Ce vendredi à Mirecourt, Inès Ngono interpellera Emmanuel Macron lors de l’échange organisé par le groupe Ebra autour du thème « la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux ». À 39 ans, cette professeure de vente installée défend une vision directe, exigeante et engagée de l’école et de la jeunesse.

Née à Eseka au Cameroun en 1986, Inès y a grandi jusqu’à 16 ans, avant de venir à vivre à Lyon avec sa mère. Troisième d’une fratrie de cinq, elle étudie alors la communication et la stratégie de marque à Lyon 2 jusqu’au master. Elle se découvre alors une autre passion : la mode. En 2011, elle crée son entreprise et lance sa première boutique en 2014 dans le 6e arrondissement de Lyon. Dix ans dans l’univers du luxe et du concept-store.

Directe, spontanée, authentique

La crise sanitaire sonne le temps de la pause. Inès referme la boutique mais ouvre une nouvelle porte. Elle fonde un cabinet de conseil en stratégie et décide de transmettre pour « accompagner des entrepreneurs et partager ». Puis elle découvre l’enseignement : un lycée professionnel classé REP, à Vaulx-en-Velin. Une réalité sociale forte. Des adolescents qui arrivent parfois cabossés.

Pour que ça fonctionne, « j’ai dû inventer ma méthode : l’enseignement par les projets ». Aujourd’hui, elle forme chaque semaine une cinquantaine de jeunes, du CAP à la terminale. Exigeante mais bienveillante, elle assume son style : direct, spontané, authentique. « Je veux les voir évoluer, trouver leurs forces, travailler sur leurs faiblesses », décrit celle qui se décrit comme apolitique.

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« L’école façonne la société de demain »

En phase avec son temps, Inès utilise TikTok pour enseigner la vente. Ses élèves sont les premiers à liker et partager ses vidéos, mais elle reste vigilante : « Je vois la dépendance. Quelle génération construit-on ? » Elle s’interroge aussi sur la place de l’école : le manque de reconnaissance, la méfiance envers les enseignants, le poids de Samuel Paty. Et déplore : « On doit mesurer tout ce qu’on dit ».

Ce vendredi, elle portera cette voix face au Président : celle d’une professeure qui connaît cette génération écran dans ce qu’elle a de plus fragile et de plus brillante. « L’école façonne la société de demain », conclut-elle.