Londres, Royaume-Uni – Un programme britannique salué pour son rôle crucial dans l’éradication de la plus importante épidémie d’Ebola en Afrique depuis des décennies est sur le point de subir des réductions significatives, alors que le gouvernement britannique s’apprête à réduire drastiquement son aide étrangère. Cette décision suscite de vives inquiétudes quant à la capacité mondiale à prévenir et à contenir les futures épidémies, et met en lumière les tensions croissantes entre les priorités de défense et de santé publique.

Un succès remis en question : le programme TDDAP

Le programme de maladies mortelles (TDDAP), doté d’un budget de 200 millions de livres sterling, a été unanimement salué par les experts pour son efficacité dans la détection et le contrôle des épidémies potentielles. Il s’appuie sur la formation intensive de responsables de la santé locaux, renforçant ainsi les systèmes de surveillance et de réponse rapide. En 2018, face à une recrudescence des cas d’Ebola près de la frontière entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda, le TDDAP a joué un rôle déterminant dans l’identification et le traitement des patients, permettant de déclarer l’épidémie éteinte en seulement deux mois – un exploit remarquable compte tenu de l’ampleur de la crise.

Des coupes budgétaires qui mettent en péril la sécurité sanitaire mondiale

Malgré son succès avéré, le TDDAP est désormais au centre de discussions au sein du Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO) concernant des réductions budgétaires. Le gouvernement britannique est confronté à la nécessité de trouver 5,6 milliards de livres sterling pour financer des dépenses accrues dans le domaine de la défense. Cette situation soulève des questions cruciales sur les compromis entre la sécurité nationale et la santé publique mondiale. Les experts craignent que ces coupes budgétaires ne compromettent la capacité du Royaume-Uni à répondre efficacement aux futures crises sanitaires, et qu’elles n’affaiblissent les efforts internationaux de surveillance et de prévention des maladies.

Un avertissement venu d’Elon Musk : les risques de l’interruption des programmes de surveillance

L’affaire prend une résonance particulière à la lumière d’un incident récent aux États-Unis. Elon Musk, via son ministère de l’efficacité du gouvernement (DOGE), a involontairement annulé un programme clé de surveillance de l’Ebola en Ouganda. Bien que Musk ait affirmé que le programme a été rapidement rétabli, des experts en santé publique ont contesté cette affirmation, soulignant les perturbations causées par l’interruption des opérations et le gel des fonds. Cet incident met en évidence la fragilité des systèmes de surveillance des maladies et les conséquences potentiellement désastreuses de leur interruption, même temporaire.

L’expertise en alerte : “Les enjeux sont trop élevés”

Le Dr Jeffrey Mecaskey, qui a dirigé le TDDAP lors de sa première phase, met en garde contre les conséquences de ces réductions budgétaires. “Les compromis sont inévitables, mais la sauvegarde du budget TDDAP 2 est une priorité absolue”, déclare-t-il. “Ne pas prévenir et contenir les épidémies de maladies en Afrique constitue une menace grave et directe pour la santé mondiale, y compris au Royaume-Uni.” Le TDDAP a notamment facilité les premières collaborations transfrontalières pour la réponse épidémique en Afrique de l’Ouest, un facteur clé dans la maîtrise de l’épidémie d’Ebola.

Une femme se lave les mains à Mbandaka, en RDC, en mai 2018, dans le cadre des mesures de prévention contre le virus Ebola. (junior D. Kannah / AFP / Getty)

La première phase du projet a permis à six pays – Cameroun, Tchad, Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Ouganda – d’améliorer leurs systèmes de surveillance des maladies et de planifier leurs réponses. Le TDDAP a permis de créer un réseau de collaboration et de partage d’informations essentiel pour une réponse rapide et coordonnée aux épidémies.

La présidente du comité de développement international du Parlement, Sarah Champion, a exprimé son inquiétude face à ces coupes budgétaires, soulignant que la promesse du Premier ministre de ne pas compromettre la santé mondiale est désormais remise en question. Baronne Chapman de Darlington, ministre du Développement, a reconnu que tous les programmes subiront des réductions dans un contexte de budget en baisse.

Le FCDO a affirmé que la santé mondiale reste une priorité, tout en soulignant la nécessité de moderniser son approche du développement international. Cependant, l’avenir du TDDAP reste incertain, et la communauté internationale s’inquiète des conséquences potentielles de ces coupes budgétaires sur la sécurité sanitaire mondiale.

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