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« La Belle et la Bête », par Jul : le premier cas de censure dans l’Éducation nationale ?

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La Belle et la Bête. L’Insoumission.fr publie un nouvel article de sa rubrique « Nos murs ont des oreilles – Arts et mouvement des idées ». Son but est de porter attention à la place de l’imaginaire et de son influence en politique avec l’idée que se relier aux artistes et aux intellectuels est un […]

La Belle et la Bête. L’Insoumission.fr publie un nouvel article de sa rubrique « Nos murs ont des oreilles – Arts et mouvement des idées ». Son but est de porter attention à la place de l’imaginaire et de son influence en politique avec l’idée que se relier aux artistes et aux intellectuels est un atout pour penser le présent et regarder le futur.

Commandé par le ministère de l’Éducation nationale puis annulé de façon arbitraire par cette même administration, le livre La Belle et la Bête, illustré par JUL et destiné aux écoliers avant leur entrée au collège, s’est vu retiré du circuit scolaire et éducatif. Et si ce livre, un classique de la littérature par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, était en réalité le premier cas de « book bans » en France, un phénomène de « censure » mis en place par le gouvernement Trump et qui touche le système éducatif aux États-Unis d’Amérique ? Car c’est bien la place du livre dans l’éducation qui est au centre de ce qu’il faut appeler « l’affaire La Belle et la Bête ». Revenons sur les faits avec le dessinateur. Entretien.

Quelles étaient vos motivations lors de la commande de la Belle et la Bête et au départ qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce projet ?

En fait ce projet m’a été proposé il y a environ un an et demi. C’est une opération de lecture pour l’été « un livre pour les vacances » qui existe maintenant depuis pas mal d’années. Chaque année on offre un classique à des écoliers de CM2 avant leur entrée au collège et quand on me l’a proposé, je me suis dit que ce serait bien de pouvoir rendre accessible quelque chose qui en principe appartient à tous, c’est-à-dire ces grands textes du patrimoine, vers lesquels on n’irait pas forcément et surtout de faire aller un livre dans tous les foyers.

Ce, y compris dans des endroits où on n’a pas beaucoup de livres, où on n’a pas tellement accès aux livres et encore moins aux classiques. Je trouvais que c’était très républicain, très généreux de rentrer là-dedans. Et moi ça me faisait plaisir de retravailler en littérature jeunesse.

Pour aller plus loin : « La Belle et la Bête », par Jul : heurtée, l’Éducation nationale censura

Pouvez-vous revenir sur la censure dont est victime la Belle et la bête et la raison derrière ?

Voici ce qui est arrivé. On a travaillé avec l’éditeur, on a travaillé avec les gens qui s’occupent de ça au ministère de l’Éducation nationale, ensemble, en discutant, en voyant quel genre d’univers on pourrait mettre en scène, sachant que c’est le texte original du XVIIIᵉ siècle. On était particulièrement heureux de pouvoir faire partir ce livre un peu partout.

Et puis la veille de l’impression, alors que tout était validé, que tout était prêt, on a reçu un courrier d’une personne de l’administration qui n’était jamais intervenue et qu’on ne connaissait pas dans lequel on nous annonçait que l’impression ne se ferait pas et que quasiment 800 000 exemplaires ne seraient pas distribués et là évidemment tout le monde a été interloqué. Tous les gens qui avaient suivi le projet et qui étaient contents ont été choqués.

image 82Illustrations de la belle et la bête : ©GrandPalaisRmn-Paris 2025
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Dans votre communiqué vous parlez de « trumpisation », entre le moment de l’annonce de la censure et maintenant la sortie du livre : quel est votre regard sur notre rapport aux livres, à la culture et l’éducation ?

Alors malgré cette censure – ce n’est pas une censure qui va brûler des bouquins mais qui interdit l’accès de ces livres aux écoles – ça ressemble un peu au phénomène américain de « book bans ». Parce que si Donald Trump dit : « vous n’aurez pas tel livre, telle bande dessinée dans les écoles » l’administration Trump se contente juste de les retirer des rayons des bibliothèques, des CDI…

Finalement on a décidé de le sortir en librairie le 18 Juin, mais avec un tirage divisé par 400, ce qui est quand même une décision sans précédent. La maison d’édition – les éditions Grand Palais RMN – qui s’était mis d’accord avec le ministère de l’Éducation nationale a décidé de le sortir et ils se sont montrés extrêmement loyaux mais aussi vraiment enthousiastes à faire vivre ce livre malgré les difficultés dans lesquelles on avait été jetés.

Et au contraire, les autres maisons d’édition ont été pleines de soutien et beaucoup d’éditeurs et d’éditrices se sont proposés pour prendre en charge ce livre pour le faire rayonner parce que tout le monde était, quel que soit son style, un peu interloqué par cette situation.

image 80Dessin de JUL pour le journal l’Humanité (2024), réalisé après la réélection de Donald Trump.

Avez-vous eu le soutien d’associations d’auteurs pour défendre le droit à la liberté de création ? Et dans un cas comme celui-là quels sont les moyens d’action et de défense.

Alors on n’avait pas beaucoup de moyens légaux de toute façon car il se trouve que pour faire ces dessins, ce n’était pas de l’argent qui était touché par l’auteur pour des livres vendus comme d’habitude puisque c’étaient des livres qui seraient distribués à l’école. Donc il y avait un forfait pour ces dessins qui était raisonnable mais pas du tout extraordinaire et ce forfait m’a été payé. Il n’y avait donc pas de recours possible en termes de contrat. En revanche oui bien sur les associations d’auteurs, le syndicat de l’édition, le « cartooning for peace » (Dessins pour la paix) et quelques associations ont publié des communiqués qui parlaient de leur préoccupation par rapport à cette censure et du soutien qu’ils pouvaient donner au livre.

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Vous êtes connu pour vos dessins politiques pour l’Huma. D’où est venue cette envie de faire du dessin satirique et politique ? Et souhaitez-vous continuer à développer le dessin politique dans votre création ?

L’origine de tout ce travail et comme souvent les humoristes, je fais partie des gens qui ont un tempérament un peu inquiet, un peu angoissé. C’était le cas de Goscinny le créateur d’Astérix, le scénariste de Lucky Luke. C’était le cas de Gotlib le génial dessinateur ou de Franquin qui faisait Gaston Lagaffe et Spirou et qui était un grand dépressif, un grand inquiet. Eh bien l’humour, la satire, ça permet de mettre un petit peu les choses à distance. Et dans ce monde qui est de plus en plus terrible, de plus en plus effrayant, en fait, il y a une vertu particulière à avoir cette distance-là. C’est la raison pour laquelle je continue à faire ça parce que moi ça me sauve. Je reprends la liberté par rapport à ce torrent d’actualités qui nous vient et puis j’ai l’impression que peut être mes lecteurs et mes lectrices partagent ça et trouvent aussi une forme de réconfort et de liberté là-dedans.

image 77Dessin de JUL pour le journal l’Humanité 2025

Comment comptez-vous faire exister la Belle et la bête et permettre de proposer au plus grand nombre ?

Donc comme je le disais, le tirage est de 20 000 exemplaires. Ce qui est vraiment beaucoup moins important. La seule chance, c’est que les gens aillent en librairie, l’achète, l’offre, le fasse circuler et en parle que ça donne envie à d’autres gens d’aller jeter un coup d’œil et surtout d’être eux-mêmes juges de ce qui potentiellement aurait justifié de la censure. Quand on voit ce livre mignon, on est étonné ! Et voilà, ça, c’est vraiment au bon vouloir et à la bonne indignation du lecteur.

Bientôt une enquête sur l’offensive réactionnaire à l’époque ?

Le cas « LA BELLE ET LA BÊTE » a fait réagir dans les rangs des élus. S’appuyant sur cette affaire et d’autres, des élus de gauche inquiets sur les menaces qui pèsent sur le système éducatif veulent mobiliser l’Assemblée nationale. Car c’est la crainte d’un retour à des valeurs conservatrices et réactionnaires, portées par les partis de droite, qui inquiète une partie du corps enseignant. Le retrait du livre de JUL, jugé inapproprié pour des jeunes élèves parce qu’il montre la société actuelle dans sa diversité, a ouvert un débat fondamental.

Par Carlotta Fontaine

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