Érostrate, un berger grec, a mis le feu au temple d’Artémis à Éphèse en 356 avant J.-C. pour se rendre immortel. Cet acte de vandalisme, une des sept merveilles du monde, a déclenché l’indignation. Érostrate, sous la torture, avoua son mobile : être rappelé dans l’histoire. L’histoire révèle les motivations étranges et les conséquences durables de la quête insatiable de célébrité. pour en savoir plus sur ce complexe fascinant, poursuivez votre lecture.

VILLE – 08 Mai 2024 –

Un acte de vandalisme pour l’éternité

Le 21 juillet de l’an 356 avant J.-C., un berger grec, Érostrate, embrasa le temple d’Artémis à Éphèse, une cité d’Asie Mineure (l’actuelle Turquie). les flammes dévorèrent les poutres et les structures en bois soutenant les éléments de pierre, entraînant l’effondrement de l’édifice. Ce temple, selon la liste établie un siècle plus tôt par l’historien Holdo, figurait parmi les sept merveilles du monde antique.

Le saviez-vous ? Pline l’Ancien, écrivain romain, décrivit le temple comme le plus grand monument du monde grec, mesurant 115 mètres de long et 55 mètres de large. Sa construction dura plus de 120 ans.

Artaxerxès III, souverain achéménide de Perse, ordonna l’arrestation de l’incendiaire. Ce zoroastrien était davantage préoccupé par la paix sociale de son empire que par le respect des divinités étrangères. sous la torture, Érostrate avoua que son acte visait à immortaliser son nom, à être nommé et rappelé après sa mort.

Les théories alternatives et l’ironie de l’histoire

D’autres hypothèses ont émergé, alimentées par la méfiance envers un témoignage obtenu sous la torture.Comment un simple berger aurait-il pu contourner la surveillance des gardes et des prêtres ? Aristote évoqua la possibilité d’un éclair. D’autres cherchèrent des explications astrologiques, rappelant que le jour de l’incendie coïncidait avec la naissance d’Alexandre le Grand. Des historiens sceptiques suggérèrent un complot des prêtres pour justifier la construction d’un temple encore plus somptueux.

Conseil pratique : Face à des événements historiques complexes, il est crucial de considérer diverses perspectives et de remettre en question les récits officiels.

Le roi des rois et les douze cités d’Ionie interdirent, sous peine de mort, de prononcer le nom de l’incendiaire. Ils voulaient l’oublier,mais Miguel de Cervantes,dans Don Quichotte de la Manche,souligne l’ironie :

Il en est de même de ce qu’on raconte de ce berger qui mit le feu et brûla le fameux temple de Diane (Artémis),compté parmi les sept merveilles du monde,uniquement pour que son nom vécût dans les siècles à venir ; et bien qu’il ait été ordonné que personne ne le nommât ni ne fît mention de son nom de vive voix ou par écrit,il n’en obtint pas moins la fin de son désir,puisqu’on sut toujours qui il était.
Miguel de Cervantes, Don Quichotte de la Manche

L’héritage paradoxal d’Érostrate

gravure du Temple d’Artémis, par Philip Schaff (1887).

Près de deux millénaires et demi après l’incendie, Érostrate est toujours remémoré, tandis que les architectes du temple sont oubliés.On ignore même l’apparence de la statue colossale de la déesse.

Le nom d’Érostrate est associé à un syndrome : le complexe d’Érostrate, un désir incontrôlable de reconnaissance qui se manifeste par des actes destructeurs.

Le complexe d’Érostrate à l’ère moderne

Aujourd’hui, des phénomènes comme l’émission de téléréalité Big Brother illustrent ce complexe. les participants recherchent la célébrité pour la célébrité, sans accomplissement particulier. La notoriété émerge de commentaires banals et de scènes insignifiantes, mais elle est recherchée et attendue.

Question pour les lecteurs : L’omniprésence des médias sociaux encourage-t-elle le complexe d’Érostrate ?

Un exemple récent est celui de la juge Julieta Makintach, suspendue dans le cadre du procès sur la mort de Diego Maradona. Son implication active dans un documentaire visant à révéler des détails du procès a été jugée incompatible avec ses fonctions. Des vidéos la montrent activement associée à la réalisation du documentaire Justice Divine. Son désir de notoriété a conduit à l’annulation du procès et à la colère des proches de Maradona.

Parallèlement, le Conseil de la Magistrature a classé sans suite l’affaire du Lac Escondido, un scandale impliquant des juges fédéraux ayant accepté des cadeaux d’un groupe de médias. Ces juges,selon Vanesa Siley,députée d’Unión por la Patria,se seraient ensuite immiscés dans des affaires liées au multimédia,bien sûr,en faveur de leurs actionnaires.

Les juges auraient menti sur le financement de leur voyage et de leur hébergement. Le Conseil de la Magistrature n’a même pas envisagé une faute éthique.

L’erreur de Makintach, dont le nom risque d’être retenu contrairement à ceux des autres juges impliqués dans le scandale du Lac Escondido, est d’avoir violé la règle de la discrétion. Le vrai pouvoir s’exerce dans l’ombre.

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