Madrid – 8 mai 2024 – La crise agricole en Espagne, marquée par l’arrachage des orangers et des oliviers, révèle une situation dramatique. Cette grave crise découle de plusieurs facteurs, notamment la baisse des prix, la concurrence internationale déloyale et les coûts de production élevés. Pour comprendre ce phénomène, il faut analyser les causes profondes et les conséquences désastreuses pour le secteur agricole espagnol. cette analyze détaillée met en lumière les défis majeurs auxquels sont confrontés les agriculteurs et explique pourquoi la crise agricole en Espagne exige une attention immédiate.

L’image de tracteurs déracinant des orangers à cordoue et de pépinières sans jeunes plants d’oliviers en Andalousie est devenue le symbole d’une crise profonde et complexe qui frappe le secteur agricole espagnol. Derrière ces scènes se cache un réseau complexe de facteurs économiques, politiques, sociaux et environnementaux qui ont poussé des milliers d’agriculteurs au bord du gouffre, les obligeant à abandonner des cultures traditionnelles et à repenser leur avenir.

Le Détonateur : Des Prix en Chute Libre et la Concurrence internationale

La cause immédiate du problème est le manque de rentabilité. Les agriculteurs vendent depuis des années à des prix inférieurs à leurs coûts de production, étouffés par la concurrence des oranges et autres produits importés de pays où les coûts de main-d’œuvre et les normes environnementales sont plus bas.

Un agriculteur de Cordoue, dont la vidéo où il arrachait ses orangers est devenue virale, a résumé la situation ainsi :

Nous sommes à Cordoue en train d’arracher des orangers parce qu’ils méritent plus d’être en Afrique du Sud, en Égypte et au Maroc… Ils paient de meilleurs salaires que ce qu’il y a ici. Eh bien, nous voilà, ruinés, en train de tout arracher. Merci beaucoup à nos politiciens, ceux d’Espagne et ceux d’europe, merci pour tout. Merci de nous ruiner.

L’importation massive d’agrumes depuis l’Afrique du Sud, l’Égypte ou le Brésil a entraîné une chute drastique des prix, obligeant les agriculteurs espagnols à brader leurs produits ou, tout simplement, à cesser de produire. Cette concurrence, perçue comme déloyale, est exacerbée par le manque de soutien institutionnel et la faible protection contre les pratiques de dumping social et environnemental.

Le problème ne se limite pas aux agrumes. L’oliveraie traditionnelle, joyau de l’agriculture méditerranéenne, traverse une crise multiple : chute du prix de l’huile à la source (jusqu’à 44 % en un an et demi), droits de douane internationaux, entrée de fonds d’investissement et essor de la culture intensive et super-intensive, plus rentable mais moins durable.

Facteurs Structurels : Coûts, Climat et Modèle Agraire

Coûts de Production en Hausse

Au drame des prix s’ajoutent les coûts croissants des engrais (souvent des produits chimiques toxiques), de l’eau, de l’énergie et de la main-d’œuvre. L’augmentation du coût des intrants a fait exploser les dépenses des exploitations, en particulier dans les cultures à forte intensité de main-d’œuvre comme l’oliveraie, le vignoble ou les arbres fruitiers.

Crise climatique et Ravageurs

Le changement climatique agit comme un multiplicateur de crise. Les sécheresses prolongées, les vagues de chaleur et les phénomènes extrêmes ont réduit la production et la qualité des oranges et des olives, augmentant encore le coût de l’eau et des traitements phytosanitaires. Les étés plus chauds et les pluies irrégulières affectent particulièrement les cultures traditionnelles de terres sèches, moins adaptées à la nouvelle réalité climatique.

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