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On pourrait définir la science économique, depuis un demi-siècle, comme une discipline où l’on est autorisé à parler de tout sauf de la dette américaine. Quelques graphiques simples qui vous permettent de prendre la mesure de la dette des Etats-Unis et de leur déficit public. Les graphiques permettent de comprendre ce qui s’est passé dans la durée: après la présidence d’Eisenhower, dans les années 1950, le déficit public américain n’a jamais été dans le vert, sauf, brièvement, pendant la présidence de Nixon et, un peu plus longtemps, durant la présidence Clinton. Le ratio toujours croissant dette fédérale/PIB témoigne de la mise en place d’un système de domination consistant à faire financer le déficit américain par le reste du monde et à expulser du territoire américain, autant que faire se pouvait, dans une économie financiarisée, dérégulée, sans barrières commerciales, une création monétaire comme le monde n’en avait jamais connue. Quand on regarde le discours des économistes depuis trois quarts de siècle, on constate que nous ne disposons d’aucune lecture globale du système économique mondial tel qu’il s’est recomposé autour de la dette américaine

Le constat
Les graphiques que je propose ici sont tirés de l’excellent blog de Graham Stephan. Un premier graphique montre l’augmentation de la dette depuis le milieu des années 1960.
La dette nationale [américaine] devient incontrôlable. Elle approche les 37 000 milliards de dollars et devrait augmenter d’un billion [mille milliards] de dollars supplémentaires tous les trois mois. Les paiements d’intérêts ont récemment atteint un niveau record et les investisseurs réagissent en « vendant l’Amérique ». Au cours du seul mois dernier, nous avons assisté à une flambée des taux d’intérêt, à un nouveau record historique du Bitcoin et à une baisse de la note de crédit de l’ensemble du système financier. C’est une situation qui ne s’était pas produite depuis la grande crise financière.
Graham Stephan met le focus sur l’augmentation du ration dette publique sur PIB ces dernières années:

Considérez la dette nationale comme le montant qu’un pays doit continuer à emprunter à son avenir pour payer son présent. Selon l’investisseur chevronné Ray Dalio, ce chiffre devient de plus en plus insoutenable de jour en jour. Lorsqu’un pays ne peut plus supporter sa dette, il a deux choix : faire défaut ou imprimer davantage de monnaie, et il choisit toujours d’imprimer davantage de monnaie. Quel est donc le problème lié à l’impression de monnaie supplémentaire ?
- Le ratio dette/PIB est de 122 % et reste constamment élevé, ce qui signifie que nous dépensons et empruntons chaque année plus que ce que nous sommes capables de produire. Alors que les taux d’intérêt gouvernementaux continuent d’augmenter, ils ont récemment atteint un niveau record.
- Trois facteurs sont à l’origine d’une tempête parfaite qui pourrait conduire à des difficultés économiques : les droits de douane provoquent des conflits extérieurs, les divisions politiques conduisent à des conflits intérieurs et l’augmentation de la dette affecte la politique monétaire de la Fed, qui a déjà du mal à contrôler l’inflation.
- L’ordre mondial s’effondre. En raison de l’approche « America First », nous nous éloignons d’un ordre mondial multilatéral et coopératif qui pourrait favoriser la croissance pour tous. Cela se fait au détriment de la bonne volonté à long terme.
Tout cela sape la confiance du monde dans le système financier américain.
Pendant longtemps, les États-Unis ont été considérés comme un refuge sûr par les autres pays qui achetaient d’énormes quantités de bons du Trésor américain, car le dollar était la monnaie de réserve mondiale et les États-Unis avaient toujours remboursé leurs dettes à temps. Mais récemment, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de crédit des États-Unis de AAA (négative) à AA1 (stable).
C’est très grave.
Elle a souligné que le Congrès n’avait cessé de se montrer incapable de réduire la dette nationale et le recours excessif à l’emprunt. Alors que les recettes publiques restent stables et que les dépenses sociales augmentent, elle s’attend à des déficits plus importants qui feront grimper la dette et les intérêts, entraînant une baisse des performances. Elle prévoit que d’ici 2035, les paiements d’intérêts représenteront 30 % du budget total. Imaginez que vous ayez besoin de 100 000 dollars par an pour survivre et que 30 000 dollars ne représentent que les intérêts sur l’argent que vous devez déjà. C’est fou.
Graham Stephan donne aussi un schéma récapitulatif des déficits publics américains depuis les années Kennedy:

42 % de la dette nationale est détenue par des investisseurs privés, comme Warren Buffett. 20 % est détenue par des agences gouvernementales, 13 % par la Réserve fédérale et les investisseurs étrangers détiennent les 25 % restants (un chiffre qui a quadruplé au cours des 50 dernières années !). Alors que les paiements d’intérêts augmentent plus que les dépenses de santé et de défense, la valeur du dollar continuera de baisser : les taux hypothécaires sont de nouveau à 7 %, les rendements des bons du Trésor à 30 ans sont à 5 % et emprunter de l’argent deviendra beaucoup plus cher. Si les gens perdent confiance dans les États-Unis, les taux continueront d’augmenter pour compenser le risque, et les prix des autres actifs baisseront.
La théorie économique parle-t-elle de la dette américaine?
J’ai posé deux questions au moteur d’Intelligence Artificielle Grok3:
Tout d’abord: Existe-t-il un économiste ou un groupe d’économistes qui aient placé la dette américaine au coeur d’une explication globale de l’économie mondiale? Voici la réponse synthétique, au terme d’une analyse détaillée:
Synthèse : Une vision globale
Aucun économiste ou groupe n’a proposé une théorie unique plaçant exclusivement la dette américaine au cœur de l’économie mondiale, mais plusieurs convergent sur son rôle systémique :
- Stabilité financière : La dette américaine, via les bons du Trésor, est un pilier du système financier mondial. Une crise de confiance (défaut, monétisation excessive) pourrait déstabiliser les marchés globaux (Reinhart, Rogoff, Yellen).
- Inégalités et pouvoir : La dette renforce le pouvoir des élites et des créanciers étrangers, structurant les relations économiques globales (Piketty, Zucman, nouvelle gauche).
- Soutenabilité : Dans un contexte de taux bas, la dette peut financer la croissance, mais une hausse des taux ou un ralentissement économique pourrait créer des risques systémiques (Blanchard, FMI).
- Déséquilibres globaux : La dette américaine absorbe l’épargne mondiale, limitant les investissements ailleurs et maintenant la suprématie du dollar (Galbraith, Zucman).
J’ai ensuite posé une deuxième question: Peux-tu me dire si l’un des prix Nobel depuis 1974 a consacré une partie de ses travaux à la dette américaine? Voici la synthèse de Grok 3:
Parmi les lauréats du Nobel depuis 1974, Joseph Stiglitz, Thomas Sargent, et Paul Krugman sont ceux qui ont le plus directement consacré une partie de leurs travaux ou commentaires publics à la dette américaine, en l’analysant comme un facteur clé de l’économie mondiale. Stiglitz met l’accent sur les inégalités et les choix politiques, Sargent sur la soutenabilité et les anticipations, et Krugman sur la relance et les risques à long terme. Robert Mundell et Robert Shiller ont également abordé la dette américaine, mais de manière plus indirecte, en lien avec les déséquilibres mondiaux et la psychologie des marchés.
Aucun lauréat n’a fait de la dette américaine le cœur exclusif de sa théorie globale, mais tous reconnaissent son importance systémique en raison du statut du dollar et de la centralité des bons du Trésor.
L’absence d’une théorie qui place la dette américaine au centre d’un aggiornamento de la pensée économique
Ma question sur les prix Nobel avait un sens ultime: l’Académie Nobel choisit de récompenser des « professionnels de l’anticonformisme », c’est-à-dire des économistes qui mettent en question une partie des travaux académiques antérieurs mais qui ne mettraient pour rien au monde en danger leur carrière universitaire ni leur insertion dans des cercles de discussion officiels.
Il y a bien sûr des exceptions, comme le prix Nobel français Maurice Allais. Ou un cas limite, comme celui de Friedrich Hayek, anti-conformiste authentique, avec l’ensemble de l’Ecole autrichienne, au milieu du XXème siècle mais dont la pensée a été instrumentalisée au service du néo-libéralisme – le prix Nobel marquant le début de cette récupération.
En réalité, ce sont toutes les catégories classiques de la pensée économique qui sont devenues inopérantes à partir du moment où les Etats-Unis ont détruit le système de Bretton Woods, en 1971. Nous l’avons montré, il y a une quinzaine d’années, avec Norman Palma, dans un livre sur le lien entre crises économique et système monétaire:

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+ L’imposture du discours économique néo-libéral vient du fait que les USA ont transformé leur fiat currency en étalon monétaire mondial. Je fais partie des gens qui pensent qu’il ne peut pas y avoir de libre-échange réel dans un monde où un pays s’endette à volonté. Plus globalement, il ne pouvait pas y avoir d’équilibre économique dans l’économie mondialisée américano-centrée, contrairement à ce qu’on nous a raconté depuis les années 1980 pour nous faire accepter la domination américaine.
+ Ce qui reste d’économistes keynésiens ont rarement osé aborder la dynamique de l’économie américaine fondée sur la dépense publique dans le secteur de la défense.
+ On attend encore une mise à jour de l’analyse de l’inflation dans un système où la création monétaire exponentielle américaine a créé des asymétries insupportables (différentiels dans le coût du travail à l’échelle mondiale pour des niveaux éducatifs de plus en plus homogènes de la main d’œuvre; inégalités de revenus comme il n’en a jamais existé dans l’histoire, la concentration de la fortune étant un moyen de conserver la valeur de la monnaie de papier) ou des bulles financières (produits dérivés, marchés d’action, immobilier, sport professionnel, marché de la drogue etc….)
Revenir à l’économie politique
En réalité, lorsque je cherche un auteur capable d’écrire de l’économie politique, comme Frédéric Bastiat, Karl Marx ou John Maynard Keynes, celui qui s’en rapproche le plus dans la France actuelle est Emmanuel Todd – sans doute parce qu’il est historien et démographe avant d’être économiste. Son livre Les luttes de classe en France au XXIème siècle est un ouvrage très puissant. Mais l’apport majeur d’Emmanuel Todd concerne sans doute son insistance sur la formation (dans la cellule familiale) et l’éducation comme facteurs préalables au développement économique. Cela nous éloigne en partie de notre sujet.
Non moins intéressante est l’évolution de Jeffrey Sachs, archétype des économiste néo-libéraux dans les années 1990; mais qui, après un détour par les « objectifs du développement durable », est devenu aujourd’hui un des analystes les plus efficaces quand il s’agit de montrer les deux revers de la médaille: impérialisme washingtonien et endettement états-unien.
J’ai cité Bastiat, Marx et Keynes, parce que c’est sans doute de la combinaison des trois questionnements fondamentaux qu’ils représentent qu’il faut partir! (1) une compréhension des ressorts profonds de la liberté économique – et donc du miracle européen qui a permis l’invention du capitalisme, comme Bastiat. (2) un regard sans aucune indulgence sur les rapports de classe, à la façon de Marx. (3) Une envie, comme Keynes, de penser l’organisation mondiale de l’économie.
(1) Nous pouvons nous réjouir de ce que les années 1970 et 1980 ont réhabilité l’entreprise. Il me manque cependant, chez beaucoup d’auteurs libéraux le regard lucide sur le fait que la première entrave au libre fonctionnement de l’économie de marché dans le monde, ce sont les USA, avec leur politique monétaire arbitraire, leur refus de laisser une économie de marché indépendante de leurs intérêts s’établir chez les autres, leur volonté de s’accaparer les ressources naturelles du monde, leur instrumentalisation, jusqu’à Trump, du libre-échange. L’endettement américain, et ses conséquences énumérées plus haut, a rendu le libéralisme économique en partie inopérant.
(2) Nous insistons souvent, dans Le Courrier des Stratèges, sur l’existence de ce que David Rothkopf appelle « la superclasse mondiale », avec sa succursale parisienne, « la caste ». Il faut comprendre qu’elle est largement le produit de ce que le néo-marxiste Michael Roberts appelle « keynésianisme militaire ». L’inflation monétaire américaine a été de plus en plus orientée vers le Moloch qu’est le Pentagone, moteur d’une militarisation croissante de l’économie. On observe actuellement une double évolution: tandis que l’Union Européenne est de plus en plus absorbée dans la logique des dépenses militaires pour sauver les privilèges des sections européennes de l’Internationale Néoconservatrice, la nouvelle équipe au pouvoir aux Etats-Unis cherche des issues à la crise socio-économique américaine des cinquante dernières années, tiraillée entre renationalisation de la politique américaine, retour à la Doctrine Monroe, alliance avec la Big Tech et néo-protectionnisme.
(3)Contrairement à sa réputation, Keynes, grand lecteur d’Edmund Burke, était plus un penseur des limites du libéralisme qu’un étatiste. Ce qui reste sans doute de plus original chez lui, c’est sa contribution aux deux après-guerres: son génial ouvrage de 1919 sur Les Conséquences Economiques de la Paix, en 1919; et son combat pour le BANCOR, en 1944, à Bretton Woods. Bien entendu son approche économique peut être pervertie, comme dans le cas du keynésianisme militaire que je mentionnais à l’instant. Mais dans le monde actuel, être fidèle à Keynes, ce serait reprendre sa quête des grands équilibres économiques à l’échelle mondiale, un sujet que cet économiste qui se souvenait encore qu’à l’origine sa discipline était incluse dans les « sciences morales et politiques », a poursuivi avec obstination.
Aujourd’hui se pose la question d’un nouvel équilibre mondial entre l’Occident déclinant et les BRICS en ascension. Bien entendu, le préalable est l’analyse sans complaisance du système de domination qu’a permis de mettre en place la dette américaine.