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La Pravda américaine : le maccarthysme, 3ème partie : l’angle juif

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Par Ron Unz − Le 12 mai 2025 − Source Unz Review

Roy Cohn, Joseph McCarthy et G. David Schine en 1953

De nombreux critiques ont largement condamné publiquement les représailles spectaculaires qui sont actuellement menées par l’administration Trump contre la liberté d’expression et la liberté d’expression en les assimilant à du « maccarthysme ».

Bien que ces propositions, actuellement en cours, dépassent de très loin toutes les mesures anti-communistes promulguées par le jeune sénateur du Wisconsin au début des années 1950, cette controverse m’a amené à enquêter sur ce mouvement historique d’il y a trois générations, et j’ai récemment publié deux articles couvrant ce sujet :

Dans ces deux premiers articles, j’explique qu’après avoir lu soigneusement la plupart des ouvrages favorables à McCarthy, j’ai conclu sur la base des éléments factuels par eux produits que le sénateur s’était montré tout aussi erratique et malhonnête que l’ont toujours affirmé ses critiques du courant dominant ou libéral.

Bien que McCarthy eût dans l’ensemble vu juste pour ce qui concernait les énormes dangers auxquels les États-Unis étaient confrontés du fait de l’infiltration d’agents soviétiques communistes, il se trompa souvent sur tout le reste, et ses tendances à lancer des accusations brutales et infondées abîmèrent grièvement la crédibilité de la cause anti-communiste dont il s’était fait le champion. Qui plus est, il avait découvert ce sujet largement sur le tard, pour n’avoir lancé les attaques publiques de 1950 contre le communisme qui le rendirent célèbre qu’après que la plupart des agents soviétiques les plus importants aient déjà été démasqués et retirés des services gouvernementaux étasuniens par les enquêteurs anti-communistes nettement plus compétents qui le précédèrent.

Puis, dans le second article, j’explore les racines sociales et idéologiques du maccarthysme, et j’y note que ce mouvement tira largement son soutien des habitants du Midwest, des Catholiques, et particulièrement de groupes ethniques tels que les irlando-américains et les germano-américains, McCarthy lui-même représentant parfaitement l’ensemble de ces divers éléments.

Mais moins de dix ans auparavant, ces mêmes groupes avaient également figuré parmi les plus fervents supporters du Père Charles Coughlin, le prêtre animateur radio anti-communiste qui jouit d’une énorme popularité durant les années 1930, et qui s’était vu soutenu par des dizaines de millions de disciples étasuniens dévoués avant de se voir censuré et supprimé par l’administration Roosevelt.

À peu près au moment même où Coughlin se voyait purgé des médias, certains des intellectuels étasuniens les mieux considérés avaient subi le même sort des mains de Franklin D. Roosevelt. On distingua parmi ces victimes des universitaires influents et des journalistes de premier plan, ainsi que le célèbre aviateur Charles Lindbergh, longtemps considéré aux États-Unis comme le plus grand héros national.

Les libéraux, la gauche et les communistes avaient mené ces purges politiques à partir du début des années 1940, et une grande partie de l’establishment WASP anglophile de la côte Est s’était également fortement impliquée dans ces attaques. Lorsque, quelques années plus tard, McCarthy lança sa croisade anti-communiste, ces mêmes groupes constituèrent exactement ses principales cibles, si bien que l’Étasunien ordinaire soutenant le sénateur dut certainement considérer ses campagnes comme des représailles politiques.

Ces mêmes sentiments s’étendirent sans doute également à certains des supporters les plus puissants de McCarthy, comme Joseph Kennedy, qui avait été limogé de son poste d’ambassadeur au Royaume-Uni et fortement diabolisé pour avoir entretenu des opinions similaires à celles de Lindbergh en matière de politique étrangère. Le patriarche des Kennedy devint alors un éminent supporter de McCarthy, accompagné de toute sa famille, y compris ses fils John F. Kennedy et Robert F. Kennedy.

Plusieurs années avant que McCarthy lança cette tentative, le progressiste Burton K. Wheeler, qui fut longtemps sénateur du Montana, avait été l’un des importants dirigeants élus chassés du pouvoir sur des accusations totalement fausses de sympathies fascistes, et dès 1943, il avait prédit à raison que le même type de représailles politiques finirait par se produire.

Au vu de ces faits, on ne peut pas comprendre la tristement célèbre « Peur Rouge » de la fin des années 1940 et des années 1950 sans examiner la « Peur Brune » qui avait dominé la vie politique étasunienne à peine quelques années plus tôt. Mais durant les trois dernières générations, presque tous les manuels d’histoire et la quasi totalité des récits parus dans les médias ont ignoré ou minimisé ces importants événements antérieurs, alors qu’ils correspondirent de fait à une « grande purge étasunienne« . Des omissions de cette gravité ont grièvement distordu notre compréhension des véritables racines du maccarthysme.

On peut trouver un bon exemple de ce problème dans Peur Rouge, un large récit narratif de cette ère, publié il y a quelques semaines à peine par Clay Risen, un journaliste du New York Times. L’ouvrage a fait l’objet de beaucoup d’éloges, et je l’ai trouvé excellent, ses 450 pages couvrant bien la période au cours de laquelle les controverses anti-communistes dominèrent la politique étasunienne. Cette période s’étala de l’immédiate période de l’après-guerre, avant l’entrée au Sénat de McCarthy, jusqu’à sa mort en 1957, une fois brisé politiquement et ostracisé après une bonne dizaine d’années.

Mais quoique la biographie étendue proposée par Risen s’étale sur plus d’une bonne dizaines de pages et comprenne des centaines d’éléments, il semble qu’aucun de ces travaux n’ait souligné la pré-histoire très importante du mouvement politique qu’il décrit et analyse.

Par exemple, vers le début de son récit, il évoque les poursuites controversées menées en 1949 contre onze dirigeants du parti communiste, accusés du simple fait d’être membres d’une organisation faisant supposément la promotion d’un renversement violent du gouvernement étasunien. Ils furent ainsi accusé en vertu du Smith Act de 1940, que Risen décrit comme « un élément législatif obscur » criminalisant principalement des opinions politiques.

Mais l’auteur ne sait manifestement pas qu’à peine quelques années auparavant, l’administration Roosevelt avait déjà utilisé le même Smith Act pour poursuivre un groupe nettement plus important de personnes de droite. Cette affaire, qui fit grand bruit, s’était finalement fait connaître sous le nom de « Grand Procès pour Sédition de 1944 » avant de s’effondrer totalement en 1946, lorsqu’une administration Truman embarrassée finit par abandonner toutes les accusations. Et bien que Risen ait suivi l’article Wikipédia de 13000 mots en décrivant le procès de 1949 mené contre ces onze communistes, long de sept mois, comme « l’une des plus longues poursuites criminelles fédérales de l’histoire des États-Unis », cette affaire légale antérieure avait duré plus de quatre années entre les mises en accusations initiales de 1942 et l’abandon final des charges en 1946.

De même, toute mention des purges et poursuites menées dès 1940 par Franklin D. Roosevelt contre les conservateurs et les tenants de la droite est presque totalement omise de l’ouvrage The Right, l’histoire très complète produite en 2022 par Matthew Continetti sur « La Guerre de Cent Ans pour le Conservatisme étasunien. » Bien que l’auteur soit le propre gendre de Bill Kristol, son récit est étonnement équilibré, largement exempt de la lourde influence de l’idéologie néoconservatrice que je me serais attendu à y trouver, et semble dans l’ensemble digne des vastes éloges qu’il a reçus. Mais bien que McCarthy et le maccarthysme fassent l’objet d’une discussion étalée sur 50 des 500 pages de ce livre, on n’y trouve aucune mention des aspects de représailles politiques qui contribuèrent sans doute à inspirer ce mouvement.

En outre, pour autant que je puisse en juger, aucun des nombreux critiques de l’une ou l’autre des récents ouvrages historiques majeurs n’a jamais remarqué ces omissions patentes. Voilà qui suggère que fort peu des historiens contemporains aient connaissance de ces racines politiques évidentes et importantes du mouvement anti-communiste de l’après-guerre.

Comme je l’ai discuté dans mon article de la semaine passée, les campagnes anti-communistes lancées par McCarthy qui marquèrent fortement la vie politique étasunienne au début des années 1950 sont faciles à comprendre si on les considère comme un deuxième round de représailles après les batailles politiques étasuniennes survenues quelques années auparavant, avec une inversion des rôles des victimes et des bourreaux. Mais cette histoire cachée — presque totalement ignorée dans tous les narratifs du maccarthysme, qu’ils soient hostiles ou favorables — est en soi incomplète. Il existe de fait une histoire cachée derrière cette histoire cachée, une histoire qui met en scène le jeu central joué par les Juifs et les groupes juifs.

Le fait central, si rarement exprimé dans les travaux dominants, est que dès les premiers jours de la révolution bolchevique de 1917, jusqu’aux batailles du maccarthysme des années 1950, le noyau activiste et la direction du mouvement communiste furent constamment lourdement juifs, aussi bien en Russie que dans la plupart des autres pays. Comme je l’ai écrit en 2018 :

Parallèlement, tous les historiens savent parfaitement que les dirigeants bolchéviks étaient majoritairement juifs, trois des cinq révolutionnaires que Lénine a nommés comme ses successeurs plausibles venant de ce milieu. Bien qu’environ 4% seulement de la population russe ait été juive, Vladimir Poutine déclarait, il y a quelques années, que les juifs constituaient peut-être 80-85% du premier gouvernement soviétique, une estimation tout à fait cohérente avec les affirmations contemporaines de Winston Churchill, du correspondant du Times of London, Robert Wilton, et des officiers des services de renseignements militaires américains. Les livres récents d’Alexandre Soljenitsine, Yuri Slezkine et d’autres ont tous brossé un tableau très similaire. Et avant la Seconde Guerre mondiale, les juifs restaient énormément surreprésentés dans la direction communiste, en particulier dans l’administration du Goulag et dans les rangs supérieurs du redoutable NKVD.

De même, bien que les Juifs ne constituassent qu’environ 3% de la population étasunienne durant la première moitié du XXème siècle, on trouvait la même sur-représentation écrasante au sein du mouvement communiste étasunien, comme je l’ai discuté dans l’un de mes premiers articles de la Pravda Américaine, en 2018 :

Les juifs et le communisme étaient tout aussi fortement liés en Amérique, et pendant des années, le journal communiste le plus diffusé dans notre pays a été publié en yiddish. Lorsqu’ils furent finalement rendus publics, les Venona Decrypts ont démontré que, jusque dans les années 1930 et 1940, une fraction remarquable des espions communistes américains provenait de cette origine ethnique.

Une anecdote personnelle tend à confirmer ces documents historiques arides. Au début des années 2000, je déjeunais avec un informaticien âgé et très éminent. En parlant de ceci et de cela, il en vint à mentionner que ses deux parents avaient été des communistes zélés et, étant donné son nom irlandais évident, j’ai exprimé ma surprise en disant que je pensais que presque tous les communistes de cette époque étaient juifs. Il a dit que c’était effectivement le cas mais, bien que sa mère ait une telle origine ethnique, ce n’était pas le cas de son père, ce qui faisait de lui une exception très rare dans leurs cercles politiques. En conséquence, le Parti avait toujours cherché à le placer dans un rôle public aussi important que possible, uniquement pour prouver que tous les communistes n’étaient pas juifs et, bien qu’il ait obéi à la discipline du Parti, il était toujours irrité d’être utilisé comme un tel « symbole ».

Cependant, une fois que le communisme est tombé en disgrâce en Amérique dans les années 1950, presque tous les « Red Baiters » comme le sénateur Joseph McCarthy ont fait d’énormes efforts pour obscurcir la dimension ethnique du mouvement qu’ils combattaient. En effet, de nombreuses années plus tard, Richard Nixon parlait en privé de la difficulté qu’il avait rencontrée, ainsi que les autres enquêteurs anticommunistes, à essayer de se concentrer sur des cibles non juives puisque presque tous les espions soviétiques présumés étaient juifs, et lorsque un enregistrement de cette conversation est devenu public, son antisémitisme présumé a provoqué une tempête médiatique, même si ses remarques impliquaient manifestement le contraire.

Ce dernier point est important, car une fois que le dossier historique a été suffisamment blanchi ou réécrit, tout fil conducteur de la réalité originale qui pourrait survivre est souvent perçu comme une étrange illusion ou dénoncé comme une « théorie du complot ». En effet, même aujourd’hui, les pages toujours aussi étonnantes de Wikipédia fournissent un article entier de 3 500 mots attaquant la notion de « bolchevisme juif » comme étant un « mensonge antisémite ».

Je me souviens que, dans les années 1970, les énormes rafales de louanges américaines pour les trois volumes de L’archipel du Goulag de Soljenitsyne ont soudainement rencontré un vent de contestation temporaire lorsque quelqu’un a remarqué que l’on trouvait au milieu de ses 2 000 pages une seule photographie représentant plusieurs des principaux administrateurs du Goulag ainsi qu’une légende révélant leurs noms juifs sans équivoque. Ce détail a été traité comme une preuve sérieuse de l’antisémitisme possible du grand auteur puisque la réalité du rôle extrêmement important des juifs dans le NKVD et le système du goulag avait depuis longtemps disparu de tous les livres d’histoire standard.

Il existe clairement une reconnaissance silencieuse du fait qu’une énorme fraction des agents communistes qui infiltrèrent le gouvernement étasunien étaient juifs, et on peut la distinguer dans une erreur de négligence commise par Risen dans son long ouvrage historique. À un certain stade, il fait brièvement mention du fait que la plupart des membres du réseau d’espions Rosenberg qui volèrent les secrets de la bombe atomique étasunienne au bénéfice de Staline étaient juifs, et il liste un certain nombre de leurs noms, en intégrant par erreur Klaus Fuchs dans cette catégorie, alors que ce dernier fut en réalité la seule et rare exception à ne pas être juif.

Mais à mes yeux, la découverte la plus choquante que j’ai trouvée dans cet article est le rôle colossal joué par des banquiers juifs internationaux dans le financement de la révolution bolchevique et par là même dans la création du mouvement communiste mondial.

Ce serait Jacob Schiff, le principal banquier juif des États-Unis, qui aurait été le soutien financier central de la révolution bolchevique, apportant aux révolutionnaires communistes 20 millions de dollars de fonds.

Ma première réaction a été qu’une telle notion était tout à fait ridicule, car un fait aussi explosif n’aurait pu rester ignoré par les dizaines et dizaines de livres que j’ai lus sur les origines de cette révolution. Mais la source semble extrêmement précis. Dans l’édition du 3 février 1949 du New York Journal-American — qui était alors l’un des journaux locaux les plus en vue, l’éditorialiste Knickerbocker écrit : « John Schiff, le petit-fils de Jacob, estime aujourd’hui que le vieil homme consacra environ 20 000 000 dollars pour le triomphe final du bolchevisme en Russie. »

Après avoir mené diverses vérifications, j’ai découvert que de nombreux récits du mouvement dominant décrivaient l’énorme hostilité de Schiff envers le régime tsariste pour ses mauvais traitements des Juifs, et de nos jours, même une source aussi établie que Wikipédia indique au sujet de Jacob Schiff qu’il joua un rôle majeur dans le financement de la révolution russe de 1905, comme cela fut révélé dans les mémoires publiées ultérieurement par l’un de ses principaux agents. Et si vous lancez une recherche sur « jacob schiff révolution bolchevique », de nombreuses autres références se trouvent affichées, représentant toute une gamme de positions et de degrés de crédibilité. Une déclaration très intéressante apparaît dans les mémoires de Henry Wickham Steed, éditeur du Times de Londres, l’un des journalistes les plus réputés de son époque. Il fait mention d’une manière très factuelle du fait que Schiff, Warburg et les autres banquiers juifs internationaux figuraient parmi les soutiens principaux des Juifs bolcheviques, au travers desquels ils espéraient obtenir une opportunité d’exploitation juive de la Russie, et il décrit leurs tentatives de lobbying pour le compte de leurs alliés bolcheviques à la conférence de paix de Paris de 1919 qui suivit la fin de la première guerre mondiale.

Même l’analyse très récente et très sceptique parue dans le livre de 2016, Trotsky in New York, 1917, écrit par Kenneth D. Ackerman, indique que les rapports des Renseignements Militaires étasuniens pour cette période énonçaient directement cette affirmation stupéfiante, et désignaient Trotsky comme conduit du soutien financier important de Schiff et de nombreux autres banquiers juifs. En 1925, cette information fut publiée dans le Guardian britannique et fut largement discutée et acceptée dans de nombreuses publications médiatiques majeures des années 1920 et des années 1930, bien avant que le propre petit-fils de Schiff apportât une confirmation directe de ces faits en 1949. Ackerman rejette de manière plutôt cavalière l’ensemble de ces éléments contemporains de preuves comme « antisémites » et comme « théorie du complot », affirmant que puisque Schiff était notablement conservateur et n’avait jamais manifesté la moindre sympathie envers le socialisme dans son propre milieu étasunien, il n’aurait certainement pas financé les Bolcheviques.

Reconnaissons que quelques détails ont pu être érodés par le temps. Par exemple, en dépit du fait que Trotsky ne fût rapidement surpassé que par Lénine dans la hiérarchie bolchevique, début 1917, les deux hommes continuaient d’entretenir une hostilité importante l’un contre l’autre au sujet de divers différends idéologiques, si bien que Trotsky n’était alors pas considéré comme membre de ce parti. Et comme chacun reconnaît désormais que Schiff avait fortement financé la révolution de 1905 en Russie, restée en échec, il semble parfaitement possible que le chiffre de 20 millions de dollars mentionné par son petit-fils fasse référence au total investi au fil des années, en soutien à tous les mouvements et dirigeants révolutionnaires russes, qui finirent par prendre le contrôle de la Russie bolchevique. Mais face à des affirmations convergentes soutenues par tant de sources apparemment crédibles et indépendantes, le fait fondamental apparaît quasiment indiscutable.

Examinons les implications de cette remarquable conclusion. On pourrait supposer que le plus gros des financements consentis par Schiff à ces activités révolutionnaires fut dépensé sur des versements réguliers à des activistes et pour verser des pots de vin, et relativement aux revenus moyens d’un foyer de l’époque, 20 millions de dollars de l’époque reviennent à l’équivalent de 2 milliards de dollars de nos jours. Il est probable que faute d’un soutien financier aussi colossal, les probabilités de succès d’une victoire bolchevique auraient été bien plus faibles, voire nulles.

Si l’on pense à des blagues rigolotes illustrant la totale stupidité des « théories du complot antisémites », il est difficile de trouver un meilleur exemple que la notion évidemment absurde de voir les banquiers juifs internationaux créer le mouvement communiste mondial. Et pourtant, selon toute norme raisonnable, cette affirmation apparaît comme relativement exacte, et elle fut apparemment largement notoire, au moins sous sa forme brute, durant les décennies qui suivirent la révolution russe ; mais aucune mention n’en a jamais été faite dans les nombreux récits historiques plus récents qui façonnèrent ma compréhension de ces événements. De fait, aucune de ces sources très complètes ne fait jamais mention ne serait-ce que du nom de Schiff, bien qu’il soit universellement reconnu qu’il finança la révolution de 1905, chose qui fut souvent discutée avec moult détails dans de nombreux épais ouvrages. D’autres faits stupéfiants pourraient-ils également s’y trouver dissimulés ? …

En 1999, l’Université Harvard a publié l’édition anglaise du Livre noir du communisme, dont les six co-auteurs ont consacré 850 pages à documenter les horreurs infligées au monde par ce défunt système, dont le nombre total de morts s’élève à 100 millions. Je n’ai jamais lu ce livre et j’ai souvent entendu dire que ce prétendu décompte des corps est largement contesté. Mais pour moi, le détail le plus remarquable est que lorsque j’examine l’index de 35 pages, je vois une vaste profusion d’entrées concernant des individus totalement obscurs dont les noms sont sûrement inconnus de tous sauf du spécialiste le plus érudit. Mais il n’y a aucune d’entrée pour Jacob Schiff, le banquier juif de renommée mondiale qui a apparemment financé la création de l’ensemble du système en premier lieu. Ni pour Olaf Aschberg, le puissant banquier juif suédois, qui a joué un rôle si important en fournissant aux bolcheviks leur survie financière pendant les premières années de leur régime encore instable, et qui a même fondé la première banque internationale soviétique.

Par la suite, de nombreux ouvrages universitaires solides, publiés par des universitaires très réputés et appartenant au courant dominant ont présenté des recherches minutieuses dans les archives pour confirmer certains de ces faits surprenants au sujet des sources de financement dont jouirent les Bolcheviques.

Par exemple, dans son excellent ouvrage de 2009 History’s Greatest Heist, l’historien Sean McMeekin a démontré que sans l’implication financière cruciale d’Aschberg, le très fragile premier régime bolchevique n’aurait sans doute pas survécu. Le bouleversement politique provoqué par le coup d’État bolchevique et la guerre civile qui s’ensuivit rapidement avait totalement bloqué l’activité industrielle de la Russie, et sans importation massive d’armes et d’autres matériels de guerre ainsi que de l’argent nécessaire à des transactions aussi vitales, les forces de Lénine se seraient retrouvées confrontées à une situation désespérée.

De même, les premières sources de financement ayant soutenu les Bolcheviques ont été discutées par Richard B. Spence dans son livre de 2017, Wall Street et la Révolution russe, 1905-1925. J’ai été particulièrement impressionné par le fait qu’il traite les éléments fragmentaires concernant ces sujets hautement controversés suivant la manière justifiée, à savoir avec une extrême prudence et un extrême soin.

Pour ces raisons, l’analyse produite par Spence m’apparaît très supérieure à celle qui a été proposée dans l’ouvrage de 1974, portant un titre assez semblable et écrite par Anthony Sutton, bien que ce dernier ouvrage fasse l’objet de citations bien plus fréquentes sur ce sujet.

Ces faits historiques très importants au sujet des origines du communisme sont probablement quasiment inconnus de nos jours des cercles dominants, et ils ne furent que rarement, voire jamais rapportés dans les médias des années 1930 et des années 1940. Mais durant ces mêmes années, Coughlin énonçait régulièrement ces informations à l’attention de son auditoire énorme, radio et imprimé, et je soupçonne que la couverture large de sujets aussi sensibles constituât un facteur important derrière les efforts déterminés de l’administration Roosevelt et de groupes juifs pour lui supprimer tout accès aux ondes et interdire son journal hebdomadaire. Comme je l’ai discuté dans mon article, la semaine passée :

Lancée à la fin des années 1920, l’émission radio diffusée sur plusieurs fréquences finit par devenir politique, et immensément populaire. Au pic de son succès, dans les années 1930, Coughlin avait amassé une audience nationale énorme, estimée à 30 millions d’auditeurs réguliers, soit environ un quart de la population totale des États-Unis, ce qui fit sans doute de lui l’animateur le plus influent au monde. En 1934, le prêcheur recevait quotidiennement plus de 10 000 lettres, considérablement plus que le président Franklin Roosevelt ou que n’importe qui d’autre.

Au fil des années qui suivirent, Coughlin se fit de plus en plus critique envers les Juifs et les influences juives, au vu de leur rôle disproportionné comme banquiers de Wall Street, dont il considérait les activités comme très dommageables pour le travailleur étasunien dont il se faisait le champion. Au mois de mars 1936, il commença à publier un hebdomadaire politique dénommé Social Justice, qui atteignit à son plus haut le million d’abonnés à la fin des années 1930, ce qui en fit l’une des publications les plus lues des États-Unis, avec 10 fois plus de lecteurs que la circulation combinée de Nation et de New Republic, les principaux hebdomadaires libéraux. Chose pratique, les archives complètes de Social Justice sont disponibles sur mon site internet.

Coughlin s’était toujours montré hostile envers le communisme, et après l’éclatement de la Guerre Civile en Espagne au mois de juillet 1936, il commença à soutenir fermement les forces nationalistes anti-communistes, qui étaient également soutenues par Hitler et Mussolini. Dans le même temps des groupes juifs soutinrent de manière écrasante la partie loyaliste, opposée, lourdement soutenue par les Communistes étrangers et l’Union soviétique de Staline. Cela provoqua un fort accroissement des soupçons entretenus par Coughlin à l’encontre des Juifs.

Au cours de la même période, des groupes juifs ainsi que la plupart des médias dominants étasuniens se mirent à condamner sévèrement l’Allemagne nazie pour les persécutions envers sa petite minorité de 1% de Juifs, et ces attaques publiques connurent un crescendo après que des dizaines de Juifs furent tués au cours des émeutes de la Nuit de Cristal du mois de novembre 1938, sans doute orchestrées par des dirigeants nazis.

Mais Coughlin affirmait que les banquiers juifs avaient joué un rôle crucial dans la Révolution bolchevique de 1917 qui avait porté le communisme soviétique au pouvoir, alors que le régime très juif ainsi établi s’était rendu responsable de la mort de Chrétiens par millions, ce qui expliquait facilement l’hostilité des Nazis envers les Juifs et leurs influences. Coughlin était naturellement scandalisé par le fait que les médias étasuniens concentrassent une grande attention sur les dizaines de Juifs morts des mains des Nazis allemands, et pas sur les millions de Chrétiens tués par des Juifs bolcheviques.

En 1938, Coughlin établit une nouvelle organisation politique anti-communiste appelée Christian Front, et selon Wikipédia, celle-ci attira rapidement des milliers de membres, pour la plupart des hommes irlando-américains de New York et d’autres centres urbains de la côte Est. À peu près dans le même temps, Coughlin fut régulièrement diabolisé, présenté comme sympathisant fasciste, et l’administration Roosevelt commença à œuvrer dans le but de le supprimer des ondes. Ces efforts s’intensifièrent après l’éclatement de la seconde guerre au mois de septembre 1939, et Coughlin devint un opposant de premier plan à l’intervention des États-Unis dans ce conflit militaire.

Au mois de janvier 1940, le FBI fit une descente dans le quartier général du Christian Front, situé à Brooklyn, et arrêta 17 hommes, accusés de comploter en vue de renverser le gouvernement des États-Unis. Mais bien que l’un des accusés se suicidât, les procès de tous les autres débouchèrent sur des acquittements ou par des jurys irrésolus, ce qui provoqua l’humiliation des procureurs fédéraux.

Mais la pression continua de s’exercer, et au mois de septembre 1940, Coughlin fut contraint d’arrêter ses émissions radiophoniques. En avril 1942, l’Espionage Act de 1917 fut invoqué pour interdire son journal Social Justice des services postaux, ce qui eut pour conséquence pratique d’éliminer quasiment toute son influence médiatique sur la scène nationale. Ainsi, l’action du gouvernement fut utilisée pour réduire au silence la voix du principal commentateur radio des États-Unis et bannir la distribution de l’un des journaux nationaux les plus lus, des actions nettement plus graves que toute autre durant la campagne intérieure anti-communiste de l’ère de la guerre de Corée, une décennie plus tard.

Cette répression extrême contre Coughlin se poursuivit lorsque Francis Biddle, procureur général de Roosevelt, convoqua un grand jury fédéral pour l’inculper, ainsi que ses publications, sous couvert d’accusations de sédition. Biddle négocia ensuite un accord avec le supérieur ecclésiastique de Coughlin, l’archevêque Edward Mooney, promettant que le département de la Justice des États-Unis mettrait fin à ses poursuites contre le prêtre s’il fermait Social Justice et mettait fin pour de bon à toutes ses activités politiques. Comme Mooney menaçait de suspendre son ministère, Coughlin accepta ces conditions drastiques. Il resta pasteur de son église locale et vécut jusqu’en 1979, mais ses activités politiques et médiatiques étaient terminées pour de bon.

Même en dehors de leur rôle écrasant dans le communisme étasunien et leurs tentatives réussies de faire disparaître Coughlin, des Juifs et groupes juifs se sont également largement impliqués dans les autres conflits et purges politiques du début des années 1940, comprenant notablement la lutte contre le mouvement anti-guerre America First et contre l’aviateur Charles Lindbergh, son principal porte-parole public et héros national le plus grand du pays. Comme je l’ai discuté début 2025 :

Alarmé par la crainte grandissante de voir les États-Unis attirés dans une autre guerre mondiale sans que les électeurs aient eu voix au chapitre, un groupe d’étudiants en droit de Yale a lancé une organisation politique anti-interventionniste qu’ils ont baptisée « The America First Committee ». Ce groupe a rapidement atteint 800 000 membres, devenant ainsi la plus grande organisation politique de base dans notre histoire nationale. De nombreuses personnalités publiques l’ont rejoint ou l’ont soutenu, avec à sa tête le PDG de Sears, Roebuck, et parmi ses jeunes membres on trouvait les futurs présidents John F. Kennedy et Gerald Ford, ainsi que d’autres notables tels que Gore Vidal, Potter Stewart et Sargent  Schriver. Flynn a officié comme président du chapitre de la ville de New York, et le principal porte-parole de l’organisation était le célèbre aviateur Charles Lindbergh, qui depuis des décennies était probablement classé comme le plus grand héros national des États-Unis.

Pendant toute l’année 1941, une foule considérable à travers le pays a assisté aux rassemblements anti-guerre menés par Lindbergh et d’autres dirigeants, avec des millions d’autres écoutant les émissions de radio des événements. Mahl montre que les agents britanniques et leurs sympathisants américains ont entre-temps poursuivi leurs opérations secrètes pour contrer cet effort en organisant divers groupes politiques activistes prônant l’implication de l’armée américaine, en employant des moyens, normaux ou illégaux, pour neutraliser leurs opposants politiques. Des individus et des organisations juifs semblent avoir joué un rôle extrêmement disproportionné dans cet effort.

La destruction politique de Lindbergh s’est produite lorsqu’il a prononcé un discours publique énonçant sans détour les noms des principaux groupes opposés à ses tentatives et poussant notre pays dans une guerre totalement superflue.

Ces faits, maintenant fermement établis par des décennies d’études, fournissent le contexte nécessaire au discours célèbre et controversé de Lindbergh lors d’un rassemblement de l’America First en septembre 1941. Lors de cet événement il a accusé trois groupes « de pousser ce pays à la guerre, les Britanniques, les Juifs et le gouvernement Roosevelt », déclenchant ainsi une énorme tempête d’attaques et de dénonciations de la part des médias, notamment des accusations généralisées d’antisémitisme et de sympathies nazies. Étant donné les réalités de la situation politique, la déclaration de Lindbergh constitue une illustration parfaite de la fameuse boutade de Michael Kinsley selon laquelle « une gaffe, c’est quand un politicien dit la vérité – une vérité évidente qu’il n’est pas supposé dire ». Mais en conséquence, la réputation autrefois héroïque de Lindbergh a subi des dommages énormes et permanents, les échos de la campagne de diffamation ont été entendus pendant les trois dernières décennies de sa vie, et même bien au-delà. Bien qu’il n’ait pas été totalement exclu de la vie publique, sa réputation n’a plus jamais été la même.

Bien que Lindbergh fît mention du rôle important joué par les Britanniques et par l’Administration Roosevelt, ces déclarations ne provoquèrent ni réaction, ni opposition. Mais sa volonté de faire également mention de groupes juifs déclencha un gigantesque orage de controverse, un retour de bâton publique si grave que son organisation America First envisagea bientôt de se dissoudre.

Cela se produisit en dépit du fait que chacun savait que ses affirmations étaient exactes. De fait, dans ses journaux privés, Lindbergh fait mention de la réaction surprenante de l’un de ses proches associés d’America First, le journaliste progressiste de premier plan John T. Flynn :

Flynn affirme ne pas remettre en question la vérité de ce que j’ai dit à Des Moines, mais estime qu’il n’était pas souhaitable de faire mention du problème juif. Il m’est difficile de comprendre l’attitude de Flynn. Il perçoit aussi bien que moi que les Juifs figurent parmi les principales influences poussant notre pays à la guerre. Il l’a souvent dit, et il le dit encore. Il est tout à fait ouvert à en parler au sein d’un petit groupe privé. Mais apparemment, il préférerait nous voir entrer en guerre que déclarer en public ce que les Juifs sont en train de faire, nonobstant la tolérance et la modération utilisées pour le dire.

Le communisme étasunien était très largement juif, et une vaste fraction — souvent écrasante — des agents communistes partageaient ce même contexte ethnique. On peut trouver des exemples de ces informations importantes dans Jewish Organisations’ Response to Communism and to Senator McCarthy, un livre court mais intéressant écrit en 2008 par Aviva Weingarten, un universitaire né en Israël, et qui fut porté à mon attention par une critique de Kevin MacDonald en 2018, qui en soulignait certains des éléments centraux.

Par exemple, un comité du Sénat enquêta sur des activités communistes subversives fin 1952 et début 1953. Durant ces auditions publiques, 124 des témoins appelés refusèrent de répondre aux questions en invoquant le Cinquième Amendement, et Weingarten a découvert que soixante-dix neuf des auditionnés étaient juifs, trente-deux ne l’étaient pas, cependant que les origines ethniques des treize autres restaient incertaines.

Plus spectaculaire encore fut l’affaire de Fort Monmouth, un site d’importantes recherches très importantes sur le radar, et un centre opérationnel qui avait jadis employé Julius Rosenberg et d’autres membres de son réseau d’espionnage. Dans Blacklisted by History, M. Stanton Evans consacre un chapitre entier à l’histoire de l’énorme opération d’espionnage qui fut exposée dans ce centre, un couple de déserteurs soviétiques ayant révélé que des milliers de documents scientifiques très importants avaient été subtilisés au bénéfice de l’URSS, une découverte qui provoqua une enquête de sécurité complète. Selon Weingarten, sur les quarante-deux membres du personnel du laboratoire qui furent par la suite soupçonnés d’activité communiste et renvoyés, trente-neuf étaient juifs, et le quarantième avait une épouse juive.

En dehors ce ces activités d’espionnage, des Juifs et groupes juifs, communistes ou non, se trouvèrent souvent au premier rang des premières purges idéologiques face auxquelles McCarthy représenta sans doute une réaction de représailles populistes. Suivant ces circonstances, nous pourrions donc certainement nous attendre à ce que les Juifs communistes et de gauche aient constitué une grande partie, voire la plupart des cibles des accusations lancées par McCarthy, son mouvement marchant sur les traces de Coughlin, dont de nombreux supporters s’étaient engagés dans la croisade du sénateur du Wisconsin. Pourtant, cela ne fut pas du tout le cas.

En 1954, William F. Buckley Jr. et L. Brent Bozell publièrent McCarthy et ses Ennemis, la première défense majeure du sénateur controversé. Dans cet ouvrage, ils consacrent presque 100 pages à un examen minutieux des « Neuf Affaires Publiques » d’agents communistes supposés sur lesquels McCarthy avait consacré ses efforts durant les auditions Tydings de 1950 qui avaient cimenté sa réputation nationale, et ils consacrent un chapitre à chacune de ces affaires. Certains de ces individus apparaissent bel et bien comme des sympathisants communistes, mais les preuves semblent très faibles pour d’autres d’entre eux.

Mais à la lecture attentive de ce livre, j’ai été plutôt surpris que pas un seul de ces Communistes soupçonnés désignés par McCarthy ne semblât être juif, alors qu’un échantillonnage aléatoire dans le groupe aurait sans doute dû faire apparaître 6 ou 7 Juifs. J’en suis venu à me demander si McCarthy s’était donné du mal pour éviter de désigner des Communistes juifs ou des sympathisants de ce groupe. En contraste flagrant, lorsque d’autres enquêteurs du gouvernement procédèrent aux arrestations du groupe d’espions de la bombe atomique à peu près à la même période, les Rosenberg et la quasi totalité des agents communistes arrêtés étaient juifs.

Ce biais ethnique très surprenant concernant les cibles désignées par McCarthy semble s’être poursuivi durant les quelques années qui ont suivi, ce qui soulève des soupçons importants sur le fait qu’il fût intentionnel. Une possibilité évidente est que McCarthy comprenait le pouvoir énorme détenu par les organisations juives et les organes médiatiques dominés par des Juifs, ce qui l’aurait amené à délibérément limiter ses accusations à des cibles non-juives dans l’espoir de minimiser l’hostilité juive et toute dangereuse accusation d’« antisémitisme ». Mais l’arrestation du réseau d’espion quasiment exclusivement composé des Juifs impliquant les Rosenberg n’avait pas provoqué ce type de retour de flamme majeur, pas plus que les accusations précédentes ciblant Harry Dexter White et les divers autres agents juifs de Staline démasqués durant les quelques années qui avaient précédé. En outre, les événements ont rapidement prouvé que McCarthy se montrait extrêmement imprudent et erratique en lançant ses accusations, ce qui ne correspond pas du tout au type de personnalité de la part de laquelle on s’attendrait suivre un plan stratégique aussi prudent. Il s’ensuit qu’un autre facteur fût sans doute responsable de ce biais.

Je pense que la réponse la plus probable à cette énigme a été produite dans The Judas Goats , publié en 2006 par Michael Collins Piper, le célèbre chercheur de complots. Cet ouvrage intéressant discute des nombreuses affaires de mouvements politiques et de dirigeants étasuniens dont Piper affirme qu’ils œuvraient secrètement sous contrôle de marionnettistes juifs, visant à détourner les activistes dans des activités moins menaçantes envers la domination juive existante sur les États-Unis. Piper consacre la plus grosse partie de l’un de ses chapitres au cas de McCarthy.

L’un des mentors personnels de Piper était DeWest Hooker, que l’on ne trouve quasiment jamais mentionné dans l’histoire dominante, mais qui fut une personnalité éminente de la frange nationaliste des États-Unis, qui par le passé avait été mentor de George Lincoln Rockwell, le fondateur du parti nazi étasunien des années 1950. Hooker affirma avoir découvert que l’ensemble de la campagne anti-communiste de McCarthy avait été orchestrée par une organisation dénommée l’American Jewish League Against Communism (AJLAC) et avait pour objectif de détourner l’attention du public du nombre écrasant d’agents communistes juifs. Selon Hooker, l’AJLAC était principalement financée par Bernard Baruch, le puissant financier juif, et avait recruté McCarthy comme façade pour le projet. Hooker avança cette information choquante au cours d’un témoignage sous serment de 1954, que Piper publia en le parsemant de notes portées en italiques par Hooker :

Il y a quelque temps, j’ai vécu une interview stupéfiante de 2 heures avec Norman L. Marks, de l’American Jewish League Against Communism, Inc.

De fait, c’est une tierce partie qui m’y a fait venir, et M. Mark ne savait rien de ma personne (et il s’est donc largement ouvert, car la personne qui m’a amené disposait de sa « confiance »).

L’AJLAC dispose de bureaux au 220 Ouest de la 42ème rue, à New York. Son président national est Alfred Kohlberg. Son directeur général est le rabbin Benjamin Schultz, et son trésorier est Harry Pasternak. À son conseil national, on trouve les membres suivants : Bern Dibner, Lawrence Fertig, Theodore Fine, Benjamin Gitlow, Hon. Walter R. Hart, Herman Kashins, Eugene Lyons, Norman L. Marks, Morris Ryskins, le rabbin David S. Savitz, Nathan D. Shapiro, George E. Sokolsky, Maurice Tishman, le rabbin Ascher M. Yager…

M. Marks, listé ci-dessus et dont le nom figurait sur les documents à en-tête de l’AJLAC comme membre du conseil national, affirma : « De très loin, le principal contributeur financier à l’AJLAC est M. Bernard Baruch. » Lorsqu’on lui a demandé à ce stade à quel pourcentage il estimait les contributions de M. Baruch, il répondit : « Environ 85 ou 90% des fonds. »

J’ai dit que j’avais pensé que M. Kohlberg était le principal contributeur à l’AJLAC, et M. Marks a répondu : « Eh bien, il contribue de certaines sommes, mais loin du niveau de Baruch. » J’ai demandé à M. Marks pourquoi le nom de Baruch n’apparaissait pas sur les documents à en-tête. Il affirmé que Baruch insistait beaucoup pour que son nom n’apparût PAS sur les documents à en-tête, et que ses contributions à l’organisation devaient rester confidentielles…

Il a affirmé qu’il n’y avait que deux objectifs à ces financements : que l’objet Numéro Un était de détourner la pression de la judéité du communisme, et que l’objectif secondaire était de faire lâcher le Communisme aux Juifs pour soutenir le Sionisme. Il a affirmé qu : « depuis un moment, presque tous les espions des Communistes qui se sont faits prendre étaient des Juifs, et qu’ils s’en préoccupaient et pensaient qu’il fallait agir pour atténuer cette négativité pesant sur les Juifs. Ils voulaient montrer au monde chrétien que TOUS les Juifs n’étaient pas communistes »

Marks a déclaré : « C’était nous qui écrivions les discours pour McCarthy, en Virginie Occidentale, qui ont lancé son ascension pour devenir le célèbre anti-communiste qu’il est aujourd’hui. Les pressions que nous exerçâmes sur la presse ont fait en sorte qu’il obtint toute l’attention que l’on sait. En retour de cette ascension, il convint de ne pas dénoncer ni d’exposer les Juifs membres du mouvement communiste par ses enquêtes menées au travers de son sous-comité. »

M. Marks a affirmé que de nombreux Juifs désignaient McCarthy comme antisémite, mais qu’il ne savaient presque rien sur le fait qu’« il est le meilleur ami que les Juifs aient jamais eu. »

Marks de poursuivre que « d’autres investigations auraient pu mettre en cause des Juifs, et que McCarthy avait obtenu du crédit pour cela, mais que si nous retracions les archives, nous découvririons que McCarthy ne mit pas en cause le moindre Juif durant cette période alors que cela chauffait pour les Juifs. » Il a nuancé par la suite ces remarques en disant que « tant que McCarthy opérait dans le cadre d’un sous-comité temporaire sous l’administration Truman, il ne s’en prit pas aux Juifs ; qu’après son élection au poste de président du comité permanent d’investigation, au sein de la nouvelle administration, il commença alors à appeler les témoins « comme ils se présentaient. »

[C’est-à-dire, que les témoins soient « juifs ou non, » selon Hooker – Ed.]

M. Marks a poursuivi : « Mais cela ne constitue plus guère de différence, car il a désormais accepté que nos hommes travaillent directement avec lui. Par exemple, il a accepté pour principal collaborateur Roy Cohn, un accord qui a été arrangé en passant par un autre homme à nous, George Sokolsky »

M. Marks a poursuivi que « non seulement McCarthy est-il sous notre contrôle mais Jenner et Velde le sont également, qui ont également recruté des hommes à nous. Benny Mandel et Robert Morris nous représente au comité Jenner. » Il a fait mention de Robert Kunzig comme « homme à eux » pour Velde.

Marks a également affirmé fermement que le professeur Louis Budenz était sous « leur contrôle » et était un « homme à eux, » et qu’il travaillait pour retirer de la pression aux Juifs.

[Budenz était un « ex-communiste » bien connu, qui est devenu une figure de proue du soi-disant mouvement anti-communiste, dont des éléments clés étaient passés sous contrôle des éléments sionistes et trotskystes. Les révélations de Hooker expliquent pourquoi – Ed.]

Il a affirmé que [Alfred] Kohlberg, leur président national, était celui qui « avait trouvé » Budenz alors qu’il témoignait à Washington et Kohlberg « l’a choisi et l’a soutenu en pratique pendant un certain temps, afin de le lancer et d’en faire l’homme qu’il est aujourd’hui au sein du mouvement anti-communiste. »

Marks a également affirmé qu’ils avaient fait élire « Robert Morris, leur homme », récemment comme juge à New York, et que Victor Lasky était un autre de leurs hommes qui avait fait beaucoup de « travail de presse » pour eux, et « conçu des discours qui favorise leurs gens, par exemple Robert Morris. » Il a affirmé : « Tous ces gens sont tombés d’accord pour retirer la pression aux Juifs. »

Je me souviens à présent d’une autre affirmation de M. Marks selon qui « il y a un vaste bassin d’informations dans la région de New York et dans tout le pays, qui est connecté avec notre organisation. »

J’ai demandé si J.B. Matthews et ses fichiers faisaient partie « du deal » et il a affirmé : « Oui, nous avons accès à tous ses fichiers. »

[J.B. Matthews était un « croisé anti-communiste » de premier plan à l’époque, mais clairement sous le contrôle des Sionistes-Trostkystes. – Ed.]

Il a dit qu’ils comptent au moins « trente Communistes salariés par nous qui nous rapportent des informations, » et que « nous savons tout ce qui se produit dans ce domaine »

Comprenez-moi bien : je suis tout aussi anti-communiste que chacun d’entre vous, mais je ne veux pas que notre pays fonce tête baissée dans des pièges permettant à ces pseudo-patriotes d’« utiliser » les instincts aigus du peuple étasunien et du mouvement anti-communiste à leurs fins diaboliques.

En d’autres termes, certains de ces pseudo-patriotes sont « anti-communistes, » c’est-à-dire « opposés au communisme de Staline, » mais sont ultra favorables à une autre forme de communisme (à la sauce américaine) amenant à une dictature menée par eux aux États-Unis et le reste du monde dirigé par Bernard Baruch et la foule qu’il représente.

(Signé) DeWest Hooker

En forte confirmation des affirmations de Hooker, Piper a cité plusieurs paragraphes de John Edgar Hoover, publié en 1972 par le journaliste d’investigation Hank Messick, un auteur de premier plan sur le thème du crime organisé, décrivant la création de l’AJLAC :

Les motivations de la création de la Ligue étaient diverses, mais l’une d’entre elles était l’auto-protection… De nombreux intellectuels étasuniens étaient Juifs. Durant le New Deal, certains d’entre eux s’étaient hissés à de hauts postes. En outre, Karl Marx en personne était le fils d’un Juif par la suite converti au christianisme. Adopter la position saine, résister aux souillures injustes et aux tentatives menées par les bigots pour dépeindre les Juifs comme pro-rouges, voilà qui ne pouvait qu’énerver les gens. Il valait mieux lancer l’offensive directement contre la menace communiste. Telle était l’attitude de certains Juifs — ou au moins l’excuse qu’ils apportèrent à leurs amis — dans une hystérie nationale établie en 1948.

La possibilité d’une attaque anti-communiste se transformant en persécution des Juifs était très présente dans les esprits des dirigeants du gouvernement chargés de poursuivre les espions supposés de la bombe atomique, Julius et Ethel Rosenberg. On choisit pour cette raison un juge juif, et le personnel juridique choisi pour instruire l’affaire fut composé de Juifs. L’un de ses membres était Roy Cohn.

Selon Messick, l’AJLAC et la plupart de ses membres dirigeants s’étaient ralliés derrière la campagne présidentielle de 1948 du républicain Thomas Dewey, et ils furent tout aussi surpris que tout le monde lorsque Truman fut réélu par surprise, ce qui les amena à finalement recruter McCarthy comme façade pour leur projet anti-communiste :

En 1948, la défaite inattendue de Dewey énerva nombre de gens, et rendit nécessaire à l’American Jewish League Against Communism de revoir son programme. Il fallait trouver une figure politique derrière laquelle il pourrait se rallier. De manière fortuite, la Ligue se trouvait en possession d’un rapport de cent pages du FBI sur l’influence communiste sur le gouvernement. Le rapport fit au départ l’objet d’une fuite à destination d’un agent des renseignements du Pentagone avec pour instruction de la transmettre aux dirigeants de la ligue… Nous avons la parole de nul autre que Roy Cohn que le document secret du FBI fût lu, et que des conférences furent tenues à New York et à Washington. Selon Cohn, « un petit groupe » prit « sur lui la responsabilité de faire connaître l’histoire dans tous les États-Unis. »

La Ligue décida qu’elle devait approcher un sénateur plutôt qu’un représentant [au Congrès, NdT]. Lors d’une réunion à Washington en novembre 1949, un comité spécial de la ligue « passa au crible l’annuaire officiel des sénateurs des États-Unis à la recherche d’un sénateur qui pourrait entreprendre la tâche d’éduquer ses compatriotes étasuniens. Ils restreignirent la liste à quatre possibilités, tous Républicains. On laissa chacun des sénateurs jeter un œil au rapport du FBI. On exhorta chacun d’entre eux d’adopter le sentier de la guerre. On promit à chacun un soutien financier. Les trois premiers sénateurs de la liste refusèrent. Le quatrième emporta le document chez lui et le lut soigneusement. Le lendemain matin, il appela un membre de la Ligue et lui affirma qu’il « saisissait l’opportunité. » Ce quatrième sénateur avait pour nom Joseph McCarthy.

De nombreux historiens ont noté avec une grande surprise qu’un obscur sénateur comme McCarthy, qui n’en était qu’à son premier mandat, ait attiré une couverture médiatique nationale massive en raison des accusations qu’il lança face à un club de Femmes Républicaines peu important de Wheeling, en Virginie Occidentale, alors que les attaques précédentes lancées contre la subversion communiste par des figures politiques beaucoup plus connues étaient largement restées ignorées. Mais si McCarthy n’agissait que comme façade pour une organisation juive puissante et bien connectée, le résultat se fait beaucoup moins mystérieux.

Je trouve également très intéressant que le témoignage sous serment de Hooker ait rapporté que la plupart des autres figures publiques anti-communistes de haut niveau de cette période opérassent également sous influence et contrôle juifs. Parmi eux, on trouve supposément J.B. Matthews, un chercheur anti-communiste de premier plan, qui provoqua en 1953 une énorme tempête médiatique lorsqu’il publia un étrange article dont la première phrase affirmait que « le plus important des groupes soutenant l’appareil communiste aux États-Unis est composé de membres du clergé protestant. » Cette accusation apparut tellement étrange à ses contemporains qu’à nous de nos jours, mais elle devient un peu moins inexplicable si l’on envisage que Matthews pût agir sous influence juive, et œuvrer à diriger les soupçons du public dans toutes les directions hormis leur propre groupe ethnique.

Selon Piper, les attaques maccarthystes contre les agents communistes soviétiques peuvent en partie se comprendre comme une bataille menée sur le sol étasunien entre les Juifs loyaux envers le communisme staliniste et leurs ennemis acharnés membres de la faction juive trotskyste-sioniste :

Et bien que McCarthy eût en grande partie raison, semble-t-il, en indiquant que l’on trouvait bien des « communistes dans le gouvernement, » il est probablement raisonnable d’affirmer que la guerre qui fut menée à Capitol Hill durant les auditions de McCarthy et dans les médias ne fut en réalité guère plus qu’un débordement aux États-Unis de la guerre menée de longue date entre les éléments communistes nationalistes russes survivants en Union Soviétique (menés par le passé par Josef Staline) et leurs âpres ennemis du mouvement juif-sioniste-trotskyste qui était désormais confortablement installé sur le sol des États-Unis.

Bien entendu, rien de cela n’indique que McCarthy n’entretînt pas des motivations sincères, mais il se faisait clairement manipuler par des forces qui dépassaient de loin sa compréhension.

Et le fait que son principal « conseiller » fût l’omniprésent Roy Cohn, qui continua de jouer un rôle majeur comme « intermédiaire discret » sioniste (œuvrant dans le même temps comme avocat pour le crime organisé) indique précisément ces forces qui guidaient McCarthy vers sa destruction ultime…

Ce n’est probablement pas une coïncidence que l’une des cibles principales de McCarthy — l’ancien général George C. Marshall — fût en réalité l’un des critiques étasuniens les plus virulents (sous l’administration Truman) de l’établissement de l’État sioniste d’Israël…

Ces révélations au sujet de l’ère McCarthy n’ont pas pour but de suggérer qu’il n’existait aucun traître communiste déloyal au sein du système étasunien. En vérité, à de nombreux égards, feu le sénateur McCarthy cible bel et bien correctement un grand nombre de communistes au sein du gouvernement, des médias et du système universitaire. Mais l’histoire de McCarthy est en réalité nettement plus vaste que ce que nous en sûmes par le passé…

Les Sionistes et les Trotskystes avaient réussi à fusionner, ayant trouvé une cause commune, et avaient lancé leur mouvement pour s’emparer de l’authentique mouvement « anti-communiste » aux États-Unis et le manipuler — comme un ennemi de l’intérieur — agissant comme une chèvre de Judas, et menant de véritables patriotes à la destruction.

Dans les recoins les plus conspirationnistes de l’Internet contemporain, les accusations envers des personnalités politiques de premier plan représentant une « opposition contrôlée » sont très courantes, presque omniprésentes, et souvent fondées sur des preuves très minces ou inexistantes. Mais dans le cas du sénateur Joseph McCarthy, cela semble avoir été réellement le cas, que ce législateur très porté sur la boisson le comprît pleinement ou non à l’époque. Et des facteurs semblables peuvent avoir lourdement influencé le comportement de nombreux autres anti-Communistes de cette époque.

McCarthy avait une personnalité imprudente erratique, agitée et malhonnête, et était d’évidence sur les rails pour le désastre. Mais la plupart des observateurs conviennent que sa destruction politique de 1954 découla principalement de terribles erreurs commises par Roy Cohn, le jeune procureur juif bien connecté de New York, qu’il avait désigné comme principal conseiller au sein de son comité sénatorial en début d’année précédente.

Sans doute le parrain politique public le plus important de McCarthy fut-il Joseph Kennedy, l’un des hommes les plus riches des États-Unis, qui fut durant des décennies une personnalité puissante au sein du Parti démocrate, qui avait réussi à élever son fils John au rang de sénateur en novembre 1952, et le positionnait déjà pour qu’il finisse par se présenter à la présidence. Lorsque McCarthy prit la présidence de son comité début 1953, le vieux Kennedy exerça des pressions pour qu’il prenne son autre fils, Robert, comme conseiller principal, mais le sénateur choisit Cohn à la place, et Robert fut nommé assistant du conseiller. Cette décision est beaucoup plus facile à comprendre si McCarthy avait également des parrains juifs cachés pouvant rivaliser avec le pouvoir et l’influence de la famille Kennedy.

Le choix de Cohn s’est avéré absolument désastreux pour le sénateur. Bien que Cohn fût nettement plus intelligent, compétent et mieux formé que McCarthy, il était tout aussi imprudent et malhonnête que lui, tout en se montrant remarquablement arrogant et privilégié. Homosexuel caché, âgé de 25 ans environ, il fit immédiatement entrer dans l’organisation un riche ami juif riche mais totalement incompétent du même âge, portant le nom de G. David Schine, largement soupçonné d’avoir été son amant. Les frasques publiques des deux jeunes hommes lors de leur tournée d’enquête très en vue, les amenant dans diverses villes d’Europe, produisirent des gros titres extrêmement négatifs.

En quelques mois, une amère hostilité se développa également entre Cohn et le jeune Kennedy, qui finit par présenter sa démission, et qui finit par rejoindre le comité comme principal conseiller de la minorité Démocrate début 1954. Il pesa alors de tout son poids aux côtés des opposants politiques de McCarthy durant les auditions McCarthy-Armée, qui eurent pour effet de détruire le sénateur du Wisconsin.

Pour aggraver la situation, Cohn lança bientôt une grande campagne visant à purger les homosexuels dissimulés au sein du gouvernement, les considérant comme des « risques de sécurité » au cours de la dite « Lavender Scare. » Cela posa naturellement la question de sa propre sexualité, et les rumeurs qui suivirent s’étendirent rapidement à McCarthy lui-même, qui n’était pas marié, et certains des nombreux ennemis du sénateur allèrent jusqu’à publier des récits accusatoires en la matière. Ces soupçons se poursuivirent malgré le mariage contracté en septembre 1953 entre McCarthy et l’une de ses collaboratrices les plus proches.

Les forces personnelles de Cohn elles-mêmes se révélèrent préjudiciables à McCarthy, car le sénateur apathique tomba de plus en plus sous le joug de son subordonné plus énergique et plus compétent, au point que Cohn paraissait souvent davantage responsable des sujets que son supérieur. Par exemple, lorsque Cohn et McCarthy envoyaient des demandes contradictoires à divers dirigeants du gouvernement, ceux-ci n’étaient souvent pas sûrs de laquelle considérer comme la plus importante.

L’extrême arrogance manifestée par Cohn finit par se révéler fatale politiquement. La seconde guerre mondiale n’avait pris fin que quelques années auparavant, et la guerre de Corée continua de faire rage jusqu’en juillet 1953, si bien que le service militaire obligatoire était considéré comme faisant partie du contrat social étasunien, et que l’on tenait dans l’ensemble l’armée étasunienne en grande estime. Cohn avait réussi à user de ses connexions politiques pour éviter la conscription, pour lui-même et pour son proche ami, Schine, un fait embarrassant dont les ennemis médiatiques de McCarthy s’emparèrent bientôt. Lorsque le comité commença à enquêter sur les problèmes de sécurité dans les installations de l’armée, les dirigeants militaires revinrent sur le statut de Schine et l’enrôlèrent, sans doute en représailles.

Cohn réagit avec furie à ce développement, et le jeune collaborateur appela personnellement les hauts dirigeants de l’armée à des dizaines de reprises, les menaçant de manière répétée des pires conséquences politiques si Schine ne se voyait pas accorder toutes sortes de privilèges spéciaux. Il exigea même que son jeune ami totalement incompétent fût immédiatement promu officier, et autorisé à réaliser son service militaire au sein de l’équipe de McCarthy, ce qui revenait dans les faits à annuler sa conscription.

L’armée fit bientôt connaître le comportement totalement inapproprié de Cohn, déclenchant les semaines d’auditions McCarthy-Armée, diffusées en intégralité à la télévision, qui attirèrent un audimat colossal, estimé à 80 millions de personnes, soit la moitié des Étasuniens. Cette apparition télévisée de McCarthy et de Cohn se révéla désastreuse pour eux, et la désapprobation du public envers McCarthy monta en flèche.

Une décennie plus tard, les bandes vidéos non montrées de nombreuses scènes centrales de ces auditions furent publiées dans le documentaire Point of Order de 97 minutes, et regarder ces bandes contribue à expliquer le déclin rapide de la stature publique de McCarthy.

C’est un fait bien connu que de nombreux coups, parmi les plus graves portés à la réputation de McCarthy, provenaient de Joseph Welch, l’avocat futé de Boston qui avait été retenu pour défendre les intérêts de l’armée. Mais je n’avais pas réalisé que certaines des déclarations les plus frappantes de Welch avaient concerné de manière plutôt directe l’homosexualité de Cohn, de Schine, et peut-être du sénateur lui-même, des déclarations qu’il avait prononcées suivant des termes sans doute bien compris par le public étasunien de l’époque, mais qui m’avaient jusqu’ici échappé.

L’important contexte de ces insinuations d’homosexualité a été couvert avec moult détails dans Gossip Men, un livre par ailleurs plat et politiquement correct, paru en 2021 sous la plume de Christopher M. Elias. À cause notamment de ces facteurs, Cohn fut rapidement contraint à la démission.

Dwight Eisenhower, le président des États-Unis, méprisait McCarthy depuis longtemps, et attendait la bonne opportunité d’agir contre lui, et le rapide déclin du sénateur dans le soutien populaire lui offrit précisément cette ouverture. Ayant pris des coups importants en raison de ses attaques télévisées contre l’armée des États-Unis, et du fait de la perte de Cohn, et avec le président de son propre parti désormais confronté directement à lui, McCarthy eut dès lors son destin scellé, et en quelques mois, le Sénat vota en séance plénière à la quasi-unanimité sa censure. Cela brisa son pouvoir politique et médiatique de manière permanente, et il se retrouva délaissé, ignoré et à la dérive ; il sombra dans l’alcool jusqu’à en mourir quelques années plus tard.

Après sa démission, Cohn poursuivit quant à lui une longue carrière emplie d’imprudences et de controverses notoires, mais souvent très réussie, en tant qu’avocat privé à New York. En s’appuyant sur ses puissantes connexions politiques, ses échanges de faveurs et une grande expertise en matière de chantage et de corruption, il passa des décennies à représenter les intérêts aussi bien de gros que de petits poissons, allant de grosses entreprises et de riches dirigeants au diocèse local, en passant par des mafieux de haut rang, et il est à noter qu’il fut mentor d’un jeune promoteur immobilier portant le nom de Donald Trump.

Sur cette route, il arriva que Cohn escroquât ou mentît à ses propres clients, et certaines de ces victimes ont affirmé avoir craint qu’il pût déployer ses amis gangsters pour les faire tuer s’ils le contrariaient. La longue histoire de Cohn en matière de mauvais comportement finit par le rattraper, car il fut rayé du barreau en 1986, quelques semaines avant de mourir du SIDA à l’âge de 59 ans, décès qui survint après qu’il passa devant tout le monde pour devenir l’un des premiers patients à se voir administrer de l’AZT.

La vie extrêmement controversée de Cohn a été racontée dans le best-seller Citizen Cohn, paru en 1988 sous la plume de Nicholas von Hoffman, journaliste au Washington Post, et la plus longue section du livre couvre le temps qu’il passa aux côtés de McCarthy. Bien que le biographe surprenne par sa sympathie avec son sujet, il m’est apparu que Cohn n’a jamais essayé d’une quelconque manière de se racheter, la seule exception résidant dans son anti-communisme apparemment sincère qui, chose ironique, fut précisément la raison qui lui attira le plus d’hostilité de la part de ses pairs sociaux de New York.

L’auteur rapporte également qu’au début des années 1950, Cohn affirma sans détour à un producteur de télévision de Washington que « tous les Juifs ne sont pas communistes, mais la plupart des Communistes sont juifs. »

Pour qui préférerait intégrer ces éléments sous un format différent, ce livre de 500 pages a rapidement fait l’objet d’une adaptation en 1992 en un téléfilm portant le même nom et dans lequel joue James Wood, et on peut le voir gratuitement sur Youtube.

L’un des incidents les plus choquants du film illustre la culture secrète de chantage personnel qui semble avoir lourdement dominé la vie politique étasunienne durant les années 1950 et les années 1960, et ce en dépit de leur apparence placide. En 1968, J. Edgar Hoover était très hostile envers le sénateur Robert F. Kennedy, candidat à la présidence, et demanda à Cohn de recruter l’un de ses amis les plus proches, le très respecté représentant démocrate Neal Gallagher, pour un travail important. Hoover demanda à Gallagher d’attaquer la réputation de Kennedy en divulguant le fait qu’alors qu’il était Procureur général, le candidat avait approuvé les écoutes téléphoniques du révérend Martin Luther King, Jr., puis en organisation des auditions publiques pour souligner cette histoire dérangeante.

Mais Gallagher hésita à s’en prendre à un Démocrate aussi puissant, une personnalité proche d’occuper prochainement le Bureau Ovale. Hoover répliqua donc en faisant paraître par le magazine Life un récit basé sur les écoutes du FBI que Gallagher avait par le passé demandé à ses amis du crime organisé de faire disparaître un cadavre qui était apparu au sous-sol du propre domicile de Gallagher. Hoover s’engagea à divulguer d’autres informations tout aussi embarrassantes si le membre du Congrès récalcitrant ne présentait pas sa démission.

Le scandale médiatique qui en résulta menaça la réélection de Gallagher dans son district du New Jersey, et il fit demander par Cohn à Hoover de désavouer ce récit en le déclarant faux, l’avertissant que si cela n’arrivait pas rapidement, il entraînerait avec lui dans sa chute le très craint directeur du FBI.

En tant que représentant au Congrès, Gallagher disposait du droit de prononcer chaque jour un discours d’une durée d’une minute sur n’importe quel sujet, et il affirma qu’il profiterait de cette opportunité pour dénoncer Hoover, qui avait passé vingt-huit ans à vivre luxueusement dans une relation de « mari et femme » aux frais du contribuable avec Clyde Tolson, le deuxième plus haut dirigeant du FBI durant toute cette période. Il promit de réitérer cette même accusation publique toutes les vingt-quatre heures durant toutes les semaines s’écoulant jusqu’à l’élection, et cette grave menace fit reculer Hoover, qui fit retirer par Life son récit, ce qui permit à Gallagher de remporter sa réélection. Mais plusieurs années plus tard, très peu de temps avant la mort de Hoover, Gallagher fut subitement inculpé de nombreux chefs de corruption et d’évasion fiscale, et jeté en prison, ce qui m’amène à m’interroger sur l’idée que le directeur du FBI vengeur ait pu jouer un rôle dans cette conclusion.

Lorsque j’ai visionné le film, l’ensemble de l’incident Gallagher m’est apparu tellement impossible que j’ai supposé qu’il avait constitué le produit de l’imagination fertile d’un scénariste de Hollywood. Mais il s’avère que le livre présente les mêmes faits, qui ont été confirmés par ailleurs par des récits parus dans le magazine Life et par diverses autres sources publiées.

Au début des années 1950, McCarthy et ses accusations sauvages ont attiré davantage d’attention politique que quiconque aux États-Unis hormis le président en exercice, mais il s’est avéré constituer une planche pourrie pour la cause communiste qu’il vint rapidement à personnifier. L’ascension politique de McCarthy fut probablement orchestrée par une puissante faction juive sioniste, qui l’utilisa contre une faction juive communiste rivale et en lui fourguant un Cohn tout aussi défaillant. L’extrême imprudence de l’équipe McCarthy/Cohn finit par provoquer leur chute, et la cause intérieure de l’anti-communiste tomba en grande partie avec eux.

Pourtant, de manière étrange, au cours des mêmes années exactement, il existait un autre personnage anti-communiste très différent, ne présentant aucune de ces failles, et contrôlé par aucune faction juive, puisqu’il se montrait tout aussi critique du sionisme que du communisme.

Alors que McCarthy était brutal, ignorant, et factuellement imprudent, le professeur John Beaty, de la Southern Methodist University, était un universitaire très bien vu, scrupuleusement respectueux des faits. L’historique de guerre supposément héroïque de McCarthy était largement une invention, alors que Beaty avait passé ses années de guerre à réaliser un travail crucial de renseignements à un poste très élevé. Les attaques répétées lancées par McCarthy contre les dirigeants militaires du pays provoquèrent la colère d’Eisenhower, et finirent par déboucher sur la destruction politique du sénateur, alors que le travail important de Beaty lui attira des éloges éclatants de la part de nombreux hauts commandants militaires.

Mais alors que le comportement auto-destructeur de McCarthy fit de lui la personnalité la plus connue — et la plus infamante — des États-Unis, et en fit par conséquent le sujet d’innombrables livres à paraître, les informations extrêmement dangereuses présentées par Beaty garantirent que celui-ci ne reçût pour ainsi dire aucune couverture médiatique, ni à l’époque, ni par la suite. Le nom de Beaty n’est quasiment jamais mentionné dans les livres ou articles qui décrivent cette époque, et il est tellement invisible que je n’ai découvert son existence que par accident.

J’ai fait pour la première fois mention de l’histoire très intéressante de Beaty dans un article de 2018, mais j’en ai discuté plus en détails en 2019 :

Il y a quelques années, je suis tombé sur un livre qui m’était totalement inconnu, datant de 1951 et intitulé Rideau de Fer sur l’Amérique de John Beaty, un professeur d’université très respecté. Beaty avait passé ses années de guerre dans le renseignement militaire, étant chargé de préparer les rapports de briefing quotidiens distribués à tous les hauts responsables américains résumant les informations de renseignement acquises au cours des 24 heures précédentes, ce qui était évidemment un poste à responsabilité considérable.

En tant qu’anti-communiste zélé, il considérait une grande partie de la population juive américaine comme profondément impliquée dans des activités subversives, constituant ainsi une menace sérieuse pour les libertés traditionnelles américaines. En particulier, la mainmise juive croissante sur l’édition et les médias rendait de plus en plus difficile pour les points de vue discordants d’atteindre le peuple américain, ce régime de censure constituant le « rideau de fer » décrit dans son titre. Il accusait les intérêts juifs de pousser à une guerre totalement inutile contre l’Allemagne hitlérienne qui cherchait depuis longtemps de bonnes relations avec l’Amérique mais qui avait subi une destruction totale en raison de sa forte opposition à la menace communiste qui était soutenue par les Juifs d’Europe.

Beaty dénonçait aussi vivement le soutien américain au nouvel État d’Israël, qui nous coûtait potentiellement la bonne volonté de millions de musulmans et d’Arabes. Et en passant, il a également critiqué les Israéliens pour avoir continué à prétendre qu’Hitler avait tué six millions de juifs, une accusation hautement invraisemblable qui n’avait aucun fondement apparent dans la réalité et semblait n’être qu’une fraude concoctée par les juifs et les communistes, visant à empoisonner nos relations avec l’Allemagne de l’après-guerre et à soutirer au peuple allemand qui souffrait depuis déjà longtemps de l’argent pour l’État juif.

Il dénonçait aussi le procès de Nuremberg, qu’il décrivait comme une «tache indélébile majeure» sur l’Amérique et une «parodie de justice». Selon lui, la procédure était dominée par des Juifs allemands vengeurs, dont beaucoup se livraient à la falsification de témoignages ou avaient même des antécédents criminels. En conséquence, ce «fiasco fétide» n’a fait qu’enseigner aux Allemands que «notre gouvernement n’avait aucun sens de la justice». Le sénateur Robert Taft, le chef républicain de l’immédiat après-guerre, avait une position très similaire, ce qui lui a valu plus tard l’éloge de John F. Kennedy dans Profiles in Courage. Le fait que le procureur en chef soviétique de Nuremberg ait joué le même rôle lors des fameux procès staliniens de la fin des années 1930, au cours desquels de nombreux anciens bolcheviques ont avoué toutes sortes de choses absurdes et ridicules, n’a guère renforcé la crédibilité des procédures aux yeux de nombreux observateurs extérieurs.

À l’époque comme aujourd’hui, un livre prenant des positions aussi controversées avait peu de chance de trouver un éditeur new-yorkais, mais il fut quand même publié par une petite entreprise de Dallas, puis remporta un énorme succès, étant réimprimé dix-sept fois au cours des années suivantes. Selon Scott McConnell, le rédacteur en chef fondateur de The American Conservative, le livre de Beaty est devenu le deuxième texte conservateur le plus populaire des années 1950, ne se classant qu’après le classique emblématique de Russell Kirk, The Conservative Mind.

Les livres d’auteurs inconnus qui sont publiés par de minuscules éditeurs se vendent rarement à beaucoup d’exemplaires, mais le travail a attiré l’attention de George E. Stratemeyer, un général à la retraite qui avait été l’un des commandants de Douglas MacArthur, et il a écrit une lettre d’approbation à Beaty. Beaty a commencé à inclure cette lettre dans son matériel promotionnel, suscitant la colère de l’ADL  [Anti Defamation League], dont le président national a contacté Stratemeyer, lui demandant de répudier le livre, qui a été décrit comme une « amorce pour les groupes marginaux déments » partout en Amérique. Au lieu de cela, Stratemeyer a donné une réponse cinglante à l’ADL, la dénonçant pour avoir proféré des « menaces voilées » contre « la liberté d’expression et de pensée » et tenté d’établir une répression à la soviétique aux États-Unis. Il déclara que tout « citoyen loyal » devrait lire The Iron Curtain Over America, dont les pages révélaient enfin la vérité sur la situation de notre pays, et il commença à promouvoir activement le livre dans tout le pays en attaquant la tentative juive de le faire taire. De nombreux autres généraux et amiraux américains de haut rang se sont rapidement joints à Stratemeyer pour appuyer publiquement le travail, tout comme quelques membres influents du Sénat américain, ce qui a conduit à ses énormes ventes nationales.

Ayant maintenant découvert que les vues de Beaty étaient tout à fait cohérentes avec celles de presque tous nos professionnels du renseignement militaire, j’ai décidé de relire son petit livre, et j’en ai été profondément impressionné. Son érudition et son sang-froid étaient exactement ce que l’on pouvait attendre d’un universitaire accompli, titulaire d’un doctorat de l’Université Columbia, qui avait atteint le grade de colonel au cours de ses cinq années de service dans le renseignement militaire et dans l’état-major général. Bien que fortement anti-communiste, Beaty était, de toute évidence, un conservateur modéré, très judicieux dans ses affirmations et ses propositions. La dénonciation hystérique de Bendersky a une influence fâcheuse sur la crédibilité de l’émetteur de cette fatwa.

Le livre de Beaty a été écrit il y a près de 70 ans, au tout début de notre longue guerre froide, et n’est guère exempt de diverses erreurs largement répandues à l’époque, ni de préoccupations profondes concernant diverses calamités qui ne se sont pas produites, comme une troisième guerre mondiale. De plus, puisqu’il a été publié quelques années seulement après la victoire de Mao en Chine et au milieu de notre propre participation à la guerre de Corée, sa discussion sur ces grands événements contemporains est beaucoup plus longue et détaillée que ce qui intéresserait probablement les lecteurs actuels. Mais si l’on laisse de côté ces petites imperfections, je pense que le récit qu’il donne des circonstances réelles de l’implication de l’Amérique dans la Première et la Seconde Guerres mondiales et leurs conséquences immédiates est largement supérieur aux versions fortement inclinées et expurgées que nous trouvons dans nos livres d’histoire standard. Et la responsabilité quotidienne de Beaty en temps de guerre de rassembler et de résumer tous les renseignements collectés, puis de produire un résumé qui serait distribué à la Maison-Blanche et à nos autres hauts fonctionnaires lui a certainement fourni une image beaucoup plus précise de la réalité que celle du scribe typique de troisième main.

Nous devrions au moins reconnaître que le livre de Beaty fournit un excellent résumé des croyances des officiers du renseignement militaire américain et de bon nombre de nos principaux généraux au cours de la première moitié du XXe siècle. Le droit d’auteur étant expiré depuis longtemps, je suis heureux de le rendre disponible en format HTML, permettant à ceux qui sont si intéressés de le lire et de juger par eux-mêmes :

Début 2024, j’ai publié un long article discutant plus en détails les éléments exposés par Beaty et son contexte, et j’ai également évalué sa crédibilité, qui m’est apparue comme très élevée.

Né en Virginie Occidentale en 1890, Beaty a obtenu ses diplômes jusqu’au master à l’Université de Virginie, puis son doctorat de philosophie à l’Université de Columbia en 1921. Sa carrière académique, débutée en 1919, s’est entièrement déroulée à enseigner l’anglais à la Southern Methodist University (SMU) à Dallas, et il est devenu professeur titulaire en 1922, et a fini par prendre sa retraite en 1957. Durant la plus grande partie de cette période, il fut président de son département, et il fut également auteur à succès, ayant écrit ou co-écrit une bonne dizaine d’ouvrages, qui finirent par être utilisés dans plus de 700 universités étasuniennes. Durant cette longue carrière, il a joui de divers honneurs et distinctions académiques, et a même été président de la Conférence des Enseignants de la langue anglaise en Premier Cycle universitaire, et jusque 1951, il semble ne s’être jamais attiré de controverse d’importance.

Mais Beaty était un patriote, et il figurait dans la réserve de l’armée, et après que les États-Unis commencèrent à vouloir s’impliquer dans la seconde guerre mondiale, son statut fut réactivé en 1941 et il rejoignit les Renseignements Militaires avec le grade de capitaine ; il y servit jusqu’en 1947, et quitta l’armée avec le grade de colonel, pour reprendre ses activités d’enseignement académique. Durant ces années de guerre, son rôle auprès du gouvernement avait été important, puisqu’il avait été chef de la section historique, et avait également été responsable de résumer tous les renseignements étasuniens disponibles et de produire un rapport quotidien distribué à la Maison-Blanche ainsi qu’à tous les hauts dirigeants politiques et militaires du pays. Plus tard pendant la guerre, on lui demanda également d’interviewer et de débriefer des milliers d’hommes en retour de mission, y compris de très hauts gradés, de résumer les informations et les expériences ainsi récupérées pour les archives du gouvernement. Au vu de l’importance de ces activités, il est probable que fort peu d’Étasuniens fussent davantage familiers que lui de presque tous les aspects de informations disponibles durant la guerre que Beaty, à son retour à la vie civile, en 1947…

De nombreux développements mondiaux l’alarmaient. L’Union soviétique de Staline s’était emparée de la moitié de l’Europe, cependant que ses partis communistes aux ordres détenaient une influence énorme dans une grande partie de l’Europe de l’Ouest, y compris la France, l’Italie et la Grèce. Beaty considérait la victoire communiste de 1949 en Chine comme une défaite stratégique colossale pour l’Occident, et l’éclatement soudain de la Guerre de Corée l’année suivante avait désormais amené l’armée étasunienne dans un conflit militaire direct ; les soldats étasuniens sans expérience et sous-équipés subirent d’importantes défaites au début de ce conflit contre la vaste armée chinoise.

Durant ces années, Beaty avait travaillé sur un ouvrage visant à décrire les causes racines de nos récents désastres, et livrant un récit sans ambages de la guerre mondiale contre l’Allemagne qui s’était récemment terminée. Il pensait qu’à moins que le peuple étasunien apprît ces faits, et se mobilisât politiquement, il perdrait ses libertés traditionnelles et se verrait mené à une troisième guerre mondiale ruineuse contre le puissant bloc communiste. En décembre 1951, il publia donc Le Rideau de Fer sur l’Amérique.

Bien que Beaty eût une carrière universitaire illustre et jouît d’appréciations idylliques pour ses activités durant la guerre, il était un chrétien très conservateur et un anti-communiste engagé, et son ouvrage relativement court mais très documenté traversa toute une gamme de lignes rouges interdites dans les publications étasuniennes, surtout avec le centrage sur ce qu’il considérait comme le rôle énormément pernicieux de groupes juifs organisés dans la politique étasunienne. Il se faisait cinglant à l’encontre des politiques menées par les présidents Démocrates Franklin D. Roosevelt et Harry Truman, mais tout aussi hostile envers nombre de leurs dirigeants de premier plan comme le gouverneur Thomas Dewey, le candidat Républicain à la présidence aux élections de 1944 et 1948. Au vu de ces sentiments, il n’est guère surprenant que son livre ne fût publié que par un petit éditeur de Dallas, et que l’auteur dût avancer de sa poche les coûts du premier tirage.

Les facteurs exacts qui rendirent aussi importants l’ouvrage de Beaty expliquent également les raisons pour lesquelles il n’obtint quasiment aucune attention du public, ni à l’époque de sa publication initiale, ni durant les nombreuses décennies qui se sont écoulées depuis lors.

Ron Unz

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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