Israël et l’Iran sont désormais engagés dans une bataille existentielle que ni l’un ni l’autre ne peut se permettre de perdre. Il n’y a pas de solution rapide ou facile, et l’issue pourrait fondamentalement modifier la composition de la région.

En Iran, le régime de Khamenei traverse une crise sans précédent. Acculé, le guide suprême sait qu’il ne peut rester sans rien faire face aux bombardements israéliens. Sa légitimité en interne – déjà fragilisée par les contestations populaires – en dépend.

Il est crucial de trouver rapidement une porte de sortie à ce conflit qui menace d’embraser toute la région. Les puissances occidentales, toujours promptes à donner des leçons, semblent incapables d’imposer une désescalade crédible. Pendant ce temps, le peuple iranien risque de payer le prix fort d’une nouvelle guerre.

La stratégie israélienne face à l’Iran

Israël, à travers les décombres de Gaza et du Liban, a tracé son chemin vers Téhéran. L’Iran représente, cependant, un défi militaire d’une toute autre dimension. Le régime iranien n’est ni le Hamas ni le Hezbollah.

On l’a vu récemment : malgré toutes les technologies antimissiles, certaines frappes iraniennes ont quand même réussi à atteindre leur cible. Les services de renseignement israéliens doivent composer avec cette réalité : contrairement aux groupes terroristes qu’ils combattent habituellement, l’Iran dispose d’une véritable armée, d’une industrie militaire développée et d’un territoire immense. La stratégie qui a fonctionné à Gaza ne peut pas simplement être transposée contre un État structuré comme l’Iran.

Voilà pourquoi en Israël, les discussions tournent désormais vers la façon d’impliquer les États-Unis et leur armée. L’objectif ne serait pas seulement de neutraliser les capacités nucléaires et balistiques de l’Iran, mais de faire émerger à Téhéran un pouvoir qui, aux yeux d’Israël, ne mettrait pas son existence en péril.

Obsession sécuritaire : à quel prix pour la région ?

Le 7 octobre 2023 a mis en lumière les faiblesses des services de sécurité et de renseignement, accumulées pendant des années de prospérité et de paix relative.

Israël se trouve dans une impasse mortelle. Cette promesse sacrée qu’ils défendent — la sécurité à tout prix — les pousse vers un conflit qui pourrait s’éterniser dans le sang et la désolation. L’État hébreu est convaincu que sa survie même dépend de l’anéantissement de ses adversaires.

Derrière les discours officiels sur la dissuasion et l’hégémonie militaire régionale, c’est bien d’une guerre totale dont il s’agit. Une guerre que les dirigeants israéliens semblent prêts à mener jusqu’à son terme le plus extrême, peu importe le coût humain ou la durée.

Le plus inquiétant dans cette logique guerrière, c’est qu’elle s’appuie sur une conviction inébranlable : seule la « neutralisation » complète de l’ennemi garantirait la pérennité d’Israël. Une vision binaire qui ne laisse guère de place à la diplomatie ou aux compromis.

En fin de compte, cette volonté de restaurer une domination militaire incontestée sur la région révèle les craintes existentielles d’un État qui, malgré son arsenal et ses alliances prestigieuses, se sent perpétuellement menacé. Mais à quel prix cette « sécurité » sera-t-elle obtenue ? Et qui paiera vraiment la facture de cette obsession sécuritaire ?