Ce que pensent vos collègues, vos amis et même votre famille, vous importe ? C'est normal, nous avons été formatés pour penser ainsi. Mais donner trop d'importance aux opinions des autres peut devenir handicapant au quotidien. Cette peur génère chez certaines personnes du stress et les empêche de se montrer telles qu'elles sont. Le docteur en psychologie de la haute performance, Michael Gervais, a baptisé ce phénomène « Fopo », acronyme signifiant fear of people's opinions. 

Ce besoin d’appartenir à un groupe pour se sentir en sécurité

Interrogé sur le concept du Fopo, Michael Gervais explique qu'il s'agit d'un « mécanisme d'anticipation que nous utilisons pour multiplier nos chances d'être accepté par les autres et ainsi éviter d'être rejeté ». 

Ce mode de fonctionnement remonte à très loin. Pour le docteur en psychologie, le Fopo est un mécanisme ancré dans nos cerveaux qui associent la sécurité à l'appartenance. « Il y a fort longtemps, quand on était rejeté de la tribu, c'était presque une condamnation à mort puisqu'il fallait survivre seul dans la nature ou avec une poignée de personnes ». Cette sensation de « condamnation à mort » peut être ressentie aujourd'hui par certaines personnes quand elles se sentent rejetées par les autres. 

Les trois phases du Fopo

Selon le Dr Gervais, le Fopo se décline en trois phases. Il y a d'abord la phase d'anticipation qui correspond aux sentiments et pensées qui nous traversent l'esprit quand on se retrouve dans une situation où l'on doit interagir avec d'autres personnes. 

La deuxième phase est celle où l'on scanne tout un tas d'informations chez notre interlocuteur : le ton de la voix, les micro-expressions sur le visage, le langage non verbal... Dans cette phase, on est plus concentré sur notre propre ressenti que sur ce que nous dit l'autre. 

« Ces deux phases sont épuisantes. Elles prennent beaucoup d'énergieénergie. C'est pour cela que beaucoup de gens se plaignent d'être tout le temps fatigués », analyse Michael Gervais. 

La troisième phase est la phase de réponse. Par peur d'être rejeté ou d'être vu comme un Ovni, nous faisons tout pour rentrer dans le moule, dans le simple but de se sentir intégré à un groupe. Cela se traduit par exemple par des rires à des blagues qui ne nous amusent pas du tout en réalité.

Tout faire pour paraître moins stupide aux yeux des autres

D'après le Dr Gervais, une personne qui lutte contre sa peur de ce que pensent les autres, adopte des comportements caractéristiques :

• elle fait semblant de regarder son téléphone pour faire croire qu'elle est très occupée ;
• elle rit à toutes les blagues des autres ;
• elle boit de l'alcoolalcool en soirée alors qu'elle n'en a pas envie ;
• elle reste tard au bureau parce que son boss est encore là ;
• elle ment sur son âge ;
• elle prétend avoir vu un film qu'elle n'a jamais vu pour être au diapason dans la discussion.

Le Fopo, au quotidien, c'est fatiguant. Alors, il est essentiel de s'en libérer pour se sentir mieux. Pour Michael Gervais, être conscient de son problème, le nommer (comme il l'a fait) aide à prendre du recul. C'est la première étape du changement. Le plus dur avec cette peur, c'est de gérer les émotions qui vont avec : l'anxiété, la nervosité ou encore l'inquiétude. Un travail sur la respiration et le dialogue intérieur peuvent aider à se recentrer dans les moments où on se sent dépassé.

Enfin, le psychologue rappelle qu'il est important de mettre en avant qui on est plutôt que ce que l'on fait. Nous vivons dans une société obsédée par la performance et qui a tendance à dévaloriser les singularités de chacun. N'ayez plus peur de montrer qui vous êtes !