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Le 2 juillet 2025, un attentat terroriste a été déjoué à Saint-Étienne. Un homme de 18 ans, influencé par l’idéologie « incel », projetait de s’en prendre à des femmes. Pour la première fois, le Parquet national antiterroriste s’est saisi d’une affaire relevant explicitement du masculinisme. Mais cette reconnaissance tardive masque une réalité bien plus […]
Le 2 juillet 2025, un attentat terroriste a été déjoué à Saint-Étienne. Un homme de 18 ans, influencé par l’idéologie « incel », projetait de s’en prendre à des femmes. Pour la première fois, le Parquet national antiterroriste s’est saisi d’une affaire relevant explicitement du masculinisme. Mais cette reconnaissance tardive masque une réalité bien plus ancienne : celle d’une violence sexiste systémique, nourrie, tolérée, et perpétuée par la société. Notre article.
Un attentat misogyne, traité comme une crise existentielle
Le traitement médiatique de l’affaire en dit long sur un refus collectif de nommer les choses. Le suspect n’est pas décrit comme un terroriste, mais comme un « adolescent timide », un « jeune homme fluet » qui « souffre ». Son avocate déclare à l’AFP : « J’ai rencontré un adolescent qui souffre, pas un combattant ». Ce glissement de registre — du politique au pathologique — est typique d’un système qui refuse de considérer la violence sexiste, et par extension Incel, comme une menace collective.
Ce discours n’est pas anodin : il individualise un acte politique, il isole un sujet pour mieux invisibiliser l’idéologie qui l’anime. On compatit pour l’agresseur, on oublie les victimes. Pire, on délégitime l’usage du mot « terrorisme » pour éviter de le lier à une motivation sexiste. Ce que l’on excuse ici sous couvert de souffrance personnelle, c’est une volonté d’extermination ciblée — celle de femmes, simplement parce qu’elles sont des femmes.
L’extrémisme Incel ne tombe pas du ciel
La mouvance « incel » ne naît pas dans l’esprit dérangé d’individus isolés. Elle prospère dans une culture patriarcale qui valorise la domination masculine, déshumanise les femmes, et condamne toute remise en cause de l’ordre genré. Elle trouve ses relais dans les discours d’influenceurs masculinistes, dans les algorithmes des réseaux sociaux, mais aussi dans les silences coupables des institutions éducatives et politiques.
Le profil du jeune homme arrêté n’a rien d’exceptionnel : classe prépa, internat, TikTok, vidéos masculinistes, fascination pour les auteurs de tueries de masse. Presque un archétype de l’Incel. Ce qui devrait déclencher l’alarme d’un système entier est traité comme une dérive individuelle, presque accidentelle. Comme si le sexisme extrême n’était pas structuré, transmis, organisé, et idéologiquement cohérent.
On commémore déjà les conséquences du masculinisme
Cet attentat déjoué en rappelle tristement un autre. La tuerie de l’École Polytechnique de Montréal qui tua 14 femmes et en blessa 11 autres. L’auteur, Marc Lépine, revendique un attentat politique qui vise à tuer des féministes, mais qui en réalité vise toutes les femmes. Il ne s’agissait pas de viser des activistes, mais des femmes qui avaient l’outrecuidance d’exister et d’être étudiantes en ingénierie.
Un rappel brutal que dans une société patriarcale, les femmes sont tout le temps en danger, la mouvance Incel en est l’expression la plus extrême. Trente-cinq ans plus tard, au Canada, on commémore d’une minute de silence le féminicide de ces femmes qui résonne avec le backlash que subissent aujourd’hui les femmes autour du monde.
Le ressort est le même. Du statut de victime d’une société patriarcale qui les oppresse, les féministes — et par extension les femmes — deviennent les coupables. Encore et toujours, aucune remise en question des agresseurs. « C’est la faute des femmes. Ce sont elles qui veulent devenir nos égales, nous privent de relations qui nous sont dues, nous extorquent des postes qui nous reviennent », disent-ils. Comme toutes les oppressions, les privilèges sont dus, ancrés dans un système qui ne tolère aucune remise en question.
Quand misogynie rime avec transphobie
Car ce sont toutes les femmes que l’on tue. La misogynie se marie parfaitement avec la transphobie. Le régime nazi ciblait déjà les minorités de genre, notamment les femmes trans. Depuis, celles-ci n’ont pas cessé d’être violentées et tuées. On peut se référer à la note de l’Institut La Boétie à ce sujet.
Les agresseurs visent souvent les personnes les plus précaires, les plus vulnérables, pour s’assurer d’agir dans l’impunité. Ce sentiment d’impunité leur est assuré par l’absence de justice, et les dynamiques d’oppressions structurelles parcourant la société.
Pendant que Retailleau tente d’imposer un collectif homonationaliste, transphobe, islamophobe à la marche des fiertés, les minorités de genre comptent leurs mortes. Brianna Ghey, Vanesa Campos, Gwen Araujo, Mylène Mallet, Diana Sacayán, et bien d’autres, trop souvent sous le même nom : femme trans.
Pour aller plus loin : Marche des fiertés : Bruno Retailleau impose la présence d’associations d’extrême droite, islamophobes et LGBTIphobes dans la marche
Le traitement médiatique, niant bien souvent la transphobie caractérisant ces féminicides, s’imbrique dans un récit médiatique qui nie la réalité des discours tenus. L’ennemie est invariable car il transgresse toujours le genre, le seul qui compte, le genre masculin.
Adolescence, ou comment dépolitiser la haine des femmes
La série Adolescence, saluée pour sa justesse, met en lumière la mécanique de radicalisation sexiste en ligne. Jamie, le personnage principal, se laisse happer par des discours de haine, via des influenceurs virilistes et des algorithmes violents. Mais là encore, le récit glisse. Le problème n’est plus l’idéologie — le patriarcat — mais les outils : les écrans, les réseaux sociaux, l’absence de surveillance parentale.
C’est là que réside le cœur du malaise : Adolescence dit beaucoup, mais n’ose pas tout dire. Elle laisse croire que c’est l’éducation ou l’isolement numérique qui rendent les garçons dangereux. Or le problème, ce n’est pas l’éducation. Ce ne sont pas les réseaux sociaux. C’est ce que cette société patriarcale permet de diffuser sans entrave : la haine des femmes comme mode d’expression légitime de la virilité.
Les parents dans la série demandent : « Qu’aurait-on pu faire ? » Mais la question n’est pas ce qu’ils auraient pu interdire. C’est ce que la société laisse circuler : des discours sexistes, complotistes, antiféministes, Incel en somme, glorifiant les violences de genre. Le vide éducatif existe, certes. Mais il est le symptôme d’un refus beaucoup plus vaste : celui d’attaquer le patriarcat à sa racine.
Ce n’est pas l’isolement qui tue, c’est le patriarcat
Ce ne sont ni la solitude, ni les écrans, qui poussent à planifier le meurtre de femmes. Ce sont des discours. Ce sont des idéologies. Ce sont des croyances politiques meurtrières. Ce sont des communautés en ligne actives, des figures de proue riches et célèbres, des forums toxiques, et une absence de réponse publique à la hauteur du danger.
Un attentat a été évité. Mais combien d’autres sont en germe, nourris par les mêmes discours, les mêmes silences, les mêmes complaisances ? Ce que cette affaire révèle, c’est l’aveuglement volontaire d’un système qui protège les agresseurs sous prétexte qu’ils sont jeunes, blancs, et qu’ils souffrent. Cette complaisance est une alliée de l’extrême droite, le masculinisme en étant une porte d’entrée.

Le masculinisme : une porte d’entrée vers l’extrême droite
Les contenus masculinistes sont l’un des pipeline menant vers l’extrême droite. Visant les jeunes hommes soumis aux injonctions du patriarcat, le masculinisme leur donne une identité, qui très souvent bascule vers l’extrême droite. Ce phénomène est notamment décrit dans le documentaire France TV « Mascus, les hommes qui détestent les femmes ».
Cette vision de la société glorifiant une structure familiale stricte désigne vite d’autres responsables : les personnes LGBTQIA+, les personnes non blanches, les musulmans, les habitants des quartiers populaires, etc.
Intensifier la déresponsabilisation des hommes tentés par la mouvance Incel pour étendre le spectre de la violence aux autres. A ceux qui ne seraient pas hommes, pas blancs, pas cisgenres, pas hétéros, pas chrétiens, pas français. Voilà comment fonctionne le masculinisme, cet appât de l’extrême droite. De nombreux relais issus de groupes d’extrême droite l’ont bien compris, et en jouent.
Comme l’ancienne porte-parole de Génération Identitaire (GI), Thaïs d’Escufon. Influenceuse d’extrême droite, avec ses 244 000 followers sur youtube et 45 000 sur Instagram, cette femme de 26 ans a bien sur rebondir après la dissolution de GI. Vendant des formations à destination de jeunes hommes pour comprendre les femmes, elle n’a jamais abandonné son agenda politique. Continuant à distiller sa pensée islamophobe, raciste, misogyne et réactionnaire via ses vidéos, elle offre un réel projet politique à ces hommes frustrés.
Ce projet politique est celui de Retailleau, du RN ou encore de Zemmour. Le patriarcat n’est pas ici simplement une composante d’un projet politique, il en est le vecteur. Cause et conséquence de l’extrême droite, le masculinisme se veut l’ouroboros (l’image du serpent qui se mord la queue, ndlr) politique parfaite. Ce serpent ne sera pas empêché à coup de mesures de pansements, de bonne intentions et de libertés sans aucune réalité matérielle.
Pour aller plus loin : Faux féminisme, vrai racisme : Némésis, le visage fémo-identitaire de l’extrême droite
Il est temps de nommer, d’éduquer, et d’agir
Il ne s’agit pas de trouver des excuses. Il s’agit de nommer : c’était un attentat terroriste misogyne qui a été déjoué. Il s’agit d’éduquer : pas seulement aux médias, mais au féminisme, à la critique des rapports de domination, à la violence du sexisme. Il s’agit d’agir : en encadrant les plateformes numériques, en traquant les discours de haine, en traitant le sexisme radicalisé avec le même sérieux que les autres formes de terrorisme.
Les attentats terroristes misogynes et Incel ne sont pas nouveaux. Ils touchent toutes les femmes, mais d’abord les plus vulnérables. Et la montée de l’extrême droite ne va faire qu’empirer les choses. D’autres violences issues de la mouvance Incel arriveront. Et ne seront pas déjoués.
Parce que pendant que l’on minimise, des femmes sont tuées. Et parce qu’à force de répéter que ce ne sont « que des cas isolés », on renforce un système déjà bien en place — un patriarcat radicalisé par l’idéologie Incel, qui tue.
Par Marie et Fanny Da Costa