Les recherches menées sur les écosystèmesécosystèmes microbiens vivant au sein de notre organisme, les fameux « microbiotes », révèlent des phénomènes plus surprenants les uns que les autres. Il est reconnu aujourd'hui qu'ils sont indispensables à la santé et qu'un déséquilibre (« dysbiose »), qu'il soit intestinal, buccalbuccal, vaginal ou cutanécutané, peut être en cause dans des maladies comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, l'eczéma, l'endométriose, l'obésité, la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer ou l'ostéoporoseostéoporose.

Le déséquilibre du microbiote impacte la santé mentale

On sait aussi qu'il existe une communication permanente entre le cerveaucerveau et le microbiotemicrobiote intestinal - autrement nommée « axe intestin-cerveau » - et que certaines bactériesbactéries vivant dans l'intestin peuvent moduler l'activité des neuronesneurones et même intervenir dans des maladies psychiques ou neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson.

Pour ce qui est du microbiote buccal, les études montrent qu'une dysbiose est souvent présente chez ceux qui souffrent de troubles psychiatriques tels que les troubles du spectre autistiquetroubles du spectre autistique (TSA), la démencedémence, la schizophrénieschizophrénie, l'anxiété ou la dépression, et que celle-ci pourrait influencer la progression ou les symptômessymptômes de la maladie.

Une équipe de scientifiques chinois a cherché à savoir si le microbiote buccal pouvait se transmettre d'une personne à l'autre par les baisers et si cette transmission pouvait avoir un impact sur la santé mentale. « Étant donné que la transmission bactérienne peut se produire entre conjoints, cette étude visait à déterminer si la transmission du microbiote buccal entre couples nouvellement mariés pouvait influencer les symptômes de dépression et d'anxiété », ont-ils expliqué.

Les conjoints contaminés ?

Les chercheurs ont recruté 268 couples mariés depuis moins de six mois, dans lesquels un des deux souffrait d'insomnieinsomnie, d'anxiété et de dépression, mais pas l'autre. À deux reprises, au premier et au 180^e jour de l'étude, les participants ont subi un prélèvement de leur microbiote buccal et de leur taux de cortisol salivaire (hormonehormone du stressstress).

Les résultats, publiés dans la revue Exploratory Research and Hypothesis in Medicine indiquent qu'après six mois de mariage avec un partenaire souffrant de troubles psychiques, les conjoints en bonne santé présentaient des scores de dépression et d'anxiété plus élevés, ainsi qu'une moins bonne qualité de sommeilsommeil, en particulier les femmes. Leur taux de cortisolcortisol avait également augmenté, ce qui indique la présence de changements physiologiques liés à un stress plus marqué.

Mais le fait le plus troublant est peut-être que la composition bactérienne de leur microbiote buccal s'était considérablement modifiée et se rapprochait de celle de leur partenaire souffrant de troubles psychiques.

D’autres études nécessaires pour déterminer la causalité du lien

« Le transfert du microbiote buccal entre des personnes en contact étroit, comme les couples de la présente étude, pourrait jouer un rôle dans la dépression et l'anxiété, expliquent les chercheurs. Nous avons constaté que les changements dans la composition du microbiote buccal sont associés à des changements dans la gravitégravité de l'insomnie, des niveaux de cortisol salivaire et des scores de dépression et d'anxiété. Nos résultats concordent avec des études antérieures sur les niveaux de cortisol salivaire ainsi que sur les scores de dépression et d'anxiété. »

L'étude présente cependant certaines limites, telles que l'auto-évaluation de l'insomnie, de l'anxiété et de la dépression, l'absence de prise en compte de facteurs de mode de vie communs comme l'alimentation, et le prélèvement du microbiote uniquement sur une partie de la cavité buccale. Toutefois, même si l'étude n'établit qu'une corrélation et non une relation de cause à effet, elle soulève des questions intéressantes... mais qui devront être investiguées. « S'il est déterminé que cette association est effectivement causale, cela pourrait avoir des implications importantes pour la recherche contemporaine », estiment les scientifiques.