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Bernard Arnault est-il vraiment un entrepreneur ?

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Par une simplification coupable, le mainstream français aime bien opposer les salariés (abusivement confondus avec les travailleurs, les fonctionnaires, et quelques autres espèces qui ne vivent pas forcément avec un salaire, mais avec une rémunération du travail) et les patrons, vaste catégorie mensongère qui mélange pêle-mêle le PDG de la BNP, Bernard Arnault et le boulanger du coin. Il est nécessaire ici de dire POURQUOI ces confusions dans les mots sont toxiques pour la croissance de notre pays. Pour le bien commun et l’intérêt général, nous menons ici un salutaire travail de clarification.

Donc, dans le grand effondrement cognitif contemporain qui transforme le Capital de Marx en série Netflix, il y aurait deux camps antagonistes dans l’histoire : d’un côté, les gentils salariés, qu’il faut protéger car ils sont spoliés, de l’autre côté les méchants patrons, les riches, parasites qui prospèrent sans rien faire en dérobant la plus-value produite par les spoliés. Dans cette bouillie pour chat, au demeurant volontiers propagée par des esprits en principe brillants, le monde se réduirait à deux catégories : le bien contre le mal, le capital contre le travail, le patrimoine contre la création de richesses, le salarié contre l’employeur, le riche contre le pauvre.

Une des grandes défaites idéologiques de notre époque est de valider sans état d’âme et de concasser chaque jour ce minerai appauvri qu’est l’analyse binaire du capitalisme, avec deux catégories fourre-tout qui mélangent allègrement des réalités hétéroclites. La responsabilité de cette défaite incombe d’abord aux mouvements patronaux, qui se préoccupent plus de gérer un système de domination verticale de la société à leur propre profit, que de favoriser l’esprit d’entreprise et la croissance économique du pays en expliquant en quoi consiste réellement le métier de « patron ».

Au nom de cette vision simpliste, en effet, s’impose assez naturellement l’idéologie absurde selon laquelle nous vivons dans une sorte d’économie fermée où la quantité de richesses est stable et peut simplement être partagée de façon mécanique entre les deux catégories que nous avons évoquées. Êtes-vous un gentil ? Alors vous considérez que l’impôt sur les plus riches, sur les méchants, corrige moralement de scandaleuses injustices qui décomposent le tissu social. Êtes-vous un méchant ? Alors vous êtes pour des baisses d’impôt qui accroîtront les inégalités, vous êtes un apôtre de l’individualisme, de l’égoïsme, de la loi de la jungle, et autres balivernes qui dispensent les gens de gauche d’utiliser leur cerveau.

En y regardant bien, la pensée contemporaine moyenne ne vole pas plus haut que cette croyance naïve selon laquelle diriger un pays se réduit à taxer plus ou moins les riches. Cette réduction à la morale illustre la décadence profonde des esprits occidentaux depuis 1945.

Autant de patrons que d’espèces vivantes…

J’ai évoqué, en introduction, la diversité des statuts de « travailleurs » : salariés, sous-traitants, fonctionnaires, précaires, qui pose de vraies questions sur la valeur réelle de ce concept. Il faudrait un post complet pour montrer comment la confusion contemporaine est toxique pour l’intérêt général.

Aujourd’hui, je voudrais uniquement me consacrer à débrouiller les confusions que le mot de « patron » crée dans l’esprit contemporain, et je voudrais souligner les dégâts que ces confusions emportent pour l’ensemble de la société. Car notre langage commun a bien consacré la synonymie entre le mot « patron » et le mot « employeur ». Par exemple, on parle couramment de cotisations patronales en matière de sécurité sociale, opposées aux cotisations salariales.

Mais qu’est-ce qu’un patron ?

Karl Marx aurait répondu : un patron est un propriétaire de moyens de production.

Au dix-neuvième siècle, lorsque la révolution industrielle s’est imposée, cette définition était assez juste. Par exemple la famille Schneider possédait des usines sidérurgiques qu’elle avait créées. Disons que, à grands traits, cette vision du monde patronal reflétait la réalité.

Le problème est que cette vision ne reflète plus le monde d’aujourd’hui, quelques décennies après l’invention du capitalisme managérial et du capitalisme financier. La notion de patrons est en effet infiniment plus diverse que le mot ne peut le faire croire.

Un manager est-il un patron ?

Première forme de patron : le manager, salarié et mandataire social de l’entreprise. L’industrie automobile fourmille de figures emblématiques qui illustrent parfaitement de quoi il s’agit.

Prenons l’exemple de Carlos Ghosn, ancien patron de Renault-Nissan. L’intéressé avait été recruté à prix d’or et recevait chaque mois un salaire pour diriger les entreprises du groupe. Son contrat de recrutement prévoyait l’attribution d’un paquet d’actions de l’entreprise, de telle sorte que Ghosn était bel et bien propriétaire d’une partie des moyens de production.

Mais il n’était pas le fondateur de Renault. Il l’en était pas l’actionnaire principal. Il était un employé avec le statut de mandataire social, c’est-à-dire doté du pouvoir de représenter les véritables propriétaires de l’entreprise (les actionnaires). Mais il n’était pas le « patron » au sens de la famille Schneider au 19è siècle.

Un actionnaire est-il un patron ?

Autre forme de patron : l’actionnaire, qu’il soit majoritaire ou non.

Prenons l’exemple de la famille Peugeot, qui possède encore une partie du capital de l’entreprise, désormais intégrée à l’alliance Stellantis. Les Peugeot correspondent, dans la vision marxiste, à la notion de « patron », puisqu’ils possèdent au moins une partie des moyens de production. Simplement, à la différence de la famille Schneider (que nous utilisons ici, par simplicité, comme les étalons du patronat à l’état pur), les Peugeot ne sont plus partie prenante à la vie de l’entreprise dont ils possèdent une partie.

Ce ne sont plus les Peugeot qui choisissent les modèles de voitures, qui supervisent le développement de nouveaux moteurs, qui assurent le fonctionnement de l’entreprise au jour le jour. Ghosn était un salarié devenu patron, les Peugeot sont des patrons qui laissent l’entreprise à des salariés.

Le petit actionnaire minoritaire

Que dire ici des petits actionnaires minoritaires, qui sont propriétaires des moyens de production, donc patrons au sens de Marx, mais qui disposent seulement de quelques centaines de voix, grâce à un portefeuille spéculatif d’actions, au milieu des millions, voire des dizaines de millions de voix représentées en assemblée générale.

Là encore, ces patrons-là n’ont rien à voir avec Carlos Ghosn ou avec la famille Peugeot.

Bernard Arnault est-il un patron ?

Autre grande figure mythologique du patron : Bernard Arnault… L’intéressé dirige effectivement un grand groupe de luxe, LVMH, avec un talent que nous ne lui contesterons pas. Il est effectivement actionnaire du groupe qu’il dirige au jour le jour.

Simplement, il faut se souvenir ici que Bernard Arnault n’est pas le fondateur des entreprises qui constituent son groupe. Il est d’abord un habile financier, qui, en son temps, bénéficia de subventions publiques pour acheter et vendre des entreprises. Ce métier n’a rien de déshonorant, notre point n’est pas là. En revanche, la « physionomie » capitalistique d’Arnault n’a rien à voir avec celle d’un membre de la famille Peugeot. Il n’est pas un fondateur, et son enrichissement est né d’opérations capitalistiques, tout à fait réussies, mais qui ne sont guère assimilables à ce qui fit la fortune des Schneider : la production industrielle dans des fonderies de famille.

Les start-upers sont-ils des patrons ?

Dans cette énumération qui sera vraiment trop courte, impossible de ne pas évoquer la situation des start-upers qui lèvent des millions d’euros pour financer le développement de leur entreprise. Moins emblématiques du capitalisme contemporain qu’aux Etats-Unis, les start-upers présentent la particularité d’être des financiers avant d’être des patrons : ils doivent lever des fonds, et parviennent rarement à dégager des bénéfices.

Ils sont en fait des développeurs, qui s’enrichissent en revendant l’entreprise qu’ils ont créée une fois une certaine maturité acquise. Au fond, ils sont des « accouveurs » plus que des éleveurs.

Stérin, le patron fondateur

En France, le capitalisme des fondateurs est une exception. On relèvera ici le cas de Pierre-Edouard Stérin, qui a créé Smartbox, qui l’a effectivement développée, et qui l’a très bien revendue.

Il est l’un des rares cas français où le même capitaine a fondé une entreprise, l’a possédée et l’a dirigée effectivement. J’espère que l’on ne nous en voudra pas si nous considérons que la figure du patron nous paraît légitimement celle-là avant tout, bien plus que celle de Bernard Arnault. Cette figure-là unit bien le propriétaire des moyens de production et le dirigeant effectif de l’entreprise.

La question du risque

Prenons le cas Stérin : voilà un homme qui a pris des risques (et temporels : le temps de vie passé à développer son entreprise, et financiers : son entreprise était son patrimoine) pour développer une affaire qui n’existait pas. Ni Ghosn, ni Arnault, ni les Peugeot, ne peuvent se targuer de ce statut de fondateur qui crée une affaire et la développe à ses risques et périls.

Ceci ne diminue en rien les talents individuels des Ghosn, Arnault ou Peugeot. Mais il y a, dans la figure du fondateur individuel, une audace, un risque, une force utile à la croissance collective, qui mérite d’être soutenue.

Risque et croissance économique

De ce point de vue, la société française manque cruellement d’entrepreneurs fondateurs de la trempe de Stérin. Pour une raison simple : la prise de risque en France n’est pas reconnue fiscalement. Un fondateur paie autant d’impôts sur les dividendes que le petit actionnaire qui place en bourse l’héritage de sa grand-mère.

Comment, dans ces conditions, s’étonner que ceux qui créent partent à l’étranger ? Comment s’étonner de la frilosité des entrepreneurs français ? Au fond, il faut être idiot pour créer, en mettant son patrimoine en jeu, une entreprise en France et la développer. En termes de « rapport qualité-prix », il est beaucoup plus intelligent de placer son héritage en bourse, plutôt que de l’utiliser pour « monter une affaire ».

Nous tenons là une explication de la paupérisation de notre pays : l’immobilisme rapporte plus que la croissance et le risque.

Cherchez l’erreur.

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