La souveraineté nationale est impossible sans celle de chacun des citoyens qui composent la nation. Eric Verhaeghe contribue au débat que nous lançons sur la nécessité de refonder la politique en France. Cela passe d’abord par un changement des conceptions sous-jacentes à l’action publique. Puisant dans l’expérience accumulée lorsqu’il a été initié à la franc-maçonnerie, Eric nous propose une réflexion profonde sur les fondements d’une société libre.

Un des morceaux de bravoure des manuels d’histoire de la IIIème République, c’était le récit des Guerres Médiques, ayant opposé les Perses aux Grecs.

Comment pouvait-on comprendre, demandaient les professeurs d’histoire à leurs élèves, que les petites cités grecques (Athènes, Sparte, Thèbes), comptant tout au plus quelques dizaines de milliers de citoyens, dont une partie seulement était en âge de prendre les armes, aient été néanmoins capables d’affronter et de vaincre l’immense armée des empereurs Darius ou Xerxès, à laquelle les historiens antiques attribuaient jusqu’à un million d’hommes, sans doute en exagérant un peu?

Eh bien la réponse tenait en un mot: liberté ! Les 300 Spartiates qui défendirent avec héroïsme le défilé des Thermopyles, retardant l’avancée de l’armée perse en 480 avant notre ère, les Athéniens qui gagnèrent la bataille de Marathon (490) et celle de Salamine (480), les Thébains qui combattirent à Platées étaient des citoyens livres dans des cités fières de leur indépendance et de leurs constitutions respectives.

Il y avait d’ailleurs des Grecs qui avaient refusé d’embrasser ce combat pour la liberté et combattaient du côté des Perses.

Les termes du débat n’ont pas changé

Eric Verhaeghe pose la question pour notre époque et les termes du débat n’ont pas changé. Il passe au crible les mouvements politiques et se demande pourquoi tant de « souverainistes » négligent la question de la liberté des personnes ou bien vont au-delà de la simple reconnaissance de l’utilité de certains pays « autocratiques » dans l’équilibre mondial des puissances, et semblent attendre de ces pays la solution aux problèmes de chacune des nations occidentales.

En réalité, au-delà de la contribution, éventuellement, à la paix du monde, ce ne sont pas la Russie, la Chine ou l’Iran qui apporteront la solution aux problèmes français. Nous nous sommes laissés déposséder de nos libertés individuelles et collectives parce que nous avons trop attendu de « monarques », naguère élus tous les sept ans, aujourd’hui tous les cinq ans.

Dans la grande tradition française libertarienne qui remonte au moins à La Boétie, Eric nous rappelle l’enjeu fondamental: la souveraineté ne vient ni d’ailleurs ni d’en haut. Elle naît dans la disposition de chacun d’entre nous à défendre nos droits inaliénables.