirent évidemment fin. Mais dans le même temps, une relation plus surprenante encore se développa.

Dès ses premières origines, le principal mouvement sioniste dirigé par David Ben-Gurion, premier ministre fondateur d’Israël, présentèrent toujours des racines de gauche et une idéologie marxiste, mais au début des années 1930 apparurent également des factions sionistes de droite, plus petites. Celles-ci finirent par déboucher sur l’ascension du parti du Likoud qui gouverne actuellement Israël, et les premiers dirigeants à l’époque de ces factions comprirent Menachem Begin et Yitzhak Shamir, qui finirent tous deux par devenir premiers ministres israéliens. Au lieu du Marxisme, ces factions tiraient leur inspiration politique de l’Italie fasciste de Mussolini et de l’Allemagne nazie de Hitler, leurs idéologues en chef faisant même paraître un journal hebdomadaire sous le titre « Journal d’un Fasciste ».

Aussi, il n’est pas tout à fait surprenant qu’après l’éclatement de la seconde guerre mondiale, la petite faction sioniste de Shamir mena des tentatives répétées en 1940 et 1941 pour se faire connaître et affilier la Palestine aux Puissances de l’Axe. Shamir proposa d’entreprendre une campagne d’actions de sabotage et d’espionnage contre les forces britanniques stationnées en Palestine, dans l’espoir de tirer une partie du butin après l’inévitable triomphe de Hitler.

Shamir a été premier ministre d’Israël durant les années 1980, lors de la parution de l’ouvrage renversant écrit par Brenner, si bien qu’un scandale ne manqua pas d’éclater lorsque ces faits furent portés à la connaissance du public dans les médias internationaux. Entre autres choses, les journaux occidentaux publièrent de longs extraits de lettres officielles envoyées à Mussolini, qui dénonçaient férocement les systèmes démocratiques « décadents » en place au Royaume-Uni et en France, et prodiguant des assurances au Duce que des notions politiques aussi ridicules n’auraient aucune place dans l’État client juif totalitaire que lui-même et ses collègues espéraient instaurer sous les auspices fascistes en Palestine.

Il se trouva que l’Allemagne comme l’Italie était préoccupées par des sujets géopolitiques plus importants à l’époque, et au vu de la petite taille de la faction sioniste de Shamir, ces efforts ne semblent avoir débouché sur rien. Mais l’idée que le premier ministre en exercice de l’État juif ait passé ses premières années de guerre comme allié non-réciproque des Nazis est du genre à marquer les esprits, car elle diverge absolument du narratif traditionnel de l’époque que la plupart des gens ont toujours accepté.

Chose très remarquable, la révélation du passé favorable à l’Axe de Shamir semble n’avoir présenté qu’un impact relativement mineur sur sa stature politique au sein de la société israélienne. Je dirais qu’une personnalité politique étasunienne dont on découvrirait qu’elle supporta une alliance militaire avec l’Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale aurait les plus grandes difficultés à survivre au scandale politique qui s’ensuivrait, et il en irait sans doute de même pour les hommes politiques britanniques, français ou d’autres nations occidentales. Mais bien que l’on constatât quelque embarras dans la presse israélienne, surtout après que cette histoire choquante fit l’objet des gros titres de la presse internationale, il semble que la plupart des Israéliens prirent toute l’affaire avec calme, et Shamir resta en poste une année de plus, puis occupa un second mandat plus long comme premier ministre entre 1986 et 1992. Les Juifs d’Israël semblaient apparemment considérer l’Allemagne nazie de manière très différente de la plupart des Étasuniens, sans parler des Juifs étasuniens.

En outre, les opinions entretenues durant la guerre par Shamir au sujet de l’Allemagne nazie présentent un épilogue intéressant.

Après l’instauration de l’État d’Israël, Shamir passa une décennie au sein du Mossad israélien, et la plus grande partie de ces années le vit occuper la direction du département des assassinats de cette organisation. Il occupait cette position en 1963, au moment de l’assassinat de JFK, si bien que si, comme de nombreuses personnes le pensent, le Mossad joua un rôle central dans cet événement, Shamir fut probablement l’une des personnalités clés qui y furent impliquées.

Lorsqu’il occupa le poste de premier ministre israélien, par la suite, au début des années 1990, il se retrouva impliqué dans un différend très rude contre le président George H.W. Bush sur le sujet des garanties des prêts pour les règlements de la Cisjordanie. Selon Victor Ostrovsky, un agent du Mossad qui fit défection, des éléments de son organisation désignèrent Bush comme cible d’un assassinat à l’époque, et le gouvernement étasunien prit apparemment l’avertissement émis par Ostrovsky très au sérieux.

En 1995, Gordon Thomas, l’auteur britannique et expert réputé sur les sujets de renseignements, a publié Gideon’s Spies, une histoire en 800 pages du Mossad israélien, sur la base de renseignements produits dans des dizaines d’interviews avec ses membres et avec d’autres sources israéliennes. De fait, ce volume semble avoir constitué une histoire autorisée des services de renseignements israéliens, si bien que le projet de publication fut sans doute mis en branle par les Israéliens pour contre-balancer les révélations très embarrassantes contenues dans l’énorme best-seller publié en 1990 par Ostrovsky.

Shamir apparaît bien comme l’une des personnalités de premier plan dans cet épais volume, et selon les sources israéliennes de l’auteur, le dirigeant politique entretenait une haine intense et silencieuse envers les États-Unis, chose que j’avais déjà lue ailleurs. Mais je n’avais jamais entendu parler de la principale raison de cette haine.

Selon Thomas, même après un demi-siècle, le premier ministre israélien Yitzhak Shamir n’oublia jamais que les États-Unis refusèrent de soutenir Adolf Hitler dans la seconde guerre mondiale.

Ron Unz

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