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Par Thomas Fazi – Le 23 juin 2025 – Source Blog de l’auteur
Voici quelques réflexions personnelles sur la récente attaque américaine contre l’Iran. Tout d’abord, je pense que le bombardement imprudent, illégal et non provoqué d’une nation souveraine — en particulier de ses installations nucléaires civiles — doit être condamné et combattu sans équivoque, quelles qu’en soient les conséquences. Même si cette attaque n’avait aucune conséquence, elle constituerait tout de même un crime international grave. Mais bien sûr, elle aura des conséquences. Bien au contraire.
La première conséquence majeure, en termes plus généraux, est que cette frappe a porté un coup fatal et irréparable au peu qui restait du cadre juridique et institutionnel international d’après-guerre. Cet ordre était déjà en lambeaux, déchiré par un an et demi de génocide et de nettoyage ethnique soutenus par l’Occident à Gaza. Mais cette dernière attaque le rend officiel : les puissances occidentales ne ressentent plus le besoin de dissimuler leurs actions sous le couvert de la légalité, de la moralité ou même d’une façade de légitimité diplomatique.
En bombardant l’Iran, les États-Unis ont ouvertement déclaré que la seule logique opérationnelle en matière de politique étrangère est celle de la violence brute et sans retenue. Et si cette logique n’est pas nouvelle pour l’Occident – il suffit de regarder la longue liste des nations envahies, bombardées, soumises à un changement de régime et détruites au cours des deux dernières décennies seulement, au prix de millions de vies –, au moins, dans le passé, il y avait une certaine tentative de fabriquer un consentement ou de feindre le respect du droit international. Cette retenue minimale, aussi hypocrite soit-elle, imposait un certain degré de responsabilité, aussi fragile soit-il.
Aujourd’hui, même cette prétention a disparu. À Gaza, et maintenant avec les frappes contre l’Iran, les gants sont complètement jetés. Nous assistons à un retour à une sorte d’anarchie mondiale, où « la force fait le droit » et où tout est permis : le massacre de civils, le bombardement de sites nucléaires, voire la mise à l’écart totale des institutions internationales. Et tout cela se passe à l’ère nucléaire, une réalité qui nous amène au point suivant.
Cette attaque va inévitablement accélérer la prolifération nucléaire. La leçon que tous les États non nucléaires ont désormais apprise est la suivante : si vous ne possédez pas d’armes nucléaires, vous êtes une cible. L’Iran n’a pas été bombardé parce qu’il était sur le point d’acquérir l’arme nucléaire – ce n’était pas le cas (voir ci-dessous) – mais précisément parce qu’il n’en possédait pas. Tout comme l’Irak, l’Afghanistan, la Libye et d’autres pays, qui n’ont été attaqués qu’après avoir été désarmés ou n’avoir jamais disposé de moyens de dissuasion nucléaires. La Corée du Nord, en revanche, n’a jamais été attaquée. Pourquoi ? Parce qu’elle dispose d’une force de dissuasion nucléaire crédible. Le message est clair : la seule véritable assurance contre l’agression occidentale est un arsenal nucléaire. Cela déclenchera une nouvelle course aux armements dangereuse, car de plus en plus de pays se précipiteront pour acquérir des armes nucléaires, avec des conséquences catastrophiques pour la sécurité mondiale.
Trump parle désormais ouvertement de changement de régime en Iran, une idée aussi dangereuse qu’illusoire. Sur le plan des principes, il est très inquiétant qu’en 2025, les dirigeants occidentaux continuent de croire qu’ils ont le droit de renverser par la force les gouvernements dont ils n’aiment pas les modèles politiques, économiques ou civilisationnels. C’est de l’impérialisme, pur et simple.
Mais même sur le plan pratique, cette idée relève de la pure fantaisie. L’Iran est un pays de 90 millions d’habitants, soit dix fois la population d’Israël, doté d’une armée importante et bien entraînée et d’institutions nationales profondément enracinées. L’idée qu’il pourrait être « libéré » par des puissances étrangères – et que son peuple accueillerait avec gratitude les bombes américaines ou israéliennes – relève des hallucinations néocoloniales. Oui, de nombreux Iraniens méprisent sans doute le régime, tout comme beaucoup d’entre nous méprisons nos propres régimes ici en Occident. Mais cela ne signifie pas que nous accueillerions la Chine ou l’Iran comme des libérateurs s’ils décidaient de « changer le régime » de notre pays. Et pourtant, c’est précisément ce genre de folie qui est normalisé dans le discours occidental dominant.
Ce conflit n’est pas isolé. Il s’agit d’un front dans une guerre mondiale plus large, qui se déroule lentement, entre l’Occident dirigé par les États-Unis et un bloc croissant de puissances non occidentales, principalement la Russie, la Chine et l’Iran. De l’Ukraine à Gaza, de la mer Rouge au détroit de Taiwan, une confrontation géopolitique se joue actuellement sur plusieurs théâtres. L’Iran est un partenaire stratégique tant pour la Russie que pour la Chine, et celles-ci ne vont pas rester les bras croisés. À la suite de l’attaque, Moscou a déjà promis un soutien militaire et Pékin aide indirectement l’Iran par l’intermédiaire du Pakistan. Si l’escalade se poursuit, le risque d’une confrontation directe entre les grandes puissances, toutes dotées de l’arme nucléaire, augmente considérablement.
Penser que l’Occident ne subira aucune représailles pour cette attaque relève de la pure fantaisie. Imaginez que l’Iran ait bombardé une installation nucléaire civile aux États-Unis ou au Royaume-Uni, puis déclaré : « Il est temps de faire la paix. Négociations ». Il y aurait des appels hystériques à bombarder l’Iran jusqu’à sa disparition. Il serait donc illusoire de penser qu’il n’y aura pas de représailles contre les pays occidentaux. Les représailles ne sont pas seulement probables, elles sont inévitables. Elles pourraient prendre la forme d’actes terroristes, de sabotages, de cyberattaques ou de représailles par procuration. En tant qu’Italien, je suis particulièrement inquiet : les bases américaines en Italie sont essentielles aux opérations américaines au Moyen-Orient, ce qui fait de l’Italie une cible potentielle.
L’Iran menace désormais de fermer le détroit d’Ormuz, par lequel transite environ 20 % de l’approvisionnement mondial en pétrole. Si cela se produit, l’économie mondiale pourrait être plongée dans le chaos. Les prix de l’énergie monteraient en flèche, les chaînes d’approvisionnement seraient rompues et les citoyens ordinaires, en particulier en Europe, qui souffrent déjà des conséquences de la guerre énergétique avec la Russie, seraient les premiers touchés. Une fois de plus, ce sont les classes populaires occidentales qui paieront le prix de l’imprudence géopolitique.
Je voudrais aborder brièvement un sujet qui circule dans la presse occidentale : « L’Iran était à quelques semaines de construire une arme nucléaire ». Cela est manifestement faux. En mars 2025, la directrice du renseignement national Tulsi Gabbard a déclaré que les agences de renseignement américaines n’avaient trouvé aucune preuve d’un programme d’armement nucléaire actif en Iran depuis 2003. Contrairement à Israël, l’Iran est signataire du TNP et soumis à des inspections internationales. En fait, des négociations étaient en cours lorsque Israël a frappé, le 13 juin, dans une tentative évidente de saboter la diplomatie.
Mais même si l’Iran cherchait à se doter d’armes nucléaires, sur quelle base juridique ou éthique Israël – un État doté de l’arme nucléaire qui n’a jamais signé le Traité de non-prolifération – ou les États-Unis pourraient-ils refuser cette même capacité à d’autres acteurs régionaux ? L’argument selon lequel Israël est le seul à avoir le droit de posséder des armes nucléaires dans la région est à la fois hypocrite et déstabilisateur.
Comme John Mearsheimer le soutient depuis longtemps, les armes nucléaires sont des instruments de dissuasion. Si l’Iran en disposait, la crise actuelle n’existerait probablement pas. En effet, l’idée selon laquelle l’Iran serait déterminé à détruire Israël à tout prix et que la première chose qu’il ferait s’il acquérait des armes nucléaires serait de bombarder Israël est ridicule. Même le rapport du Pentagone de 2014 sur les capacités militaires de l’Iran indiquait : « La doctrine militaire de l’Iran est défensive. Elle est conçue pour dissuader une attaque, survivre à une frappe initiale, riposter contre un agresseur et imposer une solution diplomatique aux hostilités tout en évitant toute concession qui remettrait en cause ses intérêts fondamentaux ».
Le soi-disant « axe de la résistance » dirigé par l’Iran — souvent cité comme preuve des intentions agressives de l’Iran — est en fait une réaction à l’agression américaine contre l’Irak en 2003 et à l’expansion subséquente de la présence militaire américaine dans la région. Après tout, c’est l’Iran — et non les États-Unis — qui est encerclé par des bases militaires étrangères.
Il ne s’agit pas seulement d’une menace pour la sécurité internationale. C’est aussi une menace profonde pour le peu de libertés qui nous restent en Occident. Ne vous y trompez pas : l’adhésion ouverte des classes dirigeantes occidentales au gangstérisme mafieux à l’étranger signifie également qu’elles n’hésiteront pas à balayer toutes les contraintes éthiques, juridiques, constitutionnelles et démocratiques qui font encore obstacle à leur tentative désespérée et hallucinatoire de préserver un ordre en ruine. Même la base électorale de Trump montre des signes de fracture. Beaucoup ont été attirés par lui précisément en raison de son discours anti-guerre, en particulier à l’égard de l’Iran. Aujourd’hui, ils voient cette promesse trahie en temps réel.
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Cette attaque pourrait bien rester dans les mémoires comme un tournant décisif : celui où les dernières illusions d’un « ordre fondé sur des règles » se sont dissipées, où les dernières barrières de retenue ont été supprimées et où le monde est entré dans une phase particulièrement dangereuse, chaotique et anarchique de conflit mondial. Les répercussions ne se limiteront pas au Moyen-Orient. Elles s’étendront – politiquement, économiquement et militairement – à tous les coins du monde. Et à moins d’un changement radical dans la pensée politique occidentale, il sera bientôt trop tard pour se retirer du précipice.
Thomas Fazi
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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