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Ottawa souhaite acheter des crédits carbone pour compenser les émissions de la 15e conférence des Nations unies sur la biodiversité tenue l’an dernier. Il cherche ainsi à atteindre ses objectifs de carboneutralité, mais c’est de « l’écoblanchiment », dénoncent élus et environnementalistes.
En décembre 2022, des milliers de délégués du monde entier se sont réunis pendant dix jours au Palais des congrès, à Montréal, pour adopter un accord visant à freiner le déclin rapide de la biodiversité.
Cet événement a généré 6547,86 tonnes de CO2, selon un appel d’offres d’Environnement et changement climatique Canada qui vient tout juste de fermer. Les calculs du ministère tiennent notamment compte des déplacements des délégués, de l’hébergement, de l’électricité consommée et des déchets générés pendant la Conférence des parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique.
Voulant passer à des activités sans émissions de carbone, le gouvernement compte maintenant acquérir des crédits compensatoires qui doivent, en théorie, permettre de financer un projet qui réduit des émissions de gaz à effet de serre.
C'est la première fois [que le ministère] cherche à compenser les émissions liées à toutes les facettes d'un événement majeur, écrit dans un courriel, Kaitlin Power, l’attachée de presse du ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault.
De la poudre aux yeux
Or, plus de 6500 tonnes de CO2, c’est l’équivalent des émissions d’environ 2000 véhicules par année, ce n’est donc pas anodin, selon Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace.
Selon le marché actuel au Québec, où le coût de la tonne de carbone est d’environ 46 $, cela équivaudrait à des dépenses d’un peu plus de 300 000 $. Une telle dépense pour tenter d'atténuer l’effet des changements climatiques, c’est de la poudre aux yeux , lance M. Bonin sans hésitation.
Le gouvernement vient ainsi légitimer un système qui ne fonctionne pas [car] il achète des crédits de compensation au lieu de réduire ses émissions, explique M. Bonin.

Selon le marché actuel au Québec, le coût de la tonne de carbone est d’environ 46 $. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Le fédéral donne ainsi raison aux pollueurs qui continuent d’émettre du CO2 sous prétexte qu’ils ont la capacité [financière] d’acheter des crédits. Patrick Bonin souligne que les crédits compensatoires n’empêchent pas la pollution de se retrouver dans l’atmosphère et n’empêchent pas la planète de se réchauffer. Sur papier, ça a l’air beau, mais c’est essentiellement un jeu comptable et ce que l’atmosphère voit, ce sont de véritables émissions, indique l’environnementaliste.
C’est très clairement de l’écoblanchiment.
Ce dernier estime qu’il est extrêmement paradoxal [que le gouvernement] tombe dans le piège des pollueurs et s’engage dans une telle opération de relations publiques avec un événement dont l’objectif est d’améliorer la protection de l’environnement.

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace Canada
Photo : Radio-Canada / Étienne Côté-Paluck
Ce n’est pas seulement ironique, il n’est pas possible d’améliorer le bilan carbone [d’un événement] de cette manière, renchérit la cheffe du Parti vert du Canada, Elizabeth May.
Le gouvernement fédéral souhaite que les crédits compensatoires représentent des réductions et des suppressions d’émissions réelles, additionnelles, quantifiées, vérifiées, uniques et permanentes, peut-on lire dans l’appel d’offres.
Les systèmes compensatoires ne font que déplacer le problème [car] les réductions d’émissions sont loin d’être certaines et souvent ne sont pas permanentes. Par exemple, des arbres plantés prennent une dizaine d’années avant de capter du CO2. De plus, ils pourraient brûler ou être dévastés par des insectes, ce qui met fin à la réduction d’émissions.

Les arbres plantés peuvent prendre une dizaine d’années avant de capter du CO2. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Béatrice Rooney
C’est mieux que rien, [mais] on doit faire des choses plus efficaces [pour réduire notre empreinte environnementale] et le gouvernement va devoir faire attention au type de crédits qu’il va acheter, juge Mme May.
Pourquoi dire que ça ne fonctionne pas? C’est une partie de la solution, pas le plan complet.
Mme Power précise que le gouvernement a mis en place plusieurs autres moyens pour s’attaquer de manière urgente à la crise climatique.
Stratégie problématique à long terme
Greenpeace craint que l’achat de crédits compensatoires pour la tenue de la COP15 ne soit le début d’un plus grand recours du Canada à cette stratégie pour atteindre son objectif de carboneutralité d’ici 2050.
[Si c’est ce qui se produit], on va être dans le trouble au Canada parce qu’on ne réduira pas nos émissions, s’insurge Patrick Bonin qui estime que le gouvernement a la responsabilité d’être exemplaire dans ses activités.
Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD) du Canada, Alexandre Boulerice, ajoute que cet exemple démontre que les libéraux ne sont pas sérieux dans leur lutte contre les changements climatiques à long terme et qu’ils ne devraient pas avoir recours à des baguettes magiques technologiques.
[Les libéraux] veulent essayer de mettre un plaster sur un cancer.
Le fédéral devrait, selon M. Bonin, plutôt utiliser ces sommes pour réduire ses émissions de carbone à la source. Il pourrait, par exemple, investir dans des systèmes permettant de réduire l’électricité consommée par les fonctionnaires. L’argent pourrait aussi bénéficier à d'autres secteurs qui travaillent à protéger la nature et la biodiversité.
Le bureau de la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, confirme que l’achat de crédits compensatoires fait partie de la stratégie gouvernementale à plus long terme. Dans un courriel, l’attaché de presse, Ezechiel Nana, précise que cela pourrait être le cas pour les émissions [de] grands événements et les déplacements ministériels [ou] des conférences et des voyages.
Pour atteindre sa cible, le gouvernement se concentre sur la décarbonisation de [son] portefeuille immobilier, l'électrification de [sa] flotte automobile fédérale, l'écologisation [des] achats et la transition vers des opérations plus résistantes au climat, ajoute M. Nana.