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Par Mathieu Bock-Côté
Publié hier à 19:32, Mis à jour hier à 21:58
CHRONIQUE - Le technocrate est jugé sans âme, et réputé ne voir la société que dans une perspective comptable. Et pourtant, encore une fois, il arrive que la classe politico-médiatique chante ses vertus.
Technocrate: depuis les premières rumeurs la conduisant à Matignon, jusqu’à sa nomination cette semaine au poste de premier ministre, c’est ainsi qu’on a d’abord présenté Élisabeth Borne. Le terme est équivoque: il se réfère tout à la fois à une figure politique terne, sans charisme, et à une compétence technique supérieure, définissant une personne «connaissant bien ses dossiers». Le terme passe rarement pour un compliment: le technocrate est jugé sans âme, et réputé ne voir la société que dans une perspective comptable. Et pourtant, encore une fois, il arrive que la classe politico-médiatique chante ses vertus: à la différence des politiques sensibles aux humeurs populaires et aux diktats de l’opinion publique, et pour cela toujours tentés par la démagogie, le technocrate ferait les choix éclairés.
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Il faut toutefois aller au-delà de cette définition mi-figue mi-raisin pour voir de quelle manière la figure du technocrate, aujourd’hui, s’inscrit dans une mutation bien plus large de l’imaginaire…