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Actuellement, aucun examen clinique permettant de prédire une naissance prématurée n’a montré son efficacité en population générale. Si ce projet de test est prometteur, il est néanmoins encore très imparfait.
Chaque année, dans le monde, plus de 13 millions d’enfants naissent prématurés, soit environ un bébé sur dix. Cette venue au monde trop précoce (avant 37 semaines de gestation, contre 39 à 41 pour un terme normal) est lourde de conséquences pour la santé du nouveau-né. Pourrait-on prévoir cette prématurité très en amont pour mieux l’anticiper ? C’est la promesse faite il y a une semaine à Milan lors du congrès de la Société européenne de génétique humaine. Une équipe de chercheurs chinois y a présenté un test sanguin permettant de prédire, plus de quatre mois à l’avance, le risque de prématurité.
Le test se base sur une simple prise de sang et la recherche d’ARN circulant. Il s’agit de petites molécules d’ARN présentes dans les fluides corporels (ici, le sang), libérées par les cellules par divers mécanismes. Les molécules analysées dans le test présenté à Milan « proviennent principalement de la mère, avec des contributions mineures du placenta et du bébé », détaille au Figaro la Dr Wen-Jing Wang, chercheuse associée au Beijing Genomics Institute (Shenzhen) ayant piloté l’étude avec le Pr Chemming Xu, de l’université de Fundan (Shanghaï).
À environ 16 semaines de gestation, les chercheurs chinois ont analysé le sang de 851 futures mères, dont 299 ont ensuite connu un accouchement trop précoce, pour y rechercher des biomarqueurs de prématurité. « Pouvoir détecter ces signaux prédictifs plus de quatre mois à l’avance suggère une activation biologique précoce de la prématurité, bien plus tôt que le diagnostic clinique actuel. Cela pourrait révolutionner les stratégies de prévention », estime Wen-Jing Wang.
La méthode pourrait être implémentée facilement, et avec un surcoût minime, explique la chercheuse : le test suit le même calendrier que le dépistage prénatal non invasif (DPNI), déjà effectué en routine pour évaluer le risque de trisomie 21 notamment. « Les coûts actuels du séquençage sont similaires à ceux du DPNI », et pourraient encore être optimisés en développant des tests par RT-PCR. De quoi imaginer « un dépistage à l’échelle de la population », et pas seulement des femmes jugées à risque d’accouchement prématuré, estime la chercheuse.
En outre, les chercheurs ont déjà identifié certains profils distincts. Selon le type de naissance prématurée, la « signature » ARN n’est pas tout à fait la même. Ils trouvent ainsi des marqueurs d’inflammation ou d’infection quand il y a eu une rupture prématurée des membranes (la fameuse « perte des eaux »), mais une dérégulation du métabolisme et des trophoblastes (la couche cellulaire entourant l’œuf) en son absence. De quoi peut-être mieux comprendre ce qui se passe lors d’une naissance prématurée.
Ce projet a le mérite de donner un coup de projecteur à « une question majeure de santé publique », réagit le Pr Olivier Morel, chef du pôle gynécologie obstétrique au CHRU de Nancy. « Nous n’avons pas progressé sur la prévention des accouchements prématurés depuis plus de vingt ans dans les pays développés. Aujourd’hui, on n’est pas capable de prédire suffisamment tôt quelles grossesses sont à risque, en dehors de facteurs de risques personnels - les femmes qui ont déjà eu des accouchements prématurés ou en attente de jumeaux, par exemple. »
Pour l’heure, chez les femmes à risques spécifiques, plusieurs méthodes ont été testées (examiner le déséquilibre de flore vaginale, faire régulièrement des échographies du col ou des prélèvements biologiques au niveau du col) mais aucune « n’a montré son intérêt chez l’immense majorité des femmes », souligne le Pr Morel.
Plusieurs limitations importantes
Le test développé par les chercheurs chinois souffre en revanche de plusieurs limitations importantes. « Le taux de faux positifs (des grossesses identifiées à risque, qui n’ont finalement pas abouti prématurément, NDLR) se situe entre 16 % et 21 %, et le taux de faux négatifs (des grossesses attendues à terme qui se sont terminées prématurément), entre 26 % et 40 % », admet Wen-Jing Wang au Figaro. C’est d’autant plus important que cette première étude a été menée dans un contexte où la prématurité était surreprésentée. « En population réelle, le test risque d’être encore moins performant », estime le Pr Morel.
En outre, l’ARN est une molécule fragile et sa « dégradation lors de la manipulation des échantillons peut affecter la précision, admet Wen-Jing Wang. Nous limitons ce phénomène grâce à un traitement rapide, des protocoles standardisés et un stockage à température contrôlée. Il est nécessaire d’établir un processus de traitement des échantillons robuste et unifié pour réduire ces erreurs systématiques. »
Il le faudrait, car ces problèmes de sensibilité et de spécificité sont loin d’être anodins. « En cas de faux positif, on risque d’inquiéter ces femmes enceintes pour rien, et si on essaie un traitement préventif, on risque de le donner à tort », prévient le Pr Morel. En France, les femmes à risque d’accouchement prématuré sont hospitalisées et se voient administrer une tocolyse, un traitement visant à relâcher l’utérus pour supprimer les contractions utérines, afin de mener la grossesse à son terme. Ce traitement est « sans risque », assure le Pr Morel, mais il en existe un autre potentiellement plus problématique : « Dans les années 1980, on a montré qu’injecter des corticoïdes à la mère pour les naissances prématurées en dessous de 34 semaines d’aménorrhée aidait les bébés à s’adapter, notamment sur le plan respiratoire, en cas de naissance effective prématurée. Mais, régulièrement, on injecte des corticoïdes alors que les enfants ne naissent finalement pas prématurément. Or, cela peut avoir des effets secondaires chez les bébés - qui ne semblent pas gravissimes, mais on préférerait ne pas les avoir. »
En outre, le test identifie le risque de prématurité, mais pas ses causes spécifiques. Sans les connaître, il reste délicat de proposer un traitement préventif adapté. Or un test de dépistage sans « solution » derrière pourrait s’avérer contre-productif aux yeux du Pr Morel : « Si on n’a pas de moyen de les aider, on va juste les inquiéter au risque de créer du stress pendant la grossesse. » « Les cliniciens pourraient mettre en œuvre des mesures préventives, telles qu’une surveillance renforcée, une supplémentation en progestérone pour les patientes éligibles, des modifications du mode de vie (par exemple, la réduction du stress physique, la gestion des infections)… », avance de son côté Wen-Jing Wang. Mais, en Europe, les budgets ne sont pas suffisants pour approfondir de telles recherches, d’autant plus particulièrement compliquées chez les femmes enceintes, soumises à de nombreuses restrictions en raison des risques pour les nouveau-nés.