Éric Denécé est mort. Le 12 juin 2025, il a été retrouvé sans vie, seul dans sa voiture. La version officielle évoque un suicide. Mais autour de lui, personne n’y croit. Sa famille, ses collègues, ses proches rejettent unanimement cette hypothèse, dénonçant un scénario trop commode pour être crédible. Il faut dire que Denécé n’était pas n’importe qui : il dérangeait.

Une carrière au cœur du renseignement

Docteur en science politique, ancien officier du renseignement militaire, analyste reconnu, Éric Denécé a passé sa vie à comprendre, enseigner et révéler les logiques cachées du pouvoir. Il avait travaillé pour la Marine nationale, le SGDN (aujourd’hui SGDSN), puis fondé le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) en 2000, devenu l’un des rares pôles indépendants d’analyse géostratégique en France.

Mais Denécé n’était pas qu’un universitaire enfermé dans ses livres. Il avait monté des cabinets privés (Argos, puis GEOS), il formait des militaires, intervenait à l’ENA, à l’École de guerre, dans les grandes écoles, dans les médias traditionnels comme dans les cercles dissidents. Il parlait à tout le monde. Et surtout, il parlait vrai.

Un franc-tireur du réel

Éric Denécé ne mâchait pas ses mots. Il avait dénoncé la vente du pôle énergie d’Alstom à General Electric, une opération qu’il considérait comme une trahison de l’intérêt national. Il remettait en cause la version officielle de la guerre en Ukraine, rappelant la non-application des accords de Minsk, le rôle trouble des États-Unis dans le coup d’État de Maïdan, et la stratégie d’encerclement de la Russie par l’OTAN.

Il avait aussi été l’un des tout premiers à contester, publiquement, le récit du 11 septembre. Sur LCI, dès octobre 2001, il affirmait que les services français avaient prévenu les Américains d’un “coup intérieur” en préparation.

Son œuvre est immense : des dizaines de livres, dont une monumentale Histoire mondiale du renseignement en huit volumes, des travaux sur le terrorisme, sur les services israéliens, sur l’idéologie wahhabite, sur la manipulation médiatique… Un homme qui ne se contentait pas d’analyser l’actualité : il l’éclairait.

Un deuxième décès troublant en un mois

La disparition d’Éric Denécé intervient à peine quelques semaines après celle du général Dominique Delawarde, lui aussi figure respectée, lucide et critique. Deux hommes de réseaux, deux voix indépendantes, deux morts suspectes. Une coïncidence ? Peut-être. Mais un doute profond s’installe.

Denécé n’était ni malade ni dépressif. Il multipliait les projets, les conférences, les publications. Il était, selon ses proches, dans une dynamique de travail intense, engagé plus que jamais. Rien dans son comportement ne laissait présager un geste désespéré. Alors pourquoi ce silence officiel ? Pourquoi si peu d’écho dans la presse ? Pourquoi évacuer si vite l’idée d’un assassinat ?

Une perte immense… et des questions qui restent

Avec la mort d’Éric Denécé, la France perd l’un de ses derniers analystes stratégiques vraiment indépendants. Quelqu’un qui n’appartenait ni au camp atlantiste ni à celui de la complaisance vis-à-vis du pouvoir. Il parlait haut, fort, et souvent à contre-courant.

Aujourd’hui, beaucoup s’interrogent. Pas seulement sur les circonstances exactes de sa mort. Mais sur ce qu’elle révèle : une époque où la dissidence intellectuelle devient dangereuse, où la vérité dérange au point qu’on préfère faire taire ceux qui la servent, où la lucidité n’a plus de place dans un système verrouillé.

Conclusion

Éric Denécé n’est plus. Mais son travail, ses alertes, son courage intellectuel resteront comme autant de repères pour ceux qui refusent le mensonge. Sa mort n’efface pas son message. Elle l’amplifie.

Et elle oblige.

À enquêter.
À comprendre.
À ne pas oublier.