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Appelés aux urnes ce dimanche pour une «votation citoyenne», les habitants de la capitale, peu nombreux à se déplacer, ont donné leur accord (66%) pour «végétaliser et rendre piétonnes 500 nouvelles rues». Et, en creux, pour la réduction de 10.000 places de stationnement.
La question avait quelque chose de biaisé dès le départ. «Pour ou contre végétaliser et rendre piétonnes 500 nouvelles rues dans Paris ?» Appelés aux urnes ce dimanche 23 mars par la mairie de Paris pour une nouvelle votation citoyenne sur les «rues-jardin», les habitants de la capitale ont, sans surprise, majoritairement répondu favorablement. Qui oserait en effet décliner la proposition d’une vie avec plus de verdure ? Dans le détail, 66% des votants ont ainsi voté «pour», un résultat à mettre en perspective avec un taux de participation extrêmement faible (3,9%).
Après les trottinettes en libre-service et la tarification des SUV, c’est la troisième fois qu’Anne Hidalgo organisait un référendum à l’échelle de la capitale. 218 bureaux de vote étaient ouverts toute la journée aux habitants de la capitale, dès l’âge de 16 ans. Ce sujet était plus consensuel que les précédents, même si l'opposition et certains riverains n’ont pas manqué de signifier leur opposition. Car, en creux, ce vote acte aussi la réduction de 10.000 places de stationnement.
Pour Marc Remaggi, enseignant de 37 ans rencontré par l’AFP aux abords d’un bureau de vote du XVIIIe arrondissement, voter c’est «améliorer le cadre de vie et rendre Paris plus agréable. C’est essentiel de préparer la ville au climat de demain, il s’agit d’enjeux vitaux». Sarah, 37 ans et qui travaille dans un atelier de poterie dans le quartier, abonde. «On habite juste à côté d’une rue aux écoles» où les riverains se sont «réapproprié l’espace public» avec une table, un lieu «où on descend prendre le goûter» avec les enfants. «Les Parisiens n’ont pas de jardin», fait-elle remarquer pour illustrer le luxe de «pouvoir rester dehors».
500.000 euros par rue ?
Avec la victoire du «oui», la municipalité promet de «massifier» la piétonnisation entreprise depuis le début du second mandat d'Anne Hidalgo en 2020, qui a déjà vu naître 300 rues du même type comme les «rues aux écoles». «L'idée est que chaque Parisien puisse disposer d'une rue plantée et piétonne à moins de 300 mètres de son domicile», a expliqué à la presse Christophe Najdovski, adjoint à la maire socialiste chargé des Espaces verts. À partir d'avril, les voies éligibles seront identifiées à l'échelle des arrondissements, pour une mise en œuvre d'ici trois ou quatre ans, avec l'objectif d'en déployer un quart dans les quartiers prioritaires de la ville. Le coût moyen est estimé à 500.000 euros par rue, mais la totalité du projet n'est pas encore budgétée, a précisé le premier adjoint Patrick Bloche.
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Le vote de dimanche «n'a rien de neutre, c'est un choix de modèle ville tendant vers une ville-jardin où la nature irrigue la ville et où la place de la voiture est réduite. Ça mérite d'être tranché», estime Christophe Najdovski. «La voiture est un clivage majeur entre la gauche et la droite depuis 25 ans», abonde Patrick Bloche, évoquant les récentes mesures polémiques comme la vitesse à 50km/h sur le périphérique et la zone à trafic limitée (ZTL) dans l'hypercentre, visant à «apaiser» la capitale la plus dense d'Europe et diminuer la pollution.
Si les 500 rues-jardins voient le jour, 10% du stationnement de surface parisien disparaîtra. Une diminution déjà en cours dans certains quartiers comme la butte Montmartre (40.000 habitants), où la création d'une aire piétonne soulève la grogne de riverains. «La seule conséquence c'est de tuer l'accessibilité du quartier parce que les habitants, notamment les personnes âgées, ne pourront plus se garer en bas de chez eux», dénonce Anne Renaudie, présidente de l'association «Vivre à Montmartre», qui redoute une «disneylandisation» d'une des zones les plus touristiques de Paris.
Difficultés de stationnement
«Le projet n’est pas adapté à la vie économique de Paris. C’est bien de penser à l’environnement, mais il faut que les gens travaillent», souligne Daniel, un retraité qui préfère ne pas donner son patronyme. Comme lui, Louis, un ingénieur retraité, évoque la difficulté de stationnement pour les artisans et l’impact pour les commerçants. «Personnellement, on n’est pas embêté, on n’a pas de voiture, mais le serrurier de Courbevoie ne veut plus venir» face aux difficultés pour se garer, prend-il pour exemple, convaincu que le plan de végétalisation «va gêner les gens». Ce riverain mentionne «des projets pas suffisamment étayés», avec une mairie «plus dans la doctrine que l’efficacité».
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Seuls 20% des foyers de la butte possèdent une voiture, rétorque Antoine Dupont, adjoint en charge de la voirie à la mairie du 18e arrondissement. Affirmant que la mairie les a «mis devant le fait accompli après une pseudo-consultation de quartier», Anne Renaudie avait pronostiqué que de nombreux Montmartrois se rendraient aux urnes dimanche pour dire «non». Visiblement pas suffisamment. La votation a également laissé sceptique l'opposition de droite, qui a mis en avant le faible taux de participation de ces consultations - moins de 8% des électeurs s'étaient déplacés pour les référendums sur le triplement du tarif de stationnement des SUV, en 2024, et l'interdiction des trottinettes électriques en libre-service, un an plus tôt.
Le groupe Union capitale, premier groupe d'opposition au Conseil de Paris, a estimé qu'«aucune source de financement claire n'a été présentée» pour ces 500 nouvelles rues, un projet jugé «irréaliste» faute d'une «planification rigoureuse». «Tout le monde a envie d'habiter dans une ’rue-jardin’, mais quelle sera la réalité ?», s'interrogeait de son côté Anne Biraben, du groupe Changer Paris de Rachida Dati, qui déplore le manque d'entretien des espaces verts dans la capitale. Cette élue du 5e arrondissement prend pour exemple une récente votation de quartier sur la végétalisation de la rue Mouffetard. «Le résultat ne correspond pas aux dessins produits au moment du vote. La déception est immense», selon Anne Biraben.