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L’année 1965 est clé pour comprendre de Gaulle: elle commence par son extraordinaire conférence de presse sur les dangers du dollar-roi. Et elle finit par une réélection à la présidence de la République plus difficile que prévue. Très clairement, la déprise entre le Général et une partie des élites a commencé durant cette année-là. Or, au lieu de faire un compromis, de Gaulle voit dans les dangers qui l’assaillent une raison supplémentaire d’envoyer un certain nombre de messages, de prendre un certain nombre d’initiatives qui nous prouvent aujourd’hui sa prescience. Dans l’immédiat de Gaulle a perdu car rien ne lui était plus contraire que l’esprit de 1968. Mais aujourd’hui, alors que reflue la vague du globalisme occidental, d’un côté les Français voient les dégâts qu’elle a faits et, de l’autre, ils ont une boussole irremplaçable pour avancer dans le nouveau monde.

En écrivant ce jour sur l’étalon-or, et en réécoutant la conférence de presse du Général sur le sujet, le 5 février 1965, j’ai pris conscience de l’importance de cette année-là pour l’héritage que le Général a laissé à la France.
5 février 1965: mettre fin, dès que possible, à l’arbitraire monétaire américain
Jacques Rueff lui-même, fut impressionné par la prestation du Général:
À peine rentré dans son bureau, Alain Peyrefitte reçoit un coup de téléphone de Jacques Rueff qui avoue ne jamais avoir entendu parler du dollar, du Gold Exchange Standard et du système monétaire international avec tant de clarté, de profondeur, de maîtrise.
« Vous êtes content de votre élève, interroge Peyrefitte ?
– Je croyais, répond Rueff, qu’il était mon maître en toutes choses, sauf pour celle-là. Je me demande s’il ne le devient pas aussi pour celle-là »
On en veut pour preuve le texte du Général:
Journaliste
Monsieur le Président, en changeant une partie de ses avoirs en dollars contre de l’or la France a provoqué les réactions qui elles-mêmes ont fait apparaître certains défauts du système monétaire international actuel. Etes-vous partisan de réformer ce système, et si oui, comment ? Ma question, Monsieur le Président, s’enchaîne avec la précédente. Pourriez-vous préciser votre politique en ce qui concerne les investissements étrangers en France et particulièrement les investissements américains.
Charles de Gaulle
Bien je vais tacher d’expliquer ma pensée sur ces points. A mesure que les Etats d’Europe occidentale qui ont été ruinés et décimés par les guerres recouvrent leur substance, la situation relative qui était la leur tend à apparaître comme inadéquate et même souvent comme abusive et dangereux. Rien là d’ailleurs dans cette constatation qui implique de leur part et à plus forte raison de la part de la France, rien d’inamical à l’égard d’aucun pays et en particulier, vis-à-vis de l’Amérique. Mais le fait que ces Etats-là veuillent chaque jour davantage agir par eux-mêmes, dans tout domaine des relations internationales, procède du mouvement naturel des choses. Il en est ainsi du système monétaire qui est mis en pratique, des rapports monétaires si vous voulez qui sont en pratique dans le monde depuis que les épreuves subies par l’Europe lui ont fait perdre l’équilibre. Je parlais naturellement du système monétaire international qui est apparu au lendemain de la première guerre mondiale et qui s’est établi à la suite de la seconde. On sait que ce système à partir de la conférence de Gênes en 1922, ce système attribuait à deux monnaies, la Livre et le Dollar, le privilège d’être tenus pour équivalant à de l’or dans les échanges extérieurs. Il est vrai que la Livre fut dévaluée en 1931 et que le Dollar le fut en 1933. Et on avait pu croire à ce moment-là que le privilège, ce privilège insigne, cet avantage insigne de ces deux monnaies se trouvait compromis. Mais l’Amérique surmontait sa grande crise et puis après, la deuxième guerre mondiale ruinait les monnaies de l’Europe occidentale en y déchaînant l’inflation. Comme ensuite presque toutes les réserves du monde se trouvaient alors détenues par les Etats-Unis, et que, ils étaient les fournisseurs universels et que par conséquent ils avaient pu maintenir la valeur de leur monnaie. Il pouvait paraître naturel que les Etats fissent entrer indistinctement des dollars ou de l’or dans leur réserve de change. Et que les différences dans les balances des paiements fussent réglées par transfert de crédit ou de signe monétaire américain aussi bien que le métal précieux. Et ce système monétaire international, ce Gold Exchange Standard, a été par conséquent admis pratiquement depuis lors. Mais il se trouve qu’il ne correspond plus de la même façon aux réalités d’à présent. Et que par conséquent il comporte des inconvénients qui vont en s’alourdissant. Comme cette question qui intéresse le monde doit être considérée avec sérénité et avec objectivité, ce que permet de faire la conjoncture actuelle qui ne comporte à cet égard rien qui paraisse ni très pressant, ni très alarmant, c’est le moment de le faire. Remarquons que les conditions qu’avaient suscité le Gold Exchange Standard se sont profondément modifiées. Les monnaies des Etats de l’Europe occidentale ont été restaurées à tel point que les réserves d’or que ces Etats possèdent, mettons ces six Etats, les six, le total de leur réserve d’or équivaut à celui des Américains. Et il le dépasserait même si ces Etats voulaient convertir en or tous les dollars qu’ils ont à leur compte. Alors, cette espèce de valeur transcendante qui était reconnue au dollar a perdu sa base initiale qui était la possession par l’Amérique de la plus grande partie de l’or du monde. Mais en outre, le fait que beaucoup d’Etats acceptent par principe des dollars au même titre que de l’or pour les règlements des différences qui existent à leur profit dans la balance des paiements américaine, ce fait entraîne les Américains à s’endetter et à s’endetter gratuitement vis-à-vis de l’étranger car ce qu’ils lui doivent, ils le lui payent tout au moins en partie avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre et non pas avec de l’or qui a une valeur réelle, qu’on ne possède que pour l’avoir gagné, et qu’on ne peut transférer à d’autres sans risque et sans sacrifice. Mais aussi par-là, cette sorte de facilité unilatérale qui est attribuée à l’Amérique, contribue à faire s’estomper l’idée que le dollar est un signe impartial et international des échanges alors qu’il est un moyen de crédit approprié à un Etat. Evidemment il y a d’autres conséquences à cette situation. Il y a en particulier le fait que les Etats-Unis, faute d’avoir réglé en or tout au moins totalement, les différences négatives de leur paiement, contrairement à la pratique qui était naguère adoptée, et en vertu de laquelle les Etats étaient amenés à prendre, et au besoin avec rigueur, le cas échéant, les mesures voulues pour établir leur équilibre, les Etats-Unis dis-je, subissent d’année en année des balances déficitaires non point certes que le total de leurs échanges commerciaux sont à leur défaveur. Leurs exportations de matières dépassent leurs importations. Mais c’est aussi le cas pour les dollars dont les sorties dépassent toujours les entrées. Alors il se crée en Amérique par le moyen de ce qu’il faut bien appeler l’inflation, des capitaux qui sous la forme de prêts en dollars accordé à des Etats ou à des particuliers sont exportés au dehors, et bien entendu cette augmentation de la circulation fiduciaire américaine rend moins rémunérateurs les placements à l’intérieur des Etats-Unis. D’où chez eux une propension croissante à investir à l’étranger. De là il en résulte pour certains pays une sorte d’expropriation de telle ou telle de leurs entreprises. Il faut bien dire que cette pratique a longtemps favorisé et favorise encore dans certaine mesure l’aide multiple et considérable que l’Amérique prête à beaucoup de pays. Et dont nous avons nous-même, en d’autres temps, largement bénéficié. Mais les circonstances ont changé et c’est pourquoi la France préconise que le système lui aussi soit changé. Que cesse cette sorte de déséquilibre fondamental qui est désormais un fait. La France l’a préconisé, comme vous le savez, à la conférence monétaire de Tokyo. Etant donné les conséquences que pourrait avoir une crise qui surviendrait dans un pareil domaine, nous pensons qu’il faut prendre à temps les moyens de l’éviter. Nous estimons nécessaire que les échanges internationaux soient établis comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d’aucun pays, en particulier. Quelle base ? En vérité on ne voit pas qu’il puisse y avoir réellement de critère, d’étalon autre que l’or. Et oui l’or qui ne change pas de nature, qui peut se mettre différemment en lingot, en barre, en pièce, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu éternellement et universellement pour la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence du reste. Quoi que, au milieu des immenses épreuves que nous avons tous traversé, quoi qu’on ait pu imaginer, ou dire, ou écrire, ou faire, le fait est, qu’aujourd’hui encore aucune monnaie ne vaut, sinon par relation directe ou indirecte, réelle ou supposée avec l’or. Naturellement on ne peut pas obliger aucun Etat à faire ce qu’il doit faire à l’intérieur de lui-même. Mais dans les échanges internationaux la loi suprême, la règle d’or, c’est bien le cas de le dire, qu’il faut remettre en honneur et en vigueur, c’est l’obligation d’équilibrer d’une zone monétaire à l’autre par entrée et sortie effective de métal précieux, les balances de paiement qui résultent de leurs échanges. Certes, la fin sans rude secousse du Gold Exchange Standard qui est la restauration de l’étalon or ainsi que la mesure complémentaire et transitoire qui serait indispensable en particulier, l’organisation du crédit international, sur cette base nouvelle, tout cela doit être examiné posément entre Etats. Et en particulier entre ceux des Etats auxquels leur puissance économique et financière confère une responsabilité particulière. D’ailleurs les cadres appropriés à ces études et à ces négociations existent déjà. Le fond monétaire international qui a été institué en vue d’assurer la solidarité des monnaies, de l’assurer autant que faire se peut, le fond monétaire international est certainement un endroit très convenable pour de telles négociations. Le Comité des dix, qui comme vous le savez, se trouve composé indépendamment des Etats-Unis et de l’Angleterre d’une part, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Belgique et des Pays-Bas, d’autre part du Japon, de la Suède et du Canada, le Comité des dix préparerait les propositions nécessaires et enfin il appartiendrait aux six Etats qui paraissent en voie de réaliser une communauté économique de l’Europe occidentale, il leur appartiendrait d’élaborer entre eux et de le faire valoir au dehors, le système solide qui serait conforme au bon sens et qui répondrait à la puissance économique et financière renaissante de notre ancien continent. La France pour sa part est prête à contribuer activement à cette grande réforme qui s’impose dans l’intérêt du monde entier
En fin d’année 1965, le ballotage
Sans aucun doute les autorités politiques et monétaires américaines eurent-elles des raisons de se réjouir lorsque le Général de Gaulle ne réussit pas, en décembre 1965, à être élu au premier tour de scrutin lors de l’élection présidentielle.
Ce qui frappe, avec le recul, c’est moins les 5% du candidat d’extrême-droite Tixier-Vignancourt que les presque 16% de Jean Lecanuet, le candidat de la droite atlantiste. Le drame de la rupture entre de Gaulle et les élites « conservatrices » était en train de se nouer.
je recommande à cet égard de lire l’extraordinaire ouvrage, Les trois derniers chagrins du Général de Gaulle, qui raconte l’histoire de la déprise entre de Gaulle et la droite, y compris Georges Pompidou:

1964-1969: Le Testament du Général
Faisons la liste des décisions et messages du Général de Gaulle, qui enjambent 1965 et qui sont autant d’éléments d’un Testament du Général:
+ le constat d’échec de la coopération franco-allemande en avril 1963
+ la reconnaissance de la Chine populaire, le 31 janvier 1964;
+la conférence de presse sur la politique monétaire américaine, le 4 février 1965.
+ la politique de la chaise vide au sein des institutions européennes entre le 30 juin 1965 et 1966, pour y affirmer l’autorité de ka France.
+ la sortie du commandement intégré de l’OTAN, le 7 mars 1966
+ du 20 juin au 1er juillet 1966, la visite du Général en URSS
+ le discours de Phnom-Penh, le 1er septembre 1966, dans lequel, depuis le Cambodge, de Gaulle dénonce la guerre du Vietnam et l’impérialisme américain en général.
+ le discours « Vive le Québec Libre » du 24 juillet 1967.
+ la conférence de presse critiquant la Guerre des Six Jours, du 27 novembre 1967.
Limites de la construction européenne, arbitraire du dollar, éveil de la Chine, résurrection de la Russie sous le communisme, échec prévisible des guerres américaines, impasse dans laquelle s’enfonçait Israël….
Il n’est pas un sujet sur lequel le Général ne nous ait livré une clé pour comprendre aujourd’hui. Et pourtant, pendant 60 ans, c’est l’esprit de 1968 qui l’a emporté, avec, au bout du compte, la négation des avertissements ou recommandations du Général dans tous les domaines.
En 1969, la coalition des notables refusa au Général la régionalisation, le renouvellement de la composition du Sénat et la participation des salariés aux résultats de l’entreprise.
Aujourd’hui, la classe dirigeante française ayant accepté la fédéralisation de l’Europe, profitant d’une économie largement dollarisée, incapable de répondre à la main tendue de la Chine pour construire un nouvel ordre international, porteuse de sanctions contre la Russie, incapable de critiquer Israël, cette France-là, conduite par une haute fonction publique obsédée de centralisme et ayant jeté par-dessus bord tout patriotisme, est bien l’héritière de 1968. Elle est certes en train d’agoniser mais elle refuse de lâcher le gouvernail.
Retenons que le Général avait dénoncé à l’avance toutes les illusions qui nous gouverne depuis un demi-siècle. Et loin de baisser le drapeau français devant le reste du monde, il portait au contraire haut les couleurs de la France héritière de Rome, construite par 40 rois, renouvelée dans la République moderne.
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