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« Ça fait mal. » Marie-Philip Poulin était en larmes lorsqu’elle a rencontré les médias après l’élimination de son équipe au premier tour des séries de la LPHF. La douleur était évidente. Une défaite particulièrement difficile à avaler.
La Victoire de Montréal espérait remporter le 4e match et revenir à la maison, à la Place Bell, pour une rencontre ultime, mais elle a finalement échoué dans sa tentative. Avec un gain de 2-1 devant ses partisans vendredi soir, la Charge d’Ottawa se qualifie pour la finale de la LPHF.
Après une attente plus longue qu’à l’habitude, Erin Ambrose, Kori Cheverie et Marie-Philip Poulin se sont présentées devant les membres des médias. Ambrose et son entraîneuse avaient les yeux rougis par l’émotion.
Poulin avait du mal à coller quelques mots, la voix brisée par l’émotion. Elle a perdu des finales olympiques, des finales au mondial, mais rarement l’a-t-on vue aussi ébranlée par une défaite.
L’an dernier, après l’élimination en trois matchs contre Boston, Ann-Renée Desbiens et Sarah Lefort avaient affronté les journalistes. On nous avait dit que Poulin n’était tout simplement pas capable.
Cette année, la capitaine est venue. Telle une leader, elle a répondu aux questions et surtout, elle ne s’est pas mis la tête dans le sable.
On est un groupe tissé serré. On avait de la profondeur. Encore une fois, on n'est pas capable de passer le premier tour. Ça fait mal. Je pense que ça va être à nous de nous regarder dans le miroir, a-t-elle reconnu. Qu’est-ce qu’on peut faire de différent? Qu’est-ce qu’on peut changer? Comment pouvons-nous être meilleures? Ça va prendre un certain temps.
Montréal avait pourtant fini au sommet de la LPHF, alors qu’Ottawa s’était qualifiée pour les éliminatoires lors du dernier match de la saison. Pour comble d'insulte, c’est la Victoire qui a choisi d’affronter la Charge, décision que les partisans à la Place TD se sont amusés à scander : You chose us.
Ce n'est pas la première fois qu'une équipe professionnelle a du succès pendant la saison, mais qu'elle est incapable d'aller jusqu'au bout en séries.
À la fin de la saison, la gardienne de but Ann-Renée Desbiens a dit qu’elle avait hâte de voir qui allait se lever.
Une personne s'est effectivement levée, mais dans l'autre équipe. La gardienne de but Gwyneth Philips, qui est venue en renfort lorsqu'Emerance Maschmeyer s'est blessée au cours de la saison, a été absolument intraitable en fin de saison et contre la Victoire en séries. Mais au-delà de ses prouesses, c'est l'équipe de la Charge en entier qui a eu le dessus sur Montréal. Sept joueuses différentes ont marqué pour Ottawa et Tereza Vanisova, qui a été la meilleure de son équipe tout au long de la saison, n'a même été parmi les marqueuses.

Gwyneth Philips effectue un arrêt devant Marie-Philip Poulin.
Photo : The Canadian Press / Spencer Colby
Que s’est-il passé du côté de Montréal? Comment expliquer cette élimination dès le premier tour pour une deuxième année consécutive, avec une équipe qui, sur papier, est bourrée de talent? Qu’est-ce que cette troupe aurait pu ou aurait dû faire différemment?
Tu veux la mettre dedans. Nous n’avons pas réussi. Je n’ai pas réussi. L’avantage numérique... Il y a beaucoup de choses qui n’ont pas fonctionné. C’est assez frais présentement. C’est beaucoup, a affirmé Poulin, la voix brisée par l’émotion.
Ann-Renée Desbiens a été phénoménale tout au long de la saison. Elle a dominé les gardiennes de la LPHF et risque fort bien de remporter le titre de gardienne de l'année. En séries, elle n’est certainement pas à blâmer, mais la réalité est qu’elle a laissé passer un but de plus que Philips dans trois matchs. Il faut se rappeler qu’elle s’était blessée à un genou au mois de mars, avant de revenir au jeu lors du mondial. Il est utopique de penser qu’elle avait retrouvé complètement sa forme, tout comme la majorité des joueuses à ce stade-ci de la saison.
Défensivement, cette équipe s’est nettement améliorée cette année avec l’arrivée de Cayla Barnes et d'Anna Wilgren. Soudainement, tout ne repose plus uniquement sur les épaules d’Erin Ambrose.
Mais ce qui a fait défaut pour la Victoire, c’est l’incapacité à marquer des buts. Et pas seulement en séries. Oui, Montréal a terminé au sommet, mais a souffert pendant plusieurs semaines en fin de saison. Au début du mois d’avril, lors du dernier match avant la pause internationale, les journalistes avaient questionné Kori Cheverie sur ce sujet. Montréal venait de subir une 4e défaite en 5 matchs, cette fois contre les Sirens de New York, la pire équipe de la ligue. Les joueuses n’avaient tiré que 16 fois sur la gardienne adverse. Visiblement, l’entraîneuse n’a pas réussi à apporter les correctifs nécessaires depuis.
Il serait injustifié de remettre en question l’effort déployé par Marie-Philip Poulin et Laura Stacey. Ces joueuses sont l’âme de cette équipe. Elles ont eu des chances, mais soudainement, plus rien ne fonctionnait.
Tereza Vanisova s’était fait demander, avant le début de la série, quelle serait la clé pour battre la Victoire de Montréal.
Neutraliser le premier trio, avait-elle répondu.
Force est d’admettre que la stratégie a fonctionné.
Poulin a connu une saison extraordinaire, terminant en tête des buteuses de la LPHF. À ses côtés, Laura Stacey a poursuivi son ascension, devenant l’une des meilleures attaquantes de puissance au monde.
Il y a eu ce mondial et ces pauses internationales. Poulin et Stacey ne sont pas les seules à avoir dû jouer autant de matchs, mais qui d’autre a encaissé autant de minutes, en jouant sur le premier trio autant dans la LPHF qu’en sélection nationale? Vendredi soir, Poulin a joué 25 minutes, plus que n’importe quelle autre joueuse de son équipe.
Trop souvent, la Victoire a été l’équipe d’un seul trio. Le personnel d’entraîneurs a tenté, à maintes reprises, de séparer Stacey et Poulin question d’avoir, idéalement, un deuxième trio productif. Chaque fois, l’expérience n’a pas été concluante. On pourrait croire que c’est facile de jouer avec la meilleure joueuse au monde, mais cette ligue permet de constater que ce n’est pas le cas. Plusieurs fois cette saison, on a pu voir des signes de frustration chez Marie-Philip Poulin, ce qui n’est pas dans son habitude.
Revenons à ce fameux match historique, le soir de la fête des Mères, qui s’est rendu en 4e période de prolongation. En fin de 3e période, Montréal menait toujours 2-1 lorsqu’une joueuse a effectué un dégagement qui a été refusé. Soudainement, Ottawa se présentait en zone offensive, à 6 contre 5, et les joueuses de la Victoire, complètement exténuées, devaient rester sur la patinoire. On a aperçu Marie-Philip Poulin regarder son entraîneuse pour lui demander un temps d’arrêt, chose qui a été refusée. La capitaine a levé les mains vers le haut, en signe de questionnements. Ottawa a ensuite égalisé la marque. La Victoire a finalement remporté ce match, alors cette anecdote peut paraître anodine. Mais l’est-elle réellement?

Jennifer Gardiner, joueuse de le Victoire de Montréal.
Photo : Getty Images / Minas Panagiotakis
Pourtant, on a vanté maintes fois la profondeur. Joueuses, entraîneurs, journalistes... Tous s'entendaient pour dire que l'équipe s'était grandement améliorée. Des joueuses comme Abby Boreen et Jennifer Gardiner ont été impressionnantes en première moitié de saison. Dans le cas de Gardiner, le rêve s’est poursuivi au mondial où elle a été la meilleure compteuse du tournoi. On avait cependant l’impression qu’elle n’arrivait plus à suivre le rythme à son retour à Montréal. Une première saison chez les professionnelles, un premier tournoi majeur avec le Canada, et de grosses minutes sur les premiers trios, autant avec Montréal qu’au mondial. C’est beaucoup pour une joueuse de 23 ans. Boreen s’est quant à elle complètement éclipsée.
On pourrait aussi parler de Lina Ljungblom, cette jeune joueuse qui a signé un contrat de trois ans et que la directrice générale Danièle Sauvageau avait louangée. Finalement, la Suédoise n’a jamais semblé s’adapter au niveau de jeu de la LPHF.

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Les faits saillants du quatrième de la série de demi-finale opposant la Victoire de Montréal à la Charge d’Ottawa.
Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby
En parlant de Ljungblom, comment expliquer le fait qu’elle se soit retrouvée sur le premier trio, aux côtés de Poulin et de Stacey vendredi soir? On se rappellera qu’elle avait commencé la saison à cet endroit, mais qu'elle avait rapidement été rétrogradée à un autre trio. Soudainement, lors d’un match sans lendemain, les cartes sont brassées : Ljungblom sur le premier trio, Gardiner sur le troisième.
En défensive, on a choisi de séparer Kati Tabin et Erin Ambrose, un duo fiable qui n’avait rien à se reprocher. Sur le premier but, Amanda Boulier, qui jouait aux côtés de Tabin, s’est compromise en fond de territoire. Gardiner n’a pas réussi à garder la rondelle en zone adverse et Ottawa s’est retrouvée avec une montée à deux contre un qui a mené au premier but du match.
La première question serait : pourquoi?
Mais surtout, on en vient à se demander qui prend les décisions.
Montréal a cinq entraîneurs derrière le banc. Parfois, ils sont neuf sur la glace lors des entraînements. Puis, tout au long de la saison, l’entraîneur adjoint Alexandre Tremblay portrait une oreillette pendant les matchs. Jusque-là, rien d’anormal. L’entraîneur-vidéo, Mikael Nahabedian, peut lui parler et lui suggérer, par exemple, de contester une décision. Mais il y a aussi la directrice générale Danièle Sauvageau qui lui souffle des informations à l'oreille pendant le match. Et ça, c’est plutôt rare.
Parlant d’oreillette, Kori Cheverie avait un écouteur pendant la première période du match de vendredi. Jamais, en deux ans, du moins, selon les souvenirs des journalistes qui ont suivi l’équipe de façon assidue, elle a été vue avec une oreillette. Soudainement, elle en avait une. En 2e période, l’oreillette avait disparu.
Certains réclament la tête de l’entraîneuse-chef. Après deux éliminations hâtives, le questionnement est légitime. Il est à peu près impossible de trouver un entraîneur qui fera l’unanimité dans un vestiaire, mais Kori Cheverie est-elle réellement celle qui est à blâmer pour cette déception? Permettez-moi d’en douter.
Il y a aussi ce repêchage d’expansion, en prévision de la venue de Seattle et de Vancouver dans la ligue, qui viendra changer la face des six équipes originales.
Le plus difficile est de savoir que ce groupe ne sera jamais de retour ensemble, a mentionné Erin Ambrose, après le match.
Il y a plusieurs impondérables qu’on ne connaît pas pour le moment. Plusieurs éléments que nous ne saurons probablement jamais. Certaines questions trouveront leurs réponses lors du bilan de fin d’année qui aura lieu dans quelques jours.
Il faut trouver un moyen d’être résilients. Trouver un moyen de revenir et de revenir plus fort, a renchéri Cheverie.
Y a-t-il quelqu’un en particulier qui est à blâmer? Sera-t-il possible de mettre le doigt sur ce qui n’a pas fonctionné?
Chose certaine, un changement devra s’opérer. Pour reprendre les mots de la capitaine Marie-Philip Poulin, le temps est venu de se regarder dans le miroir.