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L’art du dépistage, quand la science et le hasard s’affrontent

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Le recours à la technologie dans les travaux du chercheur Daniel Fortin-Guichard n’est pas sans rappeler le film de science-fiction Rapport minoritaire, le classique de 2002 mettant en vedette Tom Cruise. Le professeur de l’Université McGill ne cherche toutefois pas à prévenir des crimes, mais bien à prédire le destin de jeunes hockeyeurs.

Au printemps, ses collègues et lui ont publié dans le Journal of Sports Sciences une étude visant à faire découvrir un nouvel outil qui pourrait aider les recruteurs dans l’identification des talents.

Ils ont soumis des joueurs de 15 et 16 ans à des tests psychologiques pour déterminer leur capacité à comprendre des séquences de jeu. Des capteurs installés sur des lunettes leur permettent de déceler où les joueurs portent leur attention lorsqu’on leur présente une séquence vidéo.

On ne cherche pas à savoir si le joueur va trouver le bon jeu, on cherche à savoir ce que lui ferait dans cette situation, détaille Daniel Fortin-Guichard. On est capable de le détecter parce que les yeux ne mentent pas. Même en position de stress, le mouvement des yeux, c’est quelque chose d’involontaire. Ils vont tout de suite regarder ce qu’ils jugent pertinent. Et on va vérifier combien de temps ils passent à évaluer chaque aspect.

Des capteurs infrarouges agissent à titre de minicaméras et prennent une photo de la rétine toutes les 8 millisecondes. Ça nous procure pratiquement en temps réel le déplacement oculaire du joueur, explique le chercheur. Avec ces informations, on s’intéresse au lieu des fixations, à l’ordre des fixations, à la durée des fixations et au nombre de fixations. Ce sont nos métriques principales.

 une grosse sur le gardien, une autre sur le porteur du disque, et une autre plus petite sur un joueur en appui.

Exemple d'un test d'occlusion

Photo : Photo fournie par Daniel Fortin-Guichard

Les résultats de ces tests d’occlusion, comme on les appelle, peuvent ensuite être analysés pour déterminer le patron visuel optimal.

Si. sur une séquence, il y a quatre zones qui méritent l’attention et qu’un joueur n’a besoin que de quatre fixations pour les cibler, c’est prometteur pour le QI hockey, dit le chercheur.

Les données obtenues pourront ensuite être mises à la disposition des recruteurs pour peaufiner leur évaluation.

Ils ne peuvent toutefois pas faire partie de la fameuse semaine d'évaluation (combine) de la LNH, où les espoirs se soumettent à une série de tests.

J’aurais évidemment aimé voir ça là-bas, mais ça nous a été refusé parce que c’est considéré comme un test psychologique, et l’Association des joueurs de la LNH ne permet pas une quelconque forme de tests psychologiques dans ce cadre-là, confie le chercheur. Mais les équipes individuellement pourraient les utiliser s’ils organisent leur propre combine.

Un homme derrière un micro.

Daniel Fortin-Guichard

Photo : Radio-Canada / Xavier Gagnon

Dans l’ensemble, les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle occupent de plus en plus de place dans les départements des organisations sportives, constate l’expert. On fait cependant fausse route si l'on juge que celles-ci remplaceront un jour les dépisteurs qui vont se geler les pieds dans des amphithéâtres de quartier pour dénicher la perle rare.

Il y a une tendance chez certains clubs à remplacer les scouts par des modèles. Ce n'est pas la bonne façon. Tu as besoin de tes dépisteurs. Les outils n’ont jamais vu de match de hockey. Ce sont juste des outils de plus dans l’arsenal des professionnels, précise celui qui a obtenu son doctorat en psychologie à l’Université Laval.

L'intelligence artificielle, c'est sexy, ça a l'air de donner des réponses, mais ça prend un regard critique. C'est là qu'il faut faire attention.

Tout ça ne peut qu'augmenter les taux de probabilités, rappelle-t-il, puisque le recrutement reste en partie une science humaine, et donc inexacte.

Des certitudes en humanité, il n'y en a jamais. Tout ce qu’on peut faire, c’est augmenter les probabilités. Des fois, les probabilités ne sont même pas très hautes, mais elles sont meilleures que le hasard, poursuit-il.

Oui, il y a un petit côté ''sci-fi'' à ce qu’on fait, mais il faut le faire avec modestie. Quand je remets un rapport, je dis toujours "le modèle", et non "mon rapport". On respecte les chiffres, on ne se les attribue jamais. On laisse parler le modèle, sinon les équipes ont tendance à accuser le porteur du message quand ça ne fonctionne pas. On n'a rien promis, on ne prédit pas le futur. On essaye d’aider en fonction de données, dit-il.

Celui qui a œuvré auprès des Remparts de Québec compare son travail à celui d’un actuaire, en assurance. Un métier qui consiste à modéliser et à anticiper les risques et les probabilités en se basant sur des données.

On est donc encore loin du mur futuriste qu'exploitait l'agent John Anderton dans Rapport minoritaire, ce classique de Steven Spielberg.

Un homme debout fait circuler des informations sur un écran géant tactile.

Un tableau permet de voir le futur dans le film Rapport minoritaire.

Photo : Image promotionnelle du film Rapport minoritaire (2002)

C’est possible de battre le hasard avec des méthodes scientifiques bien faites, et à long terme, mais on ne va jamais avoir une prédiction parfaite, ajoute celui qui planifie en ce moment un nouveau cours sur l’identification des talents, qui sera donné pour la première fois au Département de kinésiologie de l’Université McGill à l’automne.

Est-ce qu’il sera question d’élucider les grands mystères de la planète hockey, à savoir pourquoi tous les dépisteurs se sont trompés au sujet des Alexandre Daigle et Nail Yakupov de ce monde?

Pour l'instant, on va y aller à l’inverse, et s’intéresser à ceux qu’on a ratés, ceux qui sont passés sous le radar, comme Martin St-Louis, répond-il. Comment ça se fait qu’on les a ignorés? Pourquoi on n’a pas été capable de les identifier?

Dans son cursus, le professeur va aussi se servir d’une étude allemande, parue en 2017, sur l’identification du talent pour défaire certains mythes. On a parfois l’impression que les dépisteurs, dont c’est le métier d’évaluer du talent sportif, se trouvent dans une stratosphère complètement différente du simple amateur, tout près du secret des dieux.

Jörg Schorer est un réputé chercheur en identification du talent. Il n'y en a pas beaucoup dans notre milieu. Et il a publié en 2018 une revue systématique sur le sujet. Et l’étude était vraiment intéressante, d’abord pour dire que les scouts ne sont pas si mauvais que ça. Dans 75-80 % du temps, ils ont raison, indique Daniel Fortin-Guichard.

Il y a bien du monde qui dit : "Ben voyons (Jesperi) Kotkaniemi, ça n’a pas de bon sens, ça dormait au gaz." Mais ils ont eu raison combien de fois en tout? Et on peut se poser la question, Kotkaniemi, il est établi dans la ligue. Est-ce un choix raté tant que ça?

Mais le bout le plus intéressant de l’étude, c’est un essai qu’ils ont fait au handball. Ils ont demandé à la population générale d’analyser des joueuses et ils ont demandé la même chose à des entraîneurs de niveau élite. Et les gens de la population générale à 70 % étaient capables de prédire quel niveau allait atteindre les joueuses. C’était moins bon, mais pas mauvais non plus du tout.

De quoi donner du galon aux listes de dépisteurs amateurs qui prolifèrent sur le web depuis quelques années, où tout un chacun y va de sa propre analyse des espoirs avant le repêchage.

Un des messages que je vais envoyer à mes étudiants c’est : "Les dépisteurs ne sont pas si mauvais, et vous, vous êtes possiblement meilleurs que vous pensez", souligne-t-il.

La marge qui sépare les professionnels et les amateurs ne dépend peut-être que des heures d’expérience et de l’accès à des ressources, croit Daniel Fortin-Guichard.

L'œil aguerri aide. Le "coach eye" semble être un outil efficace pour prédire la performance sportive, mais ça a un plafond, et un plancher aussi, car la population générale est capable aussi, conclut-il.

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