Interrogé sur l’abrogation des 35 heures sur RTL, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a déclaré qu’il était nécessaire de travailler plus. S’il est élu à la présidence de la République en 2027, il envisage de modifier la loi Aubry. Édouard Philippe ne s’en cache plus. Le maire du Havre et ancien Premier ministre, toujours fidèle à sa vision libérale et à son obsession des coupes budgétaires, vient d’annoncer sans fard qu’il compte bien enterrer les 35 heures s’il parvient à l’Élysée en 2027.

Sur les ondes de RTL, l’homme politique n’a pas mâché ses mots. Il veut nous faire « travailler plus longtemps dans la semaine, plus longtemps dans l’année et peut-être plus longtemps dans la vie » s’il décroche la présidence.

Les intentions de réforme d’Édouard Philippe

Cette nouvelle attaque contre un acquis social majeur des Français s’inscrit parfaitement dans la lignée de sa politique d’austérité. Après la retraite à 64 ans qu’il a défendue avec ardeur, voilà maintenant qu’il s’en prend au temps de travail hebdomadaire. Travailler toujours plus, mais pour quoi en retour?

Les Français apprécieront cette vision d’un avenir où l’on passe encore plus de temps au travail. Mais après tout, quand on est un politique déconnecté des réalités du terrain, qu’importe la qualité de vie des citoyens?

L’ancien Premier ministre a lâché une petite bombe politique en qualifiant le retour aux 35 heures de « très mauvaise idée ». Mais le fondateur d’Horizons n’en reste pas là.

« Réintroduire les 39h n’est pas forcément une meilleure idée », a-t-il lancé avec ce mélange de prudence et d’ambiguïté qui le caractérise. Difficile de savoir sur quel pied danser avec lui…

La liberté selon Édouard Philippe

Édouard Philippe semble jouer la carte de la liberté, comme beaucoup de politiciens qui, après avoir serré la vis aux Français, leur offrent soudain des miettes d’autonomie. « Je pense qu’il faut laisser de la liberté aux Français », propose-t-il, comme si cette liberté n’était qu’une concession gracieuse venue d’en haut.

Le grand manitou d’Horizons poursuit avec sa vision très technocratique.

« Dès lors qu’on leur dit qu’il va falloir travailler plus, plus longtemps, plus nombreux, on va pouvoir régler un certain nombre de problèmes et d’une certaine façon, gagner mieux sa vie, il faut leur laisser le soin de s’organiser pour ça. »

Une façon bien commode de se défausser sur les travailleurs, en leur laissant « le soin de s’organiser » pour les sacrifices à venir.

Le haut fonctionnaire préfère visiblement rester flou sur les détails. Travailler plus pour gagner plus ? On connaît la chanson, mais les Français attendent encore de voir la couleur de ce « plus ».

Quand les explications omettent les délocalisations

Édouard Philippe prétend ne pas vouloir « jouer le Père Fouettard en disant aux gens de travailler plus ». Quelle générosité !

Pendant qu’Édouard Philippe nous fait la morale sur les 35 heures, Éric Heyer, spécialiste du marché du travail, démontre dans une note publiée dans L’Observatoire français des conjonctures économiques en partenariat avec Sciences Po que cette réforme mise en place entre 1998 et 2000 n’a pas engendré de baisse de la compétitivité de l’économie française. Et il précise : « Les éléments explicatifs sont maintenant bien connus : l’augmentation du salaire horaire lié au passage aux 35 heures a été compensée par une modération salariale ».

Encore un expert qui nous explique que tout va bien ! Alors pourquoi les Français peinent-ils toujours à boucler leurs fins de mois ? Cette fameuse « modération salariale », parlons-en : c’est juste un euphémisme pour dire que les travailleurs ont vu leur pouvoir d’achat stagner pendant que les charges patronales étaient allégées.

Ces « éléments explicatifs bien connus » oublient commodément de mentionner combien d’entreprises ont délocalisé depuis, ou combien ont renoncé à s’installer en France à cause de notre carcan social.